Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Schémas régionaux : nouveaux cadeaux pour les entreprises ou choix pour l’emploi et la formation

 

Alain Morin

 

La discussi on pour mettre en place des Schémas régionaux de développement économique (SRDE) s’engage :

  1. Sera-t-elle l’apprentissag e d'une élaboration maîtrisée par les travaill eurs et les citoyens, disposant des moyens d'analyse et d'intervention dans les institutions, dans le cadre d'un réel débat démocratique ou une tentative de leur faire acc epter autrement le projet de société que les français ont repoussé avec le non au référendum ?

  2. Le SRDE préparera-t-il un avenir des territoires fondé sur une sécurisation et une promotion de l'emploi et de la formation ou sera-t-il utilis é, au nom du dogme de l'attractivité, pour soumettre les potentiels humains et territoriaux aux exigences du capital financier ?

  3. Va-t-on se doter d’outils comme le Fonds régional pour l'emploi et la formation et la Commission de contrôle des Fonds publics aux entreprises proposés par les communistes afin de les responsabilis er sur l’emploi, modifier les rapports banques-entreprises ou bien va-t-on continuer à distribuer des cadeaux aux entreprises sans contrepartie pour l'emploi avec seulement des souhaits d'éventuelles retombées sociales ?

Dans le cadre des différents textes sur la décentra lisat ion la com pétence de la Région en matière de développ ement économ ique s’est renforcée : la loi
du 27 février 2002 confie le rôle de «chef de file» en matière d'aide aux entr eprises aux régions . La loi du 13 août 2004 propose aux Régions d'adopter un schéma régional de développ ement économ ique (SRDE) aux fins de coor dination des act ions de développ ement économ ique. Cette dernière insiste sur une concer tat ion qui doit êtr e menée par les Régions avec les dépar tements , les communes , leurs regroupements , les com pagnies consu laires préalablement à l’adoption du SRDE .
Le débat démocratique doit avoir lieu

Sur des quest ions concernant l'avenir de l'emploi et des terr itoires, il est décisif qu'un large débat assoc iant tous les acteurs concernés les salariés et leurs syndicats , les comités d'entr eprise, les élus de terra in et les assoc iationssoit organisé. Mais les obst acles ne manquent pas, et il faudra redoubler d’effor t pour qu’il ne se cantonne pas aux élites régiona les et éviter la marginalisat ion des acteurs de terra in dans ce débat.

Ainsi les premières sema ines de discuss ion montr ent com bien celui-ci est aujour d'hui monopo lisé par les représentants du patronat, de l'État, les experts et les élus dirigeant les conse ils régionau x, générau x et les agglomérat ions . Même, quan d une consu ltat ion plus ouverte est organisée, comme dans la région Rhône-Alpes, les syndicalistes sont rédu its à la portion congrue et les populations exclues.
Dans cer taines régions le débat, le suivi du SRDE risque même d'êtr e tota lement confisqué comme en Bourgogne où il est proposé «pour la gouvernance du SRDE et pour les phases de mise en oeuvre des actions, …de créer une structure de suivi et d'accompagne ment sous la forme d'une Conférence régionale des présidents composée du Préfet de région, des présidents des quatre départements, des présidents des cinq communautés d'agglom ération, du président du CESR, d'un représentant des organisations syndicales, des représentants des chambres de commerce et de l'industrie des chambres de métiers chambres d'agriculture, du président du comité régional des banques, d'un représentant des organismes de formation, d'un représentant des unités de recherche, et d'une ou deux personnalités qualifiées à titre personnel»(1). Dans le Nord Pas-de-Calais, «Un Forum pour développe ment économique régional» du même type sera mis en place et «pourrait se réunir annuellement (2).»

