Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Formation professionnelle et emploi non qualifiés*

L’ambition contenue dans le concept de formation tout au long de la vie ne prendra tout son sens que dans le lien avec le développement d’emplois de qualité. Développement qui constitue un des axes les plus prometteurs de la politique européenne. Mais cette perspective est-elle réaliste ? Est-elle compatible avec le maintien d’emplois n’exigeant que peu de formation préalable, dévalorisés, faiblement rémunérés et précaires ?

Certaines inter prétat ions des stat istiques de l’emploi, qui font état d’une croissance des emplois non qualifiés, bouscu lent , en effet, le scénar io d’une montée en qualification du tra vail pour tant pronost iqué dès les années 60. Elles minor ent les ambitions éducat ives et de qualité du tra vail, elles mettent surtout en doute l’hypothèse d’une économ ie post-industrielle rompant avec une forme exacer bée de division du tra vail. Mais les indicateurs stat istiques de l’emploi, constru its à la fin des années 60, peuvent-ils nous donner une représentat ion des évolutions des contenus du tra vail ? Plus largement le conce pt même de tra vail non-qualifié est-il encor e socialement et économ iquement acce ptab le ?

L’effor t de format ion profess ionnelle est au cœur de notr e interr ogation. Leurr e à l’attent ion des sans-emploi ou exigence majeur e pour les salariés ? La lutte contr e le chômage et les exclusions est également concernée . « noyau dur » de jeunes en difficulté ne semb lent pas êtr e en capacité d’occu per les emplois offer ts caractér isés par des exigences grand issantes de la par t des employeurs . Cette situat ion résu ltet-elle d’un « trop-plein » de qualifiés

et de diplômés , incitant les employeurs à éliminer ceux qui n’ont ni diplôme, ni expérience profess ionne lle, de l’exercice d’emplois n’exigeant guère de savoirs ? Ce qui confirmera it les thèses sur le déclassement croissant d’une par tie des jeunes diplômés , voire le conce pt de « suréducat ion » ? Est-on confronté , au contra ire, à un écar t grand issant entr e des emplois, de plus en plus nombreux, qui se recom posent et se com plexifient , dans un conte xte global de dépréciation salariale, et une par tie de la population qui ne possè de plus les savoirs de base suffisants pour êtr e embauc hés ?

Si il est présom ptueux, dans la période actue lle, qui possè de beaucou p de caractér istiques des phases trans itoires, de préten dre qu’un scénar io exclue l’autr e de façon irréméd iable (il y a cer tainement coexistence des deux phénomènes) , il con vient d’appr ofondir les facteurs qui les sous-tendent et qui con duisent à des politiques significativement différentes . Il faut notamment vérifier que l’allégement du coût du tra vail non-qualifié, qui est un volet non négligeable de cette politique, joue bien un rôle de résorpt ion des risques d’exclusion et ne contr ibue pas à la dépréciation salariale évoquée. L’ar ticulation formation initiale et format ion cont inue est également au cœur de cette problémat ique : a t’on mesuré toutes les consé quences du choix de concentr er l’effor t de format ion en direction des jeunes (en début de vie active) au détr iment des salariés les moins qualifiés (1) ?

Il s’agit ici d’appr écier l’état de la division du tra vail dans une période où une par tie croissante du tra vail d’exécut ion est abs or bée par les mach ines « inte lligentes » (programmab les et auto-programmab les) et, surtout , quan d plus personne ne voudra exercer à vie les emplois répét itifs, simples ou com plexes, (ne pouvant êtr e assurés par des robots, comme faire le ména ge, enlever les arêtes des poissons ou casser des coquilles de noix sans en briser le cerneau) . Le tra vail non-qualifié, comme son nom l’indique, exprime une zone de non-identificat ion des hommes au tra vail et de non reconna issance du tra vail humain. La société acce pte ainsi un double postu lat : celui d’une exclusion de fait d’une partie des salariés des dimens ions valorisantes du tra vail et celui d’une inca pacité de cer taines personnes (bien souvent les femmes …) à exercer autr e chose que les tâches suba lternes . Ces postulats, inacceptables pour une société démocratique, ne se briseront qu’à la faveur de transformations profondes du travail qui affecteront aussi bien les dimensions organisationnelles (par exe mple redistribuer une partie des tâches d’exécution répétitives sur l’ensemble des salariés), techniques (par exe mple le financement public de l’automatisation et de la robotisation des tâches dégradantes, dévalorisantes ou très dangereuses) que les logiques statutaires (par exe mple le fait de ne plus pouvoir exercer un emploi non-qualifié toute une vie).

Cinq millions d’’emplois non qualifiés ?

