Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Sécuriser l’emploi et la formation dans l’aéronautique

Les communistes de l’aéronautique avaient lancé en 2003 l’idée d’un même statut social pour toute la branche concernant  : salaires, grilles de qualification, garanties collectives, droits et pouvoirs, etc. Un statut permettant de lutter contre le recours sauvage à la sous-traitance et aux externalisations, qui interdirait les licenciements et garantirait la mobilité choisie d’une entreprise à une autre, et qui s’appliquerait dans toutes les entreprises et dans toutes les régions. Plus que jamais cette proposition reste d’actualité.

Cette ambitieuse proposition s’inscrit dans la perspective d’un changement de société et de civilisation. Elle s’oppose à la « flexicurité» que le « pacte euro plus », initiépar N. Sarkozy et A. Merkel, approuvé par tous les États de l’Union européenne en juin dernier, met en avant pour relever la compétitivité par la baisse des coûts salariaux des entreprises. Cela vise, au nom de la mobilité, à généraliser la flexibilité en s’attaquant à toutes les garanties du contrat de travail.

Cette Sécurisation de l’emploi et de formation va aussi plus loin que la proposition timorée du parti socialiste qui prétend instaurer une sécurité sociale professionnel- le en créant « un compte de temps formation permettant de reprendre ses études, de s’occuper de sa famille et de choisir les modalités de son départ en retraite ». Or, compte tenu des réformes allongeant  les années de cotisations  que le PS a approuvées, ce compte épargne temps poussera les salariés à multiplier  les heures supplémentaires, freiner les périodes de congé pour tenter de partir à la retraite avant de mourir au travail.

Développer les capacités humaines

L’emploi a été considéré comme un moyen d’ajuste- ment privilégié dans l’aéronautique  mondiale pour gérer les fluctuations de l’activité,  souvent à travers un transfert de variations de charge tout au long de la chaîne de sous-traitance.

L’exemple le plus caricatural en ce domaine c’est Boeing dont la politique « Hire and five » (embauches et licenciements) a conduit à supprimer 30 000 emplois d’un coup juste après les attentats du 11 septembre 2001.

Mais Airbus est sur la même ligne avec son plan « Power 8 » visant  à la suppression de 10 000 emplois, le chômage partiel et les départs dits volontaires, sans parler des ajustements d’autant plus brutaux imposés aux PME de la sous-traitance pendant la crise 2009, que l’État et les régions, via « Aerofund » ont été censés les aider pour absorber le choc.

Mais cette politique engendre des risques énormes pour les bassins d’emplois concernés, et pour les  entreprises en cause avec des pertes de compétences qui entraînent systématiquement des pénuries d’emplois et de qualification quand l’activité redémarre, dans le même temps où les dépenses de formation dans l’ensemble de la filière demeurent dramatiquement insuffisantes !

Et cela est criant dans les PME et les entreprises de taille intermédiaire,  lesquelles ont à faire face non seulement aux injonctions des grands donneurs d’ordres mais aussi à la sélectivité du crédit bancaire.                                   

L’enjeu de la formation

La révolution informationnelle, les nouvelles technologies (informatique, électronique, matériaux nouveaux), ont poussé les exigences de coopération, de partage de l’information liées aux évolutions des produits.

L’élargissement des métiers et des branches travaillant pour l’aéronautique, et l’élargissement territorial au-delà des quatre ou cinq régions qui ont longtemps monopolisé l’implantation des activités aéronautiques (Île-de-France, Aquitaine, Midi-Pyrénées, PACA, Pays-de-Loire), posent la question des formations initiales développer aussi dans ces nouvelles régions.

Pour cela il faut aller vers une cartographie territoriale confortant les capacités de formation et d’apprentissage et le besoin de entreprises des sous-traitants.

Dans ce cadre le PCF propose d’ouvrir des sections d’IUT aéronautique financées par une cotisation des entreprises.

Concernant la formation continue, le PCF propose  :

– De développer la formation longue en alternance avec un développement du tutorat, permettant de conserver des actifs que les entreprises ont tendance à pousser vers la sortie. Il s’agit de garder de la main- d’œuvre expérimentée dans la perspective de la reprise des activités.

– La formation continue en direction de salariés en reconversion, pour une intégration d’actifs autres que les jeunes, permettrait de redresser une pyramide des âges caractérisés par une faiblesse relative des 40-50.

– La formation continue favorisant une ascension professionnelle permettant aux ouvriers de passer techniciens, et les techniciens  ingénieurs.

Conclusion

Le modèle économique  actuel, au nom de la rentabilité financière, déresponsabilise totalement les groupes au plan social. Ils sont encouragés en cela par des exonérations de cotisations sociales, les cadeaux fiscaux, le recul des droits des salariés, le rejet de charges et de risques insupportables sur les PME, sur les bassins d’emploi, le crédit facile pour les opérations financières, les placements,  la spéculation.

Il faut utiliser autrement les technologies informationnelles d’abord pour réduire à nouveau massivement le temps de travail, embaucher et former en cessant de gâcher des capitaux.

Il faudrait une explosion des dépenses de formation dans toute la filière en lien avec l’essor nécessaire de recherche-développement.

Toute aide, tout crédit pour les investissements  ne devraient être accordés qu’assortis d’objectifs chiffrés et contrôlés d’emplois et de formation correctement rémunérés. Et il faudrait notamment que des quotas d’embauche de jeunes soient imposés.

Cela suppose d’urgence un nouveau statut des salariés dans la filière, mais aussi du statut des groupes qui la pilotent avec la nécessité absolue d’une appropriation publique et sociale d’un nouveau type avec, au cœur, de nouveaux critères de gestion d’efficacité sociale.

Cette appropriation ferait d’ailleurs  écho en France et en Europe à la nécessité de promouvoir dans le monde entier ce « Bien Commun » que devraient être les transports aériens. C’est une visée effective de dépassement du capitalisme qu’il paraît désormais nécessaire de porter avec des propositions branchées sur ce que cherchent à obtenir les luttes immédiates. Et cela est bien en résonance avec ce qui monte en France et en Europe avec les luttes contre l’austérité  et l’autisme de la Banque centrale européenne. Mais il est aussi en résonance avec ce puissant appel pour « le pain et la liberté » du monde arabe qui place l’Europe face à d’énormes responsabilités avec l’enjeu d’une tout autre construction euro-méditerranéenne.  Au-delà c’est en résonance avec la recherche fébrile de milliards d’êtres humains en Asie, en Amérique latine, d’une voie de développement émancipée de l’autoritarisme étatique, de la domination des marchés et de l’hégémonie des États-Unis.  À l’heure où les grandes puissances capitalistes cherchent à relancer une course aux armements au nom de la lutte contre le terrorisme et à l’appui d’un nouvel impérialisme, on voit l’enjeu pour que s’affirme donc plus le primat des programmes  civils pour une nouvelle culture de paix. L’industrie aéronautique et, au-delà, toute la chaîne du transport aérien, est au cœur de la recherche d’un  outil de développement pacifique, non aligné de la planète vers une autre civi- lisation. D’où l’importance d’une relance de l’activité du PCF dans cette industrie pour son apport original et autonome à un rassemblement transformateur du local au mondial. 

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