Pour une nouvelle alliance : Europe-Pays en développement et émergents Le samedi 16 février, dans le cadre du « Forum pour un autre monde » sous l’égide du journal l'Humanité avec BEUR FM et plusieurs organisations (voir page 37) s'est tenu un atelier sur le thème : « Que peut la politique, en liaison avec le mouvement social, face aux marchés financiers et aux multinationales », avec la participation de : Paul Boccara, économiste, Julio C. Gambina, président d’ATTAC Argentine, Maria Angel Martinez Castell professeur d’économie à l’Université de Barcelone, Bernard Sanders, de la revue allemande Socialismus, Nasser Mansouri Guilani, directeur du centre confédéral d’études économiques de la CGT et membre du Haut Conseil de la Coopération. Nous publions leur contribution à cet atelier ainsi qu'un compte rendu des interventions |
Solidariser les luttes des salariés dans le mon de
Un intervenant
Trois remar ques :
Première remar que, il y a un frein énorme pour mar quer des points dans l'opinion publique sur l’annu lation de la dette . C'est l'idée, dans les pays développ és, selon laquelle pour quoi paierions-nous des « éléphants blancs », des robinets en or, des armes etc . ? L’ensem ble du mou vement , dans sa divers ité, a vraiment intérêt à affirmer des objectifs d'action afin de gagner le plus largement l'opinion publique.
Deuxième remar que, sur les rappor ts entr e les pays riches et les pays sous-développés. L'exemple de la récente affaire des médicaments contr e le sida en Afrique du Sud montr e qu’il est poss ible de gagner
quan d l'inter vention des masses en Afrique et les premiers mou vements dans des pays tels que le nôtr e font press ion sur cer tains grands laborato ires. Ceux-ci ont dû reculer et autor iser l'Afrique du Sud à fabriquer des médicaments alors que cer tains d'entr e eux préféraient garder le monopole quitte à laisser mour ir des millions de personnes .
Dernière remar que, alors que la coo pérat ion avec les pays en voie de développement , et pas seulement eux, paraît pres que uto pique, l'idée que cette coo pérat ion est en germe dans les concurr ences d’aujour d’hui me plait bien. Nous devons la faire fruct ifier.
Faire entendre la voix des peuples à la conférence de l’UIT de Genève en décembre 2003
Un intervenant
Militant communiste, fonctionnaire de France Télécom, militant syndicaliste CGT, adhérent de l’association
« Coopération Solidarité » aux PTT
J'inter viens sur l'accès aux réseau x de commun icat ion pour tous . Si on cons idère que l'accès à la commun icat ion pour tous est incontourna ble au même titre que le droit à l’eau, à l'éner gie, à l'éducat ion, à la santé et que la commu nication est auss i un moyen de développement , alors il faut trouver les moyens d'en fourn ir l’exercice par l’invest issement en infrastructur es nécessa ires, voire en format ion et par une politique tar ifaire en encoura geant l'usa ge. Ce qui sous-tend d’amener les télécommun icat ions par tout et par consé quent de raccor der tous les villages.
France Télécom : une multinationale prédatrice
Le souc i des opérateurs internat ionau x qui se par tagent le marché n'est pas de répondr e aux besoins des populations , mais bien la renta bilité à cour t terme des capitaux invest is. Auss i, il n'y a rien à atten dre d’eux pour cou vrir les zones non renta bles. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la télé densité (le nom bre de lignes par habitant) n’est en Afrique que de l'ordre de 1,2% y com pris les mob iles, et le nom bre d’internautes est est imé à 4 millions pour 800 millions d'habitants , soit 0,5 %.
France Télécom , en par tie privatisée, se com por te comme une multinationale en par ticipant au monopo ly mond ial des fusions-acquisitions. Dans la privatisation des opérateurs africains, réalisée sous la press ion des inst itutions internat ionales (FMI etc .), France Télécom n'est pas en reste pour s'offrir une par t du gâteau . En Afrique, France Télécom a des filiales au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Camer oun, en Guinée Equator iale, en Centr e Afrique, en Afrique du Sud, en Égypte, à Madagascar, à l’Ile Maurice… Son Chiffre d'affaires à l'internat ional a augmenté de 77 % en 2001, il représente 36 % du C.A. global.
Peser sur le sommet mondial
Auss i, pour répar er cette fractur e dite « numér ique », il con vient de réfléchir au moyen de peser sur les pouvoirs publics, les inst itut ions internat ionales et les opérateurs . L’occas ion en est offer te par le Sommet mond ial sur la société de l'informat ion du 10 au 12 décem bre 2003 à Genè ve sous l'égide de l'Union Internat ionale des Télécommun icat ions (UIT). C'est une agence spéc ialisée de l'ONU.
Ce sommet doit adopter deux documents -cadres, une déclarat ion de principe et un plan d'action pour que la société de l'informat ion soit démocrat ique, res pectueuse de la divers ité cultur elle et offre des pers pectives de développement équitable pour chacun .
Ne faut-il pas réfléchir à la par ticipation frança ise, en particulier des ONG, envisager de mettr e en place un comité de préparat ion pour élaborer une plate-forme minimale d'object ifs et de moyens pour les atte indre et inter peller les pouvoirs publics frança is sur ce que représentant de la France à l’UIT ?
Au sein de l’UIT, les opérateurs de télécommun icat ions pratiquent le loobying et, en fait, exercent le pouvoir. L’UIT dont l'objectif devrait êtr e de mettr e les télécommun ications au ser vice du développement , en fait, ne prône qu’un seul moyen, la déréglementat ion et la privatisation des opérateurs .
L’UIT doit êtr e contestée dans son organisation et une représentat ion de la société civile exigée. Elle doit dégager des moyens pour financer les projets décidés par la société civile. Un point de la plate-forme doit êtr e une proposition de réforme de l'IUT dans ce sens .
Des propositions ont été élaborées par des ONG dans différents cadres. Cette base pourra it ser vir pour élaborer la plate-forme . Les objectifs :
un téléph one par village et à moins de cinq kilomètr es de toute habitation ;
une télé densité de deux lignes pour cent habitants y com pris les mob iles à l'horizon 2007, on pourra it proposer peut-êtr e un objectif d'aména gement du terr itoire.
Il s'agit donc bien de constru ire des réseau x, de mettr e en place à l'éc helle internat ionale une politique de ser vice universe l pour répondr e aux besoins. Dans les pays du Sud, les effor ts com binés de la puissance publique, des acteurs privés et du tiers assoc iatif pourr ont tendr e vers ce ser vice universe l par le déploiement d'infrastructur e et la multiplication des points d’accès .
