Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La main invisible du FMI

La chronique économique de Pierre Ivorra En France, le CAC 40 a accordé 56 milliards d'euros à ses actionnaires.
 

On parle souvent de la main invisible du marché, en reprenant une expression de l’économiste Adam Smith, afin de donner l’idée que, au-delà des intentions de chacun, le marché, par ses seules vertus, aurait la capacité de rétablir les équilibres économiques. Pour ce qui concerne la loi Macron, ou les projets de François Rebsamen, ministre du Travail, et au-delà, la politique de François Hollande, il faudrait plutôt repérer la main très visible du Fonds monétaire international (FMI). Dans une note datant du 22 novembre 2010, le FMI recommandait, notamment à la France, de « supprimer les restrictions aux heures d’ouverture et de vente » dans le commerce, d’introduire « une plus grande concurrence dans les services de santé et des services professionnels (notaires, comptables) », une « décentralisation des négociations salariales pour tenir compte des différences régionales de productivité et de coût de la vie ». L’essentiel du programme mis en œuvre par Nicolas Sarkozy, avant 2012, puis par François Hollande, était ainsi suggéré en avant-première : baisse du « coût du travail », prétendument pour « stimuler l’embauche », recul de l’âge de départ à la retraite afin « d’assurer la viabilité à long terme des finances publiques », déplacement de la fiscalité sur le capital vers des « taxes sur la consommation » des ménages, suppression de « la dualité du marché du travail » entre emplois à durée indéterminée (CDI) et ceux à durée déterminée (CDD) ou en intérim… Cette politique a, certes, réussi provisoirement à relancer la rentabilité des capitaux dominants. C’est ainsi qu’aux États-Unis, les grandes entreprises ont reversé en 2014 des sommes record à leurs actionnaires, qu’en France, le CAC 40 a accordé 56 milliards d’euros à ses actionnaires, un montant proche du record de 2007, d’avant la crise des subprimes. Où donc cette politique risque-t-elle de nous conduire ? La réponse donnée à cette question par un professionnel du conseil aux directions d’entreprise, Édouard Tréteau, dans une chronique publiée la semaine dernière par le quotidien patronal les Échos, mérite réflexion. Il y dénonce « le retour à grande vitesse des pires pratiques du monde financier, avec la passive complicité des gouvernements », qui ont conduit à la crise des subprimes de 2008. Il annonce qu’« après l’euphorie du moment, nous allons connaître un nouveau choc systémique mondial. Par rapport à celui de 2008, il aura deux différences majeures : il sera beaucoup plus soudain et plus profond ». N’est-ce pas là un éclair de lucidité dans un monde dirigé par des sourds et des aveugles ?

 

Mercredi, 11 Mars, 2015
L'Humanité

 

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