le 02 January 2008
Les réunions de concertation sociale à la mode Sarkozy se suivent et se ressemblent. La conférence sur l'agenda social 2008 récemment convoquée par le chef de l'État n'a pas dérogé à la règle.
Pour l'Élysée, toute concertation est conçue comme un simple accompagnement de l'application du programme présidentiel. Pour Sarkozy, l'unique vertu du “ dialogue ” est de faire avancer les syndicats à son rythme. “ Ce n'est pas simple, a-t-il reconnu, car le tempo du changement (le sien, bien entendu) n'est pas toujours compatible avec celui du dialogue social ”. Qu'en termes galants ces choses-là sont dites...
Le dialogue social ne serait qu'un frein, et en discutant un peu mieux, il s'agirait de s'entendre pour le desserrer et permettre à la France d'avancer. Son discours a ainsi proposé de mettre en harmonie sur tous les sujets son calendrier et celui des “ partenaires sociaux ”. Pour le patronat, pas de problèmes, les deux programmes se confondent. Pour les syndicats, c'est une autre paire de manches.
Pour lever les obstacles, Sarkozy propose deux méthodes au choix : la négociation sociale, si elle permet d'aboutir à ce qu'il a déjà décidé par avance ; sinon, la décision directe du gouvernement. Autrement dit, deux voies possibles, mais qui doivent mener au même résultat. Avec Sarkozy, tous les chemins du “ dialogue social ” doivent mener au palais. Exemple de cette caricature de dialogue proposée par le président, la réforme du “ service public de l'emploi ”. Sur ce thème, alors que la grève des agents de l'ANPE et de l'UNEDIC contre les conditions de cette fusion a révélé une opposition syndicale et des personnels massive, le président estime que rien ne doit être modifié du calendrier de la fusion, qui devrait selon lui venir très rapidement au Parlement.
Autre exemple tout aussi scandaleux, la question du temps de travail. Là, sous prétexte de faire pleinement “ confiance aux salariés et aux partenaires sociaux pour qu'ils aient plus de choix en la matière ”, le président propose tout simplement de rendre caducs et la loi et les accords de branche pour que toutes les négociations aient lieu au seul niveau de l'entreprise. Sans protection législative ou collective, on sait ce que cela donne : le chantage à l'emploi de Continental, à Sarreguemines, où les salariés ont été invités à voter avec un pistolet sur la tempe “ ou les 40 heures, ou la délocalisation ”.
En vérité, tout dans la méthode Sarkozy est à l'avenant. Les thèmes comme les rythmes ne sont qu'une déclinaison du programme déjà proposé dans son discours social du 18 septembre dernier. Rien n'a bougé. Le président tente de relancer un processus qui s'est sérieusement grippé au cours de l'automne, provoquant des mécontentements grandissants.
L'arnaque en matière de pouvoir d'achat est apparue de plus en plus clairement. Et, quoi qu'en dise l'Elysée, les syndicats sont très loin d'avoir embrayé, comme espéré par le nouveau pouvoir. La réforme des régimes spéciaux, qui devait être bouclée illico presto, est toujours sur le tapis et cinq fédérations syndicales de cheminots ont annoncé le principe d'une nouvelle manifestation nationale courant janvier. Les négociations avec les fonctionnaires sont dans l'impasse et une nouvelle grève est annoncée pour le 24 janvier. Le patronat ne parvient toujours pas à imposer ses vues sur le contrat de travail et aucun accord n'est en vue sur des bases conformes à ses objectifs d'ici à la mi-janvier.
En clair, la méthode Sarkozy apparaît de plus en plus pour ce qu'elle est : un passage en force destiné à plumer les salariés et non à leur permettre de gagner plus. L'Élysée veut accélérer de nouveau le pas, car le président ne l'oublie pas : le temps joue contre lui, car le dialogue social n'est pas vraiment compatible avec le tempo qu'il entend impo- ser