Le financement des infrastructur es, ser vices et sites Internet , contenus et même format ion doit s’inscr ire dans les moyens de répar er la factur e Nord-Sud aggravé par l’ultra libéra lisme avec l'annu lation de la dette , le retour à une aide au développement consé quente : 1 % du PIB comme objectif et non 0,7 %. Pour cela, des réformes des inst itutions financ ières FMI, Banque Mondiale, OMC, IUT s'imposent auss i. Des mesur es spéc ifiques sur les opérateurs pourra ient auss i financer , par un Fonds de solidarité, le droit à la commun icat ion pour tous : taxation des bénéfices, révision de la répar tition des taxes, incitation au réinvest issement sur place, lutte contr e les gâchis de la concurr ence qui multiplie les réseau x…
Dépass er l’obstacle de la divisi on des salariés dans le monde
Claude Josserand
Syndicaliste chez Alcatel
Chez Alcate l nous sommes directement confrontés à la concurr ence entr e les salariés, avec des délocalisations de productions et d’étu des. On a tenté de prendre des contacts avec des embr yons de syndicats dans cer tains pays en voie de développement . Et, c’est vrai que nous avons eu du mal à trouver des points de con vergence . Un emploi délocalisé, par exemple au Maroc, y est une providence . Expliquer que cela se fait au détr iment des salariés frança is, c’est asse z
com pliqué. Quant à l’idée d’amener de la protect ion sociale chez eux, c’est encor e asse z mal perçu puisque , pour eux, c'est vécu comme un frein au développement de l'emploi.
Je suis d'accor d avec les pers pectives tracées par Nasser Mansour i Guilani, mais dans l’imméd iat, dans les entr eprises, nous sommes confrontés à ce problème du patr on affirmant qu'il peut trouver à l'étran ger pour dix fois moins cher ce qui se fait en France . Concrètement nous sommes en difficulté.
Mettre les entreprises publiques au service du codé veloppement des populations de la planète Olivier Frachon
Syndicaliste CGT à l'EDF, secrétaire du comité central
d'entreprise
Je par tage l’idée que les quest ions de financement sont déterm inantes . Nous sommes dans des entr eprises multinationales implantées en Argentine, au Brésil, en Angleterr e, en Allemagne, en Italie, et pas de manière mineur e.
Le défi du financement
Les besoins de financement sont phénoménau x : deux milliards d’êtr es humains n’ont pas l’électr icité. Les besoins de construct ion de moyens de production en Europe, élargie aux pays scand inaves, ce sont 2000 centra les dans les vingt proc haines années . Aujour d’hui, la sur ca pacité momentanée en Europe le fait peut-êtr e oublier. Dans les années à venir les problèmes de financement , l'accès à la ressour ce financ ière seront un enjeu essent iel.
Cette quest ion n'est pas posée , pas plus que la quest ion des structur es banca ires eur opéennes et internat ionales alors que la Banque Européenne d'Invest issement (BEI), qui devrait êtr e mise au ser vice du développement , finance les groupes, par ticulièrement privés, dans leur straté gie de captation d’entr eprises au niveau mond ial. Endosa, l'entr eprise es pagnole, a reçu du cré dit bonifié pour acheter des entr eprises. Le rôle des inst itut ions financ ières aboutit à l'accé lérat ion de la financ iarisation. L'inter vention sur ces quest ions est incontourna ble.
Mais, en même temps , elle n'est pas suffisante , nous avons besoin en tant que syndicalistes salariés, d'ouvrir des pers pectives imméd iates au quotidien. On ne peut pas simplement renvoyer la quest ion à la régulation des inst itutions financ ières internat ionales même si elle est néces saire. La régulation ne passe pas simplement par ces inst itut ions .
Pour des services publics de nouveau type
Mon entr eprise publique, est auss i un out il de régulation, d’inter vention d’une maîtrise publique. Cette quest ion est en débat à tra vers les privatisations. Le débat ouver t par Laur ent Fabius et Dominique Strauss Kahn, je le prends comme un débat éminemment politique.
Du côté de Por to Alegre il y a eu une idée de rés istance et de construct ion d'alternat ive. Dans cette alternat ive, les ser vices publics de nou veau type sera ient un moyen de rés istance , voire d'alternat ive aux marchés pour un développement plus humain, plus solidaire et res pectueu x de l'environnement . Ce ser vice public est actue llement à la foi réalisé sur des missions et par des entr eprises. En réglant la quest ion de l'ouver tur e du capital, on banalisera it une spécificité qui était l’out il de régulation : le caractèr e public de la propriété. Finalement Dominique Strauss Kahn et Laur ent Fabius s'alignent sur la position de Tony Blair qui ne se préoccu pe pas de la structur e industr ielle, il s’agit d’une régulation à minima.
Il y a une ruptur e dans le développement internat ional d’EDF. D'une prise de par ticipation par ici ou par là, où on s’intér essa it simplement à la renta bilité du capital, on est passé à une volonté de prendre du poids, du pouvoir, à l’internat ional, d'impu lser un projet industr iel, d'imposer des méthodes de tra vail. EDF cons idère que l’efficacité française peut êtr e appliquée par tout . Où va la richesse , c'est à un autr e débat.
Au Brésil, en Argentine, EDF est toujours présente alors que les Américains sont par tis. La nationalité du capital n'est donc pas sans consé quence , parce qu'il est public, il y a des poss ibilités d'inter ventions et de débats au sein de l'entr eprise Cela intr oduit des contra dictions dont il faut s'emparer.
Conquérir de nouveaux pouvoirs
Dernier point, dans le débat sur la gouvernance d'entr eprise et la mise aux normes amér icaines, il y a un danger idéologique et économ ique. Exiger un niveau de renta bilité des invest issements n'a pas les mêmes consé quences en termes de réponse aux besoins.
Les comités d'entr eprise, nationau x, eur opéens , voire cont inentau x (on n’est en tra in de mettr e en place à l'EDF un comité d'entr eprise en Amérique latine) peuvent permettr e aux différentes filiales d’EDF et GDF de pouvoir se rencon trer, discuter et invest ir le champ de l'économ ie. Pour finir, entr eprise nationalisée, nous sommes obligés de réfléchir dans le cadre d'entr eprises eur opéennes .
De la politique qui donn e du sens aux luttes et des pouvoirs aux salariés
Francine Blanche
Syndicaliste CGT au Comité central d'entreprise d'Alstom
Comment trouver le moyen pour influer, pour gagner ensem ble ? Dans deux sema ines , 130 salariés de notr e entr eprise doivent êtr e vendus à un concurr ent , non pas parce que l'entr eprise a des difficultés financ ières, mais simplement parce que la direction du groupe Alstom a besoin de liquidités . Cette direction affirme : « puisse que vous êtes renta bles on peut vous vendre plus cher, et encor e plus cher si on vend les salariés avec ».
J'ai cinq souc is :
pour agir nous avons un problème réel de méconna issance , de com préhension, de ce qui se passe aujour d'hui dans les groupes multinationau x. Par exemple, nous vivons dans la hantise tota le et quotidienne de l'ar ticle L. 222 12 du Code du tra vail. On vend une activité avec les gens et vous n'avez rien à dire puisque soi-disant vous gardez votr e tra vail, alors qu'il y a eu des dizaines de milliers d'emplois suppr imés sous cou ver t de cet ar ticle ;
il y a une terr ible différence de relation au temps à résoudr e. Nous devons prendre des décisions chaque jour. Effect ivement , nous avons besoin de lieux pour réfléchir ensem ble sur la straté gie des groupes, croiser nos expériences ,. nos recherches. Mais nous avons auss i besoin de réponses imméd iates ;
le res pect de l'indépendance de chacun . Le mou vement social n'est pas homogène, ni d'ailleurs le salariat. Si nous voulons tra vailler mieux ensem ble, il faut res pecter l'indépendance ;
il faut res pecter la citoyenneté . Il ne faut pas venir ponctuellement devant la por te d’une entr eprise pour app or ter la bonne parole, mais constru ire chaque jour des rappor ts concr ets et constru ire ensem ble pour écrire des lois qui corr es pondent aux besoins des salariés et non pas des lois qui vont permettr e par une mauvaise inter prétat ion du patr on de les tourner contr e les salariés ;
avoir un mou vement sans de nou veaux rappor ts aux médias est imposs ible. Il faut êtr e capable d'intér esser à une lutte .
