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L’argent du CICE risque d’alimenter la finance

La démarche du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) repose sur une illusion ou un mensonge : il suffirait de donner des marges aux entreprises (20 milliards d’euros), pour que l’investissement et l’emploi repartent. Rien que pour l’année 2013, les entreprises ont perçu 16,4 milliards au titre du CICE, 5,2 milliards au titre du Crédit d’Impôt Recherche (CIR), … Un total de 23 milliards qui alimentent leurs comptes, particulièrement ceux des grandes. Cela équivaut à une baisse de près de moitié de l’impôt sur les sociétés.
Or que constate-t-on depuis l’ouverture du CICE au 1er janvier 2013 ? L’INSEE, qui vient de publier une première analyse des comptes de l’année passée y souligne particulièrement le recul de l’investissement des entreprises non financières. Il baisse de 0,9 % après un petit + 0,1 % en 2012. Début 2014, cela n’est guère plus enthousiasmant puisque l’investissement des entreprises non financières se contracte à nouveau pour le troisième trimestre consécutif (-0,9 % après -0,1 % et -0,2 %).
Et l’emploi dans cette glissade généralisée ? Dans les secteurs marchands non agricoles, qui recoupent pour l’essentiel le secteur privé hors agriculture, au 1er trimestre 2014, il peine à retrouver son niveau du 1er trimestre 2005. Depuis le début 2008, qui a été un point culminant de l’emploi juste avant la crise, la France a perdu 361 500 postes de travail, dont 421 600 dans l’industrie. Le décalage entre ce qui est donné d’un côté par la collectivité et ce qui en est restitué de l’autre par les entreprises est époustouflant ! Plus l’on donne d’argent moins l’on a d’emplois.
On touche là au cœur de la crise du capitalisme avec son cortège de gâchis des ressources, des hommes, des nations et de la nature. Pour produire une même quantité de richesses, on  accumule et on mobilise sans cesse davantage de capitaux matériels et financiers et l’on s’efforce le plus possible de réduire la part du travail. Mais cette fuite en avant est intenable car c’est le travail qui génère les richesses et les profits. Le CICE en cela est une recette de gâte sauce : en fournissant des ressources aux entreprises sans contrepartie, il prétend muscler l’offre alors que celle-ci souffre notamment d’une insuffisance de demande. La consommation des ménages a progressé de seulement 0,2 % en 2013 et au 1er trimestre 2014 elle a reculé de 0,5 %. Le pouvoir d’achat par ménage a baissé en 2011, 2012, 2013. Que vont faire les entreprises de l’argent du CICE ? Faute de demande il ira, particulièrement dans les grandes, se placer sur les marchés financiers.

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L’argent du CICE risque d’alimenter la finance

Par Ivorra Pierre , le 20 May 2014

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