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Maîtriser les choix d’investissement des groupes

Chronique économique de l'Humanité du 23 avril 2014

Comme nous l’indiquions dans la précédente chronique, la France est une championne de l’exportation des capitaux. Chaque année, entre 50 et 130 milliards d’euros partent de France vers l’étranger. Dans ce domaine, nous battons l’Allemagne. Certes le développement à l’international des grandes entreprises est une nécessité, mais le problème est qu’en France elles le font contre leur base nationale, à l’opposé de ce qui se passe outre-Rhin. Il y a ainsi un lien entre cette manière de fuir vers le grand large et notre affaiblissement.
Où vont ces capitaux qui partent de France ? Contrairement à l’imagerie d’Epinal, ils ne se dirigent pas prioritairement vers les pays à bas coûts salariaux. En 2012, 69,3 % des investissements directs français à l’étranger ont eu pour destination l’Europe, essentiellement dans sa partie occidentale, et les grands pays industrialisés de l’OCDE, notamment les Etats-Unis.
Dans la dernière période, ils voguent aussi vers les pays émergents. Si les grands groupes et les banques de l’Hexagone se sont précipité en Amérique ou en Chine, c’est parce qu’ils y avaient des perspectives de rentabilité supérieure. Actuellement, la croissance y est plus forte et le redressement des profits plus rapide.
Cet exode n’a pas seulement pour effet de priver notre économie de ressources indispensables. Il exerce une terrible contrainte sur les activités résidentes. Dans l’esprit des directions des groupes, le maintien des capitaux
au sein même de nos frontières n’a de sens que s’ils s’efforcent de rattraper l’écart de rentabilité avec les zones du globe actuellement les plus profitables. D’où l’explosion en France du chômage et de la précarité, les annonces
des différents pactes qui tous visent à réduire la fiscalité et les cotisations des entreprises. On mobilise la société afin de baisser le coût du travail.
Comme en outre il y a en France plus de flux d’investissements directs à l’étranger sortants que rentrants, pour équilibrer notre balance des paiements, nous bouclons notamment nos comptes extérieurs on accueillant chez nous beaucoup d’investissements de portefeuille étrangers, autrement dit, de placements financiers. Le capital des grandes sociétés du CAC 40 attire particulièrement ces investisseurs au point que son taux de détention par des non-résidents est fortement remonté en 2012, atteignant 46,3 %. Évidemment, cela accentue l’extraversion de ces groupes.
Le besoin d’une maîtrise nationale et populaire des choix d’investissement des grands groupes est prégnant. Dans le débat des élections européennes, il est impératif de le faire partager.

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Maîtriser les choix d’investissement des groupes

Par Ivorra Pierre , le 22 avril 2014

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