Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Remise à plat du système financier : s'affranchir du dollar

le 06 novembre 2008

Dans le projet affiché par les gouvernements français successifs, de droite et de gauche, d'agir pour « un nouveau Bretton Woods », l'intention de changer le FMI est affirmée. Le Fonds monétaire international créé dans la foulée de la conférence de Bretton Woods en 1944 avait à l'origine pour fonction de stabiliser les relations monétaires internationales. En fait il a surtout aidé à asseoir la suprématie du dollar.

Après le décrochement du billet vert par rapport à l'or en 1971, son rôle a changé, il est moins intervenu dans les grands pays capitalistes, il a plutôt été orienté vers les pas en développement.

Dans ce domaine, il n'a pas plus réussi. Les fameux plans d'ajustement structurel qui ont accompagné toutes ses interventions n'ont pas empêché les crises financières. Elles les ont plutôt accélérées. C'est ainsi que la plupart des « bons élèves » du Fonds ont été touchés par des crises dramatiques.

Nos dirigeants sont-ils en capacité de tirer les leçons de ces échecs ? On peut en douter. Dans son discours de Toulon, Sarkozy appelle à une remise à plat du système financier et monétaire international afin de « créer les outils d'une révision mondiale que la globalisation et la mondialisation des échanges rendent indispensables ». Mais ses propositions ne font que reprendre le prêchi-prêcha des différents G7 incitant à la transparence, au contrôle des marchés offshore et autres paradis fiscaux ou au renforcement des règles prudentielles. Il est probable que de nouvelles règles soient adoptées mais elles ne viseront au mieux qu'à tenter de réguler les marchés financiers et non à les dégonfler.

Cette recherche d'alternatives pour surmonter la crise du capitalisme nous impose à contrario de lâcher les brides à une créativité de progrès pour commencer à la dépasser. Le défi est considérable : la transformation des réseaux de l'argent dans le monde est une condition pour que se développe sur la planète une croissance forte, partagée, soucieuse du développement humain et des équilibres écologiques. Dans ce cadre, un nouveau FMI démocratisé aurait un rôle important à jouer. Pour parvenir à changer l'institution, il faut cependant se donner au moins 3 objectifs.

En premier lieu, il faut affranchir le FMI et le système monétaire de la domination américaine. Cela passe d'abord par une remise en cause du droit de veto des USA. On ne peut cependant s'en tenir là. Ce privilège s'appuie évidemment sur le rôle du dollar dans les transactions. Justement on aurait enfin la possibilité de réduire progressivement cette emprise en développant une autre monnaie commune internationale, non hégémonique.

En second lieu, avec le concours de cette nouvelle monnaie commune mondiale et en collaboration avec l'ensemble des banques centrales nationales et régionales comme la BCE en Europe ou de la Banque du Sud que des pays d'Amérique du sud ont mise sur pied, il s'agirait de développer une création monétaire et un nouveau crédit, sélectif, favorisant les investissements créateurs d'emplois, de formation, de développement.

En troisième lieu, le projet consisterait à favoriser la coopération pour le développement partagé entre pays, entre banques centrales. On ne pourra pas y parvenir évidemment sans remettre à sa place les prétentions de la puissance américaine. Des ententes à cette fin pourraient être d'ores et déjà nouées entre l'Europe et la Chine, l'Europe et le Brésil...

L'Europe peut effectivement jouer un rôle majeur en ce domaine mais pour cela elle doit cesser de se soumettre au roi dollar et renoncer elle-même à jouer le rôle d'une superpuissance animée par la volonté de devenir calife à la place du calife.