Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Libéralisme, populisme et besoin de dépassement du capitalisme

Le populism e n’est pas que d’extrême droite, ni même que de droite. Il existe un populism e de gauche et d’extrême gauche, anti-libéral, qui se présente comme contestant le capitalism e. En témoigne, par exemple, l’idée « d’interdire les lic enciements » ou bien encore celle, proposée naguère par Nikonoff, de « réquisitionne r les dividendes »…

1 Caractérisation du phénomène populiste :

Je suis asse z favora ble à l’analyse de Guy Hermet « Les populismes dans le monde » (Fayar t, 2001) et « La trah ison démocrat ique » (Flammar ion, 1998) : « le populisme n’est pas une idéologie, c’est un registr e politique, car il propose des solutions politiques rad icales ou rap ides, il est dépour vu d’une vision du monde cohérente (…). Pour lui la construct ion d’un modè le rat ionne l n’est pas à l’ordre du jour. Par tant du principe que le peuple a toujours raison, les populistes simplifient les problèmes politiques , économ iques ou sociaux jus qu’à la caricatur e ».

Le populisme sera it ainsi un registr e politique permettant « une captation unilatéra le et en leur état brut des préjugés individuels d’une masse de plus en plus cons idéra ble des gens (…) préjugés individuels que les populistes trans forment en mythe collectif… » D’où l’extrême impor tance des médias et de leur utilisation.

Il y a dans le populisme une façon de nier ce qui à un moment donné apparaît « comme le code norma l de la politique » en déclarant que tout est poss ible dans l’instant , en recourant à des solutions préten dument rad icales, mais qui font surtout écho, de façon démagogique, à

des idées reçues accom pagnant la souffrance et l’exas pérat ion de caté gories de populations vulnéra bilisées qui ne com prennent pas les causes de leurs difficultés .

Cela s’illustr e par ticulièrement par la proposition du FN de « préférence nationale » en matière d’emploi. En réalité cette « préférence » existe déjà largement sur le marché du tra vail, le taux de chômage des tra vailleurs immigrés ou issus de l’immigration étant beaucou p plus impor tant que celui des tra vailleurs « frança is de France ».

Cependant, il paraît difficile aujour d’hui de prendre

pleinement la mesur e du populisme sans voir son lien constru it avec le libéra lisme, c’est à dire une conce ption de l’Etat et de l’inter vention d’Etat au ser vice du marché.

2 Le populisme dans la rivalité entre les libéralismes :

Raffarin cherche, plus que tout autr e, à rassemb ler de façon populiste petits salariés et petits patr ons pour une politique mettant encor e plus l’Etat au ser vice du marché (libéra lisme ). Ainsi, c’est au nom de la « valeur tra vail » qu’il met en cause les 35 heur es, en por tant à 180 heur es, au lieu de 130 heur es le cont ingent annue l d’heur es supplémenta ires : ce sera it là le moyen, assur e-t-il, de répondr e à ceux qui veulent pouvoir tra vailler plus pour gagner plus…

De même , il n’hésite pas à stigmatiser la « financ iarisation » de l’économ ie, mais pour faire admettr e une « régulation » de la Bourse dont il rappe lle qu’elle est indispensable pour ….pou voir privatiser Air France . On pourra it encor e citer la cam pagne qui, à l’inst igation du Medef et de la droite, se développe dans les grandes et petites entr eprises industr ielles où les salaires sont bloqués et par ticulièrement bas pour les caté gories faiblement qualifiées .

Cette cam pagne, extrêmement pernicieuse , cherche à cana liser la montée de la protestat ion salariale, après 5 années de gel des salaires (en liaison notamment avec la mise en œuvre des 35 heur es) , en stigmatisant les Rmistes et les chômeurs , rendus cou pables de leur situat ion, et dont la protect ion sociale par la nation expliquera it le poids des charges patr onales s’opp osant à un relèvement poss ible des bas salaires. Cela par ticipe de l’énorme effor t pour just ifier l’amplification des baisses de cotisations sociales patr onales, après que Jos pin les ait por tées au niveau recor d de 18 milliards d’eur os par an. Cela vise auss i à préparer, au nom de la « valeur tra vail » le passa ge à des programmes de tra vail quasi obligatoire favorisant les bas coûts salariaux de main d’œuvre pour nom bre d’entr eprises.

