L’austérité a mauvaise cote, à défaut de mauvaise presse, celle-ci se gavant plutôt à la pensée pré-formatée. Un député PS critique « le chemin sans fin de l'austérité et de la rigueur » pris par le chef de l'Etat. Arnaud Montebourg affirme que l’austérité mène l’Europe à « la débâcle », Benoît Hamon à une « France low cost », Cécile Duflot que « la réponse à la situation financière de la France ne peut se réduire uniquement à tailler dans les dépenses ».
La chose est d’autant plus sérieuse que même des institutions conformistes comme le FMI en viennent à critiquer l’austérité tous azimuts. L’on apprend par ailleurs que les calculs faits par deux économistes américains pour légitimer la baisse des dépenses publiques étaient tout aussi faux que les proclamations d’innocence de Jérôme Cahuzac.
En réponse à ces critiques qui témoignent du rejet populaire de la politique actuelle, François Hollande essaye de se défausser. Imitant le peintre surréaliste Magritte, il nous assure : « ceci n’est pas de l’austérité ».
On aurait tort de sous-estimer ces évolutions, mais cela suffit-il ? On ne peut en rester là. Cela d’autant que certains envisagent seulement d’écarter les scénarios trop durs et proposent une austérité plus échelonnée.
La crise est trop grave, trop violente, elle fait trop mal aux peuples. Certes, Nicolas Sarkozy nous a annoncé à plusieurs reprises qu’elle était finie et que le chômage allait reculer, certes, François Hollande a fait de même. On est loin pourtant d’en prendre le chemin. Selon différentes sources, en France, on se dirige plutôt vers une récession en 2013. Et l’on ne sait pas encore tout de ce que la crise peut nous réserver. Il est urgent d’y mettre un terme.
Ensuite, parce qu’il est impossible de laisser les choses en l’état. Si l’on ne remet pas en cause la toute puissance des marchés financiers, il n’y a pas d’autre choix possible que celui de l’austérité. L’énorme masse de capitaux accumulés à travers le monde n’a pas été suffisamment purgée par le krach de 2008. Aux montagnes de dettes privées, celles des ménages et des entreprises, se sont ajouté des tombereaux de dette publique. Et les créanciers, les détenteurs de tous ces titres de dette réclament rémunération.
C’est cette « cupidité », pour parler comme Joseph Stiglitz, qui étouffe la croissance, nourrit le chômage et réclame de la puissance publique qu’elle se plie à de terribles exigences de rémunération. C’est elle qui incite dirigeants politiques et des grands groupes capitalistes à modifier les modèles sociaux européen et français. Effectivement, l’on n’a pas le choix, il faut aller plus loin.
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.