Dans les conditions politico-économiques actuelles, le besoin est devenu très fort d'avancer sur les enjeux de pouvoirs dans les entreprises, les services publics, les bassins et les localités avec la recherche de nouvelles liaisons élus/citoyens/militants.
C’est pourquoi l'enjeu des Fonds régionaux pour l'emploi et la formation (FREF) est si important pour l'essor et la convergence des luttes et la construction de nouveaux rapports de force politique.
Il s’agit, en effet, d’avancer une série de propositions cohérentes pour agir simultanément sur trois grands sujets au cœur de la crise actuelle :
1) L'emploi, la formation, les salaires ;
2) Les interventions massives des États au service des capitaux ;
3) Les pratiques des banques, cible d'une colère grandissante dans le monde entier, après qu'elles se soient fait beaucoup de gras avec les aides d'État et les facilités accordées par les banques centrales, alors que le crédit, aux critères inchangés, demeure toujours rationné pour les PME et les investissements nécessitant emploi et formation, tandis qu'il coule à flot pour financer placements, spéculations, activités immobilières.
C’est pour cela qu’il faut, sans attendre, commencer à construire une jonction entre l'idée des FREF, les luttes, et les élections.
-Cependant, un problème tient au fait qu'il y a deux autres grandes questions qu'on ne saurait ignorer pour crédibiliser cette bataille régionale. Il faut, en effet, l'insérer dans la bataille nationale à partir des enjeux du développement des capacités humaines, avec les services publics, y compris celui de l'emploi
– formation et celui du crédit. Et tout cela, en ayant bien en vue le niveau de l'Europe et celui du Monde, car de partout on se trouve confronté à l’alternative suivante :
-Soit l'argent des profits, des fonds publics, du crédit sert à sécuriser et promouvoir tous les humains et la planète, avec des pouvoirs nécessaires pour cela.
-Soit l'argent, asservi au but de rentabilité financière et monopolisé par les capitalistes, est utilisé contre les humains et leur niche écologique.
La bataille pour la création de FREF est en prise sur deux autres types de questions :
-Celles relatives aux enjeux de construction de pôles publics : santé, éducation-formation (université), transports, logements sociaux, jusqu'à la sécurisation de l'emploi et de la formation et au pôle financier public.
-Celles relatives aux délocalisations .
C’est dire, au total, s’il faut s’en saisir pour les élections.
Le contexte politique national des élections régionales :
Nous ressentons tous le besoin d'une campagne permettant de mettre fortement en avant :
le lien aux luttes et aux attentes populaires ;
Les exigences de contenu et de cohérence ;
Le besoin de rassemblement nouveau à gauche pour battre la droite et sa politique.
Tout est fait, en effet, pour dissimuler les enjeux de fond en détournant l'attention sur des types de débat de société verrouillés par les médias, empêchant de faire le lien entre les questions sociales et les questions sociétales, d’une part, et d'articuler aux enjeux de pouvoir et de financement, d’autre part.
Cela est cependant contradictoire avec toute cette colère et cette disponibilité nouvelle des gens à propos des banques, des aides publiques et du crédit à partir des préoccupations sur le chômage, la précarité, les salaires et les services publics. La droite cherche à pousser le plus possible les divisions entre salariés en tentant de prendre à rebours des tendances à leur rapprochement du fait de la précarisation de toutes les conditions d’emploi, des plus démunis aux plus qualifiés, et du fait,aussi, des aspirations communes à se former tout le long de la vie, tandis que progressent les mixités de notre société.
Ces tentatives réactionnaires visent à radicaliser l'électorat de droite, quitte à remettre en selle le Front National, pour solliciter sa capacité à faire se mobiliser un électorat populaire et à instrumentaliser le besoin grandissant de réponses radicales dans les couches populaires, pour faire accepter le recours à un État plus autoritaire au service de la domination des marchés.
Le pouvoir doit en effet faire face à un « ras le bol » de Sarkozy, une montée des luttes sociales et la frustration des couches moyennes salariées ,alors que s'accumulent les difficultés économiques, monétaires et financières importantes à venir, comme, par exemple, le risque d'un krach obligataire. Inséparablement, ces tentatives réactionnaires visent à intimider l'électorat de gauche et le faire se résigner à n'exprimer ses colères et ses exigences que par l'abstention ou par un vote défouloir.
La « gauchisation » du discours du Parti Socialiste tente de masquer une « droitisation » sur le contenu avec, désormais, une ouverture effective vers l'électorat de centre-droit comme l’a montré le « dérapage » très contrôlé de Martine Aubry sur l'âge du départ en retraite. Celle-ci cherche à faire apparaître le parti socialiste comme réaliste, pragmatique, non doctrinaire, non dogmatique ; bref, comme la seule formation qui, à gauche, peut être une opposition sérieuse, capable de rassembler (jusqu'à un électorat de droite) face à Sarkozy.
Il n'est pas étonnant de relever que cette « sortie » sociale libérale porte sur les retraites, alors même que, en liaison avec l'aggravation sans précédent de la crise de l'emploi, s'accentue le défi de l'allongement de la durée de la vie, du financement de la retraite par répartition et, au-delà, du financement de toutes les dépenses publiques et sociales.
Quant aux Verts, leurs tentatives d'instrumentalisation des préoccupations écologiques découplées des enjeux sociaux et des luttes, visent une recomposition à gauche droitière tout en cherchant à capter aussi l’électorat des couches moyennes salariées et jeunes du parti socialiste.
Le NPA et Olivier Besancenot, de leur côté cherchent à instrumentaliser, de façon populiste, le besoin de radicalité à gauche et empêcher ainsi la promotion de nouveaux rapports de force sur des contenus beaucoup plus alternatifs, tout en entretenant la division à la gauche du PS.
Il ne s'agit pas, de se laisser aller à la démagogie populiste sous l'aiguillon de la rivalité avec Besancenot et quitter le terrain de contre-propositions cohérentes, radicales et réalistes à l'appui des luttes.
Il ne s'agit pas, non plus, de se laisser paralyser par l'offensive du PS sur le « réalisme » et le « sérieux » de la « gauche de gouvernement » à partir des retraites.
Au contraire nous avons à montrer que le réalisme à gauche, face aux défis de Sarkozy, ce n'est pas de se ranger à ses solutions. Cela ne peut en aucun cas faire le poids face à la gravité de la crise et au déchaînement populiste de la droite.
On mesure alors l'importance d'un apport communiste original et lisible pour la campagne du Front de gauche et de son articulation aux luttes.
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