Cela s’illustre particulièrement par la proposition du FN de « préférence nationale » en matière d’emploi

La droite avec Raffarin cherche ainsi à doubler le sociallibéra lisme du gouvernement Jos pin, et du PS avec Fabius et D. Strauss -Khan, sur le libéra lisme et à le battr e par le populisme. Son libéra lisme vise à une plus grande efficacité de l’Etat au ser vice du marché en mettant en cause de façon consé quente les mécan ismes de corr ection du marché par l’Etat social-démocrate , tous en crise avérée et lour dement consommateurs de deniers publics et de prélèvements sociaux.

Mais le PS dominé par le social-libéra lisme n’échappe pas non plus, semb le-t-il, à la tentat ion populiste. Le PARE qui culpabilise les chômeurs et ouvre, dans cer tains cas , la por te au tra vail obligatoire, n’a-t-il pas été adopté par L. Jos pin au nom, préten dument , du retour à l’emploi des chômeurs , y com pris avec la format ion ? De même , n’estce pas au nom de la lutte contr e une « société d’ass istance » et pour une « société de tra vail » que L. Jos pin a fait impor ter en France un dispos itif d’impôt négatif intitulé “ prime pour l’emploi ” favorisant l’acce ptation par des chômeurs et Rmistes d’emploi à très faible coût salarial ?

Et n’est-ce pas le gouvernement Jos pin qui, avec L. Fabius, a lancé un programme de réduct ion mass ive des charges sociales patr onales mais auss i d’impôts (impôt sur le revenu et taxe profess ionne lle notamment) au nom même d’une lutte contr e le « trop de prélèvements obligatoires » et d’une « nou velle alliance » allant des exclus aux entr epreneurs ? L’ensem ble a contr ibué à une profonde déréglementat ion du marché du tra vail et une press ion accentuée contr e les dépenses publiques et la protect ion sociale.

Mais le recours du PS au registr e populiste a changé de vitesse à propos des quest ions de sécur ité des biens et des personnes avec la rivalité engagée sur ce thème , pendant la cam pagne pour l’élect ion présidentielle, entr e les can didats Jos pin et Chirac, ce dernier bénéficiant de plusieurs longueurs d’avance .

Il y aura it donc une rivalité sur le libéra lisme entr e la droite flanquée de l’extrême droite et le PS de L. Fabius-D. Strauss -Khan avec, au cœur, une obsess ion (commune depuis le ralliement de Jos pin à « l’économ ie de marché ») de baisse du coût salarial de l’emploi et d’encoura gement du marché et des placements financ iers . Une obsess ion qui génèr e une terr ible insécur ité sociale.

Cette insécur ité sociale mass ive et proliférante est congénitale du capitalisme de marché financ ier. Elle multiplie les rejets , engendre d’impor tantes déco hésions sociales et terr itor iales, maintient sous press ion les coûts salariaux avec le chômage et la précar ité. Tout cela s’avère gravement contra dictoire avec les exigences et les as pirations d’un développement de toutes les capacités humaines avec la Révolution informat ionne lle.

Ne trouve-t-on pas ces anta gonismes à la base des difficultés grand issantes de gouvernance du local au mond ial, de l’entr eprise à l’Etat et à toute la société ?

Mais cela n’est-il pas auss i au cœur du développement des phénomènes de violence et d’incivilité, avec la per te de légitimité et d’efficacité des dispos itifs et modè les d’intégration au système , qui finissent par ajouter à l’insécu rité sociale permanente l’insécur ité des biens et des personnes ? Si l’insécur ité sociale peut paraître fata le avec la mondialisat ion des marchés, plus anon yme et « natur elle » que jamais, et l’individualisme qui rend les tra vailleurs res ponsa bles de leurs con ditions , l’insécur ité des personnes et des biens peut, elle, êtr e imputée à des personnes repéra bles, des com por tements cou pables. L’origine des maux peut avoir un visage, pour peu qu’on ait la volonté de la débus quer et de la répr imer.

Le recours au registr e populiste, pour rassemb ler sur des politiques visant , avant tout , à mettr e toujours plus l’Etat au ser vice du marché, a été très encoura gé par la rivalité entr e droite et sociaux-libérau x sur l’insécur ité des biens et des personnes . Mais il plonge ses racines dans le consensus sur « l’économ ie de marché » financ ier et son insécur ité sociale cons idérée comme une consé quence « natur elle » de ce modè le d’organisation dont l’effondrement de l’URSS aura it définitivement confirmé le caractèr e indépassa ble.

Il ne restera it plus alors comme facteur de différenciation, de bi-polarisation et d’alternance , d’un coté , le refus de la « société de marché » avec un Etat se présentant comme plus ou moins corr ecteur des excès du marché et, de l’autr e coté , le refus de la « société d’ass istance » avec un Etat se présentant comme plus ou moins stimulateur de l’initiative privée décentra lisée.

