Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Rapport de Marie George Buffet au Conseil national du 22 juin 2007

le 22 June 2007

Chers Camarades, chères camarades,

Ainsi que je l'ai indiqué à l'exécutif national, le rapport que je vous présente aujourd'hui est personnel. Il est inachevé car il est le fruit des quelques jours « de liberté » que j'ai eu après le second tour des élections législatives et des notes que j'ai reçues de membres de notre Conseil national. Mes premiers mots iront aux militantes et aux militants communistes, aux élu-es et aux responsables pour saluer leur mobilisation constante, pour saluer leur campagne des législatives. Je veux redire ma conviction que le collectif humain que nous sommes est notre première richesse, notre première force. Le terrible résultat de ma candidature ne doit pas effacer la portée de ce que nous avons entrepris.

Mercredi sur TF1, l'interview du Président de la République a confirmé sa recherche de confrontation. A travers le projet de loi sur la remise en cause du droit de grève, Nicolas Sarkozy cherche une première victoire contre les syndicats pour affaiblir le mouvement social. Par tactique, il choisit d'engager dès maintenant le bras de fer.

Ses arguments sont ciselés. Sa rhétorique travaillée. Jouer dans les jours, les semaines, les mois à venir notre rôle politique d'opposition est notre première responsabilité. C'est le premier mandat qu'ont donné nos électrices et nos électeurs à nos parlementaires et à notre parti : organiser une résistance efficace.

Mais, pour résister efficacement, chacune, chacun comprend que toute mobilisation a besoin d'espoir. Et que l'espoir est précisément ce qui manque le plus à la gauche, et peut-être aussi à nous même, à l'issue de ces élections présidentielles et législatives.

La droite a gagné son offensive idéologique, divisé les populations entre elles et rassemblé l'extrême-droite et quasiment toutes les droites autour d'un Chef.

Le bipartisme sort renforcé de cette élection. La gauche est battue. Dans cette situation, nous avons réussi à faire élire de nombreux député-es à l'Assemblée nationale, point d'appui pour l'avenir, mais, cela n'efface pas notre affaiblissement électoral.

Devons-nous nous résigner à cette situation ? Devons-nous accepter que la politique soit un champ de course pour deux champions d'écuries présidentielles ? Pouvons-nous laisser la gauche écartelée, résignée ? Notre courant de pensée a joué un rôle majeur pour empêcher que l'affrontement droite-gauche disparaisse au profit de l'affrontement de « démocrates » et de « républicains ». Notre combat, notre existence politique ont été l'une des forces d'imagination, de propulsion pour le mouvement progressiste de ce pays. Voulons-nous laisser s'éteindre l'espérance que nous portons et laisser la gauche française sous domination du social libéralisme ?

Nous avons de grandes responsabilités. De nos choix courageux peut dépendre pour la période à venir la possibilité de redonner vie au changement.

Vous le sentez, j'aborde les mois que nous avons devant nous avec beaucoup de combativité. Je sais que nous avons d'énormes chantiers de remises en cause devant nous. Je sais aussi que nous sommes très nombreux à avoir décidé de poursuivre et de revisiter le combat pour les idées auxquelles nous croyons.

L'esprit avec lequel j'ouvre ce Conseil national est celui d'une grande ouverture.

Je souhaite formuler à cet égard trois exigences pour le débat. Une exigence de sincérité et d'honnêteté. Que chacun des grands choix qui existent pour l'avenir dans le parti soient débattus au grand jour. Une exigence de souveraineté des communistes : c'est à elles et eux qu'appartient le débat. Le débat de « lignes », de « sensibilités » doit céder la place au débat d'idée. Enfin, je formule l'exigence de respect des décisions démocratiques que nous prendrons ensemble.

Notre congrès extraordinaire devra aller au fond des grandes questions qui sont devant nous. Nous devrons revenir sur l'analyse de la période passée et comprendre l'état de la société, son rapport à la gauche, au communisme. Nous avons, je le crois profondément, à dégager du sens à toutes nos propositions, à mobiliser des forces intellectuelles, théoriques au service de la définition de lignes forces pour une contre-offensive idéologique. Nous avons à retravailler la question du parti et du rassemblement et avec sérénité poser la question du fonctionnement de notre direction nationale.