Or, en raison même de la gravité de la situat ion dans les régions , soulignée par les premières analyses publiées, tout montr e qu'il faut prendre le temps nécessa ire pour une appr opriation citoyenne des problèmes , comme pour la confrontat ion des analyses et des propositions. C’est ce qu’exprimait J.C. Delanoue , conse iller régional commu niste du Centr e dès le mois de février : «La richesse du contenu du SRDE et de ses anticipations dépendra de la qualité et de l'ampleur des débats: avec tous les acteurs de la vie économique : institutionne lle mais aussi de terrain, au plus près des préoccupations ; avec les entrepreneurs et les salariés, leurs représentants syndicaux, les comités d'entreprise, les élus locaux, d’agglom érations etc. ... »

Rassembler sur des alternatives réelles aux exigences du capital financier

Ce débat doit d’abord aborder la démar che du SRDE : Pour Jean Paul Huchon, président du conse il régional d'Île de France , «Il s'agit pour l'Île-de-France sur la base d'un diagnostic partagé de ses atouts et de ses faiblesses d'adopter une stratégie de développe ment, portée par l'ensemble des acteurs économiques et sociaux et susceptible de construire l'aven ir de la première région économique d’Europe continentale sur une base durable et solidaire» (4).

Or avec la démar che du «diagnost ic par tagé», que l'on retrouve dans toutes les régions , il s’agit de faire un état des lieux permettant de présenter une analyse consensue lle, dite «par tagée» entr e tous les représentants des com posantes sociales et politiques de la région. A par tir de cette analyse, l'éta pe suivante cons istera it alors à aller vers «l'affirmation d'une stratégie clairement identifiée et partagée pour le développe ment économique et social de l'Île-de-France» (5).

Mais sous la domination des forces patr onales et des idées libéra les, il s'agit de tenter de faire «par tager» aux salariés et aux populations des analyses et des propositions répon dant aux exigences du capital financ ier, des grands groupes. Comme l'expriment sans com plexe les Cham br es de commer ce et de l'industr ie du Nord Pas-de-Calais, principales par tena ires du Conse il régional «Définir un Schéma régional de développe ment économique, c'est favoriser le développe ment des territoires,… favoriser la compétitivité économique…, c'est donc avant tout aider l'entreprise et ainsi favoriser la création d'emploi» (6). Pour cette inst itution, «aider les entreprises signifie faire des efforts particuliers pour l'ensemble des PME/PMI qui permettent l'ancrage territorial des grandes entreprises et des entreprises leaders» (7) Ce qui nécess ite «la maîtrise de la fiscalité locale pour en faire un outil de compétitivité du territoire» (8) ainsi que 23 propositions (9) pour mener la guerr e économ ique dans le cadre de la mond ialisation capitaliste.

Tout comme il est nécessa ire de repousser ces prétent ions patronales, il faut critiquer l’illusion de J.-P. Huchon qui veut faire de l’Ile-de-France un «territoire pertinent pour la réussite économique au service du développe ment durable et de la cohésion sociale» (10). C'est-à-dire une démar che qui met le social à la remor que de l’économ ique, en réalité de l’économ ie de mar ché ca pitaliste . Cela n’est pas sans rappe ler le «Oui a l’économie de marché, non à la société de marché» de L. Jos pin.

Il faudrait ainsi prioriser la com pétitivité, c'est-à-dire sur tout avec l’exigence de renta bilité financ ière, de baisse du coût salarial de l’emploi, censée êtr e la plus efficace pour la création de richesses et, sur la base de ces richesses nouvelles, favoriser un partage plus favora ble à l’emploi, la cohésion sociale et au développement dura ble. Mais toute l’expérience des dernières décenn ies montr e qu’une telle démar che n’a abouti qu’à creuser le fossé entr e la production de richesses et la créat ion d’emplois. Avec les techno logies informat ionne lles soumises aux fins de renta bilité financ ière des capitaux, y com pris dans les ser vices, la croissance devient moins créatr ice d’em plois comme le montr e l’exemple de l’Île-de-France justement . C’est le constat que rappe lle l’APUR (11) «À l'image des économies des pays industrialisés, l’écono mie de l'agglomération parisienne est confrontée à une perte d'emploi chronique et à un taux de chômage très élevé, tandis que la richesse créée (notamment le PIB par emploi) continue de croître et que les valeurs immobilières atteignent des sommets» (12). (Voir enca dré)

Débattre du diagnostic :

Chaque SRDE aura à éta blir un diagnost ic de ses atouts et handicaps.
En région parisienne , les éléments recensés comme atouts sont le poids de la région en Europe en terme de production (4,5% du PIB de la zone euro et 29% de la France ), la productivité régiona le ( 25% des emplois salariés générant 29% du PIB national), le poids des activités ter tiaires, la première place de l'Île-de-France pour la valeur ajoutée industr ielle produite en France et comme région tour istique du monde , les secteurs de hautes techno logies comme l'automo bile, l'industr ie aéronaut ique, l'électr onique ou la pharmac ie, ses 125 000 chercheurs (41% des effectifs nationau x), un appareil de format ion initiale et cont inue de très haut niveau.

