Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Projet du PS pour 2012 Faiblesse et danger sur la Protection sociale

La santé

Le PS prétend rétablir l’égalité devant la Santé. Mais il se garde bien de propositions précises pour sortir des réformes libérales en cours et pour avancer une réforme de progrès, pourtant indispensable, du système de santé.

Il rappelle à juste titre que près de 40 % des Français retardent le moment de se faire soigner pour des raisons financières, que les taxes sur les médicaments, les déremboursements, l’inflation  des dépassements d’honoraires et la hausse du reste à charge des patients pénalisent tous les Français, particulièrement  les plus fragiles et les plus âgés. Il montre certes que les inégalités territoriales  d’accès  aux soins se développent avec l’apparition de véritables déserts médicaux, à la campagne comme en ville. Pour faire face, il déclare vouloir réorganiser notre système de soins pour qu’il retrouve cohérence et efficacité.

Mais il avance quatre choix très limités et bien dans l’esprit des réformes engagées jusqu’à aujourd’hui pour prétendre y parvenir :

renforcer l’hôpital public, mais il ajoute pour le recentrer sur ses missions essentielles, ce qui laisse à penser que tout ne serait pas possible et augure de nouvelles fermetures et fusions au nom du réalisme ;

développer les réseaux de soins et les maisons médicales afin de décharger l’hôpital et ses personnels de soins courants qui devraient relever de la médecine de ville. Mais quels types de réseaux de santé et que dire des maisons médicales qui peuvent très bien admettre

la médecine libérale au lieu de promouvoir la vitalité des centres de santé, notamment municipaux ;

lutter contre les déserts de santé en demandant aux jeunes médecins d’exercer dans une zone de santé prioritaire pendant les premières années à la sortie des études. Mais cela ne permettra pas de sortir de la crise de la démographie médicale et des inégalités territoriales de santé ;

‒ faire primer la prévention et l’offre  de soins de proximité dont les médecins généralistes doivent être le pivot. Et pour cela, il veut introduire le paiement des médecins au forfait, autrement dit, dans le cas de patients qui ont besoin de se rendre souvent chez leur médecin, celui-ci recevra de la Sécurité sociale un montant global pour le suivi de ce patient.

Rien sur le financement, du système de santé, rien de concret sur la démographie médicale, on ne dit

pas quelle véritable réforme du système de santé on veut mettre en place. Enfin, aucun engagement à abroger la loi HPST, à rompre avec la T2A, à dégager un nouveau financement de l’hôpital,  n’est  avancé. Le « réalisme  » obligerait  à rester dans les clous des réformes libérales.

Retraite et dépendance

Si le projet du PS sur la retraite annonce joliment : BIEN VIEILLIR ENSEMBLE, en rappelant, à juste titre que la façon dont une société accompagne chaque personne âgée jusqu’à la fin de sa vie est un indice de civilisation. S’il montre aussi que disposer d’une retraite décente et avoir le droit de choisir son mode de vie n’est pas un luxe, c’est un minimum, c’est selon lui une liberté de choix garantie collectivement. Certes il reprend son engagement d’abroger la réforme de 2010, injuste et qui n’a rien réglé financièrement.  Mais ce sera sans revenir sur l’augmentation de la durée de cotisations  engagée  dans  la « réforme » Sarkozy  qui va de fait condamner à travailler plus longtemps avec des retraites gravement rognées. Ainsi, s’il promet un financement garanti avec une contribution du capital, le droit de partir à 60 ans, le maintien des seniors dans l’emploi, la prise en compte de la pénibilité, il subordonne ces mesures à la prise en compte de l’allongement de la durée de vie dans le calcul du niveau des pensions.

Il prône certes un système universel mais aussi personnalisé, qui permettrait à chaque personne de faire des choix et d’organiser sa vie. Ce qui s’insère dans une logique individuelle de retraite dite choisie, à la carte, et qui peut évidemment admettre la montée de régimes par capitalisation ‒ ce qui est en droit d’inquiéter tous ceux qui sont attachés aux systèmes de retraite par répartition avec  l’exigence de financements  socialisés que cela implique.

Il prétend se donner les moyens de réussir sa réforme qui engagera plusieurs générations en menant une concertation avec les organisations  syndicales et un débat public avec les Français en vue de décisions qui seront prises avant l’été 2013.

Concernant la dépendance, il pose que chaque per- sonne âgée confrontée  à la dépendance  devrait pouvoir décider son mode de vie en fonction de ses aspirations et de sa situation, au regard de l’état de santé de la personne et de ses revenus financiers, soit là encore une conception à la carte, n’excluant en rien la participation des assureurs, des Fonds de pension et du financement individuel et inégalitaire en fonction des revenus et de l’épargne individuelle. Certes on ajoute que la solidarité doit jouer. Mais l’objectif est d’équilibrer financière- ment les comptes de la dépendance et non de travailler à de nouveaux financements solidaires dans le cadre d’une Sécurité sociale rénovée.

Ainsi l’amélioration des aides au maintien à domicile des personnes  âgées dépendantes et l’équilibre financier seraient assurés en rétablissant la fiscalité sur les grosses successions à son niveau d’avant 2007.

On prétend que cela permettrait de jeter les bases d’un droit à la compensation de la perte d’autonomie tout au long de la vie, fondé sur la solidarité et non sur des assurances privées, qui ferait diminuer le reste à charge aujourd’hui  effectivement insupportable,

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