Alain Obadia
Les commun istes sont et seront aux premiers rangs de la bata ille pour empêcher qu’EDF ne soit bradée aux intérêts de quelques groupes financ iers , au détriment de
ses missions de ser vice public et de l’intérêt du pays. Tel est le sens de la mise en place des comités de défense d’EDF à l’initiative des élus, tel est le sens du meeting du 8 novembre à Jappy (voir encar t) visant à rassemb ler toutes les forces de progrès autours de cet objectif majeur.
En effet, traiter l’éner gie comme une banale marchandise est lour d de consé quences catastr ophiques pour l’avenir. L’éner gie, et singulièrement l’électr icité, est un des éléments les plus déterm inants pour le développement économ ique et social du pays. Sa gest ion implique une vision de long terme en ce qui concerne notamment la programmat ion des investissements , la mob ilisat ion de financements pérennes et tournés vers l’intérêt collectif, le développement d’un effor t de recherche indispensab le pour relever les défis d’une croissance de type nou veau favorisant l’épanou issement humain et sauvegardant l’avenir de la planète . Elle est un bien vital pour chaque personne et, à ce titre, le ser vice public doit êtr e garant de l’égalité d’accès pour tous et pour chacun , de l’équilibre terr itor ial, de la sécur ité d’appr ovisionnement , du respect de l’environnement . Dans la période actue lle, ces différents paramètr es ont un carac tèr e cruc ial.
La crise énergétique, structur elle puisque liée à la pers pective désorma is proche de la «fin du pétrole»implique une politique cohérente et volonta ire fondée sur des choix démocrat iques et non sur les logiques cour t-term istes et spécu latives des marchés.
Il en va de même pour le remplacement des moyens de production qui arr iveront à leur fin de vie, pour mettr e en œuvre les techno logies nouvelles indispensab les afin de se hisser au niveau des enjeux et pour l’effor t de recherche cons idéra ble qu’elles supposent .
Au plan européen, ces données voient leur impor tance multipliée pour, simplement , assur er l’équilibre entr e les besoins et les capacités de production. Et comment ne pas évoquer la nécess ité absolue de la coo pérat ion mond iale afin de porter remède à la situat ion intoléra ble du milliar d et demi d’êtr es humain privés d’accès à l’éner gie. Bref, ces enjeux impliquent que la France garde une maîtrise publique tota le sur EDF dont le rôle straté gique est plus grand que jamais.
Avec la démocrat isation de sa gestion ouverte aux salariés et aux usagers, c’est une con dition indispensab le pour opérer les choix et les investissements de long terme corr espondant à la meilleur e allocat ion des moyens. Comme on le voit, nous nous situons à mille lieues de la logique du recours au marché, de la concurr ence entr e opérateurs et de l’ouverture du capital au bénéfice de grands groupes privés qui anime le gouvernement frança is et les instances eur opéennes depuis la conce ption et la mise en œuvre des directives électr iques et gazières. Cette logique là porte en elle une trans format ion régress ive des gest ions des entr eprises concernées dans le sens du cour t termisme et de la recherche de dividendes maximisés pour les actionna ires privés.
Les faillites histor iques du trader ENRON et du système électrique californ ien, celle de Worldcom et de nom breuses entr eprises de télécommun ications, celle des chemins de fer britann iques sont là pour en témo igner. De même , les ententes oligopolistiques dans le domaine de l’eau ou dans celui des télécoms sont là pour donner une idée de la direction du processus envisagé. Loin d’avoir une incidence bénéfique sur les prix, elles laissent le champs libre à la logique spécu lative du marché.
Les entr eprises «éligibles» ayant opté pour la dérégulation en ont fait l’amèr e expérience subissant des hausses de leurs contrats de 30 à 35%. C’est tellement vrai que le «Consor tium des industr iels gros consommateurs d’éner gie» vient de deman der à … l’Etat «une garantie de modération des prix…»
Dans la logique du ser vice public, la fixation des prix est fondée sur les coûts de revient. Dans celle de la concurr ence, c’est le prix du marché. A ce petit jeu, les prix frança is évolueront irréméd iablement en for te hausse alors que nous disposons de l’immense avanta ge que nous confère le parc nucléaire et notr e capacité techno logique à le remplacer par de nouvelles générat ions de réacteurs dont l’EPR. De même, la financ iarisation mond ialisée con duit à des gâchis absurdes. En Europe, 90 milliards d’Euros ont été englout is en deux ans dans le secteur pour des opérat ions d’acquisition ou de fusion sans créer la moindre unité de production supp lémenta ire.
Il est envisagé l’achat par EDF d’un opérateur gazier (5 à 6 milliards d’Euros) et, symétriquement l’achat d’un électr icien par Gaz de France pour plusieurs milliar ds également . La concurr ence entr e ces deux ensem bles deviendra sévère, les libérau x de la Commission et d’ailleurs seront satisfaits, les augmentat ions de capital prétexte à l’ouver tur e au privé seront largement utilisées …à des opérat ions absurdes pour le pays et pour les usagers. Seuls les opérateurs financ iers s’en réjouiront ! Décidemment , le rappr ochement d’EDF et de GDF pour lequel nous nous battons est indispensab le ainsi que l’invers ion de cette logique catastr ophique !
Il est essent iel de rappe ler largement ces quelques éléments et de démontr er que l’ouverture du capital n’est ni nécessa ire, ni sur tout souha itab le.
Il est essent iel de rappe ler que les directives électr icité (et gaz également) qui sont à l’origine de ce processus font justement partie de ce qui a été refusé par notr e peuple le 29 mai avec l’ensem ble des politiques libéra les de casse des ser vices publics figurant en toutes lettr es dans le projet de Const itut ion européenne .
Il est essent iel de montr er qu’en restant fermes sur le développ ement des entr eprises publiques assurant des missions de ser vice public, nous nous donnons les moyens de répondr e aux besoins de la population et du pays.
Nous sommes convaincus de la nécess ité de donner une dimens ion eur opéenne à la politique éner gétique. Mais celle-ci doit êtr e fondée sur la coo pérat ion des Etats et des opérateurs et non sur la logique de la concurr ence prédatrice entr e les grands groupes industr iels et financ iers . C’est pourquoi nous voulons créer une agence européenne de l’éner gie dont le rôle sera it d’impulser et de coor donner cette coo pérat ion. S’app uyant sur une Banque centra le eur opéenne dont les missions devraient êtr e profondément trans formées au ser vice de l’emploi et du développement , elle pourrait contr ibuer à orienter les investissements nécessa ires pour relever les défis de l’avenir. Enfin, toutes les con ditions doivent êtr e crées pour que les salariés du ser vice public, les usagers et les élus puissent inter venir afin qu’à tous les niveaux, les décisions prises répondent en toutes circonstances à l’intérêt collectif. Les enjeux sont tels que les ambitions à se fixer doivent êtr e élevées.
Opposons les intérêts du pays, ceux de la construct ion d’un avenir de développement pour tous aux calculs mercant iles des puissants de la finance et des forces de l’abandon.
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