Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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France Télécom passe de l’Orange au rouge

La presse économique ne s’y trompe pas : si France Télécom n’était pas adossée aux garanties de l’Etat actionnaire, l’entreprise serait en quasi faillite.

Avec l’effondrement du cours de l’action ramené au niveau de la première émission de titres lors de l’ouverture du capital, on comprend la méfiance des boursicoteurs après la période euphorique ou France Télécom boostait le CAC 40. On imagine aussi ce qui se passe dans la tête des agents qui ont été poussés à prendre des actions, voir dans celles des salariés du privé dont les directions d’entreprise poussent aux fonds de pension pour financer les retraites …Il y a du ENRON dans France Télécom d’aujourd’hui

Les commun istes avaient vu juste , qui au moment du rachat d’Orange et de la licence UMTS titra ient leur déclarat ion : “ France Télécom : prise de risque maximum ”

Ceci étant dit, toutes les multinationales des télécoms notamment eur opéennes ayant eu la même straté gie et des choix similaires ( multiplicat ion des OPA, sur est imation du marché et de la matur ité des techno logies UMTS), France Télécom n’est para doxalement pas la plus en difficulté, malgré une dette colossa le de 65 Mds d’Euros à avaler.

C’est ainsi que se trouve relancé le débat : nouvelle ouverture du capital et financement par le mar ché financ ier, ou sollicitat ion de l’Etat actionna ire ?

Pour nous , il s’agit sur tout de savoir si la const itut ion du grou pe France Télécom tel qu’il est aujour d’hui à savoir un opérateur mond ial parmi les dix premiers-, permet réellement de répondr e aux besoins, nationau x et de coo pérat ion.

Or il ne semb le pas que ce soit le cas : la contra inte renforcée de renta bilité

poussera vers des choix qui mettr ont en cause l’aména gement du terr itoire, les péré quations tar ifaires indispen sab les à la réduct ion des inégalités d’accès aux nou velles techno logies ; vers des choix de coo pérat ions inter nationales qui privilégieront les pays riches ou pour le moins solvables.

Les évolutions de France Télécom

1991 : France Télécom se sépar e juridiquement de la Poste et devient exploitant autonome de droit public. Des réformes structur elles se mettent en place par les gouvernements success ifs pour préparer France Télécom à la privatisation. Si le statut du fonctionna ire du personne l est préser vé, il n’en est pas moins au fil des années affaibli. Les choix de gest ion de l’entreprise remettent fondamenta lement en quest ion le ser vice public.

1993 : Premiers réseau x mob iles avec la techno logie GSM. Personne ne prévoit encor e l’usa ge exponent iel du mob ile.

1996 : France Télécom devient

· société anon yme. Il doit assur er des missions de ser vice universe l sur le fixe de base, la publiph onie, la sécurité. Le mob ile, les hauts débits et Internet , secteurs en pleine croissance en sont exclus.

1997 : Première ouver tur e du capital, intr oduction en bourse du titre de France Télécom . Le personne l souscr it mass ivement à l’act ionnar iat de par des offres très intér essantes . Il y aura très rap idement une cer taine désillusion.

1998 : Ouver tur e du marché français d es té lécommun icat ions à la concurr ence . France Télécom voit ses par ts de marché diminuer dans l’hexagone du fait de la for te concurr ence sur les commun icat ions nationales et internat ionales. Les per tes sont compensées par la poussée de l’act ivité du mob ile et par le trafic données . Fin de contrat d e p lan avec l’Etat . Rem placement p ar un ca hier d es charges très soup le.

1999 : Wana doo, filiale Internet de France Télécom devient leader en France .

2000 : Achat d’Orange au plus haut d e l a folie b ours ièr e en d iluant notamment la par ticipation de l’Etat qui passe de 63,2% à 55,5%, en payant cas h et en s’en dettant . Par l’ac hat d’Oran ge, France Télécom devient d eu xième o p érateur eur o p éen . En juillet 2000, intr oduction en bourse de Wana doo. Achats des licences UMTS pour la 3ème générat ion du mob ile d ans un conte xte d e caco ph on i e eur opéenne . France Télécom obtient des licences dans pres que tous les Etats Eur opéens . Fusion de France Télécom et l’opérateur de sate llites Europe STAR qui devient Stellat. France Télécom , qui détient 70% de cette soc iété , pr o p osera p ar sate llite courrant 2002 des ser vices Internet interact ifs à haut débit.

