Cette journée de travail nationale du 8 novembre 2013 inaugure le lancement de notre campagne nationale contre le coût du capital, pour une relance de progrès social. Il s’agit d’une grande campagne politique. L’économie n’est pas en dehors de la politique, elle en fait partie, et en l’occurrence elle est au cœur de l’affrontement politique. Ainsi, le prétendu impératif de compétitivité par la baisse du coût du travail et des impôts, donc des dépenses publiques, est le fil rouge, l’axe de cohérence de la politique de Hollande, inséparablement des exigences constantes du Medef, et des injonctions de la Commission européenne et de la BCE. Notre campagne est donc aussi au cœur de la bataille pour un changement de cap, du débat d’alternative à développer dans toute la gauche et du développement de luttes de résistance et de conquêtes de progrès sociaux. à l’opposé d’une « union sacrée » de collaboration de classe, il s’agit de faire avancer une union populaire, une unité d’action transformatrice du salariat.
Cette réunion est une étape réussie de lancement de notre campagne, avec un succès de participation (plus de 70 camarades d’une trentaine de fédérations) et une grande qualité de contenu.
Nous ne sommes qu’au tout début d’une campagne décidée, à l’initiative du secrétaire national du parti, mais qui est seulement en train de s’engager. Il ne s’agit pas de « faire un coup », mais de mener dans la durée une action qui vise à changer la situation.
Il s’agit d’une grande campagne politique. L’économie n’est pas en dehors de la politique, elle en fait partie, et en l’occurrence elle est au cœur de l’affrontement politique. Ainsi, le prétendu impératif de compétitivité par la baisse du coût du travail et des impôts, donc des dépenses publiques, est le fil rouge, l’axe de cohérence de la politique de Hollande, inséparablement des exigences constantes du Medef, et des injonctions de la Commission européenne et de la BCE, avec le renfort des agences de notations… Cette idée est aussi l’axe pour une « union sacrée » derrière le capital, enjeu politique s’il en est.
Notre campagne est donc aussi au cœur de la bataille pour un changement de cap, du débat d’alternative à développer dans toute la gauche et du développement de luttes de résistance et de conquêtes de progrès sociaux. À l’opposé d’une « union sacrée » de collaboration de classe, il s’agit de faire avancer une union populaire, une unité d’action transformatrice du salariat.
C’est une très grande bataille. On est face à une pédagogie insistante et consensuelle qui peut d’autant mieux apparaître comme une évidence que des idées alternatives, pas seulement générales, mais précises, ne sont pas assez formulées, portées, mises en pratique dans des luttes. Et leur pédagogie a sa force.
– Parisot, l’an dernier : « Il faut développer une politique de compétitivité, car rien n’est plus favorable à l’emploi que la compétitivité de l’entreprise. »
– Gattaz, après son élection à la présidence du Medef : « C’est l’entreprise qui sauvera la France […] Ce ne sont ni les associations ni la sphère publique qui peuvent créer de l’emploi, mais l’entreprise […] nous pouvons faire baisser le chômage à 7 %. Mais en échange […] il faut un terrain serein fiscalement et plus souple socialement. »
– Sur France-Info, Roux de Bezieux : « Il faut bien comprendre que ce sont les marges des entreprises qui permettent les investissements d’aujourd’hui et les emplois de demain […] Il faut accepter de baisser la dépense publique. Si on ne baisse pas les prélèvements sur les entreprises, les marges vont rester basses et il n’y aura pas d’emplois. C’est pour l’emploi tout ça, pas pour se verser des dividendes royaux ! »
– Mais aussi Hollande : « Si notre système de prélèvements est assis sur le seul travail, c’est-à-dire si on décourage l’embauche, comment voulez-vous que les entreprises, même si elles ont de la croissance, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, eh bien fassent cet effort d’engager un certain nombre de nos jeunes concitoyens ou de moins jeunes. »
– Et Moscovici, début septembre 2013 : « Quand vous baissez le coût du travail, que faites-vous ? Vous créez de l’emploi dans le pays. Vous permettez aux entreprises de créer de l’emploi. »
– Et avant eux, la droite, qui maintenant leur reproche seulement de ne pas aller assez loin ; et les « experts » qui défilent dans les médias.
– Et la Commission européenne : le Figaro du 10 septembre 2013 titrait une interview du commissaire européen Olli Rehn « Retraites : Bruxelles exige une baisse du coût du travail ». Le même dans une interview au JDD salue les pays qui « ont consenti de gros efforts pour améliorer leur compétitivité en matière de […] coût du travail comme en Irlande, en Espagne ou au Portugal. » « Et la France ? » « La France a engagé des réformes structurelles qui vont dans le bon sens. Mais elle ne va pas assez loin et assez vite dans leur mise en œuvre. »
Et voyons ce qui domine dans les consciences, même si c’est contredit par l’approbation par sondage de telle ou telle de nos propositions, et par les conséquences vécues de cette politique :
– Dans l’Usine Nouvelle du 6 novembre 2013, Jérôme Fourquet, de l’IFOP, commente un sondage sur l’industrie : « Les Français attendent des aides massives aux entreprises […] D’autant que près de deux Français sur trois pensent que les industriels français ne sont pas assez compétitifs et qu’ils ont du mal à exporter leurs produits. »
– Commentaire d’un sondage IPSOS de décembre 2012 : « Le niveau des charges sociales pesant sur les entreprises apparaît aux yeux des Français comme le premier handicap à la compétitivité. Concernant les éléments qui expliquent le plus que la France soit moins compétitive que certains autres pays, un handicap se détache tout particulièrement aux yeux de la population : le niveau des charges sociales qui pèsent sur les entreprises, souligné par plus d’un Français sur deux (51 %). Ce frein se retrouve particulièrement souligné chez ceux qui estiment que la France n’est pas compétitive (57 %) ainsi que chez les sympathisants FN (61 %) et UMP (72 %). » (1)
Le même sondage contenait une question sur les mesures de compétitivité annoncées sur la base du rapport Gallois : 84 % des électeurs PS, mais aussi 67 % des électeurs verts et 52 % des électeurs Front de gauche répondaient qu’elles allaient plutôt dans le bon sens.
