Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Docteurs Folamour et finance de l’ombre (Chronique de Pierre Ivorra)

Les dirigeants français ou ceux tenant le haut du pavé en Europe et dans les grands pays capitalistes essaient de donner l’impression qu’ils maîtrisent les affaires du monde. Le regard fixé sur la ligne bleue des Vosges du libéralisme, tous gardent le cap de la concurrence libre et non faussée qui serait seule à même de sortir l’humanité des difficultés qui l’accablent. Ils jouent les César de la valeur ajoutée, les Napoléon de la marge opérationnelle, les Clausewitz de l’investissement. Et pourtant …

Depuis le tremblement de terre de la crise financière de 2008 les répliques se multiplient. Ainsi, on a pu apprendre que la France et la zone euro se rapprochent dangereusement de la déflation, de la baisse des prix, des salaires et de l’activité, que les difficultés de la Grèce ne pas terminées, que le recul de la croissance chinoise se confirme, que la Russie, le Japon sont au bord de la récession. On s’interroge même sur la croissance américaine, pourra-t-elle durer si dans le reste du monde les politiques d’austérité accablent les peuples ? De leur côté, les marchés financiers oscillent entre une euphorie maladive et la chute aux abîmes et l’on craint à moyen terme un effondrement des titres de dette publique massivement accumulés à travers le monde.

On a le sentiment que lorsque nos dirigeants tentent de mettre une rustine quelque part, une autre fuite apparaît un peu plus loin. Des normes internationales sont adoptées pour tenter de sécuriser l’activité des banques mais cela les pousse à financer plutôt les activités les plus rentables. On assiste même au développement d’un mode de financement de l’économie des plus dangereux, ce que l’on appelle le « shadow banking », la « finance de l’ombre ». Des institutions non bancaires, compagnies d’assurance, fonds spéculatifs, qui elles ne sont pas soumises à ces normes prudentielles exigeantes, interviennent de plus en plus massivement dans les activités de crédit.

Selon des données officielles, cette finance de l’ombre pèserait quelques 75 000 milliards d’euros, représentant environ 120 % du PIB des pays concernés. Juste avant la crise financière elle était de 124 %. Ces activités de crédit incontrôlées font peser un risque énorme sur le système financier mondial car, évidemment, elles financent avant tout les activités hasardeuses, spéculatives. L’humanité n’a pas le choix, pour se prémunir contre de nouvelles catastrophes, il lui faut commencer à sortir des griffes de la finance, mettre en œuvre d’autres politiques. Les forces alternatives ont une opportunité historique de changer la donne, à elles de la saisir.

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