2001 : Achat d’Equant , fusion avec Global One qui fait de France Télécom premier réseau mond ial des multinationales. France Télécom est ainsi présent sur tous les aéroports (rachat des actions de la Fondation Sita) et dans 220 pays et terr itoires et se récupèr e une clientè le de 700 multinationales. 3000 emplois seront suppr imés sur 2 ans . France Télécom rés iste à l a concurr ence sur l’hexagone. Orange détient 47,5% de taux de pénétrat ion. Le nom bre d’abonnés mob ile dépasse celui du fixe. Wana doo est leader avec 3,3 millions d’abonnés mais n’app or te pas un revenu par abonné très consé quent . Lancement du haut débit par l’ADSL. 430 000 abonnés . Espoir, grâce à cette techno logie d’un déco llage d’internet . France Télécom doit concé der la boucle locale aux concurr ents qui ne se bouscu lent pas. La for te concur rence sur le fixe n’empêche pas France Télécom de se mainten ir auss i sur ce segment très prisé.

2002 : Depuis janvier, la concur rence est tota le y com pris sur les communications locales. France Télécom doit donc s’atten dre à des per tes de par ts de marché sur l’hexagone mais qui devraient êtr e com pensées par l’activité à l’internat ional.

L’évolution du chiffre d’affaires de France Télécom

 

En millions d’eur

 

os 1998

 

1999

 

2000

3ème trimestre 2001

(%2001 / 2000

de sept à sept)

Services fixes voix et données en France

 

20 600

 

20 704

 

20 793

 

14 683 (+6,2%)

Orange

3 293

4 94

2 9 025

10 793 (+ 99%)

Services fixes, voix et données hors France

 

1 866

 

2 713

 

2 713

 

4 948 (+ 29%)

Wanadoo

574

810

1 111

1 025 (+40,6%)

Total

24 648

27 33

3 33 674

31 599 (+31,9%)

 

Sur l’ensem ble de ces années , France Télécom prend des participations dans de nom breux pays et devient opérateur histor ique: Argentine, Mexique, Salvador, Egypte, Cote d’Ivoire, Sénégal, Pologne… En quatr e ans, le chiffre d’affaires à l’internat ional a quadruplé. Il a doublé en deux ans . Il représente 36% du chiffre d’affaire du Groupe en 2001 !

Les atouts et les contradictions de France Télécom

International. La straté gie ambitieuse de divers ificat ion et d’acquisition des activités de France Télécom est payante sur tout sur les secteurs en pleine croissance (mo bile et trans mission de données) . En devenant opérateur global eur opéen puis mond ial, France Télécom devient indépendant d’autr es opérateurs et peut déployer des économ ies d’échelle en terme d’investissements , d’achats de matér iels. Il peut mutua liser les ser vices , la logistique, le personne l. La volonté de devenir majoritaire dans les pays où actue llement l’opérateur a des par ticipations minoritaires reste sa priorité sur tout en Europe, ce qui fait dire que les fusionsac quisitions ne sont pas term inées .

Le Chiffre d’affaires entr era it ainsi dans le bilan financ ier (con solidation avec participation au-delà de 50%). Ceci pour just ifier les acquisitions et rassu rer les marchés.

Mobile. France Télécom souha ite tirer profit de la marque Orange comme relais de croissance . Le réseau GSM est renta bilisé. L’object if est de dégager maintenant plus de chiffre d’affaires par abonné et de fidéliser les clients . Il n’est pas quest ion de cou vrir tout le terr itoire. Les collect ivités loca les acce ptent de financer les pylônes dans les zones non cou ver tes .