Dans quelle mesur e, d’ailleurs , l’écho populiste à la souffrance et aux peurs engendrées par l’insécur ité des biens et des personnes ne vise-t-il pas auss i à faire acce pter un rat ionnement des moyens pour la plus par t des humains et un redéploiement des priorités , au ser vice des capitaux, faisant reculer la protect ion sociale et ouvrant la voie de la « révolution conser vatr ice » exigée par le Medef ?

Dans quelle mesur e la thémat ique populiste de la « lutte contr e l’insécur ité » ne vise-t-elle pas, en d’autr es termes , à faciliter la gouvernance d’une société grosse de protestat ion sociale car y priment l’insécur ité sociale et la sécurisation primor diale des rendements et placements financiers ? Cette rivalité sur le libéra lisme entr e un PS actue llement blairisé et la droite populiste de Chirac-Raffarin sera it au cœur de la bi-polarisation de la vie politique et de la recherche d’une construct ion bi-par tisane s’accom modant d’un impor tant volant d’abst ent ionnistes . En aucun cas , bien sûr, une telle hypothèse reviendrait à ass imiler le PS à la droite, et à se résigner à sa dérive social-libérale.

Au contra ire, elle ne rend que plus nécessa ire un app or t commun iste original, pleinement autonome et rassem bleur à gauc he sur l’analyse des causes des difficultés et sur les solutions, pour lutter contr e cette dérive socialelibéra le. C’est indispensab le pour ouvrir, à par tir des luttes imméd iates , une alternat ive anti-libéra le de dépassement , avec une gauc he, et un PS en son sein, qui en sera ient émanc ipés.

Le recours au registr e populiste peut auss i guetter le Par ti commun iste sous l’aiguillon du populisme anti-libéral des format ions d’extrême -gauc he ou d’acteurs du « mou vement social ». Mais il peut le guetter auss i sous l’aiguillon des effor ts de récupérat ion -média à l’app uide la souffrance des couc hes populaires les plus soum ises à l’insécur ité des biens et des personnes . Mais ne nous a-til pas auss i menacé sous l’aiguillon de la press ion socialelibéra le sur la baisse des charges sociales patr onales pour les PME notamment au nom de l’emploi avec des dispos itifs d’accom pagnement du chômage pour baisser les coûts salariaux, des C.E.S aux emplois-jeunes ?

3 Dimensions nouvelles du populisme : Monde et Europe :

On voit de par tout progresser des forces politiques recourant systémat iquement , à droite ou à gauc he, au registr e du populisme. En Europe cela s’est développé avec l’exas pérat ion sociale des alternances politiques débouc hant sur une accentuat ion cont inuelle des difficultés pour les salariés et leurs familles. La social-libéra lisation des par tis sociaux-démocrates eur opéens accouc he de sociétés où les con quêtes de la protect ion sociale et d’entr eprises publiques pouvant, réformes aidant, assu mer une res ponsa bilité pour l’emploi, la format ion, la santé , l’éducat ion, la cultur e, l’accès sur tous les terr itoires à des ser vices publics de qualité, sont gravement mises en cause . Elle a con duit au retour de droites populistes , beaucou p plus agress ives, capables de phagocyter ou de conten ir l’extrême droite. Ces droites populistes se prévalent de l’inefficacité sociale grand issante des mécanismes de corr ection social-démocrate du marché – très accentuée avec la construct ion eur opéenne et la mond ialisat ion actue lles – pour récupér er les souffrances et frustrat ions qu’elles engendrent, au ser vice d’une politique ultra-libéra le.

Cette alternance pour le marché, sans pers pective d’alternat ive de dépassement du marché, s’accom pagne de l’essor de mou vements de protestat ion ant i-libérau x, aiguillonnés eux-mêmes par des forces ou des individus recourant au registr e populiste. Ils tendent sur tout , au mieux et pour l’heur e, à deman der aux Etats de rétab lir des dispos itifs de corr ection sociale des marchés, y compris avec la nosta lgie de social-démocrat ies à l’ancienne , d’avant l’ampleur prise par le marché financ ier et la mondialisation avec les nou velles techno logies.

