Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La double menace de la finance

La chronique économique de Pierre Ivorra : " Une nouvelle bulle financière risque d'exploser."
 

Beaucoup sous-estiment la gravité de la situation et ne voient pas que l’on ne peut échapper à la nécessité de mettre la finance au pas. Une bombe à retardement est en cours d’amorçage. Les banques centrales des grands pays capitalistes ont injecté des milliers de milliards de dollars dans l’économie. L’ancien professeur à HEC et aujourd’hui proche des « atterrés », Christian Cauvin, relève dans son dernier livre, la Fin du capitalisme et la nécessaire invention d’un monde nouveau, que si « la Réserve fédérale américaine n’avait créé, en près d’un siècle (de sa création en 1913 à 2007), que 600 milliards de dollars » de liquidités, en revanche, en l’espace de quatre ans, entre 2007 et 2011, elle en a créé « plus de quatre fois plus, avec 2 700 milliards ». La BCE a elle aussi ouvert les vannes. Elle engage, au moins jusqu’en septembre 2016, un programme de rachat d’actifs, essentiellement de titres de dette publique, de 1 100 milliards d’euros.

Quels effets cela a-t-il ? Aux États-Unis, la croissance est repartie ; en Europe, elle piétine. Globalement, dans le monde, elle est insuffisante, contribuant à nourrir le chômage. Pour l’essentiel, ces liquidités accordées sans sélectivité favorable au développement durable, à l’emploi, aux salaires, alimentent une nouvelle bulle financière qui, comme en 2008, risque d’exploser en faisant bien plus de dégâts.

En cette fin mars, le CAC 40 vient de dépasser les 5 000 points, retrouvant ainsi son niveau d’avant la crise de septembre 2008. Les indices boursiers sont montés au paradis : le Dow Jones a progressé de 48 % depuis le krach ; le Nasdaq, qui cote les valeurs des groupes de nouvelles technologies, de 121 % ; le DAX allemand de 82,4 %.

Les dirigeants de la FED sont prudents, ils ne sont pas certains que la croissance américaine soit suffisante pour continuer à attirer des capitaux ; ils n’excluent pas de devoir dans les mois qui viennent augmenter leurs taux d’intérêt, entraînant une hausse de la rémunération du capital de prêt. Et c’est cela qui risque de mettre le feu aux poudres. Une double menace pèse sur le système financier international.

D’une part, si les titres de dette publique, considérés comme « sans risques », rapportent plus que les autres titres financiers, alors les investisseurs se reporteront massivement sur eux, ce qui provoquera un krach boursier. D’autre part, toutes les obligations émises antérieurement à des taux plus faibles perdront de la valeur puisqu’elles rapporteront moins et les investisseurs chercheront à s’en débarrasser, ce qui pourra provoquer un krach obligataire.

Mercredi, 25 Mars, 2015
Publié dans L'Humanité

 

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