France Télécom n’a pas droit à l’erreur et doit assur er la trans ition progress ive du mob ile GSM ( bas débit) vers le mob ile UMTS (haut débit). Pour cela, de nouveaux ser vices doivent êtr e acce ptés par l’utilisateur car il devra payer non plus à la durée mais au service rendu (visioph one, transm ission de données , géolocalisation…) donc plus cher.

Wanadoo monte en puissance lentement mais sûr ement . L’o bjectif est de proposer de nou veaux ser vices à valeur ajoutée et de mener une politique active de croissance pour prendre des positions sur le marché eur opéen. L’ADSL est un atout indéniable mais ne pourra couvrir à terme que 73% du territoire (60% en 2001). Sachant que les deman des en débits explosent chaque année p ar 3, la construct ion d’un réseau en fibre optique sur l’ensem ble du terr itoire est donc posée .

Servic e fix e en France. France Télécom fait le choix du gel des investissements sur le réseau fixe qui pourtant rappor te encor e 60% du chiffre d’affaire du Groupe. Les directives européennes imposent un affaiblissement des opérateurs histor iques au profit d’opérateurs entrants . Pour l’instant , la concurr ence a des difficultés à percer. Les opérateurs entrants refusent de financer un réseau et optent sur plusieurs options :

  • le faire financer par les collect ivités locales ;
  • obtenir de l’autor ité de régulation et du gouvernement l’utilisat ion, du réseau France Télécom au moindre coût (décou page, coût d’inter conne xion, liaisons louées …).

France Télécom rés iste bien pour l’instant et mieux que d’autr es pays où les opérateurs histor iques les Etats se sont désen gagés (British té lécom , Deutc he Télécom ,…). Mais il refuse de sor tir des sommes d’argents pour un réseau qui profitera à la concurr ence . Ce statu quo ne permet pas d’envisager un réseau fibre optique homogène sur le terr itoire ce qui hypothèque l’accès p our tous au x nou veau x ser vices . L’avenir dira si l’autor ité de régulation appliquera au mot et à la lettr e les nouvelles directives.

La dette de France Télécom emblématique

La straté gie de France Télécom a coûté très cher. L’opérateur a multiplié p ar tr ois son en d ettement p our atte indre en 2001 la somme 65 milliards d’euros ! C’est cons idéra ble. Il s’explique en partie par l’acquisition d’Orange dont le coût s’élèverait à 40,3 milliar ds d’euros + 2,9 milliar ds d’euros de reprise de dette + 6,6 milliards d’euros pour le coût de la licence UMTS !

Les acquisitions et le retournement des mar chés financ iers obligent le Groupe à limiter sa croissance par un endettement financ ier. Toute la straté gie financ ière de France Télécom reposait sur la poussée spécu lative et la mob ilisat ion aveugle des capitaux sur les valeurs techno logiques.

L’effon drement de la bulle d’internet , le ralentissement amér icain puis eur opéen, la pagaille autour de la vente des licences mob iles UMTS, autant de raisons objectives et pour tant prévisibles qui ont réveillé les spécu lateurs .

Ainsi, un programme ambitieux de désen dettement de France Télécom est engagé :

vente d’actifs cons idérés non stratégiques. Les tractat ions se réalisent progress ivement et difficilement . ( réseau x câ b lés , ST Microélectr onic,…) ;

vente du patr imoine immob ilier : cette opérat ion vise à la fois à se désen detter mais auss i à faciliter les restructurat ions de ser vices autour des méga pôles ;

revente des 100 millions act ions rachetés à Vodafone lors de l’achat d’Oran ge. Mais France Télécom refuse de les brader en dessous de 70 Euros l’act ion, celle ci se situant aujour d’hui autour de 45 eur os. Il faut donc atten dre.

Malgré l’ensem ble de ces opérat ions, l’endettement chronique ne devrait pas descen dre en dessous de 40 milliards d’eur os d’ici fin 2003.

En atten dant, France Télécom lance des emprunts très coûteu x pour payer les échéances et des titrisations, ce qui oblige l’opérateur à faire des choix sur ses investissements sur tout en France . Politique commer ciale très agress ive pour augmenter le chiffre d’affaires et l’EBITDA. L’invest issement à l’interna tiona l est par contr e en très for te hausse mais par ticulièrement orienté sur une renta bilité à cour t terme .