Ces mou vements , par exemple, mettent en avant la revendication très populaire de défense du ser vice public ou de promot ion de la gratu ité, comme autant d’exceptions à l’économ ie de marché financ ier à la domination de laquelle, par ailleurs , ils n’opp osent aucune alternat ive de dépassement . Ils laissent auss i, par exemple, de coté l’exigence de nou velles entr eprises publiques visant un grand but social – la sécur isation de l’emploi et de la format ion par exemple –. Et en pratique ils laissent gagner la privatisat ion en refusant de faire invest ir par l’entr eprise publique quatr e champs essent iels de renou vellement :

  1. celui de l’app el à de nou veaux financements : un crédit sélectif pour l’emploi-format ion, au lieu du recours au marché financ ier ;

  2. celui de nou velles coo pérat ions très intimes : de codéveloppement et de par tage, et, non de guerr e écono mique et de domination ;

  3. celui de nou velles gest ions : d’efficacité sociale et non de renta bilité financ ière ;

  4. celui de nou veaux pouvoirs : d’inter vention des salariés et des usagers pour orienter ces gest ions et non d’intégration aux gest ions capitalistes .

Le non-investissement de ces champs de renou vellement des entr eprises publiques et le cantonnement à la seule défense du ser vice public, peut contr ibuer à conso lider l’idéologie libéra le de la concess ion de ser vice public au privé et l’avancée , en pratique, des privatisations . Ces mou vements mettent auss i en avant la revendication très populaire de taxer la spécu lation ou celle, très populaire et vécue comme rad icale, d’annu ler la dette du tiers monde , le tout renvoyant, à chaque fois, à des décisions d’Etat. Mais cela sans du tout poser, avec des propositions, la nécess ité d’une alternat ive au marché financier ; ce que permettra it l’app el à un cré dit sélectif à très bas taux d’intérêt pour l’emploi-format ion adossé à une nou velle créat ion monéta ire par tagée des Ban ques Centra les. Cela impliquera it notamment une réor ientat ion de la BCE et de l’eur o à propos des quels ces mou vements sont curieusement si muets .

Mais ces mou vements ne posent pas non plus, avec des propositions concrètes , la nécess ité de faire reculer l’hégémon ie du dollar et réor ienter le FMI et la Banque mondiale, avec la visée d’une monna ie commune mond iale de coo pérat ion. Il est vrai qu’ils n’avancent pas non plus de propositions concrètes tendant à trans former les relations banques-entr eprises pour sécur iser l’emploi, la formation, un développement dura ble, avec des droits et pouvoirs d’inter vention des salariés, des citoyens, des élus pour changer l’utilisat ion des profits, des cré dits et des fonds publics.

Bref, ces mou vements protestata ires impor tants , aiguillonnés par des forces recourant au registr e du populisme anti-libéra l, ne por tent pas, pour l’heur e, de contr epropositions permettant de répondr e à des exigences imméd iates en s’inscr ivant dans une visée de dépasse ment des marchés. Enfermés dans l’illusion état iste de corr ection des marchés ils peuvent se faire récupér er.

Enfin, il y a l’hyper-impér ialisme des Etats -Unis, leur hégémon ie étou ffante aux plans économ ique, militaire et cultur el. Avec les pouvoirs exorbitants du dollar – seule monna ie à la fois nationale et mond iale – ils poussent de par tout la domination des mar chés financ iers et le modè le anglo-saxon ultra-libéra l qui accentuent l’insécu rité sociale et violentent les cultur es nationales dans le monde entier. Cela engendre de par tout de formidables protestat ions , par ticulièrement dans les pays les plus vulnéra bles où elles peuvent êtr e captées sur un registr e populiste par les nationalismes ou les tenants d’idéologies religieuses , voire nihilistes jus que dans le terr orisme. Les événements du 11 septembr e 2001, au-delà de l’horreur, n’on-t-il pas auss i ser vi de tremplin à l’hyper-impérialisme des Etats -Unis pour faire de la lutte contr e le terrorisme un argument pour la gouvernance d’un monde qui n’en peut plus de ses hégémon ies, cherchant à récupérer de façon populiste les peurs et les racismes engendrés par le terr orisme d’Al Qaïda. Car il s’agit bien pour Bus h de for tifier et faire acce pter une inter vention massive de l’Etat amér icain et du G8 au ser vice de Wall-str eet confronté au risque de krach , au ser vice du dollar confronté au déficit extérieur gigantes que des Etats -Unis ; bref, au ser vice d’un marché mond ialisé dominé par les multinationales et la cultur e amér icaine, par des réseau x financ iers capables de cont inuer à drainer vers les Etats Unis l’argent et les ressour ces humaines du monde entier.

