Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Retraite, collectivités locales : mêmes enjeux, même combat !

Editorial

Alors qu’en cette fin octobre les mobilisations se poursuivent, malgré le forcing du Président et de l’UMP pour faire promulguer  sa réformedes retraites, on peut d’ores et déjà dire que cela ne sera plus comme avant.

Ce mouvement social est très profond. Il rassemble le public et le privé, la jeunesse s’en est mêlée posant avec les autres générations des questions de société essentielles. Cette réforme des retraites est ressentie – même après son passage en force au Par- lement – comme insupportable, dans un contexte où les riches le sont de plus en plus.

La lutte des classes, si souvent reprise sur les autocollants arborés par les manifestants, a fait un retour en fanfare dans ce pays où selon Nicolas Sarkozy, les grèves ne devaient plus se voir Il y a beaucoup de colère et d’exaspération, mais aussi de recherche, de cheminement dans les têtes, de détermination face à un pouvoir autiste. Triste aveu du mépris prési- dentiel : à la délégation d’élus du Front de gauche qui se rendait à l’Élysée  pour que le Président – à l’instar de ce qui s’était passé pour le CPE retire son projet majoritairement rejeté par l’opinion, il a été répondu : « On ne peut pas ouvrir de négociations avec les syndicats car on sait qu’ils ne sont pas d’ac- cord avec le projet. » Ubu battu !

L’irruption populaire a retardé le rythme du train fou des réformes  sarkozystes censées être avalisées par le Parlement. C’est le cas de la réforme des col- lectivités. Le Sénat avait modifié le projet. Il revient à la Commission mixte à l’Assemblée nationale le 3 novembre après plusieurs reports.

Mais contrairement à ce qui s’était passé au moment du lancement de cette réforme par la commission Balladur/Mauroy, le projet est loin de faire consensus. Contrairement aux arguments de « simplification » donnés à l’époque, la vraie nature de la réforme appa- raît : les collectivités perdent leur liberté d’interven- tion dans les domaines  qu’elles jugent importants : le couple communes/départements, mais aussi les intercommunalités et les régions, sont dans le collimateur, avec la mise en cause des financements croisés et de la clause de compétence générale. Et avec elles, les services publics et l’emploi public dans des domaines aussi essentiels que la petite enfance, les transports, la santé, l’enseignement, la culture, le sport, le logement, sont rendus inopérants pour ouvrir des champs de services exploitables par le privé.

Les élus sont éloignés des citoyens par un mode de scrutin inique instituant des conseillers territoriaux. Et la mise en place de « communes nouvelles » et des métropoles coiffe le dispositif pour transformer les collectivités en services déconcentrés  de l’État, en remettant au cause la décentralisation, la démocratie de proximité et le potentiel des 1,9 million d’agents territoriaux que notre pays a la chance de posséder.

Mobilisés depuis des mois, les élus communistes  et républicains sont à l’initiative sous des formes diverses de riposte dans les territoires.  Nationalement, l’appel aux associations d’élus de gauche à se mobiliser se concrétise par une manifestation prévue le

3 novembre, et par le dépôt prévu d’un recours, le cas échéant, pour cette loi liberticide, devant le Conseil constitutionnel. Des résistances en perspective, lors du Congrès des maires notamment.

En effet qu’il s’agisse de l’enjeu des retraites ou celui des collectivités territoriales,  dans chaque cas se trouve posée la nécessité d’une maîtrise sociale de l’utilisation de tous les financements  pour développer les capacités humaines au lieu de la croissance financière des capitaux. Inséparablement est posée la question de la construction  européenne avec une réorientation très profonde du rôle et des politiques de la BCE, que continuent pour l’heure de refuser les dirigeants du PS, sans laquelle nulle Europe sociale n’est possible.

Une lutte ne chasse pas l’autre, et l’émergence de mobilisations, leur élargissement, ont besoin de pro- positions transformatrices et cohérentes articulant aux objectifs sociaux nouveaux à faire prévaloir les moyens financiers, les droits et pouvoirs nécessaires. Et nous devons nous attaquer à l’ambition  d’une construction politique alternative qui fait encore très clairement défaut à gauche.

Pour dépasser l’horizon réducteur du présidentia- lisme, l’apport des communistes  c’est d’aider sans attendre les mouvements dans leur diversité à formu- ler des repères collectifs, des plate-formes crédibles et validées d’une politique de changement, des éléments d’un  projet à vocation majoritaire. Pas seulement parce qu’il faudrait que la gauche revienne sur les dispositifs qui privent, par exemple, les collectivités de leur autonomie, mais parce que – comme sur les retraites – il faut gagner à ce que les salariés, les citoyens s’emparent majoritairement des questions de fond. Quelle société ? Pour qui ? Pour quoi ? Avec quels moyens financiers ? Quels moyens d’intervention démocratique ? Dans quelle Europe ? Dans quel rapport au monde ?…

Les millions de personnes qui ont fait irruption dans le débat politique depuis 6 mois sont disponibles et attentives. Faisons fructifier ce climat nouveau.

 

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