Par ailleurs une place toute par ticulière est faite à l’attract ivité régiona le : «L’Ile-de-France est aussi la deuxième région pour l'accueil des investissements directs étrangers. En effet, les enquêtes menées sur l'attractivité des principales régions européenne s confirment tous les atouts de l’Ile-de-France : l'importance du marché de consommateurs ... la qualité des infrastructures de transport, de logistique et de télécommunications, main-d'oeuvre qualifiée et particulièrement productive, potentiels de recherche élevé ainsi que sécurité de l'env ironne ment politique, économique et social» (14). Mais est-ce suffisant pour décréter l’Ile-de-France première région économ ique d’Europe comme le fait le document ? N’y a t il pas à discuter des critèr es sur lesquels fonder un tel jugement ? (15)

Faire sauter le tabou de la finance

Une impasse fondamenta le est faite dans le document du SDRE d’Ile-de-France comme dans toutes les autr es régions sur un atout essent iel pour le développement de la région, mais qui reste hors du champ de l'analyse et sur tout de l'inter vention des citoyens et des salariés : les ressour ces financières dispon ibles permettant d'impulser les activités et le développement des hommes les terr itoires.

Il y a un véritab le tabou sur les moyens financ iers mob ilisab les p our le d évelo pp ement d e la ré gion, sur les ressour ces financ ières des entr eprises, les ressour ces de l’épargne collectée en Île-de-France ou centra lisée dans ses ban ques , ses inst itut ions financ ières (Assurances , mutue lles,…) tout comme il y a tabou sur le cré dit mob ilisable pour l’emploi et le développement des hommes à par tir de ces ressour ces financ ières.

L’ana lyse critique de l’utilisat ion actue lle de l’argent en Ile-de-France mod ifiera it profondément la donne . Il apparaîtra it que les cré dits et les ressour ces financ ières sont aujour d'hui largement gâchés dans l'expor tat ion de capitaux, la spécu lation immob ilière, les opérat ions bours ières, les placements financ iers , les rachats d'entr eprise à l’étran ger ou en France ou le rachat de leurs propres actions par les grands groupes.

Du cou p, l'obsess ion permanente sur l'attract ivité des capitaux étran gers pour développer la région alimentée par l’occultation de ces gâchis, s’en trouverait fortement relativisée.

En effet, il faut mesur er à quel point ce choix prioritaire de l'attract ion des capitaux étran gers est ambivalent, voire dangereux. En effet celle-ci passe , d’une par t, par l’acce ptat ion de leurs exigences de taux de renta bilité financ ière insu pportable, de l'ordre de 15 à 20% au détriment de l’emploi et du développement de toutes les capacités humaines. Ce choix, d'autr e par t, pousse la logique désastr euse de la mise en concurr ence des régions frança ises entr e elles, voire à l’intér ieur même de ces régions entr e les terr itoires, pour att irer ces capitaux.

D'ailleurs , cette surenc hère sur ce thème se retrouve dans nom bre de régions , ainsi en Bourgogne les documents préparato ires du SRDE préten dent qu’ «Une partie de la réponse aux difficultés économiques locales passera par le développe ment exogène (… ) avec l'ambition de passer d'une dizaine de projets accueillis en 2004 à près d'une vingtaine d'implantations nouvelles en 2007, soit près d'un doublement en trois ans» (16).

Relever le défi du déclin des régions :

Dans le recensement des faiblesses et des handicaps, la gravité de la situat ion économ ique et sociale des terr itoires s’exprime par tout avec force :
En Rhône Alpes : «La situation actuelle liée à la mondialisation n'autorise plus un parti pris optimiste; l'accent mis sur les menaces existantes ou à venir doit aussi jouer un rôle d'aiguillon, de stimulant pour relever les challenges» (17).