Enfin, nous avons à prendre des décisions d'actions dans l'urgence et le long terme pour contribuer à la levée d'un grand mouvement populaire contre la politique de la droite.

L'état du paysage politique français à l'issue du cursus électoral

Qui aurait pu prédire il y a cinq ans, au lendemain du 21 avril, le retour de l'intérêt pour la politique que nous avons connu ? Qui aurait pu annoncer ces centaines de milliers d'adhésions à des partis politiques ? Qui aurait-pu nous prédire les huit millions d'électeurs supplémentaires qui sont allés voter au premier tour de l'élection présidentielle ? Le débat politique comme en 2005, a repris droit de cité. L'abstention marquante des législatives nie-t-elle cette réalité ? Je ne le crois pas. L'intérêt à la politique demeure. Mais il est marqué, notamment chez les jeunes, par la personnalisation du débat politique et la présidentialisation de notre République.

Qui de nous n'a pas entendu, dans notre campagne des législatives, ces quelques mots : vous êtes pour Sarko ou pour Royal ?

Nous aurions sans doute tort de ne voir, dans cette personnalisation des débats, que les excès de la politique spectacle. Nicolas Sarkozy a beaucoup travaillé son image . Mais il a surtout démontré que cette personnalisation est une dérive assumée qui concoure au projet lui même et à une conception de la politique où le peuple reste spectateur. Cette personnalisation des débats va de pair avec l'extrême présidentialisation de nos institutions. Rendons-nous bien compte de l'ampleur du changement de régime depuis l'entrée à l'Elysée de Nicolas Sarkozy !C'est à présent le président de la République qui conduit la politique de la Nation et en assume toutes les responsabilités. Le rôle du Premier ministre comme celui du gouvernement devient tout à fait accessoire.

Comment devons nous aborder toutes ces évolutions ? Pouvons-nous en rester à notre discours sur la nécessaire démocratisation de notre République ? Ou devons-nous également traiter la question de l'efficacité de nos batailles politiques futures dans ce qui est pour l'instant une figure imposée ?

Nous le savons, la droite a gagné par adhésion à son projet

Une majorité de Françaises et de Français ne seraient-ils pas tombés sous les charmes de la mondialisation libérale, de l'argent roi ? Ou devant les difficultés qu'ils connaissent n'ont-ils pas cherché des solutions dans le cadre de l'adaptation au système ? Et c'est à cela qu'a travaillé Nicolas Sarkozy.

La droite dispose donc, même si les élections législatives l'ont freinée, d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Elle a réussi, tout en bénéficiant de l'apport traditionnel de l'électorat de droite, à mobiliser en sa faveur une partie de l'électorat populaire. Le danger que nous pointions, lors de notre conférence nationale sur le populisme en décembre 2002 est confirmé. La droite peut désormais se prévaloir d'une certaine légitimité populaire pour adapter notre société aux exigences du capitalisme contemporain.

Cette situation ne relève pas du hasard. L'intervention de plus en plus forte du MEDEF dans la vie politique, la création de l'UMP et son travail idéologique depuis cinq ans, la participation accrue d'une partie des intellectuels français à la rénovation des idées libérales ont créé les conditions permettant au candidat Sarkozy de décliner une vision politique portée par le triptyque, « travail autorité mérite ». En lieu et place de cette idée libérale selon laquelle la politique était impuissante, il a prôné un véritable volontarisme , attendu par les Françaises et les Français.

Et il a su créer de nouvelles lignes de fracture parmi notre peuple. En concurrence au discours traditionnel opposant les riches et le peuple, les salariés et les actionnaires, il a opposé le travail et l'assistanat, les immigrés et les Français, les droits collectifs et le mérite individuel. Il s'est appuyé pour cela sur la crise de la société elle même, de l'état lamentable où le libéralisme l'a conduite. Je veux parler des peurs et des angoisses de la vie, de l'insécurité quotidienne vécues comme autant d'atteintes à la dignité de chacun et chacune. Face à cela, la droite a construit et défendu ses réponses dans la recherche permanente de boucs émissaires, en plaçant l'autorité et l'ordre comme fondements de la vie en société. Cette vision de la société n'est pas seulement une arme idéologique ou un accompagnement théorique d'une politique économique. Elle est indissociablement le ressort permettant au capitalisme d'entrer dans un nouvel âge et de perdurer. Elle est profondément politique.

