Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Pour un rassemblement véritablement transformateur

 

 

EDITORIAL

 

Les incer titudes sur la conjonctur e internat ionale et nationale sont alour dies par le rationnement du cré dit, la hausse des taux d'intérêt décidée par la BCE. Ceci est encor e aggravé par la volonté de rédu ire les dépenses publiques et sociales ainsi que les prélèvements obligato ires, en même temps que s'accé lère la recherche acharnée d'une flexibilité à la baisse du coût du travail. Ceci contr edit le diagnost ic optimiste et auto satisfait du gouvernement Villepin en France .

 

L'explosion des situat ions de sous-emploi, les graves limites des créat ions d'emplois, les quelles rés ident essent iellement dans les créat ions d'emplois précaires font éclater la réa lité de la soi-disant réduct ion du chômage. On ass iste à une fuite en avant dans les radiations à l'assurance -chôma ge, dans la chasse aux chômeurs censés ne pas acce pter n'impor te quel emploi. C'est la marche forcée vers le workfare à l'anglo saxonne et le retour au pas de charge vers des emplois à bas salaires. Une véritable trappe à bas salaires et à basse productivité au détriment de la qualification, une fabrique à tra vailleurs pauvres !

 

En même temps , les difficultés sur la balance extérieure des échanges pour la France ne résident pas seulement dans le prix du pétrole, la France est confrontée à un déficit structur el grave lié notamment à un retar d dans l'exportation des produits à haute techno logie, en relation avec l'insuffisance criante de la recherche-développement ainsi que des dépenses d'éducation et de format ion. On ass iste ainsi à une profonde crise d'efficacité comme en témo igne notamment la crise à Airbus .

 

Cette rentrée parlementa ire est marquée par les débats sur le budget et la loi de financement de la Sécur ité sociale. Ceux-ci sont tra versés par la prégnance des dogmes libérau x : dépenses publiques et sociales présentées comme excess ives et qui sera ient donc à rédu ire, prélèvements obligatoires cons idérés comme trop lourds et qu'il s'agirait de faire reculer...

 

Cependant, cette façon de préten dre limiter les déficits tend à déprimer la croissance et du même cou p à entra ver les recettes . Si bien qu'on ass iste à une explosion de déficits subis des finances publiques et sociales.

 

En ce qui concerne les com ptes sociaux, la Cour des com ptes a révélé l'inefficacité des plans Fillon sur les retra ites et Douste -Blazy sur la santé qui préten daient régler définitivement la quest ion de l'équilibre financier de ces régimes. La Cour des comptes a même souligné l’inefficacité des exonérat ions de cotisations patronales (23 milliards d’euros en 2005). En réalité les chiffres conster nants du régime généra l et de ses différentes caisses sont révélateurs de l'inefficacité de ces plans de rationnement et du refus de réfléchir à un véritable financement alternat if. Mais les désé quilibres financ iers de ces régimes sont lourds de menaces et annoncent d'autr es plans de rationnement tant pour les retraites que le système de santé .

 

Dans le même temps , les atta ques contr e le pouvoir d'achat des salariés, des chômeurs , des titulaires de minima sociaux, des retra ités, deviennent intoléra bles, non seulement humainement , mais auss i, elles aggravent les limites de la consommat ion privée et publique comme de la croissance . Dans le pays des droits de l'homme comment suppor ter le traitement infligé aux populations du squat de Cachan qui const itue un révélateur de la misère du monde ,... en France , une concentrat ion de toutes les exclusions et de toutes les discriminations : du logement social à l'emploi, aux revenus et aux droits sociaux. Limmigration «choisie» à la Sarkozy atte int même le droit des universités frança ises à accue illir les étu diants étran gers.

 

De nouvelles menaces se profilent concernant , non seulement la privatisation de Gaz de France , mais au-delà la remise en cause fondamenta le du secteur et des ser vices publics. Avec la privatisation de Gaz de France , ce serait, sous couvert de libre concurr ence, un facteur de hausse des prix et de dégradat ion du ser vice rendu. Alors que des pistes alternat ives de réforme sont possibles et néces saires, notamment la const itution d'un pôle public de l'énergie et le rappr ochement EDF-GDF, celles-ci doivent être avancées pour contr ibuer à faire grandir les mobilisations et à faire reculer les plans de la droite.

 

Mais c’est auss i le statut de la Fonction publique qui tend à êtr e remis en cause , avec la volonté de rédu ire les emplois publics à statut (des ense ignants aux hospitaliers) . Sous couvert d'autonom ie des universités, on vise à introduire au karcher les critères du privé.

l'horizon sous la droite est effectivement plombé, il faut faire le nécessa ire à partir du développement des luttes , du mouvement social et des propositions alternat ives pour chasser cette droite et ses variantes Villepin et Chirac déploient des effor ts sans précédent pour refaire illusion en tentant de se démar quer de Sarkozy. Ils préten dent appeler à un consensus , à l'alleman de, comme en témo igne l'organisation en décem bre d'une conférence nationale sur les revenus et l'emploi, à l’initiative du premier ministre. Dans le même temps , il s'agit de faire acce pter le redoublement de la politique de baisse forcenée des coûts salariaux et de sout ien aux placements financ iers .