Lors de la créat ion du CEREQ, Gabriel Ducra y, son premier Directeur , avait soulevé quelques obst acles rencon trés dans l’obser vation de la qualification profess ionnelle (2) qui tena ient , notamment , à l’insta bilité de la plupar t de ses « ingrédients » (salaire, diplôme, contenu de l’emploi) et, sur tout , à la difficulté de rappr ocher les informat ions stat istiques relatives aux champs cons idérés , soum is à des évolutions différenciées (les trans formations des caté gorisations d’emploi, des qualités des individus et des contenus de format ion obéissent à des cycles différents) . Les nomenc latur es en construct ion à cette époque étaient censées com penser ces défauts mais il n’est pas cer tain qu’elles ont joué ce rôle. La nomenc latur e des niveaux de format ion de 1969 en est une illustra tion. Cette architectur e s’est constru ite, puis stab ilisée, dans deux périodes (plein-emploi des trente glorieuses et les 25 années de crise) mar quées par des conte xtes très différents en terme de taux d’activité, de démograph ie, de trans format ion des contenus du tra vail et d’appr oche des com pétences . Quant à la nomenc latur e des profess ions et des caté gories socio-profess ionne lles (PCS de l’INSEE) créée en 1954 et mod ifiée en 1982, elle ne peut êtr e cons idérée comme une norme scientifique intan gible d’ailleurs imposs ible à atte indre (3). Conçue selon une division des emplois for tement exacer bée, cette nomenc latur e (et les autr es nomenc latur es qui s’y réfèrent comme les familles profess ionne lles de la DARES) n’est pas adaptée à une analyse des contenus du tra vail. Les instruments d’analyse du tra vail sont pour tant connus et maîtrisés, mais ils sont com plexes et lour ds dans leur utilisation car ils font appel à des obser vations indépendantes du point de vue des employeurs ou des salariés (4). La mesur e de l’emploi par caté gorie est , par contr e, nourr ie d’enquêtes déclaratives réalisées auprès des employeurs ou des salariés. Elle est donc mar quée par une difficulté d’inter prétat ion qui n’est pas négligeable com pte-tenu des différences d’appr éciation des uns et des autr es de la notion de qualificat ion.

Ainsi l’enquête emploi de 1994, exploitée par l’INSEE, com ptabilisait plus de 4,1 millions d’actifs occu pant un emploi non qualifié dont 2,1 millions d’emplois ter tiaires et 2 millions d’emplois industr iels (5). Dans une étu de plus récente (6), la DARES est imait le nom bre tota l d’emplois non qualifiés à 4,5 millions dont un million d’emplois ouvriers et 3,5 millions d’employés (7). Plus récemment l’INSEE est imait à 22 % l’emploi non qualifié (soit environ 5 millions dont 2,1 millions d’ouvriers non qualifiés et 2,2 millions d’employés commer ciaux et d’emplois de ser vice aux personnes) (8). Plus précisément , l’INSEE (9) nous donne l’évolution suivante (ta bleau 1) en termes de répar tition entr e emplois qualifiés et emplois non qualifiés. Nous n’avons repris que les données relatives aux employés et aux ouvriers là où le taux de non qualifiés est significatif.

Il y a cependant un cer tain nom bre d’évolution relatives aux caractér istiques des personnes qui occu pent les emplois non qualifiés :

  • Les moins de 30 ans occu pent 26 % de ces emplois soit 1,3 millions (ils pesaient 39 % en 1982).

  • Les 50 ans et plus occu pent 20 % de ces emplois, soit 1 million (même propor tion qu’en 1982).

  • Les 30-49 ans pèsent 54 %, soit 2,7 millions (cette population représenta it 41 % en 1982)

Ces emplois sont donc mar qués par un vieillissement de la population qui les occu pe. Par contr e le nom bre de diplômés occu pant ces emplois a progressé significativement (voir tab leau 2).

 

Tableau 1 : Evolution de la structure socioprofessionnelle entre 1982 et 1999 (extraits)

 




 

1982

1990

1999

Employés

5 502

5 899

6 655

Employés fonct. publiq

2 039

2 310

2 579

Employés adm. entrep.

2 080

1 921

1 749

Employés commerce

622

723

880

Personnels serv.person.

781

937

1 382

Ouvriers

7 044

6 546

5 905

Ouvriers qualifiés

3 686

3 725

3 497

Ouvriers non qualifiés

3 089

2 586

2 163

Ouvriers agricoles

269

236

245

Ensemble des professions

21 472

22 270

23 053

 

 

Tableau 2 : Diplôme

 



 

2001

1982

Au plus le BEPC

58 % soit 2,9 millions

79 %

CAP, BEP

31 % soit 1,6 millions

18 %

BAC

10 % soit 500 000

2 %

Supérieur au bac

3 % soit 150 000

1 %

TOTAL

100

100

 