Que peut la politique? Avoir du coura ge. Si la population a élu un cer tain nom bre de représentants , qu'ils utilisent leur pouvoir afin faire res pecter les lois, par exemple celles de consu ltat ion et d'informat ion. On n'a pas besoin d'état isation mais de démocrat isation, de droits d'inter vention, de droit de veto, de nous laisser tra vailler, de permettr e aux citoyens d'assumer pleinement leurs pouvoirs .
De l’entreprise aux institutions financières mondiales : des luttes transformatrices et cohérentes
Alain Obadia
Membre de la présidence du Conseil national du Pcf
Paul Boccara à parlé de critèr es de gest ion dans les entr eprises et au plan internat ional. C'est exactement la liaison entr e des bata illes concrètes au niveau des entr eprises et les grandes bata illes au niveau internat ional. Finalement c'est de même natur e, la quest ion de savoir à quoi ser t l'activité humaine, est-ce que sa finalité c'est le profit, la domination financ ière ou est-ce que c'est le développement social et humain, la coo pérat ion, le développement des territoires, le res pect des générat ions futur es, de la planète etc .
Première idée, nous avons intérêt à être plus fort et plus actifs sur ces questions d'intervention des salariés dans les gestions et sur la liaison que l'on fait avec les problèmes globaux, internat ionau x. Sinon nous risquons de sépar er le revendicatif quotidien, sur lequel on sera tous d'accor d, et de l'autr e côté , les trans format ions nécessa ires, mais que l’on rejettera i dans un hypothétique grand soir. Je pense qu'il faut casser ce schéma .
Deuxième idée, nous arr ivons à faire, dans le débat, des quest ions concrètes des objectifs de luttes internat ionales. Cela se passe concrètement dans chacune des entr eprises : France Télécom , EDF, Alstom etc . Mais, par exemple, j'ai trouvé impor tant que l'on dise qu'il y a une bata ille à mener en Europe pour trans former les objectifs eur opéens par rappor t aux organisations internat ionales, mais auss i trans former l'orientat ion de l’Europe. Je me réfère à ce qu'à dit Paul Boccara . C’est très impor tant parce qu'on est en tra in de dépasser une de nos tendances histor iques, celle d'êtr e des spectateurs critiques de la construct ion eur opéenne . Or, il y a des bata illes concrètes à mener.
Je dirais la même chose sur la transformation des organisations internationales. Par exemple, c'est très impor tant que par rappor t à la proposition de Jean-Pierr e Chevènement de suppr ess ion du FMI, on dise ici que ce n'est pas la bonne voie et qu'il faille se battr e pour sa trans format ion rad icale, car il y a besoin d'organismes multilatérau x permettant la coo pérat ion monéta ire. Nous avons des choses à dire sur l'OMC,organisme multilatéra l dominant et envahissant . On a l'impr ess ion que tout est marchandise et donc que tout doit passer par l’OMC. Il faut se battr e contr e ces orientations et sur le fait que tout n'est pas marchandise. D'autr e par t, il est impor tant de se battr e pour que des normes sociales, aujour d’hui définies par une Organisation Internat ionale du Travail (OIT) sans moyen, que des normes environnementa les comme le protoco le de Kyoto, ou que des normes de développement , soient des critèr es qui prennent une impor tance essent ielle.
Mettre les entreprises publiques
au service de la coopération nord-sud
Dominique Lacaze
Agent de maîtrise SNCF
Je suis par tie au Congo Brazzaville pour une mission de contrô le des recettes . Il y a une ligne de chemin de fer qui par t de Pointe Noire jus qu'à Brazzaville et qui desser t les pays environnants . C'est une ligne vitale et unique pour les Congolais. C’est grâce au tra in uniquement qu'ils peuvent vivre.
Après la guerr e, ce pays est en pleine reconstruct ion. Il a besoin du chemin de fer pour l'entrée et la sor tie des marchandises. Je désire y retourner , mais la SNCF refuse. Elle se modern ise, se décentra lise, il y a énormément de gâchis de matér iel. Mais, nous n'avons pas l'intent ion de leur fourn ir du matér iel qui, s’il est obsolète pour nous , est vital pour eux.
Des pouvoirs pour intervenir en amont des décisions
Bernard Devert
Syndicaliste chez EADS
Pendant de nom breuses années , on a ense igné que les lois économ iques étaient immuab les. Mais ce qui est en tra in de bouger, c'est que le fata lisme imposé masque en réalité, une véritab le politique.
Face aux groupes, il semb le que les citoyens aient de moins en moins de prise sur leurs décisions. Ceci est en tra in de bouger. Mais nous devons êtr e lucides, ces groupes qui se const ituent avec des moyens énormes ont imposé des choix aux gouvernements .
Cette quest ion de la politique, de son poids est per tinente . Comment donner aux tra vailleurs , cette poss ibilité d'inter vention ? J'enten ds ce que dit Nasser Mansour i Guilani sur les mou vements sociaux, mais dans la politique, on ne peut pas exclure les gouvernements et les élus.
Comment inter venir politiquement et peser dans le concr et ? Il y a une ar ticulation à constru ire. La quest ion des privatisations en est une, non seulement des ser vices publics, mais du secteur industr iel. Il y a un terr eau chez les salariés en termes de droit, pour qu'ils puissent inter venir en amont des décisions. Il y a eu un jugement favora ble aux salariés d'EADS qui étaient accusés d'avoir donné des renseignements à la presse . Or, si cette tentat ive n'avait pas été repoussée , c'éta it le droit bours ier qui prenait le pas sur le droit du tra vail. C’est un point d’app ui pour remettr e en cause la dictatur e des actionna ires.
Il me semb le qu'il ne con viendrait de montr er l'inefficacité, l'inca pacité des actionna ires à répondr e à l’intérêt généra l de l’entr eprise. Il con vient donc de distinguer l'entreprise où les salariés créent les richesses et les choix des actionna ires qui tuent l'entr eprise, les potent iels d’inno vation. Il faut donc réhab iliter le tra vail par une démocrat isation et une maîtrise des finalités de l'entr eprise.
Un réseau d’information, de solidarité et d’interventions depuis l’entreprise et le bassin d’emploi jusqu’au niveau interzonal et mondial
Yves Dimicoli
Membre de la présidence du Conseil national du Pcf
Je veux par tir du constat de l’extrême inter dépendance du monde dans lequel on vit tand is que les Etats nationau x ou leurs ententes inter viennent pour, en quelque sor te, soutenir ou défendre les marchés financ iers . On peut mesur er l‘énorme besoin, à cause de cette inter dépendance , de con vergences de luttes pour faire triompher une nou velle vision du social très audacieuse en réponse aux poss ibilités offer tes par la révolution techno logique informat ionelle et à ces exigences , mais auss i des luttes con vergentes sur les moyens financ iers et sur les pouvoirs permettant d’atteindre ces objectifs.