Dans le Nord-Pas-de-Calais le document constate «qu'en 2005, la reconversion économique n'a pas entièrement eu lieu. La région reste marquée par un chômage élevé, des revenus par habitant plus faibles que la moyenne nationale. Néanmoins, la région ne s'est pas pour autant "effondrée "»(18).

Pour l’Ile-de-France , où le taux de chômage a dépassé celui de la métr opole, J.-P. Huchon constate la fragilité de cette région en raison, notamment , de l’ambivalence de la présence des grands groupes internat ionau x en Ile-de-France : «La région est très ouverte sur l'économie mondiale, avec la forte présence de grands groupes…Cette dimension internationale qui fait la force de notre région peut cependant aussi représenter un risque de fragilisation si des réponses aux enjeux de la mondialisation ne sont pas construites collective ment».

C’est le même constat qui est fait en Rhône Alpes : «La part des capitaux étrangers dans le contrôle des entreprises régionales s'est accrue significative ment en particulier dans l'industrie (1 / 3 de l'emploi salarié). Cette situation confronte les sites de la région à une stricte logique de performance financière principalement orientée sur le court terme. Cette situation peut contribuer à mettre en jeu, leur présence durable sur le territoire régional» (19).

Ces constats ne sont pas sans contra diction : alors que l'on perço it les risques d'une soum ission de la région à la domination des multinationales, va-t-on se résigner à une fuite en avant dans leur attract ion en mettant les hommes et terr itoires en conformité avec les attentes des multinationales ou chercher des alternat ives ?

Va-t-on comme le précon ise J.-P. Huchon avancer vers des solutions d’ins piration «blairiste» (voir enca dré, ci-contr e), c'est-à-dire sociales et modernes en apparence , mais d’inspiration libéra le sur le fond ou tenter de prendre du recul ? Ainsi avant de s’engager plus loin dans cette voie, le SDRE du Limous in s’interr oge sur les raisons qui motivent les entr eprises à s’insta ller dans la région, sur l’impact et le bilan pour l’emploi. (20)

Pour un développement économique durable et solidaire : faire reculer la rentabilité financière

Parmi les intent ions exprimées dans le projet de SDRE d’Ilede-France , il y a celle de «faciliter le développe ment de la coopération entre les entreprises et notamm ent entre les grandes entreprises donneur d'ordre et le tissu de PME soustraitantes» (25). Mais pour cela, il sera it nécessa ire de faire monter le besoin d’un changement rad ical dans la natur e des rappor ts entr e les groupes et les sous-traitants .

Va-t-on permettr e que se pérennisent et s’aggravent les pratiques meur trières des groupes cons istant à la mise en concurr ence systémat ique des sous-traitants sur le terr itoire comme à l'éc helle mond iale ou des coo pérat ions tous azimuts à long terme , des projets communs et des par tages de coût et de résu ltats de rec herche entr e les donneurs d'or dres et leurs sous -tra itants ser ont-elles favorisées ?

Toutes les précon isations exposées par J.-P. Huchon suppo sera ient «une stratégie offensive de spécialisation et d'excellence et dans le même temps la préservation d'un appareil productif plus traditionne l, au demeurant porteur d'innova tion lui aussi» (26) .

Développer autrement l'emploi, des compétences et des talents ?
Au nom de l’emploi, c’est l’employabilité à la Blair qui est préconisée par J.-P. Huchon. «Dans une région fortement orientée vers les
activités à forte valeur ajoutée et connaissant un taux de chômage comparable à la moyenne nationale (alors qu'il lui était structurellement inférieur jusqu'à la fin de l’année 2001), les questions de la qualification de la population active, du pourcentage de la population effectivement active comme de l'adaptation de l'appareil de formation aux besoins en emplois sont évidemment prioritaire» (21).

