Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Pour une union populaire agissante

d itori a l

 

EDITORIAL

 

Por par l’ensem ble des salariés et les couc hes populaires, le "non" majoritaire des frança is au référendum du 29 mai dernier ouvre une période nouvelle. Certes, rien n’est réglé, mais tout est ouvert. Les potent iels pour des rassemb lements trans formateurs en France

et en Europe sont cons idéra bles. C'est que, loin d'être anti-européen, ce vote exprime, au contra ire, le besoin d'une autr e construct ion européenne et d'une mise en cause des politiques ultral-libérales à l’œuvre dans la construct ion actue lle. Et pour cause , le premier motif du «non» c'est le rejet du chômage avec l'as piration à une sécur isation de l'emploi. Cela est anta goniste avec la domination du marché financier et donc l’orientat ion, les missions et les statuts actue ls de la Banque centra le européenne (BCE).

 

Jacques Chirac répond par une double forfaitur e.

 

Au plan européen, le 16 juin dernier au sommet de Bruxelles, il invite ses par tenaires à poursu ivre le processus de ratification. Pour tant le vote des frança is et des néer landais rend caduc le projet de traité const itutionne l. Tout doit donc êtr e fait pour obtenir une nouvelle discuss ion pour un autr e traité à par tir de vastes consu ltations populaires qui en élaboreraient les axes essent iels.

 

Au plan national, Jacques Chirac fait produire par son nouveau premier ministre un plan qui redouble dans la démolition du Code du travail, la mise en concurr ence des salariés, la chasse aux chômeurs , les cadeaux, en pure per te, au patronat par de nouvelles exonérat ions de cot isations sociales patr onales favorisant les bas salaires.

 

Ce dispos itif, qui va coûter au moins 4,5 milliards d'eur os, au contr ibuable sera it principalement financé par redéploiement budgétaire, au détriment des dépenses de santé , d'éducat ion, de logement social... Il va accentuer les graves difficultés de la croissance frança ise en aggravant l'insécur ité sociale, l'insuffisance de format ion et la faiblesse des salaires, en encou rageant le placement des profits accrus sur le marché financ ier, les exportations de capitaux.

 

Le Premier ministre a deman cent jours aux frança is pour le juger. Cela coïncide avec le lancement d'une discuss ion budgétaire pour 2006 qu'il enten d enfermer dans le cadre du pacte de stab ilité : les dépenses de l'Etat ne devront pas croître en volume avec, notamment , la suppr ess ion de plus de 5000 postes de fonct ionna ires, en par ticulier dans l'ense ignement Mais cette échéance va auss i coïncider avec la rentrée scolaire et sociale. La protestat ion contr e le rationnement des moyens pour l'école, l'hôpital, le logement social peut faire jonct ion avec le refus des licenc iements et délocalisations, la colère des précaires et des chômeurs , le ras-le-bol des salaires insuffisants .

 

Il n’est pas quest ion de trê ve. Ce pouvoir discréd ité enten d passer outr e la volonté populaire. Tout de suite cela appelle une mob ilisation multiforme pour imposer des reculs immédiats et ouvrir la voie d'une alternat ive de progrès en France , en relation avec une autr e construct ion de l’U.E. C'est dire s’il faut que le rassemb lement à gauche qui s'est esquissé pour le «non» le 29 mai dernier se conso lide, s'élargisse, y compris à ceux qui ont voté oui avec des réser ves au plan social. Il doit aider à résister et à riposter en faisant prendre en mains par les gens euxmêmes des exigences précises, audacieuses , cohérentes de trans format ion, ouvertes à leurs inter ventions.

 

Laurent Fabius a décidé d'engager le débat à gauc he avec ses propositions. Proclamant le droit pour chacun d'accé der à

«un emploi, un logement, un savoir», il reprend le mot d’ordre de «Sécurité sociale professionne lle». Cependant, il s'agit, précise-t-il, de «prévoir des transitions protectrices pour chaque salarié entre les périodes de formation, d'emploi et de chômage». Il veut se distinguer de tous ces dirigeants politiques qui, jusqu'au PS, refusent de répondr e à la montée de cette grande aspiration à une sécur isation de l'emploi, de la format ion et de tous les moments de la vie. Mais il recule déjà sur l’exigence d’éra dication gradue lle du chômage par une promotion hardie du modè le social.

 

Comment êtr e à la hauteur de la gravité de la crise européenne et nationale ? Voilà la quest ion. Il ne s'agit pas, en effet, de recommencer à échouer, comme avec Franço is Mitterrand . Les leçons de l'expérience appellent au respect de deux exigences :

 

PREMIÈRE EXIGENCE : une hardiesse de la novation ar ticulant objectifs sociaux élevés, con quête de pouvoirs et moyens financ iers .

 

Hardiesse des objectifs sociaux d'abord.