Mais comment rés ister si on refuse de voir en pratique tout le rôle nou veau que pourra it jouer l’Europe pour commencer à désintoxiquer le monde de la finance et du dollar en sécur isant l’emploi, la format ion et un développement dura ble. L’Eur ope pourra it viser une nou velle grande alliance avec les pays émer gents et en développement , comme l’envisage Paul Boccara , au lieu de

chercher à rafistoler une alliance fondatrice et exclusive avec des Etats -Unis qui, désorma is, enten dent contrô ler directement toutes les dimens ions de son développement . Mais comment le peut-elle si elle demeur e prisonn ière d’une façon de se constru ire qui accor de la priorité au marché financ ier au lieu de l’accor der à l’em ploi, la format ion, la promot ion de son modè le pluraliste de développement social et cultur el ?

Enfermée dans la visée d’une construct ion de par tage de la domination du marché mond ial avec les Etats -Unis, l’eur o ser vant à rivaliser avec le dollar dans la captation des capitaux financiers , l’Europe ne peut se tourner vers le monde . Et cela est très contra dictoire avec sa prétent ion à intégrer désorma is des pays d’Europe centra le et orienta le. Trans formée en champ clos pour la guerr e économ ique, elle devient un facteur d’insécur ité sociale et de désta bilisation mond iale.

Prétendr e rés ister à la domination amér icaine sans chercher à orienter autr ement la construction eur opéenne peut con duire à la mob ilisat ion d’une trad ition populiste anti-amér icaine et nationaliste contra dictoire avec les exigences de dépassement .

Conclusion : le populisme expression des carences d’alternative de dépassement du capitalisme :

Le chômage et l’insécur ité sociale, leur rappor t à la sécur ité civile et militaire const ituent un terra in idéal pour toutes les démagogies populistes , par ticulièrement celles qui ser vent à rabattr e vers des solutions libéra les avec le tra vail plus ou moins obligatoire à bas coût et la répr ess ion sécur itaire. Mais ce peut êtr e auss i un terra in de mob ilisat ion très large contr e le marché financ ier, toutes les dominations, et pour une sécur isation de l’emploi, de la format ion, de l’accès à la cultur e, du développement dura ble. Et cela, alors , n’exige-t-il pas d’opp oser à la tentat ive populiste libéra le ou ant i-libéra le une démar che ar ticulant luttes imméd iates et projet trans formateur visant en pratique un dépassement du marché capitaliste.

Le niveau de l’entr eprise ou du bass in d’emploi ou de la région paraît tout à fait essent iel. C’est là que se constru it le consensus de gest ion qui fata lise le marché et l’illusion de sa corr ection état iste. C’est donc dès ce niveau que s’enrac ine le déses poir de la politique ou l’es poir de la changer par l’inter vention citoyenne con ditionnant une réor ientat ion des inter ventions de l’Etat . C’est dès ce niveau que le besoin de changements rad icaux est capté vers la caricatur e populiste de solutions de division des tra vailleurs au lieu de les aider à se rassemb ler pour maîtriser et commencer à dépasser les marchés.

Le glissement à droite des idées contr e les idéaux de par tage et de solidarité s’enrac ine en par tie dans l’ant iétat isme qu’engendre la crise du CME, la crise de l’« Etat providence » et dans les impasses auxquelles con duisent les dérives sociales-libérales. Mais il résu lte auss i de la per vers ion d’as pirations émanc ipatr ices et auto gest ionnaires qui grand issent avec la révolution informat ionnelle, de la per vers ion du besoin de mob ilité dans la sécurité et de promot ion de soi-même avec l’app el à la formation tout au long de la vie et un plein accès à la cultur e.

Le populisme, dans ses manifestat ions libéra les comme anti-libéra les, n’exprime-t-il pas la poussée d’un besoin populaire de rad icalité des réponses ? Besoin qui sera it per ver ti au profit d’illusions état istes ou d’un anti-étatisme conser vateur parce qu’il n’arr ive pas à faire jonction, dans les luttes , avec un projet révolutionna ire de dépassement du capitalisme et de son cou plage aliénateur entr e l’Etat et le marché.

Dans ce cas , on mesur e la res ponsa bilité d’un app or t vraiment révolutionna ire et rassemb leur du PCF visant un objectif social rad ical dans une construct ion politique ar ticulant les moyens financ iers et les pouvoirs néces saires, avec la promot ion de valeurs nouvelles d’inter créativité et de par tage des savoirs, des pouvoirs et de toutes les informat ions .. Avec auss i l’essor d’une culture nondélégataire d’inter vention et de délibérat ion citoyennes . L’enjeu de la construct ion d’un système de sécur ité d’emploi et de format ion, du local au mond ial, à par tir des chantiers imméd iats de trans format ion de la situat ion de tous les chômeurs et précaires paraît const ituer une voie d’avenir pour résister aux tentat ions populistes et ouvrir une véritable alternat ive aux libéra lismes n.

 

Par Dimicoli Yves , le 30 September 2002

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