Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Contre plus de soumission au Medef : Un changement radical possible

En France, nous avons assisté à deux trimestres de croissance nulle, avec la persistance de la remontée du chômage à plus de 10 % des actifs. Cela est dû évidemment à la politique d’austérité renforcée : avec la réduction des dépenses publiques de 50 milliards d’euros sous prétexte de l’endettement et les mesures en faveur du Medef de suppression des cotisations patronales de 35 milliards en prétendant favoriser les profits et donc l’investissement.

Mais face à ces prétentions d’une autre offre, se confirme l’insuffisance de la demande. D’où la montée des protestations jusqu’à la gauche du PS.

Cependant, Hollande a réaffirmé qu’il doit maintenir le cap, et même faire plus dans le même sens, c’est-à-dire le soutien au patronat, les pressions contre les salaires et les services publics, la mise en cause du modèle social.

Il persiste dans la croyance qu’il faut s’aligner sur l’Allemagne pour prétendre favoriser les investissements et il répète que cette dernière doit contribuer à tirer la croissance européenne.

Toutefois, la nouveauté du recul de la croissance allemande de 2 % au 2e trimestre confirme au contraire la gravité de l’austérité dans l’Union européenne avec la montée de la déflation. Cette austérité avec l’insuffisance de la demande en Europe renvoie tout particulièrement à l’insuffisance d’une nouvelle création monétaire par la BCE et aussi au comportement des banques, contrairement aux promesses de Hollande sur la finance, y compris par la politique de la Banque publique d’investissement.
Or la profondeur et l’aggravation de la crise systémique dans l’Union européenne ne s’expliquent pas seulement par les pressions patronales sur les salaires et les emplois appuyées par les États. Elles s’expliquent aussi par la progression de la productivité avec des économies de salaires et d’emploi. D’où la nécessité, contre le chômage et pour la croissance, de la demande accrue des services publics et de leur extension : école et hôpitaux, mais aussi logement social, personnes âgées, petite enfance. Cette exigence structurelle économique face à la progression de la production est méconnue à gauche, y compris dans le PCF, au-delà des seules aspirations sociales.

Tout cela débouche sur la montée grandissante de la protestation contre la politique de Hollande et même contre les illusions sur le premier gouvernement Valls. D’où les débordements des protestations dans la gauche du PS et à sa gauche jusque chez Cécile Duflot, puis A. Montebourg et B. Hamon.

D’où la démission du gouvernement en août 2014 et aussi les efforts d’une recomposition. Mais l’entrée d’Emmanuel Macron, ex-banquier, au nouveau gouvernement confirme la soumission renforcée au Medef. On tourne le dos à la nécessité des changements radicaux qui mûrissent partout.

Il s’agit, tout particulièrement, de mesures pour l’emploi et aussi pour les services publics, y compris pour les collectivités territoriales, et de leur appui sur la BCE, l’euro et une création monétaire socialement orientée. Cette création devrait permettre un nouveau crédit des banques et aussi des prises de titres publics pour les services publics européens, comme pour le Fonds de développement social européen proposé par le Parti de la gauche européenne.
À partir des conditions de la nouvelle situation économique et politique monte l’exigence d’une initiative du PCF pour des propositions radicales devenues plus crédibles, et pour l’élargissement d’un autre rassemblement à gauche, politique, avec aussi des syndicats sans compromission et des promoteurs de l’expansion des services publics.
Il s’agit d’un élargissement devenu possible au-delà du Front de gauche, pour la radicalité non seulement d’une autre vision politique d’une VIe République, mais aussi de son contenu économique et social, pour une nouvelle démocratie économique et sociale radicale et participative. Et ces propositions d’élargissement politique et social ne concerneraient pas seulement la France mais l’Europe avec une autre BCE, et d’autres droits pour sa saisine et celle des banques par les travailleurs des entreprises et des services publics.
Cette nouvelle Union européenne ne serait pas isolée, face notamment aux pressions des États-Unis. En effet, les nouvelles conditions récentes, dont il faudrait se saisir, sont aussi celles de la décision d’instituer une Banque internationale et un Fonds monétaire des pays émergents des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Ces institutions financières viseraient le financement de nouvelles infrastructures notamment contre les menaces de freinage de la croissance mondiale. Mais elles pourraient aussi viser le progrès social dans le monde, avec également la participation de l’Union Européenne, y compris les services publics en coopération internationale jusqu’à des biens communs de l’humanité, avec les nouveaux financements d’un FMI refondé et démocratisé. n

Paul Boccara

 

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