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Alstom et l’attractivité de la France

Chronique économique de l'Humanité du 7 mai 2014

On s’en doutait, mais le conseil d’administration d’Alstom a confirmé la semaine dernière sa préférence pour General Electric (GE) dans sa tentative d’acquisition de la division énergie du groupe français. GE, c’est l’un des derniers conglomérats au monde qui construit aussi bien des turbines, des moteurs d’avions, que des appareils électroménagers, des systèmes d’imagerie médicale. Il est en outre un important acteur des services financiers.
GE annonce la couleur. Pour cet achat, il est prêt à débourser 12,35 milliards d’euros. Selon les calculs du groupe, cela représente près de 8 fois le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements de la branche énergétique d’Alstom. On peut se douter que GE va tout faire, s’il l’emporte, pour que sa nouvelle acquisition crache du résultat et rembourse le plus rapidement possible ce qu’elle lui a coûté.
En même temps cette opération nous incite à réfléchir au poids des mots. Du point de vue économique, elle va se traduire dans les comptes de la maison France par un apport de capitaux, ce que les spécialistes appellent des investissements directs étrangers entrants (IDE), de 12,35 milliards d’euros. La droite et le Medef vont pouvoir se taper sur le ventre : « l’attractivité » de la France est à la hausse. Sur son site Internet, l’UMP ne déplorait-elle pas jusqu’à présent la dégradation de « l’attractivité de la France (…) depuis l’élection de François Hollande, conséquence d’une politique anti-compétitive et agressive envers les investisseurs » ? Avec son tournant social-libéral, le président de la République a donc rectifié le tir dans un sens que la droite, si elle était logique, devrait plutôt apprécier.
On mesure mieux ainsi le sens des mots et ce qu’ils révèlent des projets politiques des uns et des autres. Etre « attractif » dans ce monde-là, ce n’est rien d’autre que se révéler capable de jeter les intérêts nationaux par-dessus bord afin de se vendre au premier venu.
De la même façon, dans ce langage de proxénète économique, la « compétitivité », cela consiste notamment à faire aux autres, à l’étranger, ce que GE veut faire à Alstom en France. Comme nous l’avons expliqué ces dernières semaines, la France est très forte en ce domaine. Elle est une des championnes du monde des investissements directs à l’étranger. Et c’est d’ailleurs parce qu’elle fait très fort en la matière qu’en retour le capitalisme français cède à des investisseurs étrangers certains de ses fleurons. Arcelor a été cédé à Mittal, Péchiney à Alcan, ce qui reste de Rhône-Poulenc à Solvay, ...

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Alstom et l’attractivité de la France

Par Ivorra Pierre , le 06 May 2014

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