Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Les multinationales et le déficit français

La chronique économique de Pierre Ivorra. "En Europe 44% des actifs détenus par des entreprises étrangères le sont par des groupes d'outre-Atlantique."
 

Deux études mettent à mal les discours des libéraux et sociaux-libéraux reproduits par les médias dominants. À en croire la bouillie idéologique qu’ils nous déversent, notre déficit commercial s’expliquerait par un coût excessif du travail, les Français vivant au-dessus de leurs moyens. Le Front national, lui, concentre ses flèches sur les pays émergents, « basanés », qui déverseraient leurs produits bon marché sur nos rivages et feraient tout pour que nos industries délocalisent chez eux leurs activités.

Pour notre part, nous affirmons que l’on ne peut comprendre les problèmes de la France dans la mondialisation si l’on néglige une stratégie des multinationales moins axée sur le seul coût du travail que sur un souci de rentabilité globale de leurs activités. L’analyse publiée en janvier dernier par les services français des douanes justifie à notre sens ce point de vue. Elle révèle ainsi que plus de la moitié des importations françaises (50,2 % exactement et 257 milliards d’euros sur 512) sont des achats réalisés le plus souvent dans leur pays d’origine par des groupes multinationaux sous contrôle étranger installés en France tels que Exon, Shell, Siemens, Volkswagen, General Electric… 36 % sont le fait de groupes français comme Total, Renault, PSA, 
Carrefour… Les douanes pointent l’importance des groupes américains (un tiers du commerce extérieur français) et allemands (17 %) dans ces mouvements, loin devant leurs homologues britanniques, suisses et japonais. Nous avions noté par ailleurs à d’autres occasions qu’une part essentielle des achats français auprès des pays pauvres ou émergents sont organisés par nos propres « champions » nationaux de l’automobile, du textile habillement ou de la distribution.

La seconde étude, publiée par Eurostat, l’organisme européen de statistique, souligne une fois de plus le poids des multinationales américaines dans l’économie du Vieux Continent. 44 % des actifs qui y sont détenus par des entreprises étrangères appartiennent à des groupes d’outre-Atlantique. Leur stock d’investissements directs en Europe équivaut à plus de trois fois le budget de la France. Le stock de la Chine et de Hongkong n’est que de 72 milliards d’euros, celui du Brésil de 58,2 milliards, celui de l’Inde de 8, beaucoup moins que l’Égypte qui pourtant n’en compte que 25,7. Une misère en comparaison des 431 milliards d’euros d’actifs possédés par les groupes suisses au sein de l’Union européenne ! Ce sont là autant de réalités qui soulignent la volonté de la droite, du FN mais aussi de nos gouvernants de dédouaner le capital.

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