Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Réunion sur la politique énergétique du 25 avril 2006

le 30 April 2006

Participant-e-s :

Marie-Claire Culié - Cécile Goutmann - Gwenaëlle Perrier - Danielle Sanchez - Marie-Françoise Palloix - Cathy Daguerre - Alain Dallest - Ludovic Zanolin - Philippe Stierlin - Vladimir Brones - Alain Civilise - Philippe Page - Yves Dimicoli - Gilles Peyreron - Gilbert Louvet - Bruno Prepoleski - Pierre Peter - Jean Barra - Alain Morin - Jean-Yves Guézénec - Jean-Pierre Basset - Claude Aufort - Abdelmajid Guelmami.

Excusé-e-s

Martine Nativi - Marie-Françoise Sanchez - Marie-françoise guillaume - Bernard Defaix - Daniel Paul - Luc Foulquier - Christophe Latrasse - Eric Roulot - Jean-Baptiste Poisson - Alain Duparquet - Michel Barrier - Jean-Michel Gama - Serge Zaina - Jacques Davy - Gérard Oulie - Charles Beauchamp - Jean-Paul Dampure.

Les conditions politiques actuelles

Si la lutte contre le CPE s'inscrit dans le rejet du capitalisme, il n'en demeure pas moins que les aspirations à d'autres valeurs ne se concrétisent pas au niveau des perspectives politiques. Nous devons créer l'espoir que le rejet du capitalisme peut se matérialiser par une candidature qui mobilise la majorité du peuple antilibéral. Une construction politique reste à faire. Comment faire en sorte que le rassemblement populaire de rupture contre le libéralisme auquel nous appelons (tract-pétition du congrès) puisse parvenir au cœur même des institutions ? La lutte contre le CPE et la nouvelle façon de construire les luttes dans la rue est un événement majeur. La répression qui s'en est ensuivie va marquer les nouvelles générations de militants. Il y a des batailles qu'on peut gagner pour inverser les processus : la fusion EDF-Suez n'est pas encore passée. Il en va de même pour la libéralisation du marché pour les particuliers en 2007.

La situation énergétique

Le pétrole va devenir une question centrale pour l'avenir des sociétés. On va vers l'épuisement des ressources. Tous les acteurs ont actuellement intérêt à la hausse des prix tant les pays exportateurs et importateurs que les majors pétroliers. L'EPR est extrêmement important pour assurer la continuité de l'accès à l'énergie et éviter de perdre le potentiel industriel nucléaire. On ne peut pas croiser les bras et attendre les nouvelles générations de réacteurs. Le danger le plus grand ce n'est pas le stockage des déchets mais la prolifération. Il faut aller vers une coopération à grande échelle. On ne peut pas à la fois privatiser le secteur de l'énergie et maîtriser le nucléaire qui nécessite le développement des capacités humaines alors que la logique du marché les détruit. Certes, les peurs sont déjà là mais il faut expliquer sans arrêt. Au niveau mondial, la révolution énergétique dans la situation actuelle n'arrive pas à s'accomplir. Les USA, premiers gaspilleurs d'énergie dans le monde, sont au cœur de la crise énergétique actuelle. Même chez eux, on commence maintenant à parler d'indépendance énergétique. Au niveau européen, la question énergétique représente d'énormes enjeux pour la construction politique. Bien qu'on s'y alarme sur les évolutions énergétiques à venir, on ne continue pas moins de déréglementer. Alors qu'il faut révolutionner les transports et faire des efforts considérables en matière de construction de logements sociaux. Si l'on cherche vraiment à réaliser l'objectif d'indépendance énergétique, il faudrait alors faire exploser les dépenses de formation. L'appropriation sociale est à ce prix. Il est indispensable de changer de système énergétique et changer le type de croissance : croissance économe en moyens , respectueuse de la nature et développement des dépenses humaines (santé, droit à l'énergie, etc.). Il faut produire autrement en sécurisant l'emploi et la formation. Avec l'accroissement des prix de l'énergie et sa disparition physique, les conséquences vont en être dramatiques. A titre d'exemple, arrivera-t-on à régler les problèmes liés à l'habitat avant la disparition de l'énergie fossile ?

