Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Le PS joue à cache–cache avec la sécurité sociale professionnelle

Présente dans les versions de travail du projet du PS rendues opportunément publiques, la notion de sécurité sociale professionnelle revendiquée par la CGT a totalement disparu des propositions de la version définitive du texte, comme d’ailleurs de son exposé d’intention.

Si cette disparition ne surprend pas, elle est un signe clair du PS à l’égard des politiques  de l’emploi qu’il compte mener une fois de retour au pouvoir. Il composera avec un marché du travail soumis aux impératifs des marchés financiers et de la valorisation financière des entreprises. C’est l’expression d’un renoncement à un changement radical d’horizon politique et économique pourtant prôné tout au long du texte. Un renoncement au dépassement du marché du travail.

Certes, la référence à la notion dans les documents antérieurs au projet définitif en dévoyait déjà le contenu initial. Reprenant le principe de la sécurité sociale professionnelle pour lutter contre l’insécurité sociale inhérente au contrat de travail, le document proposait de bâtir « la sécurité sociale professionnelle, défi comparable à celui qui, en 1945, vit naître la Sécurité sociale ». Mais il réduisait immédiatement son ambition à « un droit à la qualification pour tous garanti par un compte formation individuel » comportant « deux étages. Le premier étage assurera un droit à la formation initiale différée de six mois à deux ans en fonction de la qualification  des jeunes sortis de la formation  initiale. Le second étage assurera un droit capitalisable à la formation  tout au long de la vie professionnelle ». Et cela sans jamais préciser les modalités de financement ni d’organisation de cette formation tout au long de la vie professionnelle. De sorte que, en dissociant ainsi l’emploi de la formation, la proposition laisse in fine le marché du travail réguler la demande d’emploi formée. Elle maintient donc en l’état l’inégalité employés/employeurs propre au fonctionnement de ce marché et son insécurité implicite. En outre, elle prend le risque de faire de la formation un outil de gestion individuelle de cette insécurité d’emploi, chaque travailleur devenant le comptable de son temps de formation en prévision de ses temps de chômage.

Ainsi là où, pour la CGT et le PCF, la sécurité sociale professionnelle constitue une proposition cohérente. Parce qu’elle associe droits sociaux, avancées juridiques, nouveaux pouvoirs des salariés, financements publics dédiés à l’efficacité sociale par l’emploi et la formation, nouveau statut des salariés et nouveau statut de l’entreprise, et nouveau service public de l’emploi et de la formation, elle devient pour le PS un slogan promotionnel  sans contenu novateur, sorte de Canada Dry pour électeur syndiqué.

Doit-on s’en étonner ? Pouvait-on attendre plus d’un texte qui pose dans ses préalables l’impératif catégorique de réduction du déficit public (p.19), la soumission du rythme de croissance de la dépense publique à celui de la croissance et l’affectation de 50 % des gains de la croissance au désendettement du pays (p.29 et 30) ? D’un texte qui promeut le primat de la compétitivité des entreprises appuyée par un fonds financier souverain (p.21) parfaitement en phase avec la domination des marchés.  Pouvait-on attendre autre chose d’un texte muet sur le cadre européen de mise en concurrence des territoires et des hommes, sur la Banque centrale européenne, ses priorités et son indépendance par rapport aux états ?

Sur cette question particulière, les communistes ont besoin de repartir à l’offensive à partir des divers chantiers de lutte qu’elle induit : les contrats, le service public de sécurisation de l’emploi et de la formation, la sécurisation des parcours professionnels et le financement. Il y a un espace pour engager un débat sur ces propositions avec les salariés et leurs organisations syndicales, qui permettrait également de clarifier cette approche de la SEF, que les formations du Front de gauche reprennent dans le programme partagé mais sur laquelle toutes ne mettent pas exactement la même chose.

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