Mais le développement de l'emploi, ainsi conçu , cherche à accr oître
non pas le nombre des emplois pour répondr e au défi n°1 de la région : ses 10,2% de chômeurs mais la force de travail dispon ible et qualifiée pour les groupes sous le chanta ge permanents de leur délocalisation. Alors qu’il faudrait que le schéma recense , entr eprise par entr eprise, bassin par bassin, les besoins d’emploi et de format ion et programme sur 5 ans les objectifs annue ls de créat ions d’emplois et de mises en format ion. Si la qualification de la population active et l'accroissement de cette dernière sont énoncés comme des priorités, la quest ion de l'inser tion de ces salariés dans des emplois stab les, à temps complet et corr ectement rémunérés est tota lement ignorée ainsi que les responsa bilités des entr eprises dans la format ion comme dans cette inser tion. Pour cela, des conventions entr e les collectivités, les organismes de format ion avec les entr eprises pourra ient exiger un par tage de la charge de format ion et l’inser tion en emploi stab le des personnes formées à la deman de des employeurs . De même, on constate un nombre mass if de sor tie de jeunes du système scolaire sans qualification. On ne propose rien pour traiter ce problème.

Pourquoi, comme le montr e l'exemple de la Finlande, ne pas chercher à éra diquer les échecs scolaires, dès le plus jeune âge, les risques d'échec en mettant les moyens financ iers et humains pour un tel objectif ? Ce qui nécess itera it de remettr e en cause le blocage des dépenses publiques et le Pacte de stab ilité. Au lieu d'aller
dans cette voie, cer tes coûteuse et exigeante , on préfère «mobiliser
l'ensemble des dispositifs vers l'objectif de formation tout au long de la vie devant permettre le développe ment et le maintien de la qualification individuelle ... pour aller vers l'objectif de la certification…»
On s’inscr it ainsi dans la logique de l'employabilité permettant de répondr e aux exigences ponctue lles des employeurs . «Cet enjeu de la qualification de la main-d'oeuvre francilienne est encore
renforcée par les départs en retraite massifs prévisibles à compter de 2005 (…) l’économie francilienne risque de connaître sous peu une période de turbulences accrues à laquelle il conviendra d'être préparé le mieux possible» (23) nous prévient le document .
Ces départs en retraite risquent de pousser «nombre d'entreprises à se réorganiser en profondeur» (24). Ce qui signifie des risques de délocalisation ou le recours à une main-d'oeuvre étran gère propices à de nouvelles fuites en avant dans la recherche de baisses de coûts salariaux et de concurr ences destructr ices . Là encor e, la responsab ilité sociale des entr eprises doit êtr e posée .

Ne faudrait-il pas, au contra ire, recenser en amont , dans toutes ces entr eprises, avec les salariés et leurs organisations syndicales, les besoins en emplois et en format ion pour affronter ce défi ?

Au lieu de mettr e à la dispos ition des chefs d'entr eprise un stock disponible de salariés formés mob ilisables et jeta bles à la deman de, il s’agit de constru ire une sécur ité d'emploi ou de format ion sans ruptur e de droits et de revenus , une mob ilité ascens ionne lle sans passa ge par le chômage et tota lement maîtrisé par les salariés.

Mais la straté gie privilégiée des pôles de com pétitivité avec l’objectif de «travailler efficacement et de façon coordonnée à accroître l’attractivité de l’Île-de-France en étant notamment capable d’identifier secteurs prioritaires» (27) renforçant la cou pure entr e les terr itoires for tement dotés au détr iment des autr esaura-t-elle «des effets d’entraînement importants pour les activités déjà implantées» ? (28)

On peut en douter d’autant plus que les évolutions inst itut ionne lles en cours vont affaiblir le rôle et les moyens de l’Etat et de l’Europe pour rédu ire les désé quilibres entr e les terr itoires, avec notamment «le désengagement progressif de l’Etat des contrats de plan Etat-Région au bénéfice d'une contractualisation globale avec les régions avec appels à projets (pôles de compétitivité etmétropole), la fin de la prime d'aménagement du territoire et la suppression des zonages (2006 ), la révision des fonds structurels : suppression des zonages au profit de thématiques clefs «croissance, compétitivité et développe ment durable» sur la base de plans de développe ment pluriannuel (2007), la fusion ANVAR et BDPME» (29) .

Cela va auss i à l’encontr e de l’évolution de l’organisation du terr itoire au ser vice du marché telle que l’explicite une étu de pour le débat sur le SRDE des Pays de la Loire dans le schéma ci-dessous :

Comment positionne r les acteurs chef de file vis-à-vis des échelles de développement économiqu e ? (30)

La finalité actue lle du projet de SRDE semb le se résumer au sout ien financ ier aux entr eprises et aux activités écono miques ainsi qu’à l’environnement des entr eprises pour favoriser leur com pétitivité.