 

Il y a besoin d'une ruptur e franche avec les politiques libérales et social-libérales, mais avec des avancées positives. Il faut redonner espoir à gauche pour changer effectivement la vie. Toutefois, il faut bien dire que le PS, ses différentes tendances et différents can didats ne lèvent guère les hypothèques. On reste dans l'aména gement du système existant , on ne propose pas de subst ituer aux réformes libérales de véritables propositions alternat ives. Cela s'explique d'ailleurs par la prégnance du type de construct ion européenne . Ségolène Royal va même jusqu'à flirter avec les thèmes de la droite (la sécur ité, le contour nement de la car te scolaire, la culpabilisat ion des parents ...). On évacue la quest ion du financement , du cré dit, des banques et de la BCE, d'autr es critères d’utilisation de l'argent. On en appelle en matière de financement de la Sécur ité sociale à l'augmentat ion mass ive de la CSG et au remplacement de l'ass iette salaires par une ass iette valeur ajoutée , dans l'objectif d'une réduct ion des «charges» des entr eprises.

 

On ne s'engage pas sur la quest ion de nouveaux droits et pouvoirs des salariés. Alors qu'il s'agirait d’en appeler à la créat ivité, on mise sur une délégation aux appareils et au présidentialisme. Il ne s’agit pas seulement de barat iner sur la démocrat ie participative, il faut la constru ire en commen çant par la démocrat ie à l'entr eprise. Ceci impliquera de nouvelles lois, visant de nouveaux droits et pouvoirs pour les salariés, ainsi que de nouvelles inst itutions. C'est le travail que nous avons entr epris pour une proposition de loi visant à sécur iser l'emploi et la format ion qui devrait impliquer largement tous les acteurs .

 

Un nouveau modè le social est à élaborer, en France comme dans les pays de l'Union européenne ainsi que dans les relations entr e le Nord et le Sud. Face à l'explosion du chômage, de la pauvreté, de l'exclusion, de la précar ité et des travailleurs pauvres, il faut impérat ivement inventer avec toutes les forces de progrès, un nouveau système , comme en 1945-46 on a constru it le système de sécur ité sociale. Mais il s'agirait de répondr e aux problèmes du XXIe siècle en visant la créat ion d'un nouveau système de sécur ité d'emploi ou de format ion. Cela impliquera it évidemment un développement , une refonte et une autr e utilisation des moyens financ iers . Cependant sur cette quest ion, les sociaux-libérau x capitulent et refusent de s’atta quer au temp le réser de l'argent. Tandis que les antilibérau x la sous-estiment le plus souvent tout en se contentant de quelques formu les vagues. Ainsi l'exigence d'un autr e cré dit est même ignorée . Si l'on veut véritablement ouvrir une pers pective de ruptur e avec le libéralisme, il faut s'atte ler à constru ire un programme clair, à la fois réaliste et radical, ar ticulant objectifs sociaux, moyens financiers, pouvoirs. Ceci exige de s’enrac iner dans le développement des luttes populaires, en appelant à la créat ivité des acteurs de terra in. Pour notr e part, à partir des propositions de notr e programme , nous voulons contr ibuer à l'élaborat ion d'un programme au contenu trans formateur par un rassemb lement qui en porte l'exigence jusque dans ses réalisations concrètes .

Il ne s'agit pas de se résigner à un programme à minima, une sor te de plus petit commun dénominateur, mais d'avancer, de constru ire ensem ble sans blocage.

Ainsi, nous cons idérons que la can didatur e de MarieGeorge Buffet pourra it contr ibuer au succès de ce rassem blement de trans format ion sociale parce qu'elle s'appuierait sur des éléments précis, mob ilisateurs , issus notamment des idées de notr e programme et du lien aux luttes . Une des initiatives pour cela pourra it s'appuyer, s'enrichir de l’apport des Assises régionales et nationales pour la sécur isation de l'emploi et de la format ion car l'élection présidentielle (et au-delà) se jouera sur la question de l'emploi. C'est dire toute l'impor tance de la réussite des Assises pour l'emploi. Enracinées dans les luttes sociales, elles visent à une élaborat ion par les acteurs de terra in (élus, syndicalistes , assoc iatifs,...) d'une grande proposition de loi pour la sécur ité de l'emploi et de la format ion, avec les pouvoirs, les moyens, les finance ments , les institutions nécessa ires. Il s'agit de propositions concrètes et radicales pour aller vers l'éra dication du chômage et de la précar ité par une sécur isation et une promotion des activités professionne lles de chacun et de chacune 

 

Catherine Mills

Membre du comité exécutif national du PCF

 

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Par Mills Catherine , le 31 juillet 2006

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