Ainsi, plus de 2 millions de salariés qui occu pent ces emplois ont au moins un diplôme de niveau V (dont 650 000 de niveau IV et plus). Cette population est significativement plus diplômée que celle de 1982. Ces deux phénomènes (vieillissement et augmentat ion des diplômés) expriment une recom position de ce bloc d’emplois et laisse supposer que les salariés de niveau V et IV qui occu pent ces emplois sont la com posante la plus jeune de la tota lité de la population cons idérée et recou pent l’essent iel des 1,3 millions de moins de 30 ans et d’une par tie des 2,7 millions des 30-49 ans . A l’inverse , les 2,9 millions de non diplômés se répar tiraient dans les tranches d’âges plus élevées (et notamment les 1 million de plus de 50 ans) . La pr ésence de diplômés dans l’exercice des emplois non qualifiés ne suffit pas à revaloriser ces em plois, les ph énomènes de sur qualificat ion à l’embauc he existent . Par contr e l’existence de diplômes corres pondant à ces emplois vient relativiser leur sous-catégorisation, même si la majorité de leurs titulaires en est démun ie. Les familles ou sous-familles profess ionne lles (FAP) de la DARES d’ouvriers et d’employés, dits non qualifiés (voir tab leau 3), regroupent, en effet, de nom breux emplois qui corr es pondent à des diplômes ou des titres profess ionne ls de niveau V et même IV (niveau BAC) délivrés par l’Educat ion nationale ou le ministèr e de l’Emploi et de la Solidarité (préparés notamment par l’AFPA) et, donc, à des référentiels de com pétences et de conna issances .

Pour résumer , les présom ptions relatives à la faible pertinence stat istique du groupe des non qualifiés sont for tes avec comme effet une tendance à mainten ir le malthus ianisme en matière de format ion dans un pays où 16 millions de personnes de 15 à 59 ans n’ont pas le niveau BAC (dont 6,9 millions n’ont pas le niveau V – CAP) (11).

Emplois non qualifiés et bas salaires, un amalgame contestable

En France , la hiérar chie des emplois s’est organisée selon la nomenc latur e des cinq niveaux de format ion de 1969 dans une période où une par tie significative de l’emploi ouvrier (man œuvres et ouvriers spéc ialisés ) n’exigeait pas la maîtrise des savoirs de base et la détent ion d’un diplôme profess ionne l. Le repérage stat istique de ces emplois « infra V » n’a pas posé de problème métho dologique par ticulier dans la mesur e où les con ventions collect ives avaient inté gré cette donnée dans les class ificat ions et identifié un premier niveau de qualificat ion corr es pondant au niveau V (CAP). Depuis, cette situat ion de l’em ploi ouvrier s’est profon dément mod ifiée sous l’effet des mutat ions du tra vail (déclin du travail prescr it de type répét itif). Para llèlement , le développ ement des emplois commer ciaux et de ser vices , ne corr es pondant pas à des critèr es de qualification et de class ificat ion précis et peu valorisés socialement , a déprécié l’image

positive du secteur ter tiaire que lui avaient conféré les métiers administrat ifs (fonct ion publique, banques, assu rances ).

Cette évolution a brouillé deux frontières : celle qui sépara it les ouvriers et les employés, celle qui sépara it les emplois corr es pondant à des diplômes et les emplois non reliés à des diplômes précis. Le maintien d’un bloc impor tant d’emplois non-qualifiés est la consé quence de ce brouillage identitaire et apparaît, à la fois, comme une défaillance des critèr es initiaux d’ident ificat ion des emplois non qualifiés et comme une remise en cause d’un de ces critèr es : le niveau de format ion en tant que tel nécessa ire pour exercer con vena blement un em ploi même si ce critèr e n’a jamais été con vena blement utilisé. L’appr oche de l’emploi non qualifié semb le, en définitive, se résumer à une com ptabilisation des emplois rémunérés au SMIC ou juste un peu au dessus du SMIC. Cette appr oche par le salaire a au moins le mérite d’êtr e

Tableau 3 : Liste des principales FAP (hors BTP) regroupant les emplois non qualifiés (+ effectif salarié en 19

La division du travail apparaît comme une donnée invariante de l’économie

claire et de renvoyer à l’employeur la res ponsa bilité de ce qu’il cons idère comme rar e et cher (le tra vail qualifié) et comme abondant et pas cher (le tra vail non-qualifié). De ce point de vue un tra vail très utile socialement et écono miquement mais n’exigeant guère de com pétences et de conna issances peut s’avérer très lucrat if si personne ne veut l’exercer (pour des quest ions d’image ou de con ditions de tra vail très pénibles ou à haut risque ). Au contra ire, de nom breux emplois nécess itant conna issances et com pétences se sont étiolés économ iquement faute d’intérêt ou de valeur ajoutée et corr es pondent à des bas salaires. Cette appr oche, où le salaire devient le critèr e majeur de la qualification profess ionne lle, cons idère l’analyse du tra vail et des com pétences et conna issances en oeuvre comme seconda ire et s’en remet aux lois du marché pour éta blir les hiérar chies caté gorielles mais elle n’a guère d’utilité pour définir les politiques d’accès à l’emploi ou de format ion qui ne peuvent se passer d’appr oches qualitatives des contenus de tra vail (12). Un tra vail com plexe même mal rémunéré ce n’est pas la même chose qu’une activité élémenta ire d’exécut ion. De plus le critèr e salarial, loin d’êtr e un invariant, est relativement fluctuant selon les conte xtes sector iels, tempo rels et terr itor iaux, et ne garant it pas beaucou p de fiabilité aux analyses de tendances longues. En période de chômage de masse il est bien évident que le coût relatif du tra vail, de tout le tra vail, se dégrade . En période de

plein-emploi on peut ass ister au contra ire à une tendance inverse de surcotat ion du tra vail, de tout le tra vail ! Ainsi, par rappor t aux années 60, les ingénieurs et techn iciens ont subi dans les années 80 une cer taine dépréciation salariale (notamment à l’embauc he mais auss i en cours de carr ière), peut-on en conc lure qu’ils étaient moins qualifiés ou moins com pétents que leurs aînés ou qu’il y avait nécess ité d’alléger les contenus de format ion dest inés aux ingénieurs ? De nom breuses caté gories de qualifiés

ont également connu durant les vingt dernières années des pondérat ions de salaire et de revenu qui ne découlaient pas d’une déqualification mais bien d’une exacerbation de la concurr ence sur le marché du tra vail.