Les salariés paient lourdement et injustement l’endettement

En France , la str icte gest ion des effect ifs a accom pagné la divers ification de France Télécom et le déplacement forcé des ser vices techn iques vers le commer cial. Chaque salarié a changé de ser vice ou de métiers au moins deux fois en 3 ans . Les formations s’effectuent en bout de table. Une restructurat ion en amène auss itôt une autr e. Ceci permet d’accr oître les gains de productivité et tout en rédu isant la masse salariale. Plus de 21 000 salariés dans la maison mère se sont ainsi évaporés par des dépar ts natur els ou anticipés non remplacés . Près de 5800 em plois en moins pr évus en 2002. Externa lisat ion des activités, sous-traitance , filialisat ions, remplacement des points d’accue ils physiques par des plate-formes téléph oniques, suppr ession des lieux de tra vail de proximité, orientat ion du personne l vers les mégapôles allongeant les temps de tra jets non com ptabilisés dans le temps de tra vail, autant de signes qui indiquent clairement que la trans format ion de France Télécom n’aboutit pas forcément à une politique sociale dans l’entreprise…

Une remise en cause brutale des acquis sociaux du personne l vise à aligner le budget social au minimum du seuil autor isé. Les droits syndicau x sont journe llement contestés par l’emp loyeur. Une rené goc iat ion d e l a convention collect ive pour les contractuels vise à tirer par le bas les class ifications. La politique salariale est orientée sur la par t variable et non sur un salaire fixe mensue l. La précar ité s’instaur e tout comme les hora ires atypiques.

A l’internat ional, l’actua lité a été mar qué par des luttes qui contestent les choix de gest ion de l’employeur : Argent ine, Côte d’Ivoire, Pologne… Les secteurs porteurs a permis d’engendrer des gains de productivité cons idéra bles. Ainsi, en 2000, le chiffre d’affaires par salarié gagne 14,1%. La valeur ajoutée atte int également son plus haut niveau en 2000 (+3,8%). Pen dant ce temps et malgré une croissance for te des effectifs dans le groupe, le ratio frais de personne l sur le chiffre d’affaires diminue de 2, 2%.

Le service public remis en cause

France Télécom , opérateur public n’a plus pour priorité l’obligation de sat isfact ion de tous les beso ins en matière de télécommun icat ions . Les ser vices à haute valeur ajoutée sont privilégiés en rec herche et en développement .

Le ser vice universe l représente un coût que l’usa ger paie cher : hausse des abonnements , des tar ifs de rense ignements et d e p u b liph on i e . Soulignons au passa ge que c’est ce service public qui génèr e encor e 60% du chiffre d’affaires de France Télécom …

Suppr ess ion des points de paiement . Obligation pour l’usa ger inter dit de chéquier de payer sa factur e par mandat Poste .

Les tar ificat ions visent à pénaliser le petit usa ger peu consommateur . L’usa ge du téléphone fixe vers le mob ile en for te hausse gonfle la factur e.

France Télécom ne peut pas baisser ses tar ifs sans êtr e homologués par l’ART. Les concurr ents sont par contr e libres de fixer librement leur tar ification.

La qualité de ser vice est dégradée . Mais France Télécom se vante à tord ou à raison d’êtr e nettement meilleur que ce que pr écon ise la direct ive eur opéenne . Pour com bien de temps .

L’aména gement du terr itoire n’est plus son objectif. On parle aujour d’hui de pour centa ge de population couver te.

Les collect ivités locales sont encoura gées à financer les réseau x mob iles et hauts débits pour palier à la carence des opérateurs . Cer taines collect ivités font le choix d’ignor er l’opérateur public en finançant un réseau para llèle pour le livrer à un concur rent .

