Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

Economie et Politique - Revue marxiste d'économie
Accueil
 
 
 
 

Les Verts roulent pour la BCE

Le « contrat des Verts pour l’Europe » est un plaidoyer pour l’Europe fédérale. Ils appellent la mise en place rapide du projet de Const itut ion giscar dien. Certes ils proposent de l’amen der afin d’en « modifier le Titre III » sur les politiques de l’Union eur opéenne (UE) dans le sens des principes du Titre I et de la Charte des droits fondamentau x. Mais, c’est tenter de dissimuler que cette const itut ion enten d graver dans le marbr e la domination des marchés sur tous les as pects de la vie et de l’avenir des salariés et des citoyens . Et, c’est bien dans le Titre I que figure la const itut ionna lisat ion de la BCE telle qu’elle existe. Or, elle tend à sécur iser les hauts rendements exigés par les placements financ iers et à encoura ger la guerr e économ ique. Cela fait proliférer l’insécur ité sociale et recu ler les droits sociaux. Il ne faut pas s’étonner dès lors du silence des Verts sur la BCE et sur le Pacte de stab ilité.

Les Verts proposent d’agir dans le sens des « objectifs de Lisbonne » et de faire « cam pagne pour des objectifs et des indicateurs communs (…) de politique sociale » ou encor e de respect des « principaux objectifs définis dans les lignes directr ices pour l’emploi ». C’est tout à fait cohérent avec leur option fédéralo-libéra le. La straté gie de Lisbonne , rat ifiée par J. Chirac et L. Jos pin, préten d faire de l’Europe la championne de l’économ ie de la conna issance sur la base du plein-emploi. Or, c’est un échec reconnu par la Comm iss ion eur opéenne . Elle signifie le maintien du chômage pour réguler un marché du tra vail eur opéen et mettr e en concurr ence les salariés. Cela mar cherait de paire avec l’emballement de la précar ité, le nivellement par le bas des droits sociaux et une convergence à la baisse des taux de salaires. Plutôt que de recon duire ce qui a échoué, il faudrait, au contra ire, viser une toute autr e ambition avec la construct ion d’un système d e sécur ité commune d’emploi ou de format ion à l’échelle de l’UE avec des object ifs chiffrés contra ignants de réduct ion du chômage, de la précar ité, les moyens financ iers et réels pour cela.

Les Verts préten dent vouloir un « contrô le accru des mar chés financ iers internat ionau x » à l’aide de la taxe Tobin, et ils avancent l’idée d’un « fon ds bours ier » de « capital social pour le développement dura ble ». Une taxation de type Tobin sera it utile, mais très insuffisante . J. Tobin lui-même déclarait que le principal mérite de sa taxe est de permettr e la sauvegarde du pouvoir d’orientat ion de la politique monéta ire et du cré dit banca ire pour l’emploi, la format ion, la croissance rée lle au lieu de les laisser dominer par la finance . Les Verts refusent de mettr e en cause l’indépendance et l’orientat ion de la BCE jus qu’à l’écar ter des inst itut ions financ ières qu’ils proposent de démocrat iser. Dans ces con ditions , même un simp le contrô le des marchés financ iers devient chimérique, encor e plus quan d ils proposent d’orienter plus d’argent vers ceux-ci avec un fonds bours ier fut-il « social pour le développement dura ble ».

Enfin, les Verts affirment vouloir « protéger le ser vice public » mais selon eux seul « l’eau, l’éducat ion et la santé (…) ne devraient pas êtr e soum is aux lois du marché ». Etran gement , ils écar tent de ce cour t inventa ire l’éner gie, la cultur e, les télécommun icat ions ou encor e les trans ports ferr oviaires. Ils évitent soigneusement d’envisager que l’exigence de ser vices publics de qualité access ibles à tous requier t l’existence d’entr eprises publiques gérées dans un but d’efficacité sociale.