Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Monde : Chômage et pénuries d'emplois qualifiés

La conjoncture mondiale présente de nombreux paradoxes. L’un des plus significatifs tient en ce que :

D’un côté, il y a une croissance mondiale plutôt robuste, malgré la hauss e des prix du pétrole
et des matières premières, ou malgré des incidents comme l’ouragan Katrina aux Etats-Unis ;

 

D’un autre côté, le chômage massif et durable continue de progresser sensiblement, alors
même que tendent à se profiler des pénuries de main d’œuvre, qualifiée particuli èrement. Certes le cycl e actuel de croissance est appelé à aller jusqu'à son terme vers 2010-2012, mais on peut ainsi mesurer les contradictions qu'il est appelé à développer d'ici cette échéance. La sécurisation de l'emploi et de la formatin pour chacun e et chacun devient bien un enjeu commun à toute l'humanité.

Pour la quatr ième année consécut ive, avec 4,9%, la croissance mond iale va dépasser les 4%, tand is que le commer ce mond ial a franchi la barre des 10 000 Md $, enr egistrant une progress ion de 6% en volume en 2005, après 9% en 2004.

Les Etats-Unis et l’Asie jouent le rôle de locomotive.Ils arr ivent à entra îner la zone Euro – qui cont inue cependant de faire très pâle figure – et jusqu’à l’Afrique sub-sahar ienne . Simultanément , selon le Bureau Internat ional du Travail à par tir de données officielles, le nom bre tota l de demandeurs d’emploi était, fin 2005, de 191,8 millions , en progression de 2,2 millions sur 2004 et de 34,4 millions depuis 1995.

Près de la moitié des chômeurs ont de 15 à 24 ans. Les plus for tes hausses du chômage ont concerné , l’an dernier, l’Amérique Latine et les Caraïbes (avec une progression de 1,3 million sur 2004), puis l’Europe Centra le et Orienta le (hors UE) avec les pays de la CEI où, année après année , on enregistre des hausses supér ieur es à 9%.

En réa lité, auss i robuste qu’ait pu paraître la croissance jusqu’ici, elle n’a pas suffi pour com penser l’accr oissement de la population à la recherche d’un emploi, en par ticulier les jeunes . C’est là une donn ée mondiale persistante, s’aggravant de cycle intermé diaire en cycle intermé diaire, et qui fait à chaque fois voler en éclats les promesses succes sives d’amé liorat ion propres à chaque cycle.

De par tout , la quest ion numér o 1, préten dument prise en charge comme telle par tous les gouvernements du monde , est l’emploi, alors même que ces gouvernements redoublent dans le sout ien à un type de croissance , un type d’utilisat ion des techno logies informat ionne lles dominé par la rentabilité financière. Celle-ci jette tou jours plus les hommes tout en requérant cependant, plus que jamais, leur par ticipation active comme facteurs de débouc hé, de créat ivité et de com pétences . C’est cela même qui pousse à la multiplication des opérations de fusion et acquisition. En 2005 le montant des rappr ochements entr e sociétés s’est élevé à 2 282 milliar ds d’eur os.

Sur ce fond, le chômage tend de plus en plus à êtr e la cause de la pauvreté, avec l’urbanisation accé lérée et l’exode rura l de partout dans le monde . Malgré une croissance mond iale de 4,3% en 2005, sur les 2,8 milliar ds de tra vailleurs dans le monde , 1,4 milliar d ne gagnent pas suffisamment pour se hisser avec leurs familles au dessus du seu il de pauvreté de 2 dollars par jour. C’est autant qu’il y a dix ans !

C’est pour tant dans cette situat ion de sous-emploi mass if que tendent à se profiler, au stade actue l du cycle intermé diaire, des potent iels cons idéra bles de tens ions engendrées par les risques de pénur ies de qualificat ions.

Le phénomène est par ticulièr ement repéra ble aux EtatsUnis. Le dernier «Beige Book» publié par la FED le 15 mars dernier, sou ligne que «presque chaque district fait état de pénurie de travailleurs qualifiés».

Cer taines régions ne sont plus en situat ion dite de «plein emploi», mais de «surchauffe du marché du travail». Selon le ministre du Travail, 178 agglomérat ions impor tantes affichaient en décem bre 2005 un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale (4,6%) et 33 villes éta ient sous la barr e des 3% indiquant une situat ion de pénur ies de maind’œuvre. La Floride, elle-même , présente un taux de chômage de 3%.

