Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Jacquemard : Gouvernement, actionnaires et groupes de distribution ne sont pas quittes !

Les dirigeants de l’entr eprise Jacquemar d, à Romilly dans l’Aube, enten dent désorma is liquider ce qui y reste d’emplois et de production pour conso lider leur unité de fabrication de textile en Rouman ie, ainsi que l’avait déjà annoncé «Econo mie et Politique» lors du précédent plan social.

 

  1. Si on avait écouté les salariés en 2003 , si on avait examiné sérieusement leurs propositions on n’en serait pas là.

Les syndicats avaient deman une mesur e exceptionne lle de format ion et une sécur isation de parcours des salariés en alternative au précé dent plan social. Mme Jacquemar d avait refusé tout net (20/01/2003) en déclarant que :

  • Le choix de la délocalisation est «vraiment le bon» ;

  • «L’unité de Romilly sera chargée de réaliser environ 30% denotre production et effectuera le travail de qualité et de petites séries qui ne pourra en aucun cas être fait à l’étranger …/…»

  • «Je ne crois pas à la diversification (…) les sirènes de la diversification n’ont jamais été dans ma stratégie et elles n’y seront jamais».

Elle n’a pas tenu ses promesses : actue llement Romilly n’assure plus que 20% de la production et il s’agirait d’y mettr e fin. Si les salariés avaient eu des pouvoirs sur l’orientat ion de la gestion, on n’aura i pas eu cette déroute .

 

Par contre, les dirigeants de Jacquemard, eux, ont fait le choix de jouer contre l’intérêt social des salariés et des citoyens aubois, mais aussi contre l’intérêt national.

Leur façon à eux de se préparer au choc de la levée des quotas d’impor tation des accor ds multifibre (AMF) a été :

  • De délocaliser en Rouman ie

  • De rédu ire la masse salariale des unités de Romilly.

  • Et sur tout de ne pas consent ir d’effor t en matière derecherche et de format ion . D’ailleurs le bilan Anvar TextileHabillement (2003) indique une très grave sous-représenta tion de Champagne-Ardenne dans les projets éligibles aux aides Anvar (un seul), alors que c’est la troisième région de France du point de vue des effectifs dans cette industr ie.

Il faut con damner ces choix anti-sociaux et anti-nationau x Certes cela permet à l’actionna ire de cont inuer à faire du profit facile mais on sacca ge le bassin d’emploi de Romilly, on participe à la déroute de l’industr ie frança ise du textile et de l’habillement . C’est un choix de capitulation nationale. Bien sûr, il y a auss i une responsa bilité de la grande distribution qui a, en toute consc ience , contr ibué à couler l’industr ie nationale. Aujour d’hui encor e cette grande distr ibution accumu le d’énormes profits grâce aux impor tations en provenance de pays à bas coûts salariaux : en sept mois fin juillet) le prix du «Made in China» aura it baissé de 40% à l’impor tation selon l’Inst itut França is de la Mode (IFM). Simultanément , dans les rayons de distribution les prix n’aura ient diminué que de 1%.

 

Comment alors pourra it-on acce pter d’exonér er de tout effor t, de toute contr ibution de la distribution ?

Une énorme responsabilité des pouvoirs publics

Ils sont en effet responsa bles d’un quadruple point de vue.

  • Ils mènent une politique qui lamine le pouvoir d’achat des couc hes populaires et des couc hes moyennes salariées. La consommat ion en produits manufacturés a reculé de 0,6% en septembr e dernier.

  • Ils ont refusé d’organiser les coo pérat ions, les co-productions, les programmes communs de recherche, le partage des coûts . Pour tant c’était nécessa ire face à la pers pective de«Tsunam de la sor tie des quotas .

  • Au lieu de cela, au nom de l’emploi et de la lutte anti-délocalisation : on a encoura les com portements de gestion les plus rétr ogrades par la baisse des cotisations sociales patronales et les allègements d’impôts accentuant bas coûts salariaux et déresponsa bilisation sociale des entr eprises. Ils ont encoura la guerr e concurr entielle cou pe gorge entr e les fabricants : Olympia et Kindy qui, tous deux ont délocalisé, ils se sont refusés à inter peller l’Union européenne pour que des dispos itions exceptionne lles de prévention soient prises en pers pective du 1er janvier 2005 avec organisation des marchés, maîtrise des prix et réor ientat ion du cré dit avec la BCE (Cf : inter pellation adressée par Francis Wurtz au Président de la Commission Romano Prodi).