Les propositions des communistes

Premier terrain d’intervention, l’Europe

L’Eur ope const itue aujour d’hui le c h am p d’inter vent ion p olitiq ue incontourna ble. Ch a q ue d écision, direct ive ou règlement structur e le secteur d e l’i nformat ion et d e l a commun icat ion pour chaque Etat.

Il s’agit d’abord de mettr e un cou p d’arrêt au processus de libéra lisat ion. Pour cela, il faut instaur er un moratoire sur les directives déjà votées ou en projet, faire un bilan des effets de la déréglementat ion, et, à la lumière de celui-ci, engager un vaste débat public d’alternat ive.

Au-delà, il faudra d’autr es textes pour organiser sur des bases de ser vice public le secteur des télécoms . Sur la base des principes suivants :

  • la reconna issance du dr oit à la commun icat ion et à l’informat ion comme droit de l’Homme à inclure dans la Char te des Droits Fon damentau x (dans la pers pective de rendre cette Char te contra ignante) ;
  • l’extens ion du « ser vice universe l » à l’ensem ble des nou veau x ser vices liés aux nou velles techno logies (hauts débits, mob iles, Internet) .
  • la définition d’obligation élevées de ser vice public à l’ensem ble des opérateurs (y com pris en termes d’aménagement du terr itoire, de qualité de ser vice, d’em ploi, de statut des personne ls) ;
  • la reconna issance de l’intérêt d’un monopo le public de gest ion des infrastructur es de réseau x (pour éviter les gâc his d’invest issement par ailleurs destructeurs de paysages) , et son extens ion futur e à l’Europe par la coopérat ion des opérateurs concernés ;
  • la changement de rôle et la démocrat isation des autor ités de régulation qui doivent devenir des instruments de contrô le citoyen, avec la présence de représentants des usa gers et des salariés ; ces inst itut ions doivent en par ticulier intégrer dans leurs prérogatives l’enca drement de la politique tar ifaire, con dition d’une péré quation entr e ser vices et d’une réelle égalité d’accès .

Deuxième terrain d’intervention, la France

Arrêter le mou vement de privatisations dans le secteur des télécoms . Tirer un diagnost ic précis et objectif des consé quences de la libéra lisat ion du secteur , comme base d’un débat national.

Multiplier les initiatives visant à redynamiser les ver tus d’un ser vice public réno vé. Lancer une recon quête du monopo le public sur le réseau fixe et mob ile. France Télécom doit en êtr e l’acteur principal.

Créer un pôle public de l’information et de la commun icat ion :

Si France Télécom reste un leader nationa l, européen et mond ial, la situation n’est plus com para ble avec celle d’il y a cinq ans et on ne peut plus poser les problèmes dans les mêmes termes . La concurr ence est désorma is une réalité profonde sur un segment très impor tant d’activités. La recherche de construct ions cré dibles en alterna tive au libéra lisme doit par tir de cette réalité.

C’est dans ce cadre que nous proposons la const itution d’un pôle public de l’informat ion et de la commun ication :

il réun irait France Télécom et des opérateurs tels que EDF, SNCF, RATP,…, ainsi que les secteurs Poste , télévision, recherche et développement ;

il aura it comme premier objectif de concrét iser le droit à la commun icat ion et à l’informat ion, en France , mais auss i à l’étran ger en par tenar iat avec des opérateurs de ces pays ;

il permettra it de développ er une politique volontar iste d’aména gement cohérent du terr itoire sur le mob ile, le haut débit et Internet ;

il coo pérerait avec les autr es opérateurs comme Bouygues et Vivendi, notamment dans la définition de nouveaux produits, avec les équipementiers et sous-traitants .

Démocrat iser l’ART à l’image de ce que nous proposons comme axe d’inter vention à l’échelle eur opéenne .

Troisième champ d’intervention, la région

La Région devient un lieu de décision impor tant , tout comme les agglomérat ions , les inter communa lités et les Pays.

Le schéma des ser vices collect ifs de l’informat ion et de la commun icat ion édité par la DATAR en automne 2000 laisse entr evoir des idées de par tage des conna issances et d’accès au savoir.