La clarification politique reste à faire

Nous avons besoin de faire la clarté sur ce que recouvre l'industrie nucléaire en France. Des camarades considèrent que l'Humanité ne traite pas correctement la question complexe du nucléaire. Ils ont l'impression que pour l'Humanité être anti-libéral c'est être anti-nucléaire. Selon eux, elle préparerait politiquement l'opinion communiste à l'abandon du nucléaire. D'autres camarades contestent cette appréciation en soulignant la complexité du problème et en précisant, par ailleurs, que la référence en la matière c'est le discours de la direction du parti et non pas les propos des journalistes de l'Humanité. Au-delà de ce débat, certains intervenants estiment que le travail du parti est précis sur le constat mais n'est d'aucun secours pour ceux qui organisent la résistance. Ces questions essentielles de l'avenir énergétique ne sont pas portées de manière transversale par la société. C'est le politique qui doit s'en charger. Nous avons besoin de clarification politique avec nous-mêmes et avec les autres. Quand on devient précis sur ces questions, le débat d'alternative à gauche commence à se clarifier. Il y a un bon travail élaboré par le collectif « politique énergétique » mais il n'est pas porté par le parti. Nous sommes en deçà des exigences de l'opinion publique. Or, nos écrits sont accessibles et d'une grande pertinence. Reste à les porter politiquement. D'autres intervenants ont souligné que le débat sur le nucléaire dans le parti prend la même tournure que celui sur la sécurité d'emploi et de formation. Sur cette dernière question, on a eu du mal à la faire intégrer dans l'approche du parti. Mais désormais tout le monde en parle. On a fait beaucoup d'effort pour convaincre. Sur le nucléaire, les tergiversations vont encore se poursuivre jusqu'à ce que tout le monde se heurte à la réalité de la progression des prix de l'énergie. Cependant, notre approche est basée sur la question incontournable du financement mais sans aborder la question de la propriété et de l'appropriation nous resterons au niveau du débat imposé par les directions des entreprises. Une séance de travail spécialement consacrée à ces questions s'avérerait nécessaire. Sur la question des concessions de services publics, nos élus sont désarmés. Un participant pense qu'ils sont illusionnés par le discours selon lequel l'ouverture totale du marché (en 2007) sera bénéfique pour les particuliers. Il est vrai que personne ne connaît pas de communes qui s'opposent à l'ouverture totale du marché. Pourtant, nous avons besoin de ferrailler contre les concessions de services publics dans le domaine de l'énergie. Les élus ne connaissent pas comment fonctionne le système énergétique. Il faut séparer la question des déchets de la question du réchauffement climatique. La bataille de l'EPR est indissociable de la question de la gestion dans les communes. Ne faut-il pas favoriser la connaissance sur les concessions de services publics ? De toute manière, Il ne faut rien laisser aux experts et aux scientifiques et s'adresser à une opinion publique qui - bien que surprenante - gagne à bénéficier d'un travail d'éducation populaire.

Débat d'alternative à gauche et échéances électorales

Le débat sur l'énergie va prendre de nouvelles dimensions. Notre candidat disposera d'un travail solide. Toutefois, nous aurons du mal à convaincre l'ensemble du parti pour s'en emparer. Nous avons à surmonter des obstacles internes et des urgences. La question centrale urgente que devons porter c'est sortir l'énergie du marché. Pour le moment, à gauche, on est les seuls à avoir des propositions robustes. Mais on est tout seuls. Garder le cap nous permettra de convaincre et de sortir de l'isolement. Le PS se positionne en croyant que les services publics locaux se chargent d'amortir la casse des services publics. Les augmentations du prix du gaz ne sont pas le seul fait de la droite. Sous le gouvernement de gauche, elles ont été de 30 % plus élevées. Le Ps et d'autres sont dans une perspective de services publics locaux et non pas nationaux et ils ne veulent pas que la protection sociale soit l'objet d'un débat à gauche. Ils refusent d'aborder certains thèmes comme « pôle public », « re-nationalisation », etc. Certains camarades exprime une crainte : une nouvelle construction à gauche pourrait faire passer l'EPR à la trappe. C'est pourquoi ils ne veulent pas ironiser sur la manifestation de Cherbourg qui a réussi à peser sur les positions du PS. Cependant, la question de l'énergie va prendre une part importante dans le débat sur une alternative anti-libérale crédible. Même les verts reculent aujourd'hui sur leurs propres dogmes anti-nucléaires. Ils disent être contre l'EPR et non contre le nucléaire. Face à un PS hésitant, nous devons être à l'offensive sinon l'échec sera au bout. Des camarades ont souligné que l'ancienne méthode de construction d'alliances a vécu. Désormais, c'est le contenu qui détermine le reste. Notre seul souci : l'impératif du temps. Il faut se préparer pour les échéances électorales avant le mois de septembre. Certes, les débats sur les contenus sont légitimes et intéressants mais comment faire pour thématiser et pour transporter le débat auprès des élus et des citoyens ?

