Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Délocalisations : Proposer pour rassembler et avancer

 

Joë Triché

Depuis 20 ans, l’industrie textile dans l’Aube et à Romilly doit faire face à une hémorragie considérable d'emplois (25 000 emplois supprimés). Les entreprises multiplient les délocalisations de leur production dans des pays à bas salaires. En 2002, la direction de Jacquemard qui a décidé d'intensifier cette stratégie a présenté un nouveau plan social de 280 suppressions d’emplois. Face à cette situation, les communistes de Romilly, leurs élus, de toutes les batailles pour l’emploi depuis 20 ans, se sont saisis de ce dossier. En concertation avec la section économique du PCF et en multipliant les échanges et les réunions avec les organisations syndicales de l'entreprise (CGT, CFDT, Force Ouvrière, la CGC) ils ont formulé des propositions alternatives. Celles-ci ont été défendues dans toutes les instances décisionnelles et dans les réunions consacrées à ce dossier (Préfecture, Conseil général, Conseil régional,…). Nous avons avancé l’idée de maintenir les salariés dans un contrat de travail avec le maintien de leurs droits et de leur niveau de revenu et une mise en formation pour leur permettre d'évoluer vers de nouveaux métiers mieux rémunérés et plus qualifiés. Parallèlement, nous avons proposé de réorienter les industries textiles locales vers des productions à plus haute valeur ajoutée en mobilisant les résultats des centres de recherche et de développement technologiques travaillant pour le textile dans la région. Pour ces actions, nous avons demandé la mise en place d’un Fonds régional alimenté par des fonds de l’entreprise, de l'Etat, la région, l'Europe, le département, les ASSEDIC, les banques et les donneurs d’ordre de Jacquemard pour financer ce projet. Nous avons mené des batailles sur ces propositions et tenu un débat public avec la participation de Y Dimicoli, présentant les propositions du PCF sur l'emploi et la question des délocalisations, en décembre dernier. Et nous nous sommes appuyés sur l'article 118 de la loi de modernisation sociale pour exiger avec les organisations syndicales, notamment la CGT que le préfet organise une table ronde. Celle-ci s’est tenue le 3 février 2003 avec soixante-dix personnes : les représentants de l'Etat, la direction de Jacquemart, les organisations syndicales, les parlementaires, des élus communistes, la Banque de France. Cela a constitué un événement que nous n'avions pas connu sur les autres dossiers. À l'occasion de cette table ronde, nous avons été porteurs de ces propositions de mise en formation des salariés rejoignant concrètement la proposition du PCF d'une sécurité d'emploi ou de formation, et la mise en place d'un fonds régional. Si la droite hégémonique dans le département s’est opposée à cette proposition, cette table ronde a abouti à la signature d'un contrat de site en novembre dernier. Ce contrat a permis de dégager des crédits pour financer un aménagement de zone et l’établissement d’un bilan des formations et des compétences des salariés pour le bassin d'emploi de Romilly. En tant qu'élus communistes, nous avons émis un certain nombre de critiques tout en ne rejetant pas les deux millions d'euros de crédits qui étaient injectés sur le secteur de Romilly. Mais ce contrat reste largement insuffisant notamment pour l’emploi et bien en deçà des propositions que nous avions avancées. Si les luttes et les propositions ont mis sur la défensive le patronat et les dirigeants de droite, les avancées restent bien insuffisantes et plus que jamais c’est de réponses d’une toute autre radicalité qu’attendent les salariés licenciés, aujourd'hui à l'ANPE. Ce qui montre toute la pertinence de nos propositions évitant la rupture du contrat de travail des salariés et leur orientation vers des métiers plus qualifiés et mieux rémunérés.

 

Par Triché Joë, le 30 novembre 2003

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