Dans un sondage Opinionway d’octobre 2013 sur « Les Français et la dépense publique » à la question, il est vrai piégée, « Pour la réduction des déficits publics, faut-il en priorité augmenter les impôts ou baisser les dépenses ? », 96 % répondent « baisser les dépenses, y compris 89 % des électeurs Front de gauche.
Répondaient « oui » aux questions « Faut-il réduire les effectifs de la Fonction publique d’État ? » : 81 % (FdG 70), « de la Fonction publique territoriale » : 65 % (FdG 54). Seule échappait la Fonction publique hospitalière !
Donc on est devant tout ça. Imaginer contourner le problème, c’est illusoire.
Ça ne veut pas dire que c’est un mur infranchissable, ni qu’on soit isolé. La CGT engagée dans une bataille convergente, ça compte. L’idée de bataille sur le coût du capital a aussi des échos dans le Front de gauche. Il y a des différences sur des points de fond, notamment sur le besoin d’une bataille de propositions précises, et particulièrement sur les moyens financiers (l’enjeu du capital, du crédit, des entreprises et des banques, et pas seulement l’État et les impôts) ; donc besoin de débats, de confrontations d’idées, sans en rabaisser sur l’expression de nos propositions avec leur cohérence.
Des échos aussi du côté de la gauche socialiste avec laquelle le débat précis devrait être utilement développé jusqu’à des actions. Enfin les salariés sont demandeurs d’idées alternatives crédibles.
On a besoin de s’y mettre tout de suite, et de s’inscrire dans la durée.
Ça ne va pas se régler par un tract et une affiche ; ni par la répétition d’un slogan ; il s’agit d’articuler bataille d’idée et pédagogie d’action.
Le principal, c’est l’avancée de contre-propositions permettant de baisser le coût du capital, et non le coût du travail, et de développer l’emploi, la formation, la recherche, les services publics.
Il faudrait faire monter, avec des actions dirigées vers les banques et le grand patronat (et pas seulement l’État), la question des financements, du crédit, de sa sélectivité (pôle public bancaire, fonds régionaux, euro).
Et porter l’exigence de démocratie, de pouvoirs décisionnels des salariés, de pouvoirs des élus, des usagers, des populations des territoires.
Ces idées, on peut les porter en général mais il faudrait qu’on arrive à les expérimenter dans des batailles de terrain, autour d’entreprises et de bassins d’emplois, de groupes, avec des propositions face aux licenciements et aux suppressions d’emplois, aux accords de compétitivité, etc. ; notre journée nous engage dans ce sens, par exemple sur Alcatel.
Je propose de travailler à des prolongements précis ouverts par notre discussion :
– Reformuler une dénomination de la campagne liant ses deux aspects : « contre le coût du capital » et « pour une relance de progrès social ».
– Prendre des initiatives de communication visant à faire exister la campagne dans les médias : conférences de presse (dont une conférence de presse de Pierre Laurent), édition d’une plaquette d’Économie et Politique…
– Travailler avec des fédérations du PCF, des sections, des militants de groupes (par exemple Alcaltel) à des actions permettant d’expérimenter, et qui pourraient devenir les locomotives d’une véritable campagne nationale.
– Poursuivre un travail décentralisé de formation, d’appropriation d’idées, d’arguments, de propositions par les militants, par exemple en inscrivant le contenu de cette campagne et son organisation à l’ordre du jour de réunions de directions élargies. Un travail de formation, d’appropriation d’idées.
– Envisager une initiative politique nationale large (intellectuels, syndicalistes, associations et organisations…) et au-delà, internationale.
Enfin, comme cela a été souligné dans la discussion par plusieurs camarades, notamment Didier Lereste, le déploiement de cette campagne nous confronte à un défi d’organisation, de réorganisation, de renforcement du parti dans les entreprises. Pas comme un préalable. Partons de nos forces telles qu’elles sont, et faisons de la campagne une base de renforcement ; cherchons à construire, à organiser les militants, à en augmenter le nombre, pour mener la bataille non seulement de l’extérieur mais à l’intérieur des entreprises, des services, des groupes. Et créons pour l’action les synergies entre militants d’entreprises et syndicalistes, militants des territoires et élus.
Pour suivre et impulser tout cela, il conviendra de préciser le dispositif national d’animation de la campagne, associant commissions entreprises et économie, communication, lien avec les fédérations du PCF.
On a besoin d’une campagne durable, qui doit déborder largement le calendrier électoral immédiat ; voyons comment elle peut s’articuler aux campagnes proches, municipales, européennes, mais aussi se prolonger bien au-delà, en faisant l’objet d’un suivi et d’évaluations.
Au fond, n’avons-nous pas les moyens, la possibilité, avec cette campagne, avec les idées que nous allons y faire avancer, de conditionner la future élection présidentielle de 2017 ?
Mais nous ne sommes qu’au début. Rendez-vous pour un premier point d’étape, mi-janvier 2014.
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(1) Parenthèse sur le FN : « l’allégement du coût du travail » est un point de son programme ; et pour Marine Le Pen « si le coût du travail est si lourd en France c’est parce que le chômage y est énorme et que le système de protection sociale prend en charge toute la misère du monde au lieu d’être réservé aux Français. »
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