Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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L'Union européenne, l'Afrique, les multinationales et les déchets chimiques

La population de la Côte d’Ivoire, vient d’êtr e frappée par une catastr ophe chimique de première ampleur.

Déjà, sept personnes sont décé dées, vingt quatr e sont dans un état grave, et plus 9.000 habitants d’Abidjan ont été into xiqués par 581 tonnes de déchets toxiques provenant du tanker grec « Probo Koala », battant pavillon panaméen et affrété par la société Trafigura. Cette entr eprise est un cout ier internat iona l en produits pétr oliers , minera is, métau x et électr icité. Trafigura est une société de droit hollan dais, mais le véritable siège de sa direction se trouve en Suisse. Elle a pour actionna ires principaux des sociétés basées à Jerse y, Malte et aux Antilles néer landaises. Trafigura emploie directement 1100 employés, dans 55 pays et a dégagée un chiffre d'affaires de 28,3 milliards de dollars en 2005. Elle a été com promise dans plusieurs scanda les au Congo, en Afrique du Sud et en Irak.

Le drame sanitaire et environnementa l d'Abidjan ne doit rien à la fata lité : Il s’agit d’un empoisonne ment collectif. La sulfureuse multinationale européenne Trafigura en porte la responsabilité.

En effet, cette société de négoce internat iona l, a avoué par la voix même de son por te parole, avoir sciemment décidé pour des « raisons économ iques » de décharger les déchets ultra toxiques de son tanker à Abidjan, plutôt qu’au por t d’Amster dam qui possé dait les insta llations requises au tra itement de rés idus auss i dangereux.

Malheureusement, la pollution d'Abidjan, n'est qu'une médiatisation du fait que l'Afrique est en train de devenir la décharge de l'Union europée nne, et cela pour le plus grand profit des actionnaires des entreprises multinationales. Il y avait donc urgence à agir pour mettr e fin à ces agissements désastr eux pour les populations et l'environnement .

Or for ce est de constater q ue face à la catastr o ph e d'Abidjan, la Commission eur opéenne , du comm issaire à l'human itaire Louis Michel au comm issaire à l'environnement Stra vos Dimas, a décidé qu'il était urgent de ne rien faire. Comme , si cet empoisonnement chimique de milliers d'ivoiriens n'était qu'une affaire privée entr e les africains et la société Trafigura. Comme si la législation économ ique eur opéenne n'avait pas permis l'existence d'entr eprises auss i monstrueuses que Trafigura , qui peuvent commettr e les pires exact ions sans que jama is leurs act ionna ires soient inquiétés par la just ice.

C’est pour quoi, Jacky Hénin a inter pellé par écrit, le président du Parlement eur opéen , début septembr e, pour deman der que le Parlement :

  1. Inter vienne en urgence auprès de la Commission pour qu’elle déclenc he une opérat ion d’urgence pour dépolluer Abidjan et venir en aide aux victimes.

  2. Forme une comm ission tempora ire du Parlement pour enquêter sur les agissements de la société Trafigura, et sur ses liens , via sa filiale Puma energy, avec l’entr eprise ivoirienne Tommy chargée de tra iter les déchets du « Probo Koala ».

  3. Presse la comm ission pour qu’elle s’assur e de la mise en œuvre impérat ive par tous les Etats membr es de la directive obligeant tous les navires touchant un por t de l’Union, à y décharger leurs déchets d’exploitation et leurs résidus de cargaison.

Cette dernière injonct ion imp lique de mettr e en oeuvre de réels et consé quents moyens d’ins pection et de gardes côtes , mais auss i le développement d’une filière de tra itement industr iel de ces déchets dans chaque por t, ce qui pourra it ainsi permettr e la créat ion de dizaine de milliers d’emplois sur le terr itoire de l’Union Européenne .

L'adoption prochaine de la directive européenne REACH (1) va, si on n'y prend pas garde, amplifier la tentat ion pour les grandes entr eprises de la chimie, de délocaliser leurs unités de production les plus polluantes et les plus dangereuses vers des pays à réglementat ion laxiste, plutôt que de faire les invest issements techno logiques nécessa ires pour les rendre conformes .

Nous ser ions alors dans une situat ion perdant-perdant entr e les peuples de l'Union eur opéenne et les peuples du Sud : Au Nord la destruct ion des emplois, au Sud le sacca ge de l'environnement et la mise en cause de la santé des populations.

Il est donc de la res ponsa bilité de l'Union eur opéenne , de faire que les Etats -Unis, le Japon, le Brés il, l'Inde, la Chine, la Russie, l'Ukraine et l'Afrique du Sud, adoptent des normes similaires à celle de REACH. De même , la Commission, le Conse il et le parlement eur opéen doivent créer les con ditions du développ ement d'une industr ie chimique eur opéenne propre et d'une filière moderne de tra itement des déchets, créatr ices toutes les deux d'emplois. Une attent ion toute par ticulière devrait êtr e por tée sur les PME/PMI du secteur sous la forme de cré dits bonifiés par exemple.

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