Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Autonomie des jeunes : quel projet ?

Confrontés à l’explosion de la précarité et de la pauvreté chez les jeunes de 18 à 25 ans, qu’ils soient en formation ou non, les politiques sont obligés de s’approprier ces problématiques et d’avancer des propositions.

Cer tains, comme les Verts, AC !, etc ., précon isent tout simplement , en utilisant l’argument du " mieux que rien ", l’extens ion d u Revenu Minimum d’Inser tion aux jeunes de 18 à 25 ans . Une telle solution tradu irait le pire des renoncements . Elle reviendrait en fait à inst itut ionna liser, organiser et financer le sas de précar ité par lequel passent les jeunes à la sor tie des étu des, donc à le pérenniser. Ce sera it se résigner à faire entr er les jeunes dans la vie adulte par la plus petite por te qui soit.

Les Libérau x quant à eux, Chirac en tête , proposent en premier lieu la suppress ion tota le des charges patr onales en échange de l’embauc he d’un jeune . Cette proposition déresponsa bilisera it les entr eprises, tirerait tous les salaires vers le bas, et accentuera it de manière grave la mise en concurr ence des générat ions sur le marché du tra vail.

L’autr e volet des propositions libérales est la mise en place d’un système de prêts à " taux préférentiels " ou à " taux zéro " pour les jeunes , en vue de financer leur format ion ou la recherche d’un emploi.

Un te l dispos itif existe déjà à la marge, avec les " pr êts d’honneur " consent is par l’Etat à cer tains étudiants , mais auss i avec la jungle d’offres commer ciales des ban ques qui s’engouffrent dans les lacunes du système d’aides sociales au jeunes et aux étudiants . Il s’agit p our les Lib érau x d’éten dre, d’unifier ces systèmes de prêts déjà existants pour les mettr e au centr e d’une politique d’ " inser tion " des jeunes , accentuant le désen gagement de l’Etat dans ce domaine. Ces réponses sont un véritab le piège pour les jeunes . Quoi de pire que de s’end etter p our commencer sa vie ? Nombre de jeunes qui ont déjà souscr it à de tels prêts se heur tent aux pires difficultés quan d vient l’heur e du remboursement .

A gauc he, les réponses qui dominent tournent autour de l’idée d’un " contrat d’autonom ie ", avec une allocat ion mensuelle à la clé.

De nom breuses divergences existent . La notion de contrat , par exemple, fait débat. Celle ci est empreinte, de l’idéologie méritocrat ique qui est au fon dement de l’actue l système des bourses d’étu des. Il s’agit, dans la tête de cer tains, de con ditionner l’allocation d’un revenu à la réuss ite scolaire ou univers itaire, à la réalisation d’object ifs en termes de format ion ou de recherche d’emploi. Cette logique est dangereuse et peut s’apparenter à la démar che que l’on retr ouve pour les chômeurs avec le PARE. Cette notion de contrat peut ouvrir la por te à l’idée que le jeune est inca pable de définir, de mettr e en œ uvre, de man ièr e auto nome , un projet de vie, de format ion. Elle sous enten d des contrô les, donc des sanct ions . Par ailleurs , la notion de " contrat " peut renvoyer à une logique commer ciale et mar chan de, aux antipodes des droits auquels les jeunes peuvent préten dre en tant que citoyens.

La seconde divergence por te sur le caractèr e, le rôle de l’allocat ion et sur la population qui pourra it en êtr e béné- ficiaire.

Une telle allocat ion ne peut êtr e pensée en dehors d’un dispos itif de nouveaux droits pour les jeunes , au risque de n’êtr e qu’un out il pour organiser la solvabilité des jeunes et de laisser au seul marché le terra in de la réponse à leurs besoins.

L’expérience a d’ailleurs déjà été faite avec la créat ion de l’ALS, l’allocat ion logement dont peuvent bénéficier tous les étu diants . Sa mise en place s’éta it tradu ite, de manière mécan ique, par une augmantat ion des loyers des logements type étu diants quasiment égale au montant de l’allocat ion.

Il est donc urgent de concrét iser, avec et pour les jeunes , leurs droits à la culture, aux loisirs, au logement à coût rédu it, aux transpor ts gratu its, à des étu des vraiment gratu ites , etc .

L’une des clés de ce dispos itif de nou veaux droits doit êtr e le revenu : non pas un revenu universe l, égal pour tous , mais un revenu qui tienne com pte de la divers ité des jeunes , du parcours de chacun , de son niveau d’étu des, de ses besoins, des aides app or tés par la famille, etc .

Il s’agit donc de réa liser l’égalité des chances par des réponses différenciées en fonct ion de chaque jeune .

La proposition d’un dispos itif de nouveaux droits pour les jeunes doit s’inscrire dans celle d’un système de sécurité d’emploi et/ou de format ion avec, comme objectif, de créer des con ditions nouvelles pour l’accès des jeunes à l’emploi stab le. Les propositions d’allocat ion d’autonom ie, de nou veau x droits pour les jeunes ne prennent leur sens que dans la pers pect ive d’une politique no vatr ice, au dacieuse en terme d’emploi.

Enfin, la dernière divergence por te sur la quest ion des moyens. Les propositions de Lionel Jospin s’inscr ivent d ans une p ers p ect ive d e mo yens constants : il s’agit en fait de refondre les moyens qui sont aujourd’hui consa crés au x jeunes d ans le pr ojet d e contrat d’autonom ie, sans chercher à en mob iliser de nou veau x. Les commu nistes sont aujourd’hui les seuls dans le champ politique à formu ler des propositions alternat ives pour mob iliser des moyens en faveur de l’emploi et de la format ion : mob ilisat ion du cré dit vers les invest issements utiles à l’emploi et la format ion, mise à contr ibution des entr eprises à un tout autr e niveau pour par ticiper à l’effor t de format ion, doublement de l’impôt sur les grandes fortunes , taxation des revenus financ iers au même taux que les salaires, etc .Ÿ