Il y a une volonté clairement affichée de préparer les jeunes générat ions dès la materne lle aux out ils, de resituer des missions for tes de ser vices publics comme l’objectif d’un accès généra lisé aux outils techno logiques , de privilégier une approche centrée sur les besoins et les attentes des usagers, d’assur er une cohésion sociale et une attract ivité territor iale.

Mais ce schéma s’inscr it « dans les modalités de la régulation qui sont fondées sur un cadre législatif et réglementaire, issu de la loi sur la réglementation de 1996 ».

La mode voudrait donc que chaque région se dote d’un réseau haut débit pour véhiculer les nouvelles techn iques de l’informat ion et de la commun ication (NTIC). Si de multiples techno logies permettent la construct ion de réseau x parallèles à ceux de l’opérateur historique, les régions sont en fait devenues des têtes de pont convoitées pour l’accé lérat ion de la libéra lisat ion du secteur . Cette conce ption por teuse de gâchis économ iques et de destruct ions de l’environnement doit êtr e com battue.

Nous pr oposons au contra ire de contra in dr e l’o p érateur p u b lic à modern iser son réseau .

Tout l e monde sa i t q ue France Télécom a les structur es existantes qui ne deman dent qu’à êtr e pleinement utilisées . La modern isation d’un réseau unique nat ional en fibre optique est indipensa ble.

Ne peut-on pas évaluer les coûts et les consé quences d’une multitude de réseau x alternat ifs en les mettant en corré lation avec un seul réseau fixe très haut débit en fibre optique ?

Ce constat est identique pour le nouveau réseau mob ile haut débit aux normes UMTS qui reste à constru ire. Celui ci est évalué de 30 à 40 Milliards de Francs chacun (4 opérateurs prévus), hors coût des licences . Ce secteur n’étant pas cou ver t par le ser vice universe l, on imagine aisément le peu d’empressement à cou vrir l’ensem ble du terr itoire. Les zones très urbanisées seront priorisées .

Plutôt que d’encoura ger les régions à financer les infrastructur es pour la couverture de l’ensem ble du terr itoire, il faut revoir le coût des licences , mutua liser les réseau x et infrastruc tures. France Télécom en qualité d’opérateur public doit en avoir la gest ion. Les opérateurs souha itant offrir des ser vices devront s’acquitter du coût réel du réseau et des infrastructur es.

Quatrième champ d’intervention, le contenu des services

Comprendre le monde est un droit. Pour cela, il faut :

  • garant ir la format ion citoyenne avec des logiciels libr es et la place des fourn isseurs d’accès non marchands. Pour cela, l’Educat ion nationale doit former, utiliser et encoura ger le développ ement de logiciels libres et plus généra lement des standar ds ouver ts et com patibles entr e eux ;
  • assur er la gratu ité et l’universa lité de la conna issance , de l’informat ion et de la culture. Pour cela, la format ion initiale et cont inue des cito yens aux réseau x et out ils informat iques est un droit. Une res ponsa bilité publique qui peut seule assur er une cultur e informatique de base, une alphabétisation numér ique indépen dante des choix techno logiques des firmes privées ;
  • internet d oit êtr e un méd ia de masse et un es pace de socialisation par tagé de l’informat ion. Dans l’immédiat l’octr oi d’une adresse e-mail à tous et l’insta llation de bornes Internet en libre accès par la coo pérat ion entr e France Télécom et les autr es entr eprises publiques (en premier lieu la Poste) , puis très vite la délivrance gratu ite d’un term inal mu l t iméd ia (à l’image du Minitel d’hier) sont des mesur es qui permettra ient cette démocrat isation ;
  • la collect ivité doit favoriser la numér isation et la libre circulation des conna issances , encoura ger le pluralisme et préparer l’avenir des NTIC ;
  • la quest ion des droits d’auteurs doit êtr e recons idérée comme consé quence de l’universa lisat ion des conte nus numér iques et non comme une cause freinant cette universa lisat ion ;
  • une discr iminat ion positive en faveur des plus démun is dans le cadre de missions de ser vice public permet trait l’accès pour tous à l’ensem ble des ser vices . Ÿ