Nous sommes donc, aujour d’hui, devant une incer titude stat istique non négligeable quant à l’évaluation du nom bre d’emplois non qualifiés. Nous sommes également confrontés aux effets per vers d’une appr oche de la qualificat ion profess ionne lle où :

  • Les niveaux de salaires s’imposent comme critèr es dominants de la caté gorisation profess ionne lle des emplois de base.

  • La division du tra vail, qui semb lait avoir trouvée son point culminant avec le taylorisme et le fordisme, apparaît comme une donnée invariante de l’économ ie

Or, comme cela n’a pas été suffisamm ent dit et écrit durant ces vingt dernières année s, le chômage de masse a été un formidable instrument de brouillage des transformations du travail. Ce conte xte, amplifié par l’aton ie de la négociation collective, les consé quences mécan iques des relèvements du SMIC et la précar isation des emplois, a contr ibué à un lissa ge par le bas des frontières salariales entr e emplois non qualifiés et emplois de premier niveau de qualification rendant d’ailleurs dérisoires les pers pectives promot ionne lles des ouvriers non qualifiés. L’ana lyse des class ificat ions des con ventions collectives fait apparaître ce phénomène de rattrapa ge et de dépassement des salaires de base con ventionne ls par le SMIC contr ibuant auss i à une représentat ion largement faussée de la quest ion de l’emploi non qualifié.

Cette situat ion con duit également à des appr éciations qui confondent déclassement salarial et déqualification. Ainsi une étu de du Centr e d’Etudes de l’Emploi, fondée notamment sur l’exploitation des enquêtes emploi (13), souligne que les jeunes diplômés (tout niveau confondu) sont soum is à des ph énomènes de déclassement et recomman de de ne pas sur est imer les problèmes de pénur ie de main d’œuvre. Les auteurs conc luent qu’il y aura peu de tens ions salariales décou lant de cette situation : les qualifiés en emploi pourr ont profiter d’un reclassement plus rap ide qui améliorera leur revenu et les moins qualifiés accé deront aux emplois non qualifiés ainsi libérés sans que les employeurs ne soient obligés d’augmenter les salaires. Ce scénar io ne vaut que si les diplômés sont effect ivement piégés dans une nasse quantitat ivement impor tante d’emplois à contenu profess ionnel faible et sans pers pective profess ionne lle. En réalité la grande majorité des jeunes diplômés sor t rap idement de ces emplois et améliore sa situat ion profess ionne lle. Par ailleurs ces emplois, même s’ils déçoivent en par tie leurs titulaires mal préparés par l’Univers ité à se confronter à l’univers profess ionne l réel, ont des contours et des contenus qui tranchent avec ceux des emplois faiblement qualifiés des années 60 et 70. La difficulté de remplacer ces jeunes par les deman deurs d’emploi adultes faiblement qualifiés est réelle et illustr e notr e hypothèse de sous-évaluation du contenu d’une par tie de ces emplois. L’adéquat ion entr e population adulte au chômage et emploi sera beaucou p plus difficile à résoudr e que ce qui est habituellement admis.

Notr e hypothèse prend donc au sérieux les appr oches fondées sur la com pétence et les consé quences d’une exigence croissante de qualité à l’égard du tra vail (point de vue du client ou du consommateur) qui rédu ira d’autant les es paces du tra vail non-qualifié mais qui pose la question centra le d’une revalorisation salariale sans laquelle l’effor t de format ion tout au long de la vie sera vidé de contenu . En réalité c’est auss i la quest ion de la reconnaissance des nou veaux facteurs de la productivité du tra vail qui est posée dans ce débat.

La dépréciation des emplois de services

« (…) si le label “ ouvrier non qualifié ” dispara ît petit à petit dans l’industr ie, les emplois ne nécess itant pas beaucou p de qualificat ion et impliquant des tâches manue lles rena issent par tout ailleurs dans le tertiaire » (14). « Il y a peu de temps le système productif industr iel accue illait sans difficulté les peu qualifiés et rétr ospectivement on est con duit à admettr e que ce n’était pas la moindre vertu de l’entr eprise taylorienne que d’offrir ces poss ibilités d’inser tion (souligné par nous) . Aujour d’hui, le secteur industr iel n’a plus d’emplois à offrir à ces tra vailleurs qui sont orientés vers des emplois de service souvent moins bien rémunérés … » (15).