Premier point, on voit bien que les questions de monnaie et de financement sont au cœur des antagonismes et des difficultés, en Argentine, en Europe ou aill eurs. Il faut constru ire des inter ventions concer tées et con vergentes sur ces quest ions si on veut que les luttes soient triomphantes dura blement .
C’est là une faiblesse trad itionne lle, y com pris dans des mou vements comme ATTAC. On avance , à juste titre, la taxe Tobin mais, comme l’a pointé Paul Boccara ce matin, on ne va pas s’en sor tir exclusivement par des taxes. Il y a besoin de nou veaux financements avec une créat ion monéta ire par tagée et donc d’une réor ientat ion des inst itut ions et même d’une créat ivité inst itut ionne lle.
Je n’insiste pas sur l’ampleur de la domination amér icaine, du dollar, du marché financ ier amér icain. Mais il faut voir qu’il y a un système en cause , des com por tements , des règles, d’énormes attract ions vers les Etats -Unis mais il y a auss i des capitaux « collaborateurs » dans ce mou vement avec une res ponsa bilité des entr eprises, y com pris des entr eprises publiques et des banques. Par exemple, en ce moment , il y a d’impor tantes liquidités qui sont mises à la dispos ition des opérateurs dans le monde . Elles ser vent à alimenter des placements financ iers ou à permettr e de nouveaux cré dits qui vont faire des placements financ iers , au lieu de ser vir à des projets pour l’emploi, la format ion, un co-développement .
Deuxième point, je pense qu’il y a un rôle très important de l’Europe et de l’Union européenne dans cette bataill e. Les Argentins ont raison d’inter peller l’Europe. Comment constru ire des débuts de réponse à cette inter pellation ? On voit l’Europe avec un eur o dominé par les marchés financ iers amér icainsce qui explique sa chute par rappor t au dollarderr ière laquelle il y a des com por tements d’entr eprises et de banques, d’entr eprises françaises, de banques frança ises , es pagnoles, alleman des etc . qui con duisent à ce que le cré dit eur opéen est mob ilisé avant tout pour la Finance , pour des expor tat ions de capitaux aux Etats -Unis. Ce faisant , c’est toute l’Union eur opéenne qui est en tra in de se cou per du monde parce qu’elle est polarisée par le mar ché financ ier et ne peut pas répondr e efficacement aux appels du monde et aux inter pellations .
Il y a besoin d’avancer en commun sur l’exigence d’une sécur isation de l’emploi, de la format ion, des con ditions de vie ici et ailleurs . Par exemple, on a vu la res ponsa bilité d’entr eprises frança ises ou es pagnoles en Argentine. Or quelle est la réponse de ces entr eprises en Argentine ? Valéo dit « je ferme », Gaz de France dit « je vais fermer et m’en aller », et les dirigeants eur opéens disent « mes intérêts économiques ! », comme on peut dire « ma cassette ! ». Lors que les Argentins les inter pellent, ils répondent « nous n’avons pas les moyens financ iers d’une telle inter vention, adresser vous au FMI ». Ce n’est plus poss ible ! Que fait-on ? Il y a un intérêt commun à une réponse efficace des entr eprises françaises et eur opéennes aux exigences d’emploi et de formation en Argentine comme chez nous . Comment est-ce que nous arr ivons ensem ble à imposer une res ponsa bilisation sociale et terr itor iale de ces entr eprises ? Pour quoi, par exem ple, n’y aura it-il pas des cré dits par ticuliers qui sera ient accor dés pour permettr e le redressement de l’emploi sur les emprises argentines de ces entr eprises avec une sélectivité des taux d’intérêt , c’est-à-dire des taux d’intérêt abaissés quan d les programmes ser vent à augmenter l’emploi et des taux d’intérêt relevés quan d les programmes servent à financer les placements financ iers ?
Troisième point. Ne faudrait-il pas nous saisir des échéances importantes qui sont devant nous en répondant à l’interpellation de notre ami Julio C. Gambina ? C’est le Sommet Union eur opéenne -Mercosur du 18 et 19 mai 2002 à Madrid. Cette réun ion sera préparée par des rencontr es de la société civile. Ne peut-on pas décider de la préparer pour aider à faire monter des exigences concrètes de réponse à l’inter pellation des Européens par les Argentins en matière, notamment , de financement et de monna ie avec la pers pective d’une nou velle utilisation de l’eur o ? Deuxièmement , il y a l’assem blée annue lle du FMI et de la Banque mond iale en octo bre prochain. Ne peut-on le préparer ensem ble pour faire réseau ? Enfin dernière échéance , le Forum social eur opéen qui doit se tenir en février 2003, nous pouvons auss i le préparer avec la même exigence d’une réponse concrète de la France , de l’Union eur opéenne aux inter pellations de nos amis Argentins, ce qui nous permettra d’êtr e beaucou p plus efficace pour tra iter d’autr es cas de ce type, avec la visée straté gique d’une alliance nou velle entr e les pays de l’Union eur opéenne et les pays émer gents et en développement face au super -impérialisme des Etats -Unis. Je propose que nous décidions de former un réseau d’informat ion, de solidarité et d’inter ventions avec nos amis Argentins, nos amis Espa gnols, nos amis Alleman ds etc . qui pourra ient commencer à préparer effect ivement et faire monter des exigences sur les politiques à cette occas ion.
Arménie : comment sortir de toutes les dominations ? Georges Agopian
Responsable de l’association France-Arménie à Villejuif
L’Armén ie était une des Républiques les plus appr éciées de l’Union Soviétique. Le régime actue l a reçu un héritage économ ique positif. Aujour d’hui, il existe un blocus éta bli par la Turquie, les Azérii. On a réuss i à éta blir un pont qui la relie à l’Iran afin de la désenc laver en par tie.
L’Armén ie était peuplée de 3,7 millions d’habitants , plus de un millions de jeunes Armén iens ont fui le pays en raison de l’absence de tra vail, des fonct ionna ires irré gulièrement rémunérés , de la misère, de l’absence d’es poir. La mafia s’insta lle, d’où le dépar t vers le « rêve facile » de l’Occident. La corru ption est visible à Erevan, les maffieux s’appr o-
prient des richesses au détr iment du peuple. Le gouvernement ne se donne pas les moyens de les com battr e. La dia-
spora envoie des fonds dont elle contrô le les projets , le FMI envoie de l’argent qui profitent aux corru pteurs . ? Les financiers vont amener le peuple armén ien à tra vailler pour rien. Comment faire pour arrêter l’hémorra gie, donner le pouvoir au peuple ?
Ancrer la politique dans les exigences des salariés
Francis Velain
Syndicaliste chez Thalès communication
… « Que peut faire la politique » renvoie à « où peut-on inter venir » ?
