Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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L'arnaque Sarkozy : Les salariés paieraient plus des retraites qu'ils ne prendraient pas !

le 19 mai 2008

Sarkozy propose de passer à 41 ans la durée de cotisations pour ouvrir le droit à la retraite. On vit plus vieux, il faudrait donc cotiser plus longtemps. Derrière une apparence bêtement logique, on retrouve cette devise que le gouvernement applique déjà au RSA, financé par une partie de l'argent de la « prime à l'emploi », ou aux franchises médicales : malheur aux pauvres !

Un système de solidarité nationale fondé sur l'effort de reconstruction d'un pays en ruine à la Libération a permis à la France de se redresser puis de rester un pays riche et développé. Alors, pour le pouvoir, s'attaquer à un élément fort du contrat social suppose quelques précautions oratoires. La chose est particulièrement vraie quand, à peine un an après le temps des promesses, revient en boomerang celui d'un profond mécontentement social sur lequel Sarkozy avait surfé et qui n'a jamais disparu depuis le retour de la droite au pouvoir à la faveur de 2002. Désormais dans la chute du Président dans les sondages, les retraités prennent leur part. 50% des retraités touchent une pension inférieure au SMIC ; les salariés ont de plus en plus de mal à atteindre le nombre d'années de cotisations ; l'espérance de vie d'un ouvrier est inférieur à celui d'un cadre. L'aumône qui est faite aux retraités, après le double racket du 1,1% de revalorisation des pensions au 1er janvier et de l'assujetissement d'une partie des personnes âgées dépendantes à des cotisations patronales sur l'emploi d'aide à domicile, est un outrage supplémentaire. La première phrase de la note établie par le ministre du travail sur la question des retraites indique donc toute la contradiction de la situation : « Les Français sont très attachés à leur système de répartition ». C'est bien là tout le problème !

Le mensonge principal du gouvernement est qu'il ne veut pas sauver les retraites par répartition mais bien faire de ce dossier un élément parmi d'autres de son offensive sur les droits des salariés, en activité, au chômage ou à la retraite. Prétendre développer « l'emploi des seniors » en ciblant en premier « les salariés ayant eu une longue carrière et de faibles revenus » est déjà tout un programme de société. Alors que le MEDEF fait durer les négociations sur la pénibilité, c'est précisément aux salariés ayant eu à exercer les travaux les plus durs que l'on va demander de mourir au travail. « Le relèvement progressif des conditions d'âge pour bénéficier d'une dispense de recherche d'emploi » va avoir pour effet immédiat de faire tomber ces salariés âgés sous le couperet des autres mesures que prépare le gouvernement : obligation d'accepter un emploi payé à 70% de son précédent salaire et situé à deux heures de chez soi sous peine d'être radié. Quant au financement, le gouvernement prévoit de le faire peser encore un peu plus sur les cotisations des salariés et sur la branche famille de la Sécu. Bref : « Salariés, payez encore plus des retraites que vous ne prendrez pas ! ».

L'autre mensonge du pouvoir porte sur le chiffrage. A ne retenir que l'enjeu, bien réel, de la part de plus en plus importante des plus de soixante ans dans la population d'ici à 2030, le gouvernement escamote une donnée essentielle : l'évolution des richesses créées qui permettent ou non d'y faire face. Si la part du PIB affecté aux retraites était de 5% en 1960 et de 12% en 2007, elle devrait être de 18% en 2040. Or si les richesses créées ont doublé entre 1960 et 2007 pour atteindre 1500 milliards d'euros, elles devraient encore doubler dans la période à venir pour s'établir à 3000 milliards d'euros en 2040. Toute la question dans cette affaire, comme sur toute la politique de cette majorité de droite, est de savoir si l'on va établir une autre répartition de ces richesses ou bien continuer à faire payer au plus grand nombre le choix que leur écrasante majorité soit accaparée par le tout-financier.On voit bien là, retrospectivement, que l'attaque contre les régimes spéciaux de l'automne était bel et bien le prélude à une nouvelle offensive contre l'ensemble des salariés.

Pour le PCF, il existe une réponse à la question du financement : faire cotiser au même niveau que les salaires les revenus financiers. Cela permettrait de répondre à l'ensemble des besoins et même au-delà. Ensuite, parler de réformes des retraites sans aborder la question de l'emploi est irresponsable. Là encore, les statistiques démontrent l'échec de la politique du gouvernement : un tiers des emplois créés sont précaires, et la chasse aux chômeurs contribuent pour beaucoup à faire disparaître les chômeurs des chiffres sans pour autant les conduire à l'emploi. Il faut au contraire instaurer un système de sécurité de l'emploi et de la formation permettant d'assurer à chacun un emploi en rapport avec ses qualifications et un bon salaire. La réforme des retraites de Sarkozy, dans la droite ligne des précédentes, est une machine infernale qui n'a qu'un objectif : abolir le droit à la retraite.