En amalgamant des identités profess ionne lles différentes (ca issières, ven deurs , manutent ionna ires, serveurs , em ployés de restaurat ion rap ide, ass istantes materne lles, emplois assoc iatifs, etc .) et en insistant sur le caractèr e précaire et la faible rémunérat ion de cer tains de ces emplois, ce type d’appr oche :

  • élimine des caractér istiques majeur es qui distinguent ces emplois des emplois ouvriers non qualifiés d’hier et qui tiennent dans des blocs de com pétences plus larges que ces derniers ;

  • amalgame des emplois, regroupés dans une même caté gorie profess ionne lle, mais caractér isés par une certaine « élast icité » en termes de com pétences mob ilisées . Cette difficulté a d’ailleurs entra îné plusieurs définitions de l’em ploi non qualifié chez les em ployés qu’évoque Olivier CHARDON dans son étu de (16). Pour lui : « la qualification des employés est définie profess ion par profess ion (niveau PCS déta illée) à par tir de la spécialité de format ion des personnes en emploi. Les profes-

sions exercées en grande propor tion par des personnes possé dant un diplôme de la même spéc ialité que leur profess ion sont cons idérées comme qualifiées . Les autr es

sont des profess ions non qualifiées (ta bleau 4) ».Cette appr oche peut con duire à déprécier les caté gories profess ionne lles com posites ou insta bles du point de vue des contenus d’emploi alors que ces caractér istiques ne sont pas automat iquement l’express ion d’exigences moindres en matière de com pétences ou de conna issances (c’est même l’objet des démar ches de profess ionna lisat ion que d’objectiver ces exigences en les tradu isant en objectifs de format ion et de validation). Les employeurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en faisant occu per une grande partie de ces emplois par des étu diants plutôt que d’y insérer les chômeurs de longue durée adultes ou les anciens ouvriers non qualifiés. Cependant cette méthode permet d’envisager une analyse plus fine du taux de pénétrat ion des diplômes dans une profess ion donnée et d’éta blir sur le long terme des tendances (régress ion, stab ilité, progress ion). En intr oduisant d’autr es types de pondérat ion (tranches d’âge, niveau des diplômes des salariés) on peut par venir à une appr éciation plus objectivée de l’access ibilité des profess ions aux non-qualifiés.

illeurs le clivage entr e tra vail qualifié et non-qualifié qui recou pait trop souvent l’opp osition entr e tra vail manue l (abusivement ass imilé au tra vail d’exécut ion) et tra vail inte llectue l (con fondu avec tra vail de conce ption), s’estompe dans un nom bre croissant d’emplois de ser vices . L’ar tiste-peintr e, le sculpteur, le chirurgien, le musicien, le chef-cuisinier ou le pilote d’avion exercent des activités de type ter tiaire à dominante « manue lle » sans que l’on y voit matière à dévalorisation sociale. Comme le dit Michel Godet (17) dans une formu le para doxale: « les poids lour ds de la créat ion d’emplois se trouvent dans le tertiaire, non qualifié mais hautement profess ionne l (souligné par nous) ». La subt ile distinction entr e qualification et profess ionna lité est cer tainement une des raisons qui explique que l’on peut à la fois dévaloriser plus ou moins inconsc iemment les emplois de ser vice et s’étonner qu’ils soient mal rémunérés et peu cons idérés alors qu’ils con ditionnent souvent la qualité de la vie sociale mais également la performance économ ique. En fait, si les emplois de services souffrent d’une image altérée c’est aussi parce qu’ils ne semblent pas contribuer à la productivité économique classique. De à dire qu’ils sont tendanciellement improductifs est un pas trop souvent franchi qui s’intègre dans nos constats précédents

Tableau 4 : Les employés non qualifiés (PCS)

agents de services des établissements d’enseignement......................................................................           (5216)

Agents de service de la Fonction publique (sauf écoles, hôpitaux) ............................................... (5217)

Agents de service hospitaliers.................................................................................................................(5222)

agents de sécurité, de surveillance....................................................................................................... (5317)

Opérateurs de saisie en informatique.................................................................................................... (5415)

Standardistes, téléphonistes.................................................................................................................. (5417)

Caissiers de magasins........................................................................................................................... (5519)

Pompistes et gérants (salariés ou mandataires) de station service.............................................. (5521)

Serveurs et commis de restaurant et de café........................................................................................(5611)

Hotellerie..................................................................................................................................................... (5614)

Vendeurs en alimentation ...................................................................................................................... (5512)

Employés de libre-service...................................................................................................................... (5518)

Assistantes maternelles, gardiennes d’enfants, travailleuses familiales ................................... (5631)

Employés de maison et femmes de ménage chez les particuliers ................................................(5632)

Concierges, gardiens d’immeubles...................................................................................................... (5633)

Employés des services divers ............................................................................................................               (5634)