Cela passe par exem ple en Ile-de-France par la volonté de : «consolider des activités de filières prioritaires, définir les modalités de soutien de ces filières, les articuler avec les pôles de compétitivité, anticiper et accompagner les filières émergentes, traiter la question de la solvabilisation de la demande sur les nouveaux besoins économiques, définir des plans concertés sur certaine s priorités tran sversales (création /reprise d'entreprise, innova tions, développe ment d'entreprises à potentiels, export, mutations économiques, l'intelligence économique, économie sociale et solidaire...); Ces approches transversales et sectorielles... supposent la mise au point le renforcement d’outils diversifiés : aide aux Conseils, financement d'inve stissements et financements structurels, aide au recrutement, conven tions d'affaires.» (31).

Il s'agit en fait de souten ir l'act ivité et les entr eprises, notamment en utilisant les aides mass ives avec les fonds publics avec l'illusion que l'emploi suivra. Ce que toute l'expérience de la dernière décenn ies infirme, en raison de l'explosion de la productivité liée à la révolution informationne lle sous domination de la renta bilité financ ière permettant des économ ies mass ives de tra vail (vivant comme passé) et em pêc hant les créat ions spontanées d'emploi.

L’exigence de Fonds régionaux efficaces pour l’emploi

C'est pourquoi, il est nécessa ire de mettr e en débat une tout autr e appr oche priorisant les créat ions d'em plois et le développement des format ions en mob ilisant les ressour ces dispon ibles (fonds des entr eprises, fonds publics,) dans le cadre de projets d'invest issements créateurs d'em plois qualifiés.

C'est toute la démar che sous-tendue pas la mise en place de Fon ds régionau x pour l’em ploi et la format ion (FREF) : Plutôt que de gâcher l'argent dans des aides publiques aux entr eprises sans exigences de créat ion d'emplois, il s'agit de l'affecter progress ivement à un Fonds, dont la mission cons istera it, avec l'argent public, à favoriser le cré dit des banques de la région pour des invest issements les plus créateurs d'emplois et accom pagnés de format ion et à contrô ler les résu ltats .

La FREF pren drait d'autant plus à sa charge les intérêts payés au banques par les entr eprises sur les cré dits finançant leurs invest issements que ceux-ci programmera ient plus de créat ion d'emplois et de format ion. Il contr ibuera it à garant ir les cré dits ainsi affectés . Avec des abaissements de charges financ ièr es , le cré dit des ban ques permettra it de commencer à mod ifier les gest ions des entr eprises pour réa liser des objetifs sociaux, moyennant une autr e efficac ité fon dée sur la qualificat ion de l'em ploi.

Le conse il régional d'Île-de-France en décidant la créat ion d'un Fonds régional d'invest issement et de développement pour l'emploi et la format ion (FRIDEF) en 2005 va-t-il s'engager sur cette voie ou va-t-il détourner de son objet cet out il pour en faire un nou veau vecteur pour cont inuer à faire toujours plus de cadeaux aux patrons sans contr epartie en emplois ?

C’est un enjeu essent iel pour l’avenir de l’efficac ité du rôle que sont app elés à jouer les Conse ils régionau x dans le doma ine de l’em ploi.

Comme le sou lignait J.-C. Delanoue : «Le SRDE peut contribuer à doter la région d'une véritable visée stratégique fondée sur une logique de développement cohérent durable, qui place au coeur de ses finalités le progrès des homm es et des territoires notamment par l'e mploi qualifié et stable, la formation tout au long de la vie, la recherche et l'innova tion. Tout en se gardant bien de libérer l’Etat de ses obligations, la Région peut être un niveau pertinent pour aborder les problèmes liés à la mondialisation, construire des outils à contrecarrer les dérives libérales et ultra libérales, et contribuer à promouvoir des relations écono miques nouvelles fondées sur la coopération» (32).Ÿ