Nous sommes dans une phase où de plus en plus de gens en France et dans le monde voient concrètement la matérialisation de la mond ialisation. Par exemple, Alcate l vend du jour au lendemain 6 000 salariés eur opéens à un repreneur amér icain style Tapie. Parmi ces salariés, des ingénieurs et des cadres qui ont souvent acheté des actions lors de la privatisation d’Alcate l. La politique doit aller à la rencontr e du salariat. La mond ialisation se matér ialise très fortement au niveau des entr eprises.
Entreprise par entreprise, il faut développer des réseaux, des relations avec le politique pour réfléchir à la situation de chacun e d’elles. A par tir de leur vécu et de besoins sociaux à satisfaire, les salariés déterm inent un mode d’inter vention. Pour tra iter jus qu’au bout des questions de financement , on a besoin de se nourr ir des luttes en lien avec les besoins sociaux de salaires, de qualifications ?
Le politique doit nous aider à réfléchir à la conce ption de l’entr eprise, sa res ponsa bilité par rappor t à la société et au monde . Une entr eprise créée des richesses . La façon de les produire et le lieu où on les réalise ne sont pas neutr es.
On a besoin d’avancer sur des droits nou veaux pour renverser des pouvoirs. Une entr eprise ne peut pas appar tenir qu’aux actionna ires. Les salariés doivent avoir la parole sur la marche de leur entr eprise, sur les choix straté giques de développement donc sur les choix de financements , technologiques et de production. Les entr eprises doivent devenir des lieux de confrontat ion sur ces quest ions . Le politique qui organise les rappor ts sociaux doit l’imposer . C’est une inter pellation auprès des élus. Si les droits actue ls des salariés sont structurés sur les formes juridiques de l’entreprise, l’organisation de la production par le capital et les circuits financ iers , eux, sont connectés sur d’autr es impéra tifs, industr iels, réels ; Les droits sont en décalage avec le fonct ionnement réel de l’entr eprise. Dans les CCE ou les comités de groupe entr eprises, on a donc besoin de travailler sur la restructurat ion des ces droits.
Coopération Union européenne-Méditérann ée : de nouvelles opportunités
Kamal Amdane
Economiste libanais
Premier point, les années 1990 ont été marquées par une contradiction de plus en plus grande entre le discours, la littérature économiqu e et sociale, d’un côté, et la réalité, de l’autre. Une dizaine de sommets internat ionaux sur la pauvreté, sur le tra vail, sur la femme , sur l’intégration sociale etc . se sont tenus , avec notamment la société civile du Sud et du Nord, toute une littératur e s’est développée sur les droits sociaux. Mais, finalement , le marché a structuré dans le sens d’une plus grande polarisation en faveur des riches du Nord et du Sud également .
Il est équivoque de voir le FMI et la Banque Mondiale nous donner des leçons pour com battr e la pauvreté. Il est équivoque également de voir que le par tenar iat eur o-méditerra néen , malgré toutes ces potent ialités , n’a finalement , du moins du point de vue des pays du Sud, développé que sa com posante liée aux échanges, au commer ce. On y parle beaucou p de sa com posante sociale, mais sans progrès des con ditions de tra vail des salariés du Sud, des réseau x de sécur ité, du droit au tra vail, de l’emploi. Tout cela vient à la fin, après que les vrais intérêts aient été satisfaits en faveur des firmes multinationales, des gouvernements et des groupes de press ion au pouvoir.
Ainsi, cer taines entr eprises multinationales et publiques, frança ises et italiennes ont eu la majeur e par tie des projets de reconstruct ion du Liban. Dans les télécommun icat ions on arr ive à un taux de renta bilité interne de 60%. C’est histor ique. En 1994, au moment de la décision du contrat , il était quest ion de 200 000 lignes au maximum, aujour d’hui on est arr ivé à 800 000 lignes avec un taux de renta bilité énorme . EDF est , depuis un quar t de siècle, le consu ltant du gouvernement libanais pour l’électr icité. Pendant dix ans , ce sont 1,5 milliard de francs (240 millions d’?? invest is pour un pays de3,5 millions d’habitants pour des générateurs , des équipements de production conçus pour le gaz. Or, ils ont été mis en ser vice avec du fioul et beaucou p de per tes , une faible productivité.
Puisque nous sommes des deux côtés de la méditerranée , et que nous avons des intérêt communs , dans quelle mesur e peut-on rédu ire ce fossé en terme d’informat ions sachant que nos gouvernements et nos peuples assument de grandes res ponsa bilités . Pour nos causes communes , il doit cer tainement y avoir un champs où l’on peut développer nos rappor ts et résoudr e cer tains problèmes .
Un deuxième point, la financiarisation progressiv e de l’économie internationale incarne dans une certaine mesure un des mode s de gestion des contradictions du capitalism e, y com pris ses crises cycliques, et éventue llement , les anciennes crises de surpr oduction. Les peuples du Nord et ceux du Sud souffrent de cette financ iarisation en terme de tra vail, d’insta bilité économ ique, de défis de pouvoirs d’achat pour les couc hes moyennes etc . On est ime à 900 milliards de dollars l’épargne des pays du Sud, et plus spéc ifiquement du monde ara be drainés vers les marchés financ iers des pays du Nord. Plutôt que des facteurs attra yants du Nord, cette fuite de capitaux s’expliques auss i et sur tout par des facteurs « répu lsifs » au Sud : inégalités , manque de démocrat ie, dictatur es militaires, « maladies religieuses » qui ne concernent qu’une minorité des populations ara bes etc .
N’existe-t-il pas de poss ibilité entr e progress istes de porter plus d’attent ion à ce défi de la financ iarisation non seulement en terme de généra lité mais en terme de réponse adéquate aux détails des quest ion ?
Troisième point, nous aurons des nuances pour définir le domaine public. Comment le définir ? Comment définir les ser vice public, les inter ventions de l’Etat ? Dans nos pays, ce qu’on appelle inter vention de l’Etat sont de trois sour ces : ou bien le colonialisme frança is et anglais, ou bien les faillites anciennes du secteur privé, ou bien les revendications sociales.
Avec tous les problèmes que nos secteurs publics conna issent (déficits, salaires très bas, réseau x de sécur ité très peu effect ifs…), n’a-t-on pas le droit de redéfinir le service public dans le sens un sens plus étr oit du terme et de dire que ce domaine ne doit pas êtr e privatisable et, à côté , d’envisager des privatisations, d’un autr e type grâce à un rappor t de force politique, et en s’ins pirant de la Chine pour ce qui dépasse le domaine du ser vice public.
Dernier point, l’Europe est sollici tée pour assum er ses responsabilités. Pour cela, elle ne doit pas atten dre que les Américains donnent le feu ver t. Dans la plupar t des régimes ara bes depuis longtemps inféodés aux intérêts amér icains, une nou velle donne straté gique apparaît après tant d’humiliations subies et il y a une cer taine tendance à repenser les rappor ts avec les Etats -unis après un demi-siècle d'alliance .