Mais revenons au contenu de ces emplois. Si l’emploi non qualifié est caractér isé par le fait que son titulaire peut êtr e remplacé sans difficulté majeur e d’adaptation et d’intégration par une personne non qualifiée (ne maîtrisant pas tout ou par tie des conna issances acquises en fin de cycle scolaire obligatoire niveau V CAP ou BEP) les autr es cons idérat ions (salaire, con ditions de tra vail, image de la fonct ion, précar ité du statut , etc .) paraissent beaucou p plus subjectives et relatives notamment si elles sont prises isolément de notr e point de vue, cette poss ibilité de remplacement « rap ide » s’est cons idéra blement rédu ite dans l’ensem ble des secteurs d’activité et notam ment dans le secteur ter tiaire dans les vingt dernières années sous la press ion de plusieurs facteurs :

  • l’enr ichissement de l’emploi par ceux qui les occupent : en sur qualifiant à l’embauc he les employeurs ont créé des situat ions d’élargissement spontané des tâches de dépar t, c’est un phénomène connu mais peu étu dié (quelqu’un qui est sur qualifié dans un emploi dont les contours sont peu forma lisés , ce qui est le cas de nombreux emplois de ser vice, commer ciaux ou administrat ifs, élargit son es pace d’inter vention sans que cela ne soit toujours reconnu sur le plan salarial) ;

  • de nom breux emplois ter tiaires, présentés comme faiblement qualifiés, (gardiens , livreurs , transpor teurs , agents de médiation, vendeurs , etc .) s’exercent dans des con ditions d’isolement relatif et/ou de relation externe plus com plexe (rappor t direct avec les exigences croissantes des clients , environnements plus contra ignants nécess itant initiative et autonom ie de décision). Les employeurs sont de plus en plus attent ifs à cette dernière dimens ion et misent sur l’em bauc he de personnes « débrouillardes » dans ces emplois qui nécess itent la maîtrise des savoirs de base mais auss i de com pétences organisationne lles et de savoir-faire sociaux qui ne vont pas de soi ;

  • les emplois de ser vices qui sont souvent mar qués par une « élast icité » des contenus de tra vail sont majoritairement tirés vers le haut, vers un niveau élevé de professionna lisme qui est masqué par les retar ds pris dans les démar ches de forma lisat ion des conna issances et des com pétences nécessa ires à leur exercice mais qui s’impose aux titulaires de ces emplois et à celles et ceux qui veulent les occu per.

Ces tendances viennent rédu ire la gamme des emplois dont les caractér istiques tena ient à l’impor tance des prescr iptions de tra vail, à la répét itivité des tâches , au faible usage des savoirs de base, au faible rappor t au client , aux faibles relations fonct ionne lles avec les autr es niveaux de qualification et sur tout à l’absence d’interact ivité avec ces niveaux. Et si une par tie de ces emplois semb le obéir à des règles de standar disation ass imilables à celles qui régentent les emplois d’exécut ion de l’industrie, elles n’en sont pas la reproduction : « La standar disation, contra irement à celle qui peut exister dans une tâche industr ielle class ique, est donc essent iellement relative au conte xte, à ce que les acteurs ont en commun , et qui est à la fois variable et impré visible (d’où les ratés fréquents de la relation). Un deuxième facteur est que, dans une situat ion d’interact ion, la “qualité de ser vice” s’auto détru it si la relation est trop constru ite, trop rigide, trop stéréot ypée. La relation commer ciale efficace , par exemple, relève exactement de ce type d’effet que John ELSTER analyse comme des « effets essent iellement seconda ires », c’est-à-dire qui ne peuvent êtr e atte ints que comme effets seconda ires d’autr es actions. (…) Un troisième as pect majeur qui caractér ise de nom breuses tâches de contact est que le droit à l’err eur y est beaucou p plus limité que dans les tâches de coulisse » (18). Ce dernier point est cruc ial. Par rappor t à l’ouvrier non qualifié isolé du client et dont la variation de la pratique profess ionne lle n’a guère d’effet, la plupar t des emplois de ser vices que nous avons évoqué s’exercent au contact des clients qui peuvent mesur er les écar ts flagrants dans le profess ionna lisme mis en oeuvre. Coiffeurs , caissières, ser veurs , vendeurs , livreurs , agents de médiation, etc . offrent un éventa il de pratiques profess ionne lles qui permettent aux clients , contra irement aux systèmes stat istiques, de différencier les salariés com pétents de ceux qui ne le sont pas. De nom breuses invest igations récentes viennent d’ailleurs éta yer cette perception de la complexification du tra vail liée à la diffusion des exigences du marché dans l’économ ie des ser vices . Ainsi le groupe de tra vail « pros pective des métiers et des qualifications » du Commissar iat Généra l du Plan a, récemment , souligné le renforcement des blocs de com pétences nécessa ires à la tenue de nom breux emplois autr efois dévalorisés (19).

Il semb le d’ailleurs , de ce point de vue, nécessa ire de renouer avec une notion fondamenta le qui a été un peu oubliée dans le débat sur les com pétences et qui tient dans l’impor tance des savoirs accumu lés dans l’appr éciation de la qualification profess ionne lle. L’ana lyse de l’act ivité peut êtr e noto irement insuffisante quan d il s’agit d’ana lyser ce qui sous -tend l’exercice d’un cer tain nom bre de tâches (le pilotage d’un avion de ligne peut apparaître si l’on s’en tient à une obser vation empirique comme moins difficile que la con duite d’un camion ou équivalente à une fonct ion de contrô le-sécur ité d’une centra le nucléaire). L’appréciation quantifiée des savoirs sousjacents à une activité est une démarche toujours nécessaire et éclairante sur la dimension réelle d’une qualification professionne lle. De même l’analyse du temps d’apprentissage permettant d’acquérir une pratique professionne lle fiable et efficiente est une donnée incontournable.