La droite, à travers ce projet, a recyclé les voix du Front National. Les conséquences de l'affaiblissement peut-être durable du parti d'extrême-droite seront d'ailleurs à analyser profondément. Bien sûr, ses idées restent présentes. Elles dominent d'ailleurs en partie le débat politique. Mais en perdant son pouvoir de nuisance électorale sur la droite républicaine, le Front national va aussi, à ses dépens, participer de la profonde recomposition de notre paysage politique. Malgré l'efficacité qu'il a démontré, Nicolas Sarkozy peut se heurter à des contradictions liées dans l'application de sa politique. Des résistances peuvent se lever. L'heure n'est pas à la démobilisation et surtout pas au « on en prend pour dix ans ».

L'échec de la gauche

Face à l'offensive idéologique de la droite, la gauche a donc à nouveau échoué. Comme en 1995 et en 2002.

Cette défaite de la gauche est celle de toutes ses composantes. Elle a fait preuve d'une incapacité à se rassembler et à rassembler majoritairement autour d'un projet novateur et progressiste. Que nous le voulions ou non, beaucoup d'hommes et de femmes n'ont pas compris la multiplication des candidatures à gauche. Ils ont souvent eu l'impression que le débat se faisait entre des forces simplement concurrentes. Dans cet émiettement, la parole dominante de Ségolène Royal est apparue comme la seule alternative à Nicolas Sarkozy.

Le « tout sauf Sarkozy » a aussi montré ses limites. La difficulté à incarner un autre avenir a évidemment pesé. Cette difficulté, nous le savons, est commune à toute la social-démocratie européenne. Elle traduit l'incapacité à faire vivre les valeurs fondatrices de la gauche dans un environnement dominé par le capitalisme financier.

Comment ne pas voir, par exemple, combien le choix du parti socialiste, dès 1983, d'assumer une politique d'accompagnement du capitalisme a fragilisé l'ensemble de la gauche depuis toutes ces années. Ce qui constituait les idées et les combats de la gauche est apparu de plus en plus flou. De nombreux exemples l'ont montré durant la campagne électorale. Le choix assumé d'un aménagement social du libéralisme a caractérisé la campagne de Ségolène Royal : idée du donnant-donnant, retour sur les 35 heures, ambiguïté sur le dossier des privatisations, reprise des thèmes de la droite sur l'identité nationale, tout cela a participé d'un brouillage des repères et représentations.

Les manifestations de ces pertes de repères politiques sont nombreuses. Je pense à la campagne de François Bayrou qui a su profiter de cette situation pour se créer un espace politique, au nom du dépassement du clivage droite-gauche, évidemment sans autre ambition que d'imposer le libéralisme comme seul horizon politique. Je pense aussi à la facilité avec laquelle Nicolas Sarkozy est parvenu à débaucher, dans son gouvernement, un certain nombre de personnalités de gauche.

Bien que les faits démontrent combien la droite profite systématiquement des errances idéologiques de la gauche, bien que tout indique qu'elle a tout à perdre à s'inspirer de l'air du temps, certains au Parti socialiste et notamment sa candidate, Ségolène Royal, semblent aujourd'hui tentés par l'idée de persévérer dans cette voie. C'est à nouveau une voie dangereuse et sans issue pour les couches populaires.

Aucune autre force de gauche, par la force qu'elle incarnait comme par les propositions qu'elle défendait, n'a pu corriger cette situation. Les Verts ne retrouvent pas dans leur score la place des thématiques écologiques présentes dans le débat politique. Une partie du mouvement écologique apparaît d'ailleurs attirée par les recompositions en cours au centre. Nicolas Hulot a prôné l'idée d'une écologie ni de droite ni de gauche... Ainsi c'est la vision de l'écologie comme lutte d'émancipation humaine qui est posée.