Méthodologie et propositions d’une première version du SRDE Bourgogne p 47
SDRE.Nord Pas de Calais. Document d’orientation p 9
Intervention à la séance du conseil régional du Centre du 4 février 2005
Exposé des motifs p 9
Exposé des motifs p 14
Contribution de la CRCI du Nord Pas de Calais au SRDE
idem
idem
La chambre de commerce décline 23 propositions totalement consacrées à l'organisation du territoire pour favoriser l'attraction de capitaux, la rentabilité des entreprises, la mise au service des grands groupes des réseaux de sous-traitance et des territoires. Les seules propositions évoquant l'emploi sont caricaturales, puisqu'il s'agit, en fait, de la mise à la disposition des entreprises d'un stock de salariés formés, compétitifs, disponibles [et jetables] en fonction des besoins des entreprises. LES PROPOSITIONS ESSENTIELLES :
Proposition 4 :
Aider les PME/PMI à s'internationaliser vers des pays ciblés, pour l'importance de leur marché (exemple de. Japon, Allemagne), leur potentiel de croissance (exemple Chine, de, Russie)...
Amener de nouvelles entreprises à cette démarche d'internationalisation sur des destinations plus proches.
Propositions 5 :
Garantir les effets d'entraînement et l'intégration du plus grand nombre de PMI/PME dans les
«pôles de compétitivité», de compétence ou d'excellence,...
Propositions 6 :
Dupliquer, pour ne pas des déséquilibrer le territoire, la méthodologie «pôle», c'est-à-dire, associer une grande entreprise ou une entreprise (laboratoire) leader à des PME/PMI dans une démarche d'innovation et d'internationalisation, pour tous secteurs d'activité.
Proposition 21 :
Faire de la formation continue un outil flexible pour les salariés et les dirigeants, adapter les formation aux besoins des entreprises.
Propositions 23 :
Accroître l'employabilité des jeunes grâce à la formation en alternance, notamment pour l'apprentissage, et répondre ainsi aux difficultés de recrutement d'un plus grand nombre   d'entreprises.
10    Exposé des motifs p 9
11    Atelier parisien d’urbanisme
12     Extraits de la «Note de 4 pages» publiée par l'Atelier parisien d'urbanisme 17, boulevard Laon   Paris http : //www.apur.org
13    Idem
14    Exposé des motifs SDRE Ile de France p 11
15    Il faut en premier lieu s’interroger sur les critères qui ont prévalu au classement plaçant l’Ile de France comme «première région économique» : S'agit-il du produit intérieur brut de la région ? Du produit intérieur brut par habitant ? Mais des critères comme ceux de la valeur ajoutée revenant aux salariés et aux populations du territoire francilien, ceux mesurant le traitement ou le développement des ressources humaines comme le taux de chômage, le taux d'emploi, l’ampleur de la précarité sociale et de l’emploi, le niveau de qualification, d'éducation, ne devraientil pas être aussi au centre d’une réelle évaluation et comparaison entre les régions françaises et européennes? Sans doute un classement sur de telles bases modifierait la donne !
16    Méthodologie et propositions d’une première version du SRDE Bourgogne p 19
17 SRDE, Document d’étape. Juin 2005. p 11. Site du Conseil régional de Rhône Alpes
18  SDRE.Nord Pas de Calais. Document d’orientation p 4
19  SRDE, Document d’étape. Juin 2005. p 11. Site du Conseil régional de Rhône Alpes
20    Accueillir des entreprises, des investissements et des emplois : Peut-on identifier des stratégies de la part des entreprises porteuses de projets ? Existe-t-il des critères spécifiques qui président au choix de l'implantation de ces activité. Fiche n° 7 : Lancement de la concertation régionale. Appel à contribution p15. Site du Conseil régional.
21    Exposé des motifs. SRDE Ile de France p 13
22     Exposé des motifs. SRDE Ile de France p 13
23      Exposé des motifs. SRDE Ile de France p 13
24    idem p 13
25     idem p 14
26     idem p 14
27      idem p 14
28      idem p 14
29      Restitution de l'étude sur les aides économiques par Bernard Brunhes consultants. SRDE Pays de Loire
30    Idem
31   Exposé des motifs. SRDE Ile de France p 16
32    Intervention de J.-C. Delanoue à la séance du 3 février 2005 du Conseil régional du Centre.

 

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