Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

L’exacerbation de la crise systémique du capitalisme, avec les effondrements financiers de 2008 et la récession de 2009 révèle désormais le besoin de changer de civilisation.

 

Les centaines de milliards d’euros apportés par les États pour sauver les banques, sans changement des critères du crédit, se traduisent par un surendettement publicque les dirigeants prétendent endiguer en imposant auxsalariés et aux peuples des thérapies de choc.

 

Sous l’impulsion de la BCE et de Bruxelles des plans drastiques de réduction de la dépense publique ont

été mis en œuvre dans l’ensemble des pays de l’Union européenne à des doses plus ou moins élevées. La Grèce et  l’Irlande ont payé le prix fort. Mais la France n’y apas échappé : réforme régressive des retraites, suppressions d’emplois et de services publics, déstabilisationdes collectivités territoriales.

 

L’impact social est considérable, d’autant que, parallèlement, dans un contexte d’intense spéculation, on

assiste à une envolée des prix des produits de première nécessité (énergie, nourriture...), plongeant dans de

graves difficultés les populations. L’exemple de la Grèce est caractéristique : quelques mois seulement après la décision du gouvernement grec de passer sous les fourches caudines des orientations de la BCE et du FMI, la population grecque est toujours dans la rue pour crierson refus de voir son niveau de vie fondre comme neigeau soleil face à la hausse des prix.

 

Cette crise systémique, véritable crise de civilisation, est mondialisée. Les pays émergents voient leur croissance ralentir tandis que les États-Unis connaissent le plus fort taux de chômage de longue durée de ces dernières années. Mais ce qui est le plus marquant, c’est lemagnifique soulèvement populaire qui touche les paysdu Maghreb et du Proche-Orient. Les causes sociales profondes de ces mouvements sont souvent passées sous silence alors qu’elles en sont l’élément déclencheur, carla privation de liberté marche toujours de pair avec lerationnement du pain. Ainsi, les valets de l’impériaralisme qui en Tunisie, en Égypte... ont officié pendantpresque un demi-siècle auront-ils été emportés.

 

En face de cette montée des luttes sociales et politiques dans les pays du Sud méditerranéen, l’Union

européenne, et particulièrement la France, dont il est inutile de rappeler les liens historiques avec ces pays,

demeure sans réponse.

 

Il serait pourtant urgent de proposer à cet ensemble régional une alliance stratégique lui permettant de

disposer des moyens de développer toutes ses capacités humaines.

 

Cela aiderait à réorienter une construction européenne,de plus en plus centrée sur l’Allemagne et la rentabilité financière des capitaux avec une BCE « indépendante »asservie aux marchés financiers contre les besoins sociaux et culturels de développement de ses populations, contre toute coopération de co-développement avece Sud.

 

Cela impliquerait, au lieu du Fonds de stabilisation financière censé réguler les désordres, la création d’un

véritable Fonds européen de développement social pourle financement des besoins sociaux et culturels de développement des populations, et des services publics

.

La France demeure arrimée à l’esprit et à la démarche d’un couple franco-allemand dominateur qui entend

désormais dicter un « pacte de compétitivité » aux pays et aux peuples européens. Selon le rapport Chartier, il doit conduire notre pays à baisser de 3 points son taux de prélèvements sociaux, la part de richesse produite ainsi libérée pouvant être absorbée alors par des prélèvements financiers du capital (intérêts, dividendes).

 

Il s’agit, ce faisant, d’imposer une modification de notre constitution visant à y intégrer le principe d’un

plafond de déficit public, comme l’ont déjà fait lesAllemands.

 

De tels choix ne peuvent que précipiter encore un peu plus le peuple de France dans un processus de délite-

ment social et, au-delà, qu’affaiblir la place de notrepays sur la scène internationale. C’est en tout cas le contre-exemple de ce qu’il faudrait être en capacité deprésenter aux peuples en lutte du Maghreb.

 

Car, ce dont ont besoin les peuples européens, maghrébins comme l’ensemble des peuples du monde, ce sont de nouvelles solidarités ayant pour socle le dépassement d’un système qui oppose le développement cancéreux et les profits des capitaux financiers à tout progrèssocial et démocratique, avec des risques de barbarie.

 

Les temps sont à la mise en œuvre de coopérations très audacieuses pour un co-développement de tous les peuples des deux rives de la Méditerranée afin d’accéder à une nouvelle civilisation.

À la veille d’échéances électorales importantes enFrance, cela situe le niveau de responsabilité du PCF.

 

Les élections s’inscrivent comme un moment particulier d’un processus d’ensemble de construction de la

riposte et de l’alternative à la politique de la droite et aux choix capitalistes. En ce sens, la meilleure prépara-

tion des scrutins électoraux est le développement d’une démarche tournée vers l’action et l’intervention des

salariés et des citoyens de ce pays, porteuse de propositions précises, cohérentes et rassembleuses, associantà l’exigence d’objectifs sociaux les moyens financierset les pouvoirs nécessaires.

 

Ensuite, il s’agit de travailler sur la base de la mobilisation du mouvement social au plus large assemblement de tous ses acteurs dans le respect de la diversité de chacun. Cela ne saurait conduire à une démarche decartellisation, ni à une délégation à un homme « providentiel », ni à des jeux politiciens.

 

Ce rassemblement doit se construire sur la base de contenus politiques, économiques et sociaux élaborés avec les salariés et à la hauteur des enjeux posés par le défi d’une crise systémique. C’est ce que proposent d’engager les communistes dès les élections cantonales avec le Front de gauche, et, pour toute la suite, à l’appui des luttes sociales et altermondialistes, avec l’élaboration d’un véritable programme populaire partagé loin des logiques d’appareil, des manœuvres de sommet etdes slogans prêts à porter.