Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Le FN chante faux

La chronique économique de Pierre Ivorra " On ne s'étonnera pas que le FN tire à vue sur la réduction du temps de travail."
 

Le Front national et Marine Le Pen dénoncent verbalement la « politique d’austérité inefficace ». Ça c’est côté cour. Côté jardin, c’est moins reluisant. À l’approche des élections départementales, il est bon de savoir que le programme du FN se prononce pour un « un plan impératif de réduction ou de stabilisation » des effectifs des collectivités territoriales. « Les dotations de l’État aux départements et aux régions seront réduites de 2 % dès la première année du mandat », est-il indiqué. Tout est à l’avenant. Ainsi il est seulement reproché à la RGPP (révision générale des politiques publiques), engagée en 2007 par Nicolas Sarkozy afin notamment de réduire l’emploi dans la fonction publique, d’être « appliquée de manière aveugle tant à la fonction publique d’État qu’à la fonction publique hospitalière ».

Le FN veut à la fois qu’une série de fonctions transférées aux collectivités territoriales soient ramenées dans le giron de l’administration centrale et que « les effectifs de l’État » soient « stabilisés ». Il s’agit donc de travailler plus mais à effectifs constants. On ne s’étonnera pas dès lors que le FN tire à vue sur la réduction du temps de travail. Le 31 octobre 2011, invitée sur BFM-TV, Marine Le Pen déclare : « Les 35 heures ont été une erreur majeure. » Elle propose l’organisation de négociations de branche et d’entreprise pour revenir progressivement à 39 heures en précisant que si « ce sont 39 heures payées 39, beaucoup d’entreprises ne pourront pas payer cette charge supplémentaire ». On en déduit qu’il vaudrait mieux que les 39 heures soient payées 35. En vérité, dès que l’on examine ses propositions dans le détail, on mesure combien le FN est totalement dans le « système ».

Certes, il affiche une formidable ambition. Il ne promet rien de moins qu’un « État fort, qui met au pas la finance et la spéculation ». En l’occurrence, dans ce programme, « l’État fort » ne s’avère capable que de séparer les banques de dépôt des banques d’affaires, de nationaliser, mais « de manière partielle et temporaire », les banques de dépôt en difficulté, et cela seulement « en cas d’extrême nécessité », de militer au niveau international pour l’interdiction des produits dérivés et une taxe sur les transactions financières. Que de précautions, que de timidité quand il s’agit de s’en prendre à la finance ! Cet État-là, en vérité, est uniquement « fort en gueule ». Face à la puissance tentaculaire de marchés financiers mondialisés, les mesures préconisées sont effectivement dérisoires. Pour se faire une santé, le FN entonne des airs antilibéraux mais il chante faux.

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