EDITORIAL
Le défi de lutte et de rassemblement, de construction politique pour une transformation sociale graduelle, mais effective, en France et en Europe, est plus que jamais d'actualité.
C'est un défi de transformations radicales. Il est posé, avec la persistance de la crise du système capitaliste et la poursuite du chômage massif, avec l'exaspération visible, parfois spectaculaire, de l'antagonisme entre politiques libérales et aspirations sociales, avec dans ce cadre les échecs répétés, et porteurs de lourds dangers, du sociallibéralisme. Cela interpelle toutes forces de gauche, tandis que le PS continue de ne pas mettre en cause la domination des marchés financiers.
Cela concerne tout à la fois des actions politiques immédiates, concrètes et suivies, et la bataille sur une autre conception d’ensemble, pendant et au delà des campagnes électorales.
Ainsi, en Europe : la crise de la construction capitaliste est très grave, tandis que la croissance de la production et de l’emploi demeure faible ; seul un projet fort et novateur, pour répondre aux exigences face au chômage, en matière de protection sociale, ainsi qu’à celles des nouvelles technologies est en capacité de répondre à la crise actuelle et de mobiliser les salariés, les jeunes, les femmes et toutes les forces de progrès.
Un tel projet suppose une réorientation profonde, radicale de la construction actuelle de l'Union européenne, visant à la dégager de l’emprise du capital.
Face à la mise en concurrence des salariés comme aux pressions contre leurs revenus, et leurs emplois, que risque encore d'aggraver l'ouverture au pays de l'Est, on ne peut, comme le fait le PS, se contenter, une nouvelle fois, de la vague promesse d'une « Europe sociale » : une illusion, sans la remise en cause de la domination des marchés financiers, de la politique de la Banque centrale européenne à leur service, et des restrictions des dépenses budgétaire imposées par le Pacte de stabilité ;
voire une tromperie, avec l’approbation d’une Constitution qui entend perpétuer ces dominations, et les règles libérales.
Mais il s'agit d'avancer un projet qui donne une priorité effective à des objectifs sociaux d'éradication du chômage et de la précarité, de mobilité dans la sécurité, de création d'emplois en mobili- sant pour cela tout autrement les moyens financiers disponibles (fonds publics, crédits, fonds des entreprises).
Et tout de suite de s'engager dans des batailles communes ou convergentes en Europe pour transformer les emplois précaires en emplois stables et organiser le retour à l'emploi des chômeurs avec la formation et les mesures d'accompagnement nécessaires.
C'est le sens de l'appel lancé le 25 mai aux forces sociales, politiques et associatives européennes de progrès pour agir et à contribuer, comme l'a fait le PCF , avec la proposition d’une Sécurité d'emploi ou de formation, à travailler ensemble à construire des solutions alternatives.
Dans les régions, en s'appuyant sur les bons résultats des listes communistes aux élections régionales, il s'agit maintenant de s'engager concrètement dans la mise en place de Fonds régionaux de prise en charge par des fonds publics des taux d’intérêts des crédits – pour des investissements – d’autant plus abaissés qu’ils font de l'emploi et de la formation. Il s’agit aussi de s’engager dans un contrôle rigoureux des aides publiques attribuées aux entreprises, pour vérifier si cela a entraîné des emplois, et exiger des remboursements dans le cas contraire. Ces outils ouverts à l'intervention citoyenne, avec de nouveaux pouvoirs, doivent être mobilisés pour stopper la vague de licenciements et de délocalisation, favoriser les projets porteurs d'emplois et répondre aux exigences massives de formation et de recherches pour une pleine utilisation des nouvelles technologies. Une telle promotion des capacités de tous stimulerait aussi la croissance insuffisante par la forte relance des salaires relevés avec les qualifications et l'expansion des revenus de la formation.
Malgré son échec, si la droite doit biaiser et cherche à éviter de prendre de front les salariés qui se mobilisent contre ses projets, elle n'entend pas, comme on le voit avec la réforme de l'assurance maladie ou avec les tentatives de privatisation de l'EDF, d’ADP ou de la Snecma, renoncer à mettre en oeuvre ces exigences du MEDEF. Elle recourt à la dramatisation, à la fatalité, aux divisions tout en évitant le débat de solutions. D'où l'importance de favoriser le rassemblement salariés-usagers (EDF, services publics), médecins salariés des hôpitaux usagers pour la Sécu, et le besoin de propositions alternatives, notamment sur les financements afin d'éviter leur bradage aux marchés financiers.
Le niveau des défis de transformation réelle, l’exigence de radicalité des alternatives pour l’efficacité des luttes situent l’enjeu de l’apport communiste.
Pour une perspective de progrès face à la droite, il est crucial d’avancer pour dégager le mouvement populaire, la gauche de l’hégémonie des idées sociales-libérales ; et pour cela d’être à l’initiative dans les luttes pour faire vivre, expérimenter, débattre des idées et propositions alternatives non seulement anti-libérales, mais de dépassement de la domination capitaliste.
Il s’agit, à l’opposé du défaitisme devant la domination des marchés capitalistes, de saisir les potentialités de rassemblement et d’offensive d’idées alternatives de progrès social.
Les bons résultats des listes communistes aux élections régionales, traduisant un début de redressement après l’effondrement de 2002, peuvent encourager à mesurer le potentiel rassembleur de propositions suffisamment audacieuses et radicales particulièrement sur l’emploi, d’autres financements et d’autres pouvoirs.
N’ont-ils pas en effet été notamment construits, pour la première fois dans une campagne politique du PCF, sur la promotion de l’idée d’une Sécurité d’emploi ou de formation, associant la visée révolutionnaire d’une éradication du chômage par un dépassement du marché du travail, et le réalisme de chantiers immédiats pour avancer. Le réalisme ! Face aux défis actuels, n’est-il pas justement, à l’opposé de la tentation d’en rabattre sur les objectifs sociaux, pour ne pas affronter les marchés, d’accorder une grande ambition sociale de notre temps, avec les moyens financiers et les pouvoirs permettant de la réaliser.
Ne consiste-t-il pas à faire vivre, débattre, mettre en pratique avec esprit de suite, les idées forces d’un projet de transformation sociale. A le faire dans les luttes sociales, dans les combats électoraux, dans les institutions. A faire progresser et gagner ainsi, pour les luttes, et pour une construction politique, une hégémonie nouvelle : celle d’idées transformatrices.
Afin de rassembler pour des réorientations effectives, articulons le mouvement social et les propositions politiques, la bataille contre la construction européenne hyper-libérale et les luttes pour avancer immédiatement vers une Sécurité d’emploi ou de formation dans l’Union Européenne, en impulsant un grand mouvement populaire sur ces enjeux novateurs.
Mettons en cause la construction monétaire et la construction politique au service du capital financier et contre tous les droits sociaux vitaux, pour que l’argent et la
politique soient au service des peuples, d’une avancée réelle du progrès social et de la civilisation en France et dans l’Union Européenne. ■