En réalité, il y a un échec catastr ophique des politiques de baisse du coût salarial de l’emploi comme moyen de lutter face aux délocalisat ions. Et il faut prendre la mesur e de l’insignifiance des résu ltats du contrat de site de 2003 ainsi que de ceux de la SODIE en matière de reclassement . Et aujour d’hui on cont inue d’encoura ger les délocalisation et l’enrichissement facile des actionnaires avec les bas coûts salariaux : nouvelles exonérat ions de cotisations sociales patronales, mesur e d’allègement de l’ISF dont devrait profiter Mme Jacquemar d, 4ème grande for tune de l’Aube, mais auss i de la taxe professionne lle On mesur e le caractèr e «poudre aux yeux» et démagogique du thème du «patriotisme économ ique» cher au gouvernement Villepin-Sarkozy qui œuvre en réalité dans le sens d’un déclin de la France . Ça suffit ! On ne peut pas laisser faire ! Les promesses non tenues pour faire acce pter les sacrifices sociaux, les renoncements nationau x, la concur rence cou pe-gorge entr e salariés eur opéens afin d’enrichir facilement les actionna ires, ça suffit ! Que veut-on en effet ? Il y a un déficit croissant du commer ce extérieur frança is : son origine n’est pas seulement la factur e pétrolière, mais auss i de plus en plus le déficit sur le commer ce des produits manufacturés , comme le textile-habillement . A-t-on décidé de devenir tota lement dépendant de l’étran ger dans ce domaine, alors que se joue dans les années qui viennent une révolution techno logique dans le secteur du textile avec, notamment , les textiles mano-structurés et tous les nouveaux textiles (biotextiles …). A quoi peut bien ser vir la créat ion de «R2ITH» (Réseau industr iel d’innovation du textile et de l’habillement) pour le partage des coûts de recherche si on encoura ge la déser tion du site frança is et européen. Ce n’est pas sur un champ de décom bres que l’on pourra créer du neuf! Mais en ressa isissant nos ca pacités humaines par l’essor de la recherche-développement , de la format ion tout au long de la vie pour chacun-e, par une montée en gamme et en valeur ajoutée des productions nationales en coo pérat ion.

 

Avec le nouveau projet on a droit à de nouvelles promesses mais pour faire quoi ?

Détru ire ce qui reste de production et de savoir faire à Romilly ;

Ouvrir plus le marché frança is de la chaussette aux productions délocalisées (Rouman ie, mais auss i à des productions concurr entes de celles de Jacquemar d-Olympia).

 

Ce projet est peu cré dible d’autant qu’il fait abstr action du fait que Romilly n’est pas désenc lavé. Surtout il est avancé à l’appui, une nouvelle fois, de suppr ess ions d’emploi et de deman des d’aide à la collectivité. Nous disons Non ! Nous refusons et nous appelons à refuser les licenc iements et les restructurat ions envisagées. Jacquemard a accumul é une énorme dette sociale par rapport au bassin d’emploi de Romilly, refusant des années durant de développer format ion et recherche. Les actionna ires doivent assumer cette dette sociale, au lieu de quitter le bateau après avoir tout fait pour le faire chavirer.

Le PCF propose :

  • Moratoire suspensif

  • Nous voulons un diagnost ic contra dictoire des difficultéset de leurs causes .

  • Nous voulons que le comité d’entr eprise puisse contr eproposer des solutions en cherchant à économ iser sur d’autr es coûts que les coûts salariaux.

  • Une Commissi on d’enquête devrait êtr e const ituée sur les choix straté giques et de gestion de la Société Jacquemar d (promesses non tenues , multiplicat ion des plans sociaux pour aboutir à une délocalisat ion tota le alors que des fonds publics directs et indirects ont été mob ilisés . Il faudrait que cette comm ission d’enquête, avec l’appui de la Commission de Contrô le des fonds publics mise en place par la région le 1er novembre, puisse faire une évaluation exhaust ive des fonds perçus depuis 1997 dernière année des chiffres ont été commun iqués en ce domaine au comité d’entr eprise par la direction). Et cela pour, finalement placer l’act ionna ire devant un choix : soit elle rembourse ces aides, soit elle acce pte de négocier sur d’autr es solutions.

