Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Sans changements profonds, pas de perspectives de réduction des dettes publiques.

Chronique économique de l'Humanité du 18 mars 2014

Eurostat, service statistique de la Commission européenne, vient de souligner la baisse de 93,4 % à 92,7 % du PIB du niveau des dettes publiques des pays de la zone euro au 3e trimestre 2013. Il s’agit de la première baisse (- 0,7 point) depuis le 4e trimestre 2007. Il y a cependant au moins trois raisons de ne pas crier victoire.
D’abord parce que par rapport au troisième trimestre 2012, le niveau de dette publique a encore augmenté de 90 % à 92,7 %. Ensuite, parce que la situation n’est pas uniforme. Le taux d’endettement augmente encore en Autriche, en Grèce et en Espagne et à Chypre. Enfin, parce qu’avec un tel rythme de réduction, il faudra attendre 2060 pour espérer un retour de la zone euro dans les clous de Maastricht et de son seuil maximum de 60 % d’endettement public pour ses pays membres. Gageons que d’ici là une bonne part des dirigeants européens, des membres du directoire de la BCE et de responsables de la Commission de Bruxelles pourront se féliciter outre-tombe d’un tel succès !
Il est bon enfin de rappeler que cette flambée des dettes publiques est concomitante de la crise des dettes privée qui a éclaté en 2007-2008, de la crise économique et sociale qui s’en est suivie et de celle de la zone euro. Le public a volé au secours du privé, bouché les « trous » effectués dans le tissu social par l’effondrement financier. Cela explique qu’entre 2008 et 2012 le taux d’endettement public des pays de la zone euro ait augmenté de 22,4 points.
Il y a cependant une raison de fond à cette incapacité des grands pays capitalistes à réduire de manière conséquente et durable leur dette publique. Au stade actuel de l’évolution du capitalisme, la financiarisation de la dépense des administrations, le recours de celles-ci aux marchés financiers est devenu un élément essentiel de l’équilibre instable du système dans son ensemble.
Confronté aux effets des nouvelles technologies mises en œuvre sous critère de rentabilité financière, à l’insuffisance de la demande et au chômage de masse qu’elles engendrent, le capitalisme a un besoin vital de l’activité des marchés financiers mondialisés et des opportunités de profit qu’ils lui offrent.
A l’opposé de cela, il y a au moins trois méthodes pour réduire réellement ce poids de la dette. La relance de la croissance des services publics, la fin des politiques d’austérité permettraient de réduire le ratio dette/PIB. Mais cela suppose de recourir à un financement des services publics par la BCE plutôt qu’à un supplément d’endettement financier. Enfin des mesures visant à effacer une part importante de la dette seraient également nécessaires.

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Sans changements profonds, pas de perspectives de réduction des dettes publiques.

Par Ivorra Pierre , le 17 March 2014

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