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Retraites : les leçons à tirer du système américain.

La France s’honore d’être la championne d’Europe des prestations sociales. Elles y absorbent 33,8 % de la production annuelle de richesse, contre 30,7 % en Allemagne, 29,9 % en Italie, 30,3 % en Autriche, 32 % aux Pays-Bas.
En leur sein, les dépenses de retraite pèsent d’un poids important. C’est le cas en France où elles représentent 14,4 % du PIB, plaçant à nouveau notre pays sur le podium européen, juste derrière l’Autriche avec 14,9 %. L’Allemagne est là encore à la traîne, avec seulement une part de 12,8 % du PIB. Notre voisin, faut-il aussi le rappeler, est également l’un des pays de la zone euro qui pâtit de l’un des plus forts taux de pauvreté.

On comprend que cet énorme « pactole » suscite des convoitises. Certains seraient tout à fait disposés à transformer ces prélèvements publics en autant de prélèvements privés susceptibles d’enrichir les gros actionnaires. En effet, la volonté de reculer l’âge effectif de la retraite et de baisser les pensions versées vise notamment à développer les dispositifs privés d’épargne retraite et ne peut conduire qu’à un développement considérable des inégalités et de la pauvreté des seniors.
Une étude récente du Crédit Agricole sur le système américain en témoigne. De l’autre côté de l’Atlantique, l’âge légal pour pouvoir prétendre à une pension vieillesse est de 67 ans pour les personnes nées après 1960. Deux dispositifs de retraite sont à l’œuvre. Un système public assure une couverture sociale à 86 % des retraités. Mais ses prestations sont trop faibles. Un système privé existe depuis longtemps, mais il ne bénéficie qu’à 26 % des retraités. Au total, l’ensemble du dispositif est discriminant et insuffisant.
Nombre de personnes de plus de 65 ans sont obligées de continuer à travailler. Leur taux d’emploi est passé de 24% en 2001 à quasiment 30% alors qu’en France le taux d’emploi des soixante-cinq-soixante-neuf ans dépasse à peine les 5%. Les analystes du Crédit agricole remarquent en outre que  ces seniors sont contraints d’accepter « des conditions de rémunération qui leur sont moins favorables » et souffrent « d’une précarité sans cesse plus forte ». Ce système, reconnaissent nombre d’experts, n’est pas viable à terme.
Une telle évolution en France n’est pas inévitable. Expérience faite : les réformes engagées par la droite n’ont pas permis de combler les déficits. Pour réussir, il faut notamment changer le système de financement de la protection sociale de telle façon qu’il aide lui aussi à développer la croissance et l’emploi. Il n’y a pas de mystère, pour assurer notre protection sociale, il faut s’attaquer au cancer du chômage.

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Retraites : les leçons à tirer du système américain.

Par Ivorra Pierre , le 10 juin 2013

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