Nous parlons de crise mondiale, de crise « systémique ». C'est donc tout le système du monde qu'il faut changer, à partir des luttes et besoins populaires, à chacun de ses niveaux de construction et de décision: local et national, régional et mondial.
Il ne faut donc pas opposer la nécessité d'avancer vers des constructions régionales alternatives, avec des monnaies zonales, et la nécessité d'avancer vers une autre construc- tion mondiale, riche de ses diversités, mais viable, cohérente, formant un nouveau système.
Il faut conjuguer les deux fronts à partir d'un double but qui peut être commun :
● Mobiliser les financements énormes et pérennes, libérés de la domination des marchés financiers, qui sont nécessaires pour répondre à tous les besoins de développement dans chaque localité, chaque nation, chaque région et protéger la niche écologique des humains, la Terre.
● S'émanciper ensemble du dominateur commun, les États-Unis et le dollar.
Avec le décrochage des monnaies de l'or, le dollar est devenu la monnaie d'ancrage du système monétaire et financier international.
Cela confère un privilège exorbitant aux États-Unis dont la monnaie nationale est aussi monnaie mondiale. Ils peuvent ainsi s'endetter en dollars américains auprès du reste du monde et émettre, sans limite, de nouveaux dollars pour rembourser leurs créanciers.
Cela a engendré une inflation mondiale gigantesque du dollar qui est à la base de l'énorme spéculation actuelle et durable sur les titres, sur les matières premières et l'énergie, sur les monnaies. Et, en même
temps, cela a fait des États -Unis, le « trou noir » du système du monde: ils attirent les capitaux de toute la planète pour financer leur avance technologique, et développer leurs attributs de domination économique, commerciale, culturelle et militaire.
Elle ne tient désormais que parce que la Chine, particulièrement, continue d'accepter de replacer ses réserves excédentaires considérables en dollars en bons du trésor des États-Unis, ce qui entraîne de très graves limitations et contradictions pour le développement des multitudes humaines chinoises elles-mêmes.
Le bras de fer entre la Chine et les États-Unis ne trouvera une issue positive pour l'humanité que si arrive à se construire une grande coalition mondiale, ancrée aux luttes de chaque peuple pour son propre développement , pour obliger les États-Unis à négo- cier, à accepter une réforme radicale du système monétaire et financier international avec une monnaie universelle, alternative au dollar. Monnaie univer- selle que l'on pourrait promouvoir à partir des Droits de tirage spéciaux du FMI et d'une réforme radicale des institutions monétaires internationales.
La très grave crise de l'euro qui a commencé tient, précisément, au fait que cette tentative zonale, loin de chercher à répondre aux besoins communs de sécu- risation et de promotion des travailleurs européens et de leurs familles, n'a eu jusqu'ici pour seule ambi- tion que d'essayer de partager la domination finan- cière sur le monde exercée par les États-Unis avec le dollar.
D'où le besoin d'une profonde réorientation de la construction européenne en partant des besoins sociaux, culturels et démocratiques, des luttes de ses populations et des appels à coopération que lui adressent les peuples des autres régions.
Et ce qui se cherche avec l'ALBA, le SUCRE, la Banque du Sud en Amérique latine revêt une importance décisive aussi. En partant des besoins populaires et des luttes des Latino-américains, cette tentative doit aussi pouvoir contribuer à défricher les voies d'une alternative pour la planète toute entière.
Il est urgent de commencer à œuvrer à un rappro- chement des pays émergents et en développement avec l'Europe - chacun luttant pour la défense et la promotion de son propre modèle social - afin de converger vers la mise en cause de l'hégémonie des États-Unis et progresser vers une civilisation qui soit, enfin, celle de toute l'humanité.
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