Travailler encore sur les propositions

Nos propositions sont claires sur l'amélioration de l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, l'effort de recherche, l'indépendance énergétique, le changement de système énergétique et la maîtrise du nucléaire. Il n' y a absolument pas de politique énergétique en Europe. Notre proposition de créer un pôle énergétique, d'organiser la maîtrise publique dans ce domaine et de réformer les conseils d'administration des entreprises peut nous permettre de faire avancer le débat et de gagner des batailles . Certes, il ne faut pas laisser un pouce sur la notion de service public mais il ne s'agit pas de tout mettre là-dedans. Le gouvernement multiplie les projets de loi sur la question de l'énergie pour saucissonner politiquement les problèmes et les oppositions. Il n'empêche qu'une cohérence globale profonde s'en dégage. Par contre, de notre côté, il n'y a pas une approche cohérente avec des contre-propositions concrètes. C'est le travail de cadrage institutionnel et juridique des propositions politiques qui manque. Des lois passent sans que nous ayons ni le temps ni les moyens de nous battre avec des contre-propositions notamment sur la fusion GDF-Suez. Cette fusion ne conduit pas uniquement à une privatisation de GDF mais également à sa disparition totale. Déjà, le service public de GDF ne remplit plus actuellement ses missions tandis que les bénéfices explosent en raison de l'augmentation du volume de gaz vendu et du renchérissement des prix. Nous prenons insuffisamment en compte la dimension mondiale - qui est directrice en matière énergétique - et le travail des institutions internationales. Nous avons à traiter la question des Utilities (multiservices du gaz, de l'eau, de l'électricité, etc.) Un camarade a demandé que le collectif préconise un système de garantie de stabilité des prix alimenté par un prélèvement sur les bénéfices des sociétés (procédure de lissage) et avance la proposition d'introduire l'eau chaude solaire dans tous les logements sociaux. A cet effet, il sera utile politiquement de proposer la création d'observatoires régionaux des services publics de l'électricité et du gaz, poursuit-il. Nous devons également avancer nos propositions à partir de la problématique du droit à l'énergie et de la tarification sociale. Essayer d'impulser dans toutes les fédérations des débats entre salariés et usagers afin de faire connaître nos propositions et les affiner au besoin et de construire, sur cette base, des débats nationaux avec des élus nationaux.

Décisions

Plusieurs décisions ont été prises.

· Préparer un point sur la question de l'énergie à présenter devant le CN et réfléchir sur la stratégie électorale. · Création d'un secrétariat pour le collectif « politique énergétique » (Cathy Daguerre, Claude Aufort, Jean- Yves Guézénec, Ludovic Zanolin, Alain Dallest, Jean-Pierre Basset). · Création au sein du collectif « politique énergétique » d'un groupe de soutien au travail des groupes parlementaires (Cécile Goutmann, Gwenaëlle Perrier, Philippe Stierlin ...). · Publier un article dans l'Humanité rédigé par Claude Aufort au nom du collectif « politique énergétique ». · La rédaction de deux notes : l'une sur le bilan des déréglementations et privatisations (Cathy Daguerre) et l'autre sur ce qui se fait au niveau mondial dans le secteur de l'énergie. · A partir de l'actualité, fournir aux fédérations et aux collectifs de travail un tract sur la crise pétrolière et l'avenir énergétique. · Utiliser plus efficacement la brochure sur l'énergie que nous avons fait publier par Economie & Politique. · Publication dans le prochain numéro d'Economie & Politique trois ou quatre articles sur les thèmes suivants : évolution du débat sur le nucléaire - crise pétrolière - fusion GDF et Suez, etc.