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Pouvoir d'achat - Salaires : 10 pistes de propositions

le 07 January 2008

Pouvoir d'achat - Salaires : 10 pistes de propositions

Dans le même temps où l'Insee annonce un relèvement du pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages de 2,6 % en 2006 à 3,2 % en 2007, deux Français sur trois disent avoir constaté une baisse de leur pouvoir d'achat depuis un an. Qui croire ? En fait, cette contradiction traduit les inégalités fondamentales entre la minorité dont le pouvoir d'achat continue de s'accroître toujours plus et ceux dont la situation s'aggrave. Sommaire Le nombre des salariés à faibles revenus s'élargit. Leur situation se dégrade : Les gels ou les freinage des salaires imposés avec la RTT et l'incitation à la réduction des salaires encouragée par le système des exonérations de cotisations sociales patronales (plus le salaire est proche du SMIC et plus les exonérations sont fortes) ont conduit à la massification des salariés rémunérés à un niveau proche du SMIC. Ainsi près de 20 % des salariés, dont 80 % sont des femmes, sont payés au SMIC. La France est le pays où la proportion de salariés payés au salaire minimum est la plus élevée de toute l'Union européenne. 10% gagnent mois de 1000 €, 50% moins de 1484 €. Par contre, l'accroissement du pouvoir d'achat moyen constaté par les statistiques est lié à l'augmentation des revenus non salariaux comme ceux du patrimoine. Cette tendance à été renforcée encore par les mesures fiscales pour les plus riches adoptées ces dernières années et renforcées cet été ( Ainsi dans les 9 premiers mois de l'année le fisc a renvoyé un chèque de 37 300 € en moyenne à 3500 contribuables au nom du bouclier fiscal limitant les contributions des plus fortunés). Entre 1996 et 2005, l'écart entre les 10% les plus pauvres et les 5% les plus riches s'est accru de 4700 € par an (hors revenus financiers) et aujourd'hui 7,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Des hausses de prix qui frappent les ménages modestes et moyens Si le recul du chômage a redonné un peu de pouvoir d'achat à quelques uns, la grande majorité des salariés, eux, ont vu leur salaire stagner d'autant plus que Nicolas Sarkozy s'est refusé à tout coup de pouce du SMIC le 1er juillet dernier. À ces pressions et blocages sur les salaires se sont ajoutées des hausses de prix et des restrictions de crédit qui, elles aussi, ont frappé différemment les catégories sociales. Ainsi les prix des dépenses dites « contraintes et fréquentes » et qui constituent l'essentiel des dépenses des familles modestes et moyennes explosent (loyer, énergie, produits alimentaires, santé). Par contre, les prix des produits et services culturels ou informationnels ont tendance, eux, à baisser. Mais ceux-ci concernent plutôt les catégories disposant de revenus supérieurs. D'où le nouveau décalage entre le vécu de la majorité des salariés et l'évolution des indices des prix à la consommation qui sous-évaluent les dépenses obligatoires réalisées par la grande majorité des salariés, des retraités ou des personnes sans emploi. Enfin, la consommation est également freinée par la remontée des taux de crédit à la consommation, mais aussi par l'anticipation de l'impact de mesures gouvernementales qui vont très vite grèver les budgets des ménages : — franchises médicales, — paiement de la redevance TV pour les personnes âgées qui en étaient exonérées, ... Le grand écart entre les promesses et les réalités Alors que N. Sarkozy avait fait de la question du pouvoir d'achat sa priorité pour relancer la croissance et l'emploi, que la loi TEPA (travail, emploi, pouvoir d'achat) était censée redonner un nouvel élan de confiance favorisant la relance des affaires, dès le mois d'octobre, la consommation des produits manufacturés a connu une chute de plus de 1 %. Ainsi le pari de Sarkozy de regagner un point de croissance est loin d'être gagné. Si le premier moteur de la croissance, celui de la consommation des ménages commence à flancher, il est à noter que celui de l'investissement des entreprises ne va pas mieux. Là aussi les hausses des taux de crédit pour les investissements ont fait reculer de 25 % les prévisions sur l'investissement des entreprises en 2007. Quant au moteur de l'exportation, la flambée de l'euro par rapport au dollar l'a grippé. Effets d'annonces ou mesures efficaces pour le pouvoir d'achat Dans ces conditions, les mesures de « relance du pouvoir d'achat » ne sont guère de nature à répondre aux attentes de la société, ni aux difficultés fondamentales qui grèvent le pouvoir d'achat de l'immense majorité des salariés. Mais pas question pour Nicolas Sarkozy d'adopter des mesures comme celles que plébiscitent la majorité des français, selon le sondage Ifop pour Dimanche Ouest France, comme la baisse de la TVA (85 %), de la TIPP (83 %), ainsi que l'augmentation du SMIC (72 %), car ce serait affronter les interdits de la BCE. Une cascade de mesurettes est jetée en pature :

  • Favoriser le travail du dimanche ;
  • Rachat des heures de RTT et comptes épargne temps ; 
  • Déblocage de la participation et la mise en place d'une prime de 1.000 euros (que pourront verser) les entreprises de moins de 50 salariés qui n'ont pas vocation à mettre en oeuvre le système de la participation ; 
  • Déblocage des fonds de participation dans les six prochains mois là où ils existent ; 
  • Payer les stocks d'heures déjà travaillées mais devant être prises en RTT dans les hôpitaux et les administrations sont les autres pistes avancées par le président de la République pour faire rentrer quelques subsides dans la poche des salariés. Ce sera loin d'être le cas pour tous ; 
  • Supprimer dès le début de 2008 les cautions et réduire à un mois les dépôts de garantie ; 
  • S'agissant des prix, le freinage de l'augmentation des loyers via l'alignement sur l'indice des prix INSEE et les promesses de baisses de certains produits en magasin seront tout juste de nature à atténuer la détérioration du pouvoir d'achat.
Toutes ces mesures ont en commun un même refus de toucher aux profits et aux prélèvements financiers massifs surles entreprises, de responsabiliser les banques pour financer l'emploi et la croissance réelle et de maintenir le cap de la restriction des dépenses publiques et sociales. Pour relance du pouvoir d'achat : 10 pistes de propositions Donnez votre avis !