L'heure n'est elle pas à l'éra dication gradue lle du chômage au lieu du maintien de son principe, fusse dans la visée dite du «plein emploi» le pérennisant, que la nouvelle présidente du MEDEF, elle-même , Laurence Parisot a revendiqué ? Avec les nouvelles techno logies si économes en travail et la concurr ence mondialisée, sans con quêtes sociales fondamenta les par rappor t aux gestions capitalistes , la conser vation d'un volant de chômeurs entra îne, en effet, une précar isat ion sans cesse relancée . Comme le montr e la «flexsécur ité» du Danemar k, ce n’est pas la solution : tand is qu’un quar t des tra vailleurs passe tous les ans par le chômage, celui-ci remonte désorma is.

 

Avec la révolution informat ionne lle, l'éra dication progressive du chômage est nécessa ire et possible.

 

C'est pour cela que le PCF propose d'engager la construct ion d'un système de Sécur ité d'emploi ou de format ion. Une fois achevé, il permettra it, pour chacun-e, une mob ilité choisie, dans la sécur ité de droits et de revenus relevés, entr e emploi stab le et corr ectement rémunéré et format ion pour un meilleur emploi. Plus jamais changer de situat ion signifierait risque de tomber dans le chômage. Tout de suite, on peut agir dans ce sens : au côté des chômeurs pour leurs indemnisations et le retour à un emploi choisi ; au côté des précaires pour des emplois stab les et corr ectement rémunérés ; aux côtés des salariés confrontés aux licenc iements et restructurat ions pour des morato ires suspens ifs des licenc iements et le droit au maintien dans l'emploi modern isé ou à un reclassements choisi. Tout de suite, on peut exiger, pour cela, des objectifs chiffrés de créat ion et de conversion d'emplois dans les régions, en France , en Europe .

 

Hardiesse de la démocratie : au-delà de la démocrat ie représentat ive à régénér er, il faut une démocrat ie participative et d'inter vention. Dans les entr eprises et les bassins d'emploi, jusqu'à l'échelle nationale et européenne , des pouvoirs de contrô le, d'évaluation, de suspens ion des projets contesta bles et de contr e-propositions des salariés et des citoyens sont à conquérir dans les ser vices publics, les entr eprises, les localités.

 

Hardiesse des moyens financiers enfin. C'est le cœur de la domination du capital, la quest ion la plus essent ielle mais la plus esquivée. Toutes les forces conser vatrices voudraient garder les orientat ions de la partie III du projet de Traité rejeté, incluant le rôle de la BCE pour la domination du marché financier. Pour tant , le refus de cette partie III est au cœur du «non» majoritaire au référendum. En proposant de centr er les discuss ions pour un nouveau traité «autour des institutions, des valeurs et de la charte des droits» parce que «l'ancienne partie III ne pourra pas conduire à un accord...» Laurent Fabius n'esquive-t-il pas cette quest ion d’une mise en cause radicale du rôle de la BCE ? Car, comment réaliser des objectifs sociaux novateurs sans changer l'utilisation de l'argent des entr eprises, des banques, de l'État, de l'Union européenne ? Une baisse généra le des taux d'intérêt ne ser virait qu'à rendre le cré dit plus facile pour la Bourse et la spécu lation immob ilière, contr e l'emploi et les qualifications.

 

C'est pour cela que le PCF propose que la politique de taux d'intérêt de la BCE, «refinançant » les banques ordinaires, soit sélective : le refinancement des cré dits banca ires sera it d'autant moins coûteu x que ces cré dits ser viraient à des investissements à long terme avec des taux d’intérêt d’autant plus abaissés que sera ient programmés plus d'emplois et de format ions efficaces . Et, au lieu de se résigner aux restr ictions du pacte de stab ilité, exigeons un Pacte de progrès et auss i que la BCE soutienne, par créat ion monéta ire, une relance concer tée des dépenses publiques utiles (santé , éducation, logement ...) sous le contrô le décentra lisés des salariés, des citoyens, de leurs élus.

 

Tout de suite, le PCF appelle à l‘action pour la créat ion de Fonds régionau x pour l'emploi et de la format ion (FREF). Alimentés par le budget de chaque Région, ils prendraient en charge une partie des intérêts versés aux banques par les entr eprises sur les cré dits finançant leurs investissements à long terme à proportion des emplois et des format ions qu'il programmeraient. Ces FREF seraient des fondations utiles pour créer un Fonds national (ut ilisant les fonds publics gâchés pour les cadeaux au patronat et sans exigence en emploi) et un pôle public financier. Ensem ble ils pèser ont sur le BCE en contr ibuant à réaliser les objectifs d'emplois décidés par tous les acteurs .

 

SECONDE EXIGENCE : c'est la prise en main par les salariés et les citoyens eux-mêmes des solutions à faire avancer dans une démocrat ie participative en actes . La délégation à des arran gements de sommet loin de l'inter vention des populations, c'est l'échec assuré .

 

C'est la raison pour laquelle le PCF appelle à la tenue de forums pour le débat et pour l’action, pour la co-élaborat ion d'un véritable programme « d'Union populaire » agissant pour la trans format ion en France et en Europe. Cette « Union » agissante doit êtr e ouverte aux propositions et au contrô le des travailleurs et des citoyens et non déléguée en maintenant le présidentialisme de la Vème République.

 

Galilée

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