Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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EDITORIAL

« Dans cette nuit en plein jour,

dans le givre de l’air

dans le silence vertigineux qui les cerne,

à cet instant et pour toujours,

ils endurent. »

Gérard Mordillat «Les vivants et les morts »

Même les renseignements généraux le disent .... les troubles qui ont ébranlé les villes ne sont ni ethniques, ni religieux, ni mafieux.

Ils trouvent leurs origines dans l’injustice sociale, provocante, dominante, sans merci.

L’insulte à l’intelligence a encore des limites dans ce pays. Comme les êtres qui nous gouvernent sont loin de la vraie vie, comme ils la méprisent pour penser qu’il suffit de dire pour que cela soit !

Mais aussi quelle force de résistance, de rébellion !

Quelle capacité d’analyse, de mobilisation de l’esprit critique. Ne rien croire, ne rien admettre sans passer ce rien au crible de l’intelligence et de la sensibilité !

Demander à voir, à comprendre malgré l’hébétude créée par le défilement en boucle des mêmes images sur les mêmes chaînes, c’est de l’espoir !

Tous les épouvantails sensés faire peur aux gentils administrés, n’ont pas réussi encore à faire chacune et chacun se terrer dans sa tanière, isolés, paralysés par les peurs !

Les cheminots ont fait la grève, et pas pour rien. Marseille a mobilisé son énergie autour de la SNCM.

Et les habitués du bal des débutantes découvrent avec stupeur que les rappeurs pensent, analysent et créent !

Depuis quelques mois, depuis que notre pays a renvoyé l’Europe de « l’horreur économique » dans ses cordes, les coups pleuvent, encore et encore !

 

Il faut dresser ce peuple constitué de fourmis qui sont condamnés dès la naissance à trimer ou à chômer jusqu’à la mort pour que brillent quelqu’une et quelqu’un !

Deux adolescents s’enfuient devant la police et meurent électrocutés à Clichy sous Bois !

Il y a eu incendies, mais qui a allumé les mèches ?

Les chômeurs sont radiés à tour de bras, les minima sociaux ne permettent pas de vivre. La misère tue brutalement, armée du froid, de la canicule, des incendies d’hôtels indécents.

Elle tue aussi insidieusement à coup de stress à répétition, de menaces voilées, de harcèlements au travail, de suicides de jeunes hommes et de jeunes filles qui s’enfuient ainsi en disant BASTA !

Le mépris pour une grande partie de la population devient insupportable quand il stigmatise les pères et les mères, venus un jour d’ailleurs, de jeunes françaises et français. Ce sont elles et eux qui ont construit la France d’aujourd’hui, qui en ont tracé le paysage actuel, avec ses grands ouvrages d’art. Ce sont elles et eux qui ont construit tous ces objets qui marquent notre époque, comme les voitures.

Ce sont celles et ceux aussi qui ont mené de superbes, utiles, luttes sociales, avec leurs collègues de la chaîne et du chantier. Mais ce n’est pas leur histoire qui est reconnue par les voix officielles !

Là encore, nous devons faire plus, et plus vite.

Le mot respect, est un terme très usuel dans les cités. Il est même souvent flanqué du mot total. Je suis persuadé que les « invectiveurs »qui bénéficient des services de média bien policés, ont oublié le sens de ces mots.

Ces drames se voient, se ressentent, malgré l’opulence strass paillettes des mariages des héritières, nouvelles héroïnes de ces temps dédiés à l’argent roi.

Les communistes et de nombreux acteurs de terrains, se sont retrouvés au cours de ces semaines particulières. Une nouvelle fois, les liens sociaux les paroles partagées ont été plus fortes que les canons à eau ou les flash balles.

Comprendre ce monde, comprendre cette société, n’est pas l’exclusivité des femmes ou hommes politiques, et de tous ces relais vêtus chez le même fournisseur de prêt à penser.

Je voudrai que soient publiées toutes les « perles » de cet automne qui nous prouvent combien la liberté de penser est encore vivace, combien la solidarité est présente !

Toutes ces paroles, populaires, effrontées, et tellement dignes ont irrigué les villes.

Les communistes, et heureusement, ils ne sont pas les seuls, n’ont pas peur de la jeunesse, ils ont peur pour elle !

Et c’est pour cela que je pense qu’il est temps de reprendre en main cette société, de la respecter.

Respecter d’abord le suffrage de nos concitoyennes et concitoyens. Ce suffrage même s’il n’est pas encore universel a donné lors des élections régionales, lors du référendum sur la constitution européenne des directions incontestables !

La question des services publics, posée en grand à Guéret est reprise chaque jour, soit pour défendre ceux qui sont attaqués, soit pour faire avancer la nécessité de créations nouvelles, penant en compte l’état d’exception que nous vivons .

Cet état d’exception n’a pas besoin de couvre feu.

Au contraire, il a besoin d’avancées marquantes, si fortes que 30 ans après nous aurons envie de les commémorer, comme les accords de Grenelles, comme les congés payés.

Notre pays est riche, les technologies peuvent être si productives. Il suffit de les mettre au service du collectif.

D’un collectif fait de diversité d’état, de besoin, d’histoire mais dont les droits doivent être respectés et développés.

Les droits pour toutes et pour tous car c’est la définition même des droits.

Cette période marquée par l’effritement des droits exige que de nouveaux soient conquis.

A mon sens, le rôle des militants communistes, des élus communistes est avant tout un rôle de semeurs d’espoir, de semeurs de possibles.

La volonté politique est la condition sine qua non de l’extension des domaines de l’espoir.

Face aux pédagogies de l’impuissance et de la résignation, parlons de ce monde qui permettrait le développement de la solidarité, du partage des savoirs, des pouvoirs et des avoirs. Nous avons parlé de sa finalité.

Parlons des moyens d’y accéder : La création par exemple d’une sécurité emploi ou de formation qui garantisse à toutes et à tous la possibilité d’aller de l’emploi à la formation, sans passer par la case chômage. Il est possible de penser un système, comme la sécurité sociale naguère, qui mettrait en synergie toutes les forces humaines et financières pour sécuriser le rapport de chacun à l’emploi et développement de soi-même.

Cette idée, développée, concrétisée par des dispositions qui peuvent être mises en œuvre sans attendre répond à une aspiration majeure de nos concitoyennes et de nos concitoyens. De la même manière, le service public de l’habitat et du logement est seul capable de sortir du secteur marchand la question du logement qui symbolise toutes les inégalités.

Et tout cela est possible !

Que la mobilisation pour donner du souffle aux finances des collectivités locales et territoriales soit sans précédent car la pertinence du refus de la mise en concurrence des territoires s’affirme !

Proclamons l’état d’urgence sociale, économique et culturelle. Et pour ce faire ; faisons vivre une stratégie politique rassembleuse, ouverte qui donne envie d’y apporter désir et enthousiasme !

Ne serait-il pas indispensable que la nouvelle année qui commence soit celle de la construction des possibles, de tous les possibles, et aussi de leur mise en commun ?

Dans notre pays, en Europe et dans le monde, elles et ils sont des millions et des millions a avoir vérifié dans leurs cœurs et dans leurs chairs l’ignominie de la dictature du profit.

L’espoir est là ; tangible et palpitant : c’est la condition de la renaissance sociale.

Cet espoir est là. Et quand l’espoir rencontre la politique, ils peuvent faire de bien beaux enfants !

Bernard BERSINGER

 

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