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Présidence de l’Europe : Blair sort le karcher ultra-libéral

roiq ue des institutions eur o pée nnes

Rosa Moussaoui

 

Le 23 juillet dernier, en présentant aux Eurodé putés les grandes lignes de la présidence britannique de l’Union européenne, effective depuis le 1er juill et dernier, Blair a revêtu le costume de «modernisateur» d’une Europe «en mal de leadership». Et s’est fait l’avocat d’un projet ultra-libéral totalement décomplexé. L’hôte de Downing Street, en osmose totale avec les objectifs de la Commissi on européenne, entend bien saisir l'occasion de cette présidence pour imposer ses vues et pousser le plus loin possibl e les projets libéraux déjà en gestation.

 

Après une longue explication sur le blocage britannique qui a con duit à l’échec des négociations sur les pers pectives financ ières une semaine auparavant,

Tony Blair a appelé à «engager un processus qui aboutisse à un budget rationne l», c'est-à-dire faisant une part plus grande aux dépenses de format ion, de recherche et développement , qu'il veut directement connectées au «business».

 

À ceux qui en douta ient, Tony Blair a profité de cette intervention pour se dépeindre en «un pro-européen passionné», se défendant de vouloir rédu ire l'Europe à un grand marché. Point clé de son argumentat ion : il n'y aura it pas, d'un côté , les enra gés du libre-éc hange et, de l'autr e, les tenants d'une Europe politique et sociale. «L'Europe politique, économique, sociale ne relève pas d'espaces distincts, ce sont des dimensions complémentaires», a-t-il affirmé. Ceci posé, le premier ministre britann ique s'est livré à l'inventa ire des défis que doit, selon lui, relever l'Europe.

Mondialisation, montée des puissances émergentes : pour lui, les réponses sont dans l'adaptation, la com pétitivité et la concurr ence, doublées d'un net renforcement du partenar iat avec les États-Unis. Habile, Tony Blair enten d s'appuyer sur l'aspiration au changement qui explique, de son point de vue, l'échec des référendums frança is et néer landais sur la const itution européenne : «Le problème ne porte pas sur l'idée de l'Europe, mais sur sa modernisation pour améliorer la vie des citoyens. Les gens sont en train de tirer la sonne tte d'alarme! Allons-nous leur répondre Et d'entonner une petite musique qui n'est pas sans rappe ler celle que joue Nicolas Sarkozy en France : «Quel est ce modèle qui laisse 20 millions de chômeurs sur le carreau ? Je suis pour un modèle social européen . Mais un modèle qui fonctionne .

Il s'agit en fait, pour le premier ministre britann ique, d'appliquer les recettes dont les résu ltats en Grande-Bretagne font sa fier té, pour autant qu'il passe sous silence l'explosion de la précar ité et du nom bre de tra vailleurs pauvres que dissimule mal un taux de chômage officiel de 5%. Il s'agit d'êtr e «concurr entiel dans la mond ialisat ion», d'accr oître la flexibilité, et d'en finir avec «les réglementat ions qui protègent cer tains emplois au détriment de la créat ion de nom breux emplois dans l'avenir».

Pour concrét iser ces objectifs, il propose «l’applicat ion effective de l'agenda de Lisbonne », qui précon ise précisément ce type de politique et préten d faire de l'Union européenne l'économ ie la plus com pétitive du monde à l'horizon 2010.

Autres priorités de la présidence britann ique : aboutir sur les directives Bolkeste in et temps de tra vail. Venu autant pour une opérat ion de commun ication que pour un discours politique, le premier ministr e britann ique s'en est tenu aux grandes lignes de son projet. Son ministre des Finances , Gordon Brown, en avait dévoilé les déclinaisons dès le 26 mai dernier. Au menu : réformes du marché du tra vail, libéra lisation tota le du marché de l'éner gie d'ici 2007, réduct ions des aides publiques, jugées préjudiciables à la concurr ence, créat ion d'un marché financ ier transat lantique, etc.

Des orientat ions libéra les du même goût que celles rejetées le 29 mai dernier en France , dont on voit mal comment elles pourr ont réconc ilier l'Europe et les citoyens.

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