La croissance des salaires nominaux aux Etats-Unis demeur e, depuis le fin du premier trimestr e 2003, nettement supér ieure à celle enregistrée au Japon et, plus encor e, dans la zone Euro. Et si elle a ralenti au cours de l’année 2005, elle ré-accélère depuis le début 2006 : les salaires horaires progressent désorma is de 3,8% l’an, loin des 2,7% de hausse d’avril 2005. Une accé lérat ion que ne com pensent pas les gains de productivité (+3,1% au milieu 2006).

Les problèmes de pénur ie semb lent concerner par ticulièrement les personne ls ense ignants , les personne ls de santé , les ser vices de protect ion materne lle et infant ile, les informaticiens, mais auss i, de plus en plus, les ingénieurs et scient ifiques . Cela, en par ticulier, mérite attent ion car, depuis la récess ion de 2001 et l’adoption de lois anti-terr oristes après le 11 septembr e, une tendance nouvelle fait que les étu diants indiens et chinois semb lent se tourner un peu plus vers les univers ités des autr es pays de l’OCDE engagées dans de formidables effor ts d’attract ivité.
Mais les phénomènes de pénur ie de qualificat ion paraissent bien mond iaux avec le vieilliss ement démographique qui rend encor e plus intoléra ble l’insuffisance des effor ts de format ion initiale et au long de la vie.

C’est le cas désorma is mass ivement en Chine. C’est le cas auss i en Inde où le secteur éducat if paraît dépassé par l’expans ion fulgurante des techno logies informat ionne lles. Selon le cabinet Mac Kinsey, ce pays pourra it souffrir d’une pénur ie de 500 000 profess ionne ls qualifiés d’ici à 2010, notamment dans les ser vices informat iques.

Mais cela touche auss i l’Europe. D’ici à 2008, selon Cysco système , l’Europe va êtr e confrontée , notamment , à une pénur ie de plus d’un demi-million de spéc ialistes en tech nologies de pointe pour réseau x informat iques . Cela corr es pon drait à une pénur ie de conna issances de 15,8% dans le domaine de techno logies au cœur de «l’économ ie de la conna issance » dont l’Union eur opéenne , avec la «démar che de Lisbonne », enten dait devenir la « plus com pétitive » …

Mais d’ores et déjà, de ce côté-ci de l’Atlant ique, les pénuries frappent dans les profess ions de santé , les ser vices de protect ion materne lle et infant ile, les ser vices aux personnes dépendantes …

C’est face à la crainte des goulots d’étran glement que se multiplient les dispos itifs inst itut ionne ls visant à encou rager une immigrat ion qualifiée et à dissuader , voire inter dire l’immigration non-qualifiée, au nom, préten dument , d’un droit des Etats des pays riches à choisir leur immigration. Après le Cana da, la Nouvelle Zélande et l’Austra lie, c’est , en Europe, la France et l’Angleterr e qui viennent d’adopter de telles dispos itions .

Les anta gonismes entr e renta bilité, marchés financ iers et besoins de dépenses pour le développement de toutes les capacités humaines pourra ient , sous le double joug d'un chômage mass if et de pénur ies croissantes de travail qualifié, devenir paroxysmiques entr e 2010 et 2012, avec le retournement de la conjonctur e mond iale. Autrement dit, le cycle actue l sera it appelé à aller jusqu'à son terme .

Cependant les tentat ives de réponses capitalistes face aux premières aler tes dans le cycle (remontée des taux d'intérêt , turbu lences des mar chés de matières premières, risques de krachs bours iers et immob iliers ,...) avec le recours de nouvelles générat ions de techno logies informationne lles, relancer ont en réa lité le rejet des hommes et la tendance à la suraccumu lation matér ielle et financ ière.

Cela confirme l'immense besoin de sécur iser et promou voir toutes les capacités humaines, à par tir de la con quête d'un droit effect if à l'emploi et à la format ion pour chacun-e. L'exigence , ce faisant , de trans format ions très rad icales des critèr es et du système de financements est appelée à devenir, ainsi, un enjeu fondamenta l de l'avancée de civilisation face aux risques de barbarie engendrés par le capitalisme financ ier. Ÿ

 

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