Dans le débat sur la compétitivité, les élus du personnel peuvent jouer un rôle important en faveur de leurs mandants, de l’ensemble des salariés et de la population laborieuse du pays. Nombre d’entre eux ont la possibilité d’aider à démonter l’argumentation de nos libéraux et sociaux-libéraux.
Ils peuvent contribuer à faire la clarté sur une réalité cachée qui explique l’affaiblissement industriel français et l’effondrement de notre balance commerciale. Nous l’avons à plusieurs reprises souligné dans ces colonnes : la responsabilité du recul de la France dans le commerce mondial incombe pleinement à nos grands groupes de l’industrie, du commerce et des services.
L’exemple de Michelin est de ce point de vue éloquent. Dans les années 2004-2005, le groupe de Clermont-Ferrand, n°1 mondial au côté du Japonais Bridgestone, s’est engagé dans une stratégie de développement vers l’Europe de l’est. Il a fait monter en puissance des sites, celui d'Olsztyn, en Pologne, d’autres en Hongrie, en Serbie, … au détriment des usines en France, le groupe estimant que sa présence y était trop importante.
A cette stratégie européenne il a ajouté une stratégie mondiale. Il a stabilisé sa production sur les pays « matures », l’Europe et les Etats-Unis avec une volonté de se développer de façon très importante en Asie avec des implantations en Chine, en Inde, et dans les pays émergents, en Afrique du sud, au Brésil.
Cela s’explique pour partie par la forte présence en Asie de Bridgestone. Michelin n’entend pas se laisser distancer compte tenu des perspectives de croissance de la région. Certes, un partage des productions entre pays s’impose, mais dans le pneu comme dans d’autres domaines, les groupes français restructurent au détriment de l’investissement, de la recherche, de la production, de l’emploi en France et en Europe.
Quels effets cela a-t-il eu sur la place de notre pays dans le monde du pneu ? Selon des statistiques douanières qui nous ont été fournies, il apparaît qu’en 2000 les exportations des usines de l’Hexagone s’élevaient à 2,5 milliards d’euros contre 1,5 milliard pour les importations. Le solde, positif, était d’un milliard. En 2010, l’excédent commercial n’est plus que 144 millions d’euros. Cherchez l’erreur.
Les exportations des pays émergents vers la France ne nous tombent pas du ciel. Comme l’écrit un professeur de HEC dans un ouvrage récent, « l’action de ces pays est (…) bien souvent organisée par les groupes internationaux »(1). Une multitude de révélations peuvent être faites en ce domaine. Indignons-nous !
– Christian Cauvin, « Le capitalisme ne joue pas aux dés », éditions Le bord de l’eau.
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