Il y a un risque réel à se contenter de parler de « la » crise. Cela peut donner à penser qu’il s’agirait d’une sorte de phénomène naturel assimilable à la pluie ou au vent. Un aléa météo sérieux mais qui ne mettrait pas en cause les équilibres économiques fondamentaux et contre lequel l’on ne pourrait pas grand chose. Cette vision des choses paraît d’autant plus crédible que la gauche au pouvoir s’avère tout aussi incapable que la droite de résoudre les difficultés.
L’autre risque, son pendant en quelque sorte, consisterait à croire que la crise ne serait qu’une invention des capitalistes destinée à faire plier l’échine au peuple travailleur.
Ces deux attitudes, aussi contraires qu’elles puissent paraître, reviennent en fait à nier ce fait incontournable : la crise actuelle qui plonge une part importante de l’humanité dans le chômage, la misère, déstabilise les modèles sociaux est celle d’un capitalisme mondialisé et financiarisé. De quoi la crise est-elle le nom ? Du capitalisme. Telle est la réalité.
Sur ce diagnostic de la crise, les économistes communistes ont une large avance sur la plupart de leurs confrères. On oublie trop souvent que c’est l’un des leurs, l’économiste et historien, Paul Boccara, qui dès 1967 – il y a 42 ans ! – a évoqué le premier les débuts de la longue crise du capitalisme. C’est par ailleurs, un dirigeant du PCF, Georges Marchais, qui en 1971 déclarait : « La France et le monde sont entrés dans une crise structurelle globale et durable ».
Tous les méandres, les évolutions de cette crise du capitalisme monopoliste d’Etat n’ont pas été anticipés. Et surtout, la stratégie et les propositions pour y faire face se sont révélées souvent inadaptées, en retard par rapport aux exigences de notre temps. On peut ainsi considérer que les communistes se sont beaucoup trompés sur beaucoup de sujets, cependant, force est de constater que sur cette question de la nature de la crise, ils ont eu en grande partie raison avant tout le monde.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et il a fallu essayer d’approfondir la réflexion et les propositions. Des idées nouvelles ont été avancées : nouveaux critères de gestion dans les entreprises, sécurité d’emploi et de formation, pôle financier public, sélectivité du crédit, nouveau rôle de l’euro et de la BCE, transition écologique, … et il est intéressant de constater que sur plusieurs de ces sujets des rapprochements avec d’autres économistes alternatifs se sont réalisés. C’est là un atout considérable. Il autorise à penser que dans la bataille contre l’austérité, ensemble, on peut commencer à marquer des points.
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