Trois domaines spéc ifiques commencent à se dégager :
dans les échanges avec les grands blocs économ iques dans le monde , Europe, Etats -unis, Japon, Asie, cer tains pensent qu'il faut faire un geste en direction de l'Europe et aux dépens des Américains ;
pour la monna ie, la quest ion de subst ituer progress ivement l’eur o au dollar comme monna ie de réser ve se pose dans les pays ara bes ;
il s’agit enfin de limiter le rôle des multinationales pétr olières amér icaines, comme intermé diaire dans la commer cialisation du pétr ole ara be. Mais, si l'Europe reste figée en atten dant l’autor isation des Etats -unis, elle ne saisira pas ces opp or tunités.
Intervenir pour commencer à transformer les institutions financières
Denis Durand
Syndicaliste à la Banque de France
Pour réaliser les objectifs sociaux et mod ifier le sens de la mond ialisation, il faut auss i inter venir sur les inst itut ions financ ières. Toutes ces inst itut ions com ptent en France 600
000 salariés qui ne sont pas les derniers à mener des bata illes sociales (Créd it Foncier de France , Caisses d'Epargne etc .) : ces luttes peuvent contr ibuer à trans former le fonct ionnement d’ensem ble du système financ ier.
Par exemple, l’indépendance de la Banque centra le eur opéenne , sa focalisation sur une définition très étr oite de la stab ilité des prix ont pour objet de verr ouiller toutes les politiques monéta ires et économ iques , au nom d’une conce ption qui confond l’intérêt des peuples eur opéens avec celui des multinationales et des marchés financ iers .
Beaucou p d’économ istes et de res ponsa bles politiques de toutes tendances disent aujour d’hui « il ne faut pas que la BCE s’occu pe seulement des prix, mais auss i de l'emploi, et donc il faudrait qu'elle baisse davanta ge ses taux d'intérêt ». Mais ne faut-il pas aller plus loin ? En 2001, la BCE a quelque peu assou pli sa politique monéta ire, sur tout après le 11 septembr e. Cela a été bénéfique pour les marchés financ iers qui ne se sont pas effondrés mais quels ont été les effets sur l'emploi et la croissance ? Les enquêtes de conjonctur e, en France comme aux Etats -Unis, montr ent que malgré la baisse des taux d'intérêt , les con ditions de cré dit pour les entr eprises se sont durcies. Cela veut dire qu’une inter vention trop globale sur le levier macr o écono mique n’est pas asse z efficace pour assur er une croissance dura ble et une améliorat ion de l’emploi.
Il faut êtr e plus puissant et plus précis que cela. On peut agir, au niveau microéconomiqu e – celui où les luttes sociales peuvent avoir une prise efficac e – en mobilisa nt des financements incitatifs pour l’emploi et la croissance. Techniquement , la BCE possè de tous les instruments qui le lui permettra ient . Elle pourra it favoriser sélectivement le financement des banques qui font du cré dit pour l'emploi et la format ion, et pénaliser celles qui favorisent les spécu lations financ ières. Mais pour cela, il faut des inst itut ions appr opriées, c’est-à-dire un Système Européen de Banques Centra les (SEBC) qui soit en prise sur les entr eprises, les régions, les bass ins d'emplois, les salariés, les citoyens etc . Il y a une énorme deman de sociale pour cela. Par exemple, il y a quelques mois, les salariés de Moulinex ont inter pellé les inst itut ions financ ières et la Banque de France sur leur res ponsa bilité dans les difficultés de leur entr eprise.
Notr e expérience des luttes et des débats syndicaux à la Banque de France m’a con vaincu qu’il est poss ible d’obtenir des avancées dans ce domaine. Ainsi, la Banque de France a 211 succursa les sur l'ensem ble du terr itoire français. Ce sont des endroits où l'on obser ve l’économ ie locale et où l’on peut favoriser les financements de projets au service des populations des terr itoires. Or c’est tout récem ment seulement – en 1998 – que cette mission a été reconnue dans la loi, par un amen dement commun iste soutenu par les syndicats de la Banque de France . Cet exemple montr e qu’une con vergence entr e des mob ilisat ions sociales, des initiatives politiques et des inter ventions dans les inst itut ions peuvent commencer à changer des inst itutions financ ières auss i impor tantes que le Système eur opéen de banques centra les.
Mener de pair les interventions politiques et les luttes sociales
Julio C. Gambina
Président d’Attac-Argentine
Les propositions de tra vail me semb lent très intér essantes et cohérentes avec la cam pagne que nous menons auss i bien en Argentine qu’avec le Forum social mond ial car les thèmes politiques et sociaux doivent avancer de pair.
Je voudrais auss i souligner trois points :
Premier point : s’opposer à la baisse des coûts salariaux sur toute la planète
Dans le débat stimulant que nous avons, en lien avec ma par ticipation comme militant à la Centra le des tra vailleurs argentins (CTA), j’ai enten du plusieurs inter ventions de
militants d'entr eprise et syndicaux. Nous devons prendre date du fait que, contra irement à ce que beaucou p prétendent, la salarisation avance . Il y a de plus en plus de travailleurs avec de mauvais salaires et surexploités, des travailleurs de plus en plus qualifiés, et auss i de nou veau travailleur de notr e époque, celui de la mond ialisation qui passe plus de temps hors du tra vail qu’en emploi -chômeur, tra vailleur de l’économ ie informe lle, précaireà qui on diminue petit à petit le salaire… Dans mon pays, des tra vailleurs qui luttent pour un revenu minimum de 100 dollars , 50 dollars après la dévaluation, ont été victimes de représailles ou assass inés .
Cer tains économ istes progress istes , nous disaient que le salaire social que nous deman dons de 500 dollars était imposs ible à payer dans cer taines zones par ticulièrement appauvries. Nous pensons que nous devons lutter pour ce qui parait imposs ible car nous ne pourr ons pas cont inuer à rédu ire la revendication salariale…
… S’il y a un fait centra l dans l'offens ive du capital sur le tra vail depuis les années 1970, c'est une offens ive contr e le salaire direct et le salaire indirect, les « coûts salariaux ». C'est pour cela qu'ils sont contr e les salaires et les dépenses de l’Etat .
Notr e problème est de trouver la forme d’internat ionalisation de la lutte des tra vailleurs . Ce problème est auss i vieux que la première internat ionale, mais c’est beaucou p plus réel aujour d’hui qu’à l’époque. Alors il y avait auss i une mond ialisation, puis pendant toute une période le capitalisme s’est plutôt app uyé sur les marchés internes . A notr e époque de développement de la mond ialisation, la solidarité internat ionale entr e les tra vailleurs doit renaître. Il faut penser à de nou velles formes de syndicalisation. La CTA regroupe les tra vailleurs même s'ils ne se trouvent dans aucune entr eprise, les chômeurs , les retra ités , ceux qui travaillent à leur com pte…
Second point : pour qui un tel financement ? Et pour quoi ?
Que s'est-il passé avec les financements qui ont été donnés à la Russ ie pendant la crise de 1998 ? Que s'est-il passé avec l'argent qu’a reçu l'Argentine ces dernières années ? J’ai essa yé de montr er que l'argent rentré en Argentine repar tait vers l'extér ieur auss i rap idement . Et ce n'était pas les tra vailleurs qui l'utilisaient , ni les petits entr epreneurs , ou les petits producteurs .
