Mettre en échec la droite, bâtir une alternative de progrès

EDITORIAL

Notr e pays vient de conna ître un véritab le séisme politique et inst itut ionne l. Le Par ti commun iste n’est pas épargné. Nos conc itoyens ont l’impr ess ion que les pers pectives d’un changement progress iste s’éloignent en France comme en Europe.

L’éc hec de la gauc he en France fait resur gir une quest ion récurr ente . Peut-on dura blement répondr e aux aspirations populaires sans s’atta quer de front au système capitaliste ? Est-il poss ible de constru ire une alternat ive de progrès social sans rompre tota lement avec le social-libéra lisme ?

Les dégâts du système capitaliste sont tellement cons idérab les que la droite elle-même ne peut plus ignor er une telle interr ogation. Ainsi J. Chirac disser te-il sur la « mond ialisation human isée » au sommet de Johannes burg. Cette interr ogation chemine auss i chez les Verts et les socialistes sous la press ion des militants lors des univers ités d’été.

La réflexion – que le Par ti commun iste a décidé d’engager avec les hommes et les femmes de notr e pays pour êtr e une force utile à la trans format ion sociale – est , dans ce conte xte, d’une impor tance primor diale.

C’est urgent. La droite cherche, en effet, à mettr e à profit le choc de ce revers électora l et l’absence de cré dibilité à gauc he. Elle met en route la « révolution » conser vatr ice du Medef qui lui enjoint de frapper for t et vite.

Les prochains mois vont être décisifs. Car les difficultés sur les quelles la gauc he a échoué pers istent . La droite y est déjà confrontée . Les insat isfact ions sociales ne manquer ont pas de s’aiguiser comme on le voit à propos de l’Ecole. Et, la droite ne peut oublier que le projet politique du can didat Chirac n’a pas recue illi une adhésion mass ive lors des élections présidentielles. Dans plusieurs secteurs , les organisations syndicales, les salariés sont sur le qui-vive (fonct ion publique, santé , EDFGDF, transpor ts aériens, etc .).

Les « cafouillages » success ifs des ministres montr ent à quel point la marge politique dont ils disposent est étr oite. Le gouvernement pour réaliser à la fois l’allégement « des charges » sociales et des impôts , l’accr oissement des dépenses de sécurité et de just ice tout en restant dans les clous du pacte de stab ilité doit tailler mass ivement dans les dépenses sociales, alors que, cependant il ne doit pas se rendre impopu laire. C’est pourquoi celui-ci louvoie, recour t au populisme et à l’autor itar isme, mais pour réaliser, au mieux, les exigences des marchés financ iers et du patr onat .

La dégradat ion de la conjonctur e économ ique com plique l’équation. La domination des marchés financ iers et l’aggravation cons idéra ble de la crise qu’elle engendre va dura blement plomber la croissance dans le monde . La locomot ive amér icaine – sur laquelle les gouvernements conser vateurs fondent leurs espoirs – est dans une voie de garage.

La droite préten d œuvrer à restaur er la croissance , stopper et inverser la cour be du chômage tout en redoublant le soutien des marchés financ iers et des grands groupes . En réalité, ses choix politiques contr ibueront à dégrader la conjonctur e. Sauf dans le militaire et le sécur itaire, ils sont extrêmement récess ifs : réduct ion au minimum des inter ventions publiques et sociales – allègement des cotisations sociales patronales et de l’impôt sur les sociétés – baisse de l’impôt sur les revenus au profit des plus riches – privatisations – « grand projet » de F. Fillon de démantè lement des dispos itions protectr ices du code du tra vail – remise en cause des 35 heures – fonds de pension, etc . Ce sont autant de facteurs qui renforceront la déprime de la deman de (con sommat ion et invest issement , mais qui contr ibueront auss i, par le rat ionnement des moyens pour l’éducat ion, la format ion, la santé , la recherche et les invest issements d’infrastructur e, à aggraver les problèmes d’efficacité de l’offre (industr ie et ser vices) .

Si la droite garde les mains libres, les salariés, les familles, les retra ités , les exclus, les nouvelles générat ions seront les premiers à en subir les dégâts.

Quan d bien même , des solutions trad itionne lles de replâtra ge de la conjonctur e économ ique et sociale sera ient appliquées , les effets atten dus ne sera ient que d’une por tée (extrêmement ?) insignifiante et précaire. Les fameu x réglages du système capitaliste – que cer tains érigent sans sour ciller en projet de société – ne fonct ionnent plus dans une économ ie et une société dominées par le marché financ ier.

Ce dont le monde a besoin aujourd’hui, c’est d’un dépassement de ce système par la con quête progress ive d’un autr e type de développement sécur isant l’emploi et la format ion de toutes les populations par des coo pérat ions de par tage, s’appuyant sur l’inter vention des salariés pour changer la gest ion des entr eprises et sur la promot ion d’un financement émancipé des marchés financ iers . Un nouvel âge de l’human ité. Le sommet de la terr e de Johannes burg a ce mérite de révéler com bien les peuples en ont imméd iatement besoin. Et à quel point les grandes puissances – notamment les USA – et les multinationales pers istent dans leurs choix destructeurs . L’Europe a cer tes formu lé des propositions. Mais, celles-ci, restent enfermées dans les objectifs de marchandisation du monde auxquels veillent l’OMC et la BCE. En s’appuyant sur les aspirations, les luttes , les mouvements de rés istance à la mond ialisation capitaliste, il faut pousser à l’engagement de l’Europe par des actes d’urgence concr ets en faveur des pays pauvres.

Dans notr e pays comme ailleurs , l’hégémon ie de la droite n’est pas irré vers ible. Une nouvelle construct ion est poss ible. Mais à con dition que la Gauc he se penc he sérieusement sur les raisons profondes de son échec et élabore une véritab le alternat ive, dégagée du social-libéra lisme, avec les citoyens, les salariés, les mouvements de la société. Une telle alternat ive exige la plus large par ticipation de toutes les forces de progrès dans les mobilisations, les luttes , les débats au plus près des populations contr e les projets antisociaux de la droite, les idées d’extrême droite.

C’est à cela que les commun istes veulent êtr e utiles. Ils proposent d’engager, dans tout le pays ; dans les villes, les quartiers , les entr eprises, un processus de rencontr es – de forums – au plus près des gens, des salariés, des jeunes , pour débattr e de l’initiative politique à prendre en vue de rassemb ler les forces de gauc he au ser vice de la trans format ion sociale, de la place que pourra it y tenir le Par ti commun iste frança is et dans quelles con ditions . Ils proposent simultanément d’ouvrir de grands chantiers de la trans format ion sociale pour rés ister aux projets de la droite, constru ire ensem ble des alternat ives en favorisant des changements en profondeur des conce ptions et des pratiques des différentes com posantes de la gauc he sur les enjeux essent iels de la trans format ion de la société, de l’Europe et du monde .

Ainsi, par exemple, Il n’est pas permis d’atten dre face à la dégradat ion qui s’accé lère dans les entr eprises, les ser vices et secteurs publics et dans la vie quotidienne .

La proposition de faire de la fête de l’Human ité un premier temps for t de mobilisation – en créant notamment une coor dination large de rés istances et de contr e-propositions pour faire échec aux privatisations – s’inscr it dans cette pers pective.