Le choix du turn-over dans cer tains secteurs d’activité (restaurat ion rap ide), fondé sur le remplacement quasiimméd iat des salariés, nécess ite des procé dures stab les et rigour euses qui doivent êtr e ass imilées par les nouveaux. Ce type d’intégration accé lérée s’accommo de mal d’une non maîtrise des savoirs de base et des caractér istiques des personnes non qualifiées qui ont souvent besoin de beaucou p de temps pour intégrer les con ditions de réalisation d’objectifs fondés sur des délais cour ts. Les nom breuses entr eprises de ser vice qui se focalisent aujour d’hui sur les délais de réponse (visant ainsi le client « pressé ») multiplient en réalité les per tes de temps par multiplication des dysfonct ionnements dus à un profess ionna lisme insuffisant de nom breux salariés. Sans revalorisation salariale et identitaire de ces emplois, il n’y aura pas de processus de profess ionna lisat ion des salariés concernés et il ne faut pas s’y mépr endre, la nouvelle générat ion de ser vices à venir exigera encor e plus de com pétences de fond des salariés que l’actue lle. (...)

Conclusion

Mainten ir, voire développ er, les emplois faiblement qualifiés dest inés aux personnes peu qualifiées a pu apparaître comme un moindre mal par rappor t à une éviction définitive du marché de l’emploi. (...)

Mais l’incon vénient principal d’une sur est imation quantitat ive des emplois non qualifiés peut avoir des consé quences lour des en matière de choix de société et de politique de format ion. En effet cette appr oche recon duit une répar tition des caté gories d’emploi qui appar tient au passé et pronost ique le maintien de l’éloignement entr e un bloc d’emplois très qualifiés et une zone d’emplois faiblement qualifiés. Une projection de la DARES sur l’emploi en 2010 (octo bre 2001) déclinée par niveau de qualificat ion (ta bleau 5) confirme cette lectur e qui cons iste à pronost iquer la simultané ité entr e un développement des em plois faiblement qualifiés et une croissance des emplois très qualifiés au détr iment des profess ions inter médiaires.

Ce scénar io peut amener à souten ir l’idée que l’effor t éducat if d’aujour d’hui est trop impor tant et por teur de déclassement pour l’avenir. En fait, de plus en plus de contenus d’emplois sont mod ifiés par l’app arition de nouvelles logiques profess ionne lles caractér isées par :

  • une diminution absolue des emplois de simple exécution (absorption de l’emploi ouvrier non qualifié dans la zone du niveau V, confirmat ion du niveau IV comme niveau-pivot de la qualification ouvrière, développement du nom bre de techn iciens supér ieurs au détr iment des ingénieurs , profess ionna lisat ion au niveau V et IV des emplois de ser vice et commer ciaux) ;

  • une diminution relative des emplois très qualifiés mais hyper-spéc ialisés par décloisonnement avec les emplois « inférieurs » et « hybridation » des com pétences (il n’y aura pas plus d’informat iciens « purs » ou de spécialistes des TIC mais plutôt un développement des métiers « hybrides » : la com pétence en TIC venant compléter ou trans former les métiers class iques) .

Cette hypothèse a une consé quence majeur e en matière de format ion initiale (renforcement de la pluridisciplinarité, des com pétences trans verses , des savoirs fondamentau x, etc .) et cont inue (accom pagnement des mob ilités , des ouver tur es techno logiques, élargissement de la cultur e techn ique, etc .). Elle confirme, cer tes , le choix frança is et eur opéen des années 80 de mass ifier l’ense ignement seconda ire et celui des années 90 de profess ionnaliser les cursus univers itaires. Elle soulève cependant le problème du retar d de la format ion qualifiante d’adultes plutôt sous-développée (t rès peu d’adultes de plus de 40 ans ont l’occas ion de se requalifier) et plutôt organisée selon le modè le ancien de cloisonnement des caté gories profess ionne lles accue illies (pôle ouvrier et employé, pôle techn icien et pôle ingénieur) : « C’est finalement l’ensem ble des caté gories sur les quelles l’équilibre du système éducat if/format if frança is s’est histor iquement constru it qui se trouve remis en cause au même titre que les frontières entr e la format ion initiale et la formation cont inue, le formateur et le non-formateur , la formation qualifiante et la format ion d’adaptation, le temps de production et le temps d’acquisition des conna issances » (20).