Un financement « non discriminé » donné aux dirigeants actue ls de l'Argentine, de l’Amér ique latine ou d’autr es cont inents peut êtr e une aide à la fuite des capitaux. Donc il doit êtr e contrô lé de manière très précise pour savoir à qui sont destinés ces fonds. C'est pour cela que peut-êtr e, de manière polémique, quan d on affirme que la Taxe Tobin n'est qu'un petit « grain de sable », à notr e point de vue cela va beaucou p plus loin. Cela permet d'élargir le nom bre de gens qui luttent contr e la mond ialisat ion financ ière,… la spécu lation financ ière de Soros et de la City bank, du FMI ou de la Banque Mondiale, de la pensée hégémonique de la Finance globale.
Le troisième point : les relations entre le public, l’étatique et le privé
Il peut y avoir des actions orientées vers le secteur public, le ser vice du public, mais auss i de manière privée comme par exemple avec les coo pérat ives.
Nous proposons , en Argentine, que les fonds de pension privés qui réun issent l'app or t des tra vailleurs puissent êtr e trans formés en coo pérat ive, parce que si on les trans formait en ser vice public, ce sera it l'Etat capitaliste qui les gèreraient. Alors , du point de vue des tra vailleurs argentins, il y a un besoin de souveraineté des tra vailleurs sur la gestion des ressour ces .
Pour term iner, je voudrais dire, qu'en Europe, il faut regarder de très près comment la propriété privée des petits rentiers argentins a été utilisée et, avec tout le res pect que je vous por te, je pense que l'Europe doit se regarder dans le miroir que lui renvoie l'Argentine, l'Amérique latine et les pays du Sud en généra l. Par ce que l'offens ive du capital ne s'arrête pas dans des pays les plus en retar d.
Articul er les luttes et les perspectives
Nasser Mansouri Guilani
Centre Confédéral d’Etudes Economiques et Social (CGT)
A propos des salaires du Nord et du Sud, le problème, ce n'est pas de par tager un gâteau limité entr e pays eur opéens et pays africains, mais d'agrand ir le gâteau pour que tout le monde ait sa par t. La solution, c’est justement la promot ion de l'emploi et du social de par le monde . Il faut créer les con ditions pour que les salariés africains et les salariés d'Amérique latine aient les mêmes poss ibilités que les salariés frança is. Et les con ditions sociales en France auss i doivent êtr e améliorées .
Je voudrais aborder maintenant le problème des luttes immédiates et des perspectives. Il n'y a pas de séparat ion entr e luttes imméd iates et pers pectives. Par exemple, si la quest ion des luttes imméd iates , c'est tout faire pour garder nos emplois en France , alors que pendant la même période, il y a des centa ines d'enfants qui meur ent , c’est un véritab le problème. Donc la quest ion de l’imméd iat est auss i celle de la pers pective. Il faut savoir comment nous pouvons solidariser des luttes . Quel « plein emploi solidaire » dans le monde et pas seulement dans les pays développés ? Les
« trente glorieuses » n'ont pas cont inué, parce que le plein emploi était limité à quelques pays. On ne pourra pas avoir nos retra ites tranqu illement en Europe alors que les gens meur ent et cont inuent à souffrir en Afrique. Ce sera it illusoire.
Les délocalisations, c’est la mise en concurrence entre les salariés au bénéfice du capital. Pour délocaliser les entr eprises, le patr onat le just ifie souvent par la différence de coût salarial. Mais ce coût salarial est souvent marginal dans le coût global des produits, sur tout dans le secteur de hautes techno logies. C'est donc avant tout pour mettr e en concurr ence les salariés que l’on y recour t. La seule riposte , c’est la lutte solidaire.
Sur ces quest ions , le politique a auss i un rôle à jouer, mais en même temps , on ne peut pas se satisfaire du rôle du politique. Il ne suffit pas qu'il y ait des lois, même si, bien sûr, nous deman dons des lois pour des droits nou veaux. Mais il faut sur tout créer des mécan ismes pour que ces droits soient réalisés, par exemple, au niveau des firmes multinationales. Des codes de bonne con duite sont insuffisants comme les labels sociaux. Il faut créer des mécanism es concrets de contrôle et de sanctions des multinationales. Enfin, je suis d'accor d pour tra vailler sur des cas concr ets , comme l'Argentine. Voyons bien auss i qu’il y a d'autr es cas sur les quels il ait été nécessa ire de tra vailler
(Afrique etc .). C’est la même chose pour la quest ion des licenc iements qui dépasse largement les cas de Lu ou de Moulinex, qu'il faut bien sûr défendre, mais sans ignor er toutes les autr es entr eprises confrontées à ce fléau.
Desserrer les contraintes des marchés et des multinationales
Maria Angels Martinez Castell
Professeur d’économie politique à l’Université de Barcelone
Mes quest ions concernent le tra itement passé de la dette . Celle-ci prend en otage non seulement les Etats qui ont contracté ces dettes , mais auss i les nou velles générat ions de tra vailleurs qui arr ivent sur le marché du tra vail. Non seulement , elle a été souvent été remboursée largement , mais elle a auss i provoqué les politiques d’ajustement qui ont mis en évidence la faiblesse de pouvoir de négociation les différentes couc hes de salariés, par exemple, celle des femmes tra vailleuses , recréant les con ditions d’un nou vel esclavage de fait.
D’autr e par t en Espa gne nous avons une situat ion com parab le à ce qu’expliquait une camara de d’Alstom . Dans une entr eprise cata lane, fourn isseur de l’automo bile, qui veut fermer les éta blissements où tra vaillent 1 340 tra vailleurs dans un village où il n’existe aucun autr e éta blissement industr iel. Cela signifie non seulement le fermetur e d’une entr eprise, mais la pauvreté pour toute une région. Le maintien de l’entr eprise, ce que je souha ite, signifiera auss i que les mairies et le gouvernement de la Province rester ont les otages de cette multinationale. Ces multinationales en général tentent d’exploiter ces situat ions pour obtenir des aides, imposer des salaires faibles et des mauvaises con ditions de tra vail. Il faut êtr e consc ient que les politiques des multinationales prennent en otage les autor ités locales et régionales.
Autre mondialisation, salarisation de la planète et financements alternatifs
Paul Boccara
Maître de conférence honoraire à l’Université de Picardie
La proposition d’Yves Dimicoli et l’appr obation de notr e ami Julio Gambina, sur des inter ventions à propos de la rencontr e à Madrid Europe-Mercosur, la réun ion annue lle du FMI, et le Forum social eur opéen qui prendrait la suite de Por to Alégre montr ent que la grande quest ion, c’est de faire avancer de nou velles propositions. Je suis d’accor d avec Julio Gambina, nous devons constru ire de nou veaux rapprochements , et non une centra lisat ion bureaucrat ique, de nou velles alliances , jus qu’au niveau mond ial, pour une autr e mond ialisation.
Mondialisation, emploi et financement
A Por to Alègre, il y a eu des choses très positives, mais auss i une grande faiblesse de propositions. Le problème se pose de la jonct ion entr e les assoc iations , la cultur e, et auss i le syndicalisme, les salariés ou encor e les par tis politiques intér essés , sans aucune hiérar chie. Jadis, c’était les politiques qui voulaient tout diriger. Il s’agit d’organiser une véritab le concer tat ion.