  • Nous demand ons que la volume actuel de production des unités de Romilly soit maintenu afin de garantir l’emploi et son évolution éventuelle avec la formation, même si cela doit passer, dans l’imméd iat, par le rapatr iement d’une partie de la charge de travail délocalisée en Rouman ie. Ne faut-il pas envisager la créat ion par le Conse il régional à cette occas ion d’un Fonds Régiona l pour l’Emploi et la Format ion (FREF) ; Ce FREF contr ibuera it à alléger d’autant plus les charges financ ières de l’entr eprise que celle-ci maintiendrait les emplois et participerait à un effor t de format ion.

  • Bien sûr, le statu quo n’est pas tenable. Il faut une évolution. Pour cela nous deman dons la tenue d’une table ronde impliquant auss i grande distribution et banques. Il s’agit de traiter un double enjeu :

  • Au plan social : aucun salarié de Jacquemar d ne doit plus passer par le chômage en cas de restructurat ion ;

  • Au plan économ ique : le potent iel Jacquemar d doit contr ibuer à un ressaisissement du textile aubois et frança is.

AU PLAN DE L’EMPLOI :

Ceux dont l’emploi est appelé à dispara ître parce qu’on ne pourra it pas le modern iser doivent voir sécur iser leur parcours professionne l. Un dispos itif impliquant les actionna ires, la grande distribution, la Région et l’Etat devrait assur er le paiement des salaires avec mise en format ion. Ceux dont l’emploi peut êtr e sauvegardé et/ou modern isé doivent êtr e maintenus à l’effectif de l’entr eprise et mis en format ion, si néces saire, jusqu’à leur retour dans l’emploi modern isé.

 

AU PLAN ÉCONOMIQUE :

Le ressa isissement de l’industr ie textile en Champagne Ardennes et au moyen de coo pérat ions inter-régionales doit êtr e visée :

il faudrait un plan orsec pour la format ion ;

et il serait nécessa ire d’inter venir pour une mise en réseau des entr eprises permettant le développement des coo pérat ions nouvelles. Cela concernera it tout particulièrement Olympia et Kindy dans la chaussette , notamment en visant la mise au point et le développement de nouveaux produits et de nouveau procédés (chaussettes massantes , hydratantes , parfumées et pour quoi pas, demain, chaussettes médicales (bio-textile)

il s’agirait de mob iliser dans cette pers pective des moyens d’Oséo-Anvar mais auss i le Réseau Industr iel d’innovation du textile et de l’habillement pour le partage des coûts R&D et solliciter l’appui de l’Inst itut frança is du textile-habillement .

le FREF pourra it concour ir à mob iliser le cré dit banca ire dans ce sens .

Et on mesur e auss i la nécess ité de droits et de pouvoirs nouveaux des salariés et de leurs organisations représenta tives dans les entr eprises de la filière Textile-habillement .

 

Il faut de nou veaux choix de politique industr ielle en France et en Europe.

En France : Stopper la déroute nationale, faire reculer l’esprit de capitulation, mais sans revenir aux plans trad itionne ls d’aides, en pure perte, aux profits. Pour cela, nous disons qu’il faut se donner des objectifs chiffrés contra ignants de créations, de trans format ions d’emplois dans ces filières avec les format ions nécessa ires et à l’échelle des régions ayant cette vocat ion industr ielle. Et pour cela, il faut de nouveaux financements émanc ipés du marché financ ier.

En Europe : Il sera it nécessa ire de décréter , dans l’Union européenne , ce secteur en «état de crise manifeste» au lieu de se contenter d’un recours à la protect ion douanière, même si nous deman dons que, comme d’autr es produits, les chaussettes en provenance des pays émer gents soient cont ingentés . Il s’agit en effet d’organiser une maîtrise progressive des marchés et des prix en coo pérat ion, allant jusqu’à des coproductions/r echerche et format ion. Cela exige une réor ientation de la BCE et une mob ilisation sélective du cré dit favorable à l’emploi et à la format ion. Simultanément , l’Union eur opéenne devrait organiser de grands programmes de coo pérat ion avec les pays émergents du Sud et de l’Est et œuvrer à la tenue d’une Conférence mond iale impliquant une réor ientat ion de l’OMC et du FMI.

 

 

 

 

 

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