Cer tes les emplois access ibles aux non-qualifiés (n’exigeant pas de pré-requis impor tants en termes de savoirs) existent encor e dans cer tains secteurs industr iels et tertiaires mais leur périmètr e s’est en réalité rédu it de façon cons idéra ble et se situe bien en deçà des 5 millions d’emplois isolés stat istiquement . Par ailleurs cette zone, ellemême facteur d’exclusion, est et sera de moins en moins attract ive pour les personnes en difficulté d’inser tion car elle est concurr encée par les statuts et les revenus d’inactivité. Dans un tel conte xte, l’effor t de montée en compétences de la population adulte faiblement qualifiée est devant nous et il n’y à guère d’autr e alternat ive pour la lutte contr e les exclusions que de com biner valorisation du tra vail et format ion profess ionne lle. Ÿ

 

Tableau 5 : Niveau de qualification

 



 

Emploi 2010

Taux de croissance 2000/2010

Ouvriers non qualifiés

2 812 000

5,8 %

Ouvriers qualifiés

5 130 000

11,9 %

Employés commerciaux et de services aux particuliers

3 568 000

24,9 %

Autres employés

4 130 000

6,1 %

Professions intermédiaires

4 843 000

15,1 %

Cadres

5 179 000

24,7 %

 

Paul Santelmann, responsable du service prospective à la Direction générale de l’AFPA

* Le présent article est paru dans la revue Droit Social, n° 4, avril 2002, pp. 437 et suivantes. Il est reproduit avec l’aimable autorisation

de l’éditeur : Les Editions Techniques et Economiques, 3 rue Soufflot, 75005 Paris. Nous en publions de larges extraits.

  1. Nous avons déjà soulevé cette question dans Droit social : Paul SANTELMANN « Formation professionnelle continue, la fin des illusions » Droit Social n° 5, mai 1998 et “ La formation professionnelle continue à l’épreuve de la relation Etat/partenaires sociaux ” Droit Social n° 5, mai 2000.

  2. « Le centre français d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) » Revue Française des Affaires Sociales – juillet-septembre 1971

  3. La nomenclature de l’INSEE n’a pu éviter des amalgames ou des regroupements bâtards ne serait-ce qu’à cause des différents statuts de travail (artisans, patrons, libéraux, salariés). Ainsi en haut de l’échelle sociale le diplôme s’impose comme élément de regroupement de catégories très différentes (les chercheurs se retrouvent avec les cadres supérieurs d’entreprise, les patrons-artisans sont regroupés avec les PDG…).

  4. A notre connaissance, en France, seule la nomenclature de l’ANPE (code ROME) a tenté d’établir une nomenclature exhaustive des activités professionnelles fondée sur les contenus de travail permettant d’objectiver la médiation entre offre et demande d’emploi.

  5. « L’emploi non qualifié » Les dossiers thématiques, INSEE, Liaisons sociales, DARES) n° 3 1996.

  6. « Ouvriers et employés non qualifiés , disparités et similitude sur le marché du travail » (premières synthèses novembre 2000.

  7. La population active faiblement qualifiée (salariés et demandeurs d’emploi) serait d’environ 5,7 millions (chiffre auquel il faudrait ajouter les sans-emploi non qualifiés hors du champ des statistiques de l’ANPE et, par exemple, bénéficiaires du RMI que l’on peut estimer à 500 000 source INSEE rapport BELORGEY mai 2000). Soit 6,2 millions.

  8. Olivier CHARDON « les transformations de l’emploi non qualifié depuis vingt ans » INSEE premières n° 796 – juillet 2001.

  9. INSEE premières n° 790 – juillet 2001.

  10. « Familles professionnelles. Données de cadrage – 1983-1998 » Les dossiers de la DARES – numéros 1-2 1999.

  11. Source INSEE – exploitation des données du recensement 1999.

  12. Dans l’après-guerre marqué par une pénurie globale de main d’oeuvre, des phénomènes inverses de surclassification des emplois non qualifiés ont été constatés. Ainsi la progression des salaires des manoeuvres de 1946 à 1950 sera plus forte que celle des ouvriers qualifiés (au 1er janvier 1950 le taux de progression des manoeuvres (hommes) était de 308 (indice 100 en 1946) et celui des ouvriers qualifiés étaient de 277). L’apparition des subdivisions OS1 et OS2 dans les grilles de classification reflétera plus des mécanismes de progression salariale que des différences de niveaux d’emploi.

  13. Jérome Gautie et Emmanuelle Nauze-Fichet, « déclassement et retour à l’emploi » Lettre du CEE n° 64 – décembre 2000.

  14. Dominique Goux et Eric Maurin « Une société sans classes » in Fondation St Simon « France : les révolutions invisibles » 1998 – Calmann Levy.

  15. Jean Pierre Boisivon « Nouvelle économie, nouvelles méthodes éducatives » in « espérances et menaces de la nouvelle économie » Le cercle des économistes 2000 Descartes & Cie.

  16. L’auteur cite notamment la définition de Bisault, Destival et Goux et celle de Burnot et Chenu.

  17. « La maladie du diplôme » revue Futuribles de février 1993.

  18. Pierre Veltz « le nouveau monde industriel » 2000 Gallimard.

  19. Marie Christine Combes (Coord.) « Services : organisation et compétences tournées vers le client » février 2001 – La documentation Française.

  20. Alain D’IRIBARNE « La compétitivité, défi social, enjeu éducatif » 1989 – CNRS Sociologie.