Un phénomène décisif est la salarisation du monde entier, la majorité de la population du monde est maintenant urbaine ou salariée. Elle entr e sur le marché du tra vail, même comme chômeurs , c’est à dire de façon négative comme des masses de paysans prolétar isés ou de femmes .
Au debut de 2001, il y avait dans le monde 160 millions de chômeurs officiels et 1 des 3 milliards de la population active de la planète sera it sans emploi ou sous employée selon le BIT.
Bien sûr monte désorma is for tement la quest ion de la consommat ion et de la natur e des produits du tra vail salarié : problèmes de qualité, écologie santé , cultur e. Mais se pose auss i les quest ions du tra vail salarié, lui même , avec ses exigences nou velles de sécur isation de l’emploi et de la format ion.
Il y a tout un tra vail à faire pour ar ticuler ces deux ensem bles. Dans la char te de Por to Alègre, il y a des choses impor tantes , mais rien comme propositions sur le FMI avec seulement une dénonc iation du FMI. Le cré dit et la monna ie ne sont pas tra ités alors que l’on parle du marché financ ier. Pour s’émanc iper du marché financ ier, il faut inst ituer un financement alternat if. Il ne suffit pas de taxer les flux financiers , comme le voyait déjà Tobin lui même . L’alternat ive, c’est un autr e cré dit, une autr e utilisation de la monna ie. Le cré dit et la monna ie sont aujour d’hui au ser vice des marchés financ iers et non de l’efficacité sociale et de la solidarité pour la coo pérat ion internat ionale. Il faudrait le mob iliser tout autr ement pour l’emploi et la format ion de tous les tra vailleurs salariés potent iels dans toutes les populations.
Ce n’est pas simplement un problème de just ice, mais auss i un problème d’efficac ité. L’insu ffisance de la deman de, mais auss i des capacités de production des populations du monde est à la base de la crise actue lle de la croissance .
De la domination des entreprises par les exigences de rentabilité à un financement alternatif
On doit cons idérer à la fois le niveau de l’entr eprise et le niveau global. Si on ne tra itait pas l’entr eprise, on n’arr iverait pas à constru ire une autr e mond ialisation. Mais si on ne tra itait que l’entr eprise, on n’y arr iverait pas non plus . L’entr eprise, c’est auss i le chômage, la précar ité, la formation, les salaires , la qualification, le type de coo pérat ion. Les exigences sociales ne concernent pas seulement l’opposition profits-salaires, mais auss i les invest issements , l’utilisat ion des profits, les financements , pour des êtr es humains non instrumenta lisés , mais leur développement , leur format ion, leur emploi et leur vie.
Cela renvoie à la politique et à des trans format ions inst itut ionne lles. On a évoqué les exigences de taux de profit sont trop élevés. C’est vrai, mais pour quoi sont-ils si élevés
? Parce qu il y a la press ion des marchés financ iers . Et si on ne s’atta que pas à cette domination des marchés financ iers , il y aura toujours une concurr ence pour des taux de profit “dopés ” par les marchés financ iers et tendant à écraser les tra vailleurs , malgré les effondrements périodiques. C’est pour quoi, il faudrait inst ituer un tout autr e financement .
Une autre utilisation de l’euro et une autre alliance entre l’Union européenne et les pays en développement par un autre crédit à l’échelle mondiale
Cela nous renvoie à l’eur o et au rôle de la BCE. Il ne s’agit pas de concurr encer le dollar sur le même terra in afin de rivaliser comme monna ie de réser ve et pour dominer les marchés financ iers . Il faut faire autr e chose que ce que fait le dollar.
D’ailleurs , les Européens sont dominés, eux auss i, comme les pays en développement et les pays émer gents . Si on com prend cela, on com prend le besoin d’une nou velle alliance et d’un nou veau rappr ochement entr e l’Union eur opéenne et les pays du Sud et de l’Est. Nous sommes tous dominés par le dollar. Le capital financ ier domine tout , mais à l’intér ieur de cette domination, il y a l’hégémon ie des Etats -Unis et du dollar. L’Union eur opéenne a un chômage bien plus impor tant , le double de celui des Etats -Unis. Et sur les stoc ks matér iels, informat ionne ls et humains de l’Union eur opéenne pèse le poids des énormes expor tat ions de capitaux des Etats -unis. Mais on peut coo pérer autr ement dans le monde . Il faut en finir avec la casca de des dominations. Par exemple, l’Allema gne expor te des capitaux en Espa gne, mais l’Espa gne expor te elle-même ses capitaux en Argentine. On peut créer un monde coo pérat if, différent , de par tage, pour êtr e efficace socialement .
Cela renvoie au besoin d’une autr e politique de la BCE pour un autr e cré dit. Tout de suite, dès le niveau des entr eprises en France , on peut organiser d’autr es rappor ts avec les banques pour un autr e cré dit. Par exemple, on deman de des inter ventions de fonds publics, pour bonifier les taux d’intérêt dès aujour d’hui, c’est à dire prendre en charge publiquement une par tie des intérêts pour favoriser le crédit pour l’emploi et la format ion. Des Conse ils régionau x ont voté des propositions dans ce sens . Cela peut amor cer une autr e politique de cré dit et auss i pousser à une autr e politique de la BCE.
Il ne s’agit pas seulement de l’emploi. On dit souvent qu’il faudrait faire comme la Réser ve fédérale amér icaine, qui a pour mission la lutte contr e l’inflation, mais auss i pour l’emploi, alors que la BCE se contente de lutter contr e l’inflation, pour la stab ilité de prix, sans objectif d’emploi. Cela ne suffirait pas. Il faudrait auss i favoriser mass ivement la format ion. Cela renvoie au débat sur la com pétitivité ou l’efficacité. Les Etats -unis dominent financ ièrement et auss i par leur avance techno logique relative. En effet grâce notam ment à leurs impor tat ions de capitaux du monde entier ils font d’avanta ge de format ion, de recherche, de coo pérations… Il faudrait donc favoriser la format ion, mais auss i de nou velles coo pérat ions très hardies avec les pays émergents et en développement . Le refinancement des cré dits des banques ordinaires par la BCE devraient permettr e d’abaisser for tement les taux d’intérêt des cré dits quan d ils concernent ces objectifs.
Le renversement d’alliance , pour l’alliance Union eur opéenne -Pays en développement et émer gents , c’est la question la plus impor tante , y com pris pour trans former le FMI. Le FMI a changé de fonct ion, il voulait aider à la croissance après la deuxième guerr e mond iale en favorisant un cré dit expansif, non lié au marché financ ier, pour l’accumu lation de capitaux réels. Maintenant il sout ient sur tout les créan ciers internat ionau x, par les con ditions de ses aides aux PVD. Il doit revenir à un sout ien du cré dit pour l’expansion, mais pour favoriser directement l’emploi et la format ion et le codéveloppement des populations.
Ainsi l’Union eur opéenne , l’Amér ique latine et les pays émer gents pourra ient avoir la majorité du FMI. On pourra it ainsi créer une monna ie commune mond iale à par tir des DTS pour s’émanc iper du dollar et souten ir un nou veau crédit.
Il y a besoin de mettr e largement en débat toutes ces quest ions au plan internat ional.