Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Derrière les subprimes, la spéculation financière

La crise des subprimes, c’est l’aboutissement d’une spéculation sans précédent tant par l’ampleur des masses financières impliquées que par sa durée.

Pour qu'une spéculation prenne son essor, il faut que trois conditions soient réunies ensemble.

1-- il faut une masse financière qui soit disponible ;

2il faut que joue en permanence une incitation à de hauts profits possibles ;

3-- il faut enfin que la demande augmente fortement par rapport à l’offre sur une marchandise sur laquelle il est possible de spéculer.

Or, depuis le commencement de la crise systémique (au tournant de la fin des années 1960), le capitalisme, avec les tentatives successives de solutions capitalistes à cette crise, a connu de très profondes transformations.

A) D’énormes disponibilités financières existent :

Cela tient à la conjugaison du début de deux phénomènes (des révolutions des conditions des opérations techniques et sociales).

  • Les débuts de la révolution monétaire,

Elle a été engagée avec le décrochement des monnaies par rapport à l’or à partir de 1971, quand les dirigeants américains ont décidé de suspendre la convertibilité du dollar en or. Tous les créanciers en dollars, en liaison avec une première grande perte de confiance dans la solidité de la monnaie américaine, demandent à la Banque centrale des États-Unis de convertir leurs dollars en or. Et cela a failli vider Fort Knox, les coffres de la banque américaine de son or !

C’est à partir de là que le dollar a été imposé comme monnaie mondiale de fait, le dollar est devenu la seule monnaie nationale d’un État à être en même temps une monnaie mondiale (de domination).

Et cela a permis aux États-Unis de procéder à une formidable création inflationniste de dollars et d’accumuler une formidable dette par rapport au reste du monde qu’il ne rembourse pas (ou qu’il rembourse avec l’argent du reste du monde).

Cette énorme création de dollars dans le monde est au cœur de la spéculation financière.

- par ailleurs, avec les débuts de la révolution technologique informationnelle, des gains considérables de productivité totale sont réalisés avec de très grosses économies de moyens par rapport aux richesses nouvelles produites.

D’où d’énormes disponibilités financières

B) Fort relèvement des taux de profit devenu possible avec les économies de coûts de la révolution informationnelle, avec des salaires bas des pays émergents et la mise en concurrence des salariés du monde entier : puissante incitation à viser une très forte rentabilité financière.

C) l’insuffisance de certaines productions par rapport à la montée des besoins populaires : logement (spéculation immobilière en France, subprimes au États-Unis), énergie, matières premières, alimentation, du fait :

  • du rationnement, en amont, des capacités d’offre et de leur extraversion,
  • de la poussée des demandes populaires (cf pays émergents) avec la salarisation et l’urbanisation croissante des populations du monde entier.

D’où,

  • l’exacerbation de l’opposition entre les intérêts du capital et ceux de la population,

Le système tourne de plus en plus en rond, pour lui-même, de façon perverse.

On cherche plus que jamais à faire de l’argent pour l’argent contre la vie et l’avenir des populations.

Avec l’explosion du parasitisme, de l’immoralité de la rentabilité financière intrinsèque au capitalisme (le fric, le fric, le fric pour faire plus de fric !).

Exacerbation des facteurs réels profonds de la crise systémique du capitalisme approfondissant en retour très forte-ment cette crise.

  • crise écologique (avec les pollutions, le changement climatique, l’ouverture de nouveaux espaces...) ;
  • crise et révolution démographiques (notamment).

Le capitalisme, tel qu’il est devenu aujourd’hui ; après 40 années de transformation dans sa crise systémique est un capitalisme exacerbé. «Un capitalisme au carré» (Paul Boccara) parce qu’il fait dominer de façon écrasante sa logique de l’argent pour l’argent contre les hommes.

Le système est devenu fou en quelque sorte, mais ce n’est pas parce qu’il aurait dévié d’un capitalisme moral et sain, qu’il aurait trahi «les principes moraux du capitalisme», mais parce qu’il a poussé sa logique de façon extraordinaire.

Parce qu’il a connu une transformation très importante et largement irréversible, il faut combattre l’idée que l’on pour-rait revenir en arrière vers le capitalisme d’antan, plus industriel que financier.

Plus que jamais, il y a besoin de dépasser le capitalisme et le libéralisme.

Soit dit en passant, se contenter seulement de remettre le système financier à flot, laissera ouverte la porte à de nouvelles explosions financières.

 

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