Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Sauver l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée

Beaucoup d’inquiétudes autour de la réforme du lycée. Les informations actuelles montrent la volonté d’appauvrissement de l’enseignement qui guide cette réforme. En seconde, les 3 filières actuelles seraient supprimées. Tous les élèves auraient cinq disciplines obligatoires lettres, histoire – géographie, deux langues vivantes et sport. Les sciences expérimentales  (physique chimie et sciences naturelles) et l’éducation civique seraient facultatives.

En première et terminale, le tronc commun serait réduit à 45 % des enseignements laissant 45 % aux modules dits exploratoires, les 10 % restant étant consacrés aux modules d’accompagnement.  Des matières aujourd’hui  obligatoires deviendraient  facultatives (histoire-géographie, mathématiques...). Ce système étant censé permettre  aux élèves de s’orienter vers une des quatre dominantes qui remplaceraient  les filières actuelles : humanités et arts, sciences, sciences de la société et technologies.

Au passage évidemment,  le nombre d’heures de cours de la seconde à la terminale  serait réduit et passerait de 28 à 35 aujourd’hui (suivant les filières et les lycées) à 27 !

Économie et Politique, les économistes communistes soutiennent l’appel initié par l’Association des Professeurs de Sciences Économiques et Sociales contre les menaces pesant sur l’enseignement  des sciences économiques et sociales dans les lycées (voir signataires).

 

« Manifeste pour ENSEIGNER la Société » Apses : http://www.apses.org

Les Sciences Économiques et Sociales pour relever les défis du XXIe  scle

Les lycéens d’aujourd’hui  et de demain constitueront les forces vives du XXIe siècle.

De quels outils les futurs citoyens ont-ils besoin pour répondre aux mutations de l’économie mondialisée ? Comment les préparer à faire face aux défis colossaux qui les attendent et à en saisir les opportunités  : construction d’une économie durable, affirmation de l’Asie et émergence de l’Afrique, recompositions familiales, allongement de l’espérance de vie et vieillissement des sociétés, avancées technologiques,  mutations du travail... ?

Leur formation ne peut pas avoir pour seul objectif l’utilité professionnelle immédiate qui, d’ailleurs, peut s’avérer vite dépassée par les dynamiques en cours et donc contreproductive dans la perspective même d’une meilleure insertion professionnelle. Les futurs citoyens peuvent-ils se réduire à de futures fonctions professionnelles ? Ils ont besoin d’acquérir les démarches intellectuelles indispensables pour faire face aux complexités du monde contemporain. Il est donc nécessaire de former des hommes et des femmes ouverts et curieux, habitués à porter un regard transversal sur le monde afin qu’ils puissent exercer pleinement leur citoyenneté, et être mieux armés face aux mutations économiques, sociales et politiques, largement imprévisibles aujourd’hui.

C’est l’ambition  des Sciences Économiques et Sociales que de former de tels citoyens actifs, prêts à appréhender le monde dans lequel ils vivent dans sa globalité, en croisant les différents savoirs disciplinaires constitutifs de ce que l’on appelait autrefois les Humanités. Un projet, toujours plus indispensable et légitime au moment où il faut répondre à des déséquilibres  sans précédents.

Comment étudier les mutations familiales en dehors de l’évolution du marché du travail et de l’emploi féminin, en dehors du cadre législatif et politique de nos sociétés...  ? Peut-on étudier le marché, les entreprises et leurs stratégies en dehors de leur environnement national et international, en dehors des relations sociales qui s’y inscrivent ? Comment aborder des phénomènes économiques globaux dans une économie mondialisée en dehors de leur contexte politique, social, historique ?

Un tel enseignement doit nécessairement accorder une place importante au débat entre les différents courants des sciences sociales : contrairement  aux sciences « dures », peu de sujets y font en effet consensus parmi les spécialistes. Ce nécessaire pluralisme contribue à ce que les jeunes développent leur esprit critique  et se préparent  à participer aux débats démocratiques qui animent notre société. L’enseignement de Sciences Economiques et Sociales, caractérisé par le pluralisme et la pluralité des approches, met donc à profit les apports des différentes sciences sociales pour étudier les diverses questions de société ; cela au travers d’une démarche pédagogique consistant à impliquer directement  les élèves dans la constitution de leurs savoirs (études documentaires, utilisation des médias et technologies nouvelles, méthodologie des sciences sociales dans des travaux en petits groupes...).

Il ne peut être dissocié de la série économique et sociale caractérisée par une complémentarité des enseignements de sciences humaines et sociales  (SES, Histoire géographie, philosophie, lettres, langues,) mais aussi de SVT, de mathématiques et de statistiques.

Cet enseignement, en prise directe avec la réalité économique et sociale, permettant aux jeunes de se situer dans la société dans laquelle ils vivent, attire de plus en plus de lycéens qui s’orientent dans cette voie ; cette formation a déjà permis à des générations d’entre eux de réussir dans l’enseignement supérieur grâce à la diversité de ses débouchés  (droit, économie, gestion, commerce, enseignement, langues, journalisme, sciences politiques, grandes écoles de commerce...) et de se confronter  avec succès aux mutations de l’emploi, comme en attestent le parcours de nombre d’entre eux.

Le maintien  et le développement de cette voie d’enseignement général des lycées et de la démarche des Sciences Economiques et Sociales sont donc indispensables.

Signataires :

BLANC Jean-Jacques. BLASCO Manuel, membre du conseil national du PCF. BOCCARA, Frédéric,  économiste et statisticien.  BOCCARA Paul, Maître  de conférences honoraire en sciences économiques, université de Picardie, agrégé d'histoire, ancien enseignant du secondaire. DIMICOLI Yves, responsable commission économique du PCF, LAMIRAND Bernard, militant syndical. BORELLY Pascal, membre du conseil national du PCF. MARCHAND Nicolas,  membre du comité exécutif du PCF. RECOQUILLON Denis, économiste. MAGNIADAS Jean, syndicaliste, économiste, membre honoraire du conseil économique et social. CAILLOUX Gisèle, membre du conseil national du PCF. MAURY Fabien, économiste. CHAPET Claude, cadre de gestion. DURAND Denis, membre du Conseil économique et social. CAUSSÉ Pierre, économiste. SCHEH Daniel,  membre de la commission économique du PCF. BERDAUCLEU Nestor, statisticien. DIRRINGER Jean-François, cadre de banque, syndicaliste. ODENT Bruno, journaliste à l'Humanité. IVORRA Pierre, expert en entreprises.  CHICOTE Sylvian, inspecteur du travail. RÉGNAULT Régis, syndicaliste. ELKA Sébastien, ingénieur. GONON Laurent, imprimeur, docteur en gestion.  MAGNON Nadège, avocate. MILLS Catherine, économiste. MORIN Geneviève, développeur économique. MORIN Alain, rédacteur  en chef d’Économie et Politique. PERRIER Roland,  professeur de lycée, militant CGT. SALOMON Jean-Claude, ingénieur. BONNERY Stéphane, universitaire. DURAND Jean-Marc, inspecteur des impôts. MATHIEU Clotilde et MOUSSAOUI Rosa, journalistes à l'Humanité. KATCHADOURIAN Michel, responsable mutuelle. SALOMON Jean-Claude, ingénieur. PARCOLLET Marie-Françoise,  cadre collectivité locale.

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