Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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C.S.I.: quand tous les syndicalistes tentent de se donner la main

Michel Robure

L’élan créateur de la victoire contre le nazisme avait conduit à la constitution de la Fédération syndicale mondiale. Elle réunissait alors les organisations syndicales de nombreux pays. Les syndicats chrétiens demeurant organisés dans une internationale séparée.

Les manœuvres du gouvernement les Etats-Unis, les appuis qu’il trouvera dans la social-démocratie engendreront une scission qui affaiblira fortement les capacités du mouvement syndical à l’échelle internationale tout en confortant les divisions perpétrées (au prétexte du plan Marshall et du positionnement des communistes) dans plusieurs pays, en France et en Italie notamment. La FSM amputée d’un certain nombre de ses membres va continuer d'exister. La CGT, comme la CGIL qui en restent membres critiqueront son action, l'alignement des Syndicats des "pays du socialisme réel" [qui y exercent une influence dominante] sur la politique de leurs Etats. Finalement, ces deux organisations s'en retireront.

La mondialisation capitaliste a considérablement renfor la nécessité d’une intervention internationale des travailleurs. Lunité du mouvement syndical international est devenue une nécessité pour changer le rapport de force à l’échelle mondiale. Ce constat, qui traduit la préoccupation de nombreuses organisations de mieux affronter les défis actuels, a conduit au processus de création de la Confédération Syndicale Internationale (C.S.I.).

Son congrès fondateur s’est tenu à Vienne du 1er au 3 novembre 2006 avec pour objectif de rassembler très largement les organisations syndicales nationales, démocratiques et indépendantes, sans exclusive, au sein d'une nouvelle confédération.

Les fondateurs avancent l'ambition de constituer un véritable force sociale face aux institutions économiques et financières internationales (FMI, Banque mondiale, OMC,...). La volonté affichée est d'être en capacité de faire des propositions concrètes pour que des règles sociales et démocratiques s'imposent dans la mondialisation des échanges, permettant de renforcer les droits des salariés et de leurs représentants.

Les débats du congrès de Vienne, ont largement montré les attentes très fortes des organisations syndicales des pays « émergents » (Amérique du sud, Afrique, Asie) confrontés à la surexploitation de leurs richesses et de leurs salariés par les multinationales.

La C.S.I. créée à Vienne est pour le moment un formidable outil, regroupant 168 millions d'adhérents issus de 154 pays représentant 306 organisations nationales.

Sa force réside dans son pluralisme, dès lors que chacun respectera les idées des autres, mais dépendra aussi de sa capacité à développer des mobilisations internationales sur des objectifs économiques et sociaux de progrès.

Les statuts et la résolution adoptés mettent l'accent sur un certain nombre de propositions alternatives qui, certes constituent une avancée, mais ne remettent pas en cause les fondements mêmes de l'économie capitaliste.

L'avenir de la C.S.I. et sa crédibilité demandent la mise en commun des forces des organisations syndicales nationales pour construire un véritable droit social international.

Cela débute par la mise en place de structures de coopération syndicale internationales au sein des multinationales en commençant par organiser l'action pour le respect des conventions de l'Organisation Internationale du Travail (O.I.T.) qui sont bafouées dans des pays qui les ont signés et par leur actualisation, en particulier pour la prise en compte des nouveaux problèmes nés de la mondialisation capitaliste et des inégalités de droits et de situations.

Ainsi, par exemple, en matière de droit syndical, la Corée du sud, dont un représentant postule au poste de secrétaire général de l'ONU, continue d'interdire les organisations syndicales et de réprimer brutalement les mouvements sociaux (77 syndicalistes coréens sont emprisonnés, un militant a été tué et des milliers blessés lors de manifestations, les locaux syndicaux sont évacués sauvagement et les portes en sont soudées,...)

La C.S.I. devra éviter de tomber dans le piège d'une institutionnalisation qui se limiterait à des journées internationales de solidarité (pour le droit des femmes, l'interdiction du travail des enfants, la lutte contre le sida, le respect des droits syndicaux,...).

C'est, au contraire, sur sa capacité à faire vivre ses propositions pour mettre en oeuvre une mondialisation solidaire, sociale et démocratique et sur sa capacité à construire un véritable mouvement social mondial que la C.S.I. répondra aux espoirs que ses fondateurs mettent en elle et assurera sa pérennité.

 

 

 

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