L'extrême-gauche peut elle se déclarer la grande gagnante de ce scrutin ? Elle a perdu près d'un million de voix en cinq ans. Et elle est incapable, on le voit aux législatives, d'obtenir une représentation institutionnelle et de contribuer efficacement à changer la vie.

C'est bien entendu dans cet environnement politique que nous devons situer nos débats. Je dis cela parce que la réflexion sur notre propre parti, son action, ses objectifs, sa démarche, mais aussi son avenir, devra évidemment s'accompagner d'une réflexion sur l'avenir de la gauche.

Notre résultat à l'élection présidentielle que ne peut effacer celui des élections législatives nous appelle à un inventaire général. Nous connaissons un déclin électoral quasi permanent depuis maintenant de nombreuses années. Nous avons besoin d'un formidable effort d'innovation à partir d'un regard sans concession sur notre projet, nos choix stratégiques, notre organisation.

Bien sûr, notre résultat à la présidentielle et quelque part, celui des législatives, est lié, pour une part, à la perversité des institutions de la cinquième République. La double crainte de vivre un nouveau 21 avril et de voir Nicolas Sarkozy l'emporter a considérablement exacerbé le phénomène classique du vote utile, notamment dans l'électorat le plus attaché à la victoire de la gauche. Notre campagne aussi intense fut-elle, fut malmenée par la question de la désunion mais aussi par le doute sur la faisabilité de notre programme. Et j'ai ma part de responsabilité dans sa préparation et sa conduite.

Le bilan de nos choix stratégiques.

Examinons d'abord la question de nos choix stratégiques dans la période 2002 2007. Après l'échec de la gauche plurielle, nous avons ambitionné au 32ème congrès de « révolutionner la gauche » par l'irruption des citoyens et des citoyennes dans le débat politique. Nous avons multiplié les initiatives en ce sens. Avec les forums, tout en menant le combat contre la politique du gouvernement Raffarin, nous avons cherché à développer la dynamique populaire et citoyenne qui est nécessaire pour poser les bases d'un véritable changement dans notre pays. Au 33ème congrès, sur la base de la victoire du 29 mai, nous nous sommes fixés pour objectif de rassembler, jusqu'à des candidatures communes, les antilibéraux.

Cette recherche d'une concrétisation politique du rassemblement était attendue et pourtant cette expérience s'est conclue par un échec. Un échec causant déception et colère chez les acteurs de cette initiative. Je vois pour ma part trois causes majeures à cet échec.

La première est liée à la sur-estimation de notre capacité à transformer la dynamique du « NON » en une adhésion populaire à un projet véritablement alternatif. Une partie de l'électorat de gauche, tout en disant non à l'Europe libérale, ne s'est pas retrouvée dans la construction et les objectifs de rassemblement antilibéral.

La deuxième tient à la réalité des choix politiques des forces venues du Parti socialiste et de la majorité de la LCR. Les uns après avoir fait le choix de la synthèse au Mans ont hésité participant de ce fait au rétrécissement de l'arc politique rassemblé. Les autres ont fermé la porte très rapidement au mouvement pour une candidature unique par désaccord politique. Dès lors, le rassemblement que nous voulions construire est apparu réduit alors même que montait en puissance la campagne de Ségolène Royal. Et dans ce cadre nous sommes apparus à notre corps défendant relégués à la gauche de la gauche.

La troisième tient à l'absence d'accord sur la candidature unitaire. Soyons franc : si nous avons défendu ma candidature pour des raisons de fond, derrière ce débat pointait aussi pour nous comme pour tout nos partenaires en permanence la question du lendemain de la présidentielle, de l'éventuelle recomposition. Et dans cette situation, nous avons été amenés à faire le choix politique d'une candidature communiste de rassemblement.

Cette expérience condamne-t-elle notre ambition de rassembler toute la gauche sur un projet apte à vraiment changer la vie telle que nous l'avions décidée au congrès ou s'agit-il de l'échec de sa mise en oeuvre ? Le débat est à mener pour l'avenir de notre stratégie de rassemblement, j'y reviendrais.

L'état de notre société.

Mais plus fondamentalement, la poursuite de notre déclin doit nous amener à nous pencher sur l'état de la société et sur les réponses que nous pouvons apporter à la crise qu'elle connaît aujourd'hui.

Notre société est profondément bouleversée par les mutations imposées par la mondialisation capitaliste. Le modèle de l'emploi stable, du bon salaire, de la retraite digne, de l'accès à la santé rassemblait hier le salariat par delà ses différences, public, privé, industrie ou service, jeune ou vieux travailleur. Ce modèle n'a plus cours aujourd'hui pour des millions de salariés. L'espoir de vivre mieux par l'action collective est une idée qui a profondément reculé. Au fond, année après année, sous la pression de la mise en concurrence mondiale des salariés, l'idée de la possibilité de changer le cours de l'économie et du travail a reculé. L'espérance en un avenir collectif meilleur s'est réduite comme peau de chagrin, et avec elle l'idée que les conquêtes sociales faisaient aussi la réussite de notre pays.

Notons qu'en trente ans, nous sommes passés de luttes de conquêtes sociales à des luttes de résistance et de défense d'acquis sociaux, et souvent sans débouché satisfaisant.

Ce sentiment d'impuissance collective a modifié les comportements individuels.

En même temps que l'émergence de cette précarité qui touche le travailleur le plus en difficulté comme le cadre, nous avons assisté à la montée de l'angoisse, du mal-vivre au travail.

Ces trente dernières années ont vu le salariat se modifier profondément et avec lui le rapport au syndicalisme, à la lutte collective, à tous les acquis hérités du mouvement ouvrier.

L'éclatement des lieux de travail, le chômage et la précarité, ainsi que le développement des technologies, l'élévation des qualifications ont modifié profondément les rapports entre salariés et le rapport au travail lui même.

La droite et le patronat se sont appuyés partout dans le monde sur cette situation pour rallier les salariés à leur projet. Le discours dominant s'appuie sur l'insatisfaction individuelle, les difficultés de vie pour accuser l'autre, pour favoriser des logiques de divisions.

Ces logiques existent. Notre rôle n'est-il pas de s'y plier ? Ou de travailler à proposer de nouveaux autres moteurs d'unité des salariés ? Nous devons mieux comprendre ces réalités pour y faire face. Comprendre la peur du déclassement qui touche une partie de la population quand dans certaines villes plus de la moitié des habitants ne payent pas l'impôt sur le revenu.

Regarder en face la pression des violences quotidiennes de notre société, violences gratuites, violences domestiques, qui conduisent des hommes et des femmes à chercher d'abord à se protéger, à protéger leurs proches, à s'isoler pour au final ne trouver que des réponses sécuritaires.

Mesurer que lorsque plus aucun système de défense collectif ne marche, la notion de mérite et le chacun pour soi peuvent l'emporter. Regarder en face les replis communautaires, intégristes, nationalistes. Regarder en face les pressions nouvelles sur l'égalité entre les hommes et les femmes.

Au fond, avec ces élections, apparaissent en grand les défis idéologiques auxquels la gauche, et nous-mêmes, sommes confrontés.

Regarder lucidement la situation que nous vivons, c'est aussi regarder lucidement les potentiels et les possibles.

L'une des grandes contradictions du capitalisme d'aujourd'hui est l'appel à des salariés qualifiés, apte à comprendre les choix de leur entreprise et qu'on prive de toute capacité de décision. Ce sont des populations de mieux en mieux formées, avec un accès large à l'information et à qui on refuse de participer aux décisions.

Voyons également, le maintien de luttes sociales de haut niveau dans notre pays. Je veux parler des mobilisations contre les délocalisations, les licenciements, ces mobilisations nouvelles comme celle des Etats généraux de la recherche, pour l'exception culturelle, celle des professionnels du spectacle, des luttes mêlant salariés et usagers se sont levées pour défendre les services publics, la santé, et bien sûr les formidables mobilisations de la jeunesse comme celle victorieuse contre le CPE.

Des questions telles que la protection de l'environnement et l'avenir de la planète, l'altermondialisme, ont fait l'objet d'une prise de conscience forte. Le féminisme dont on déclarait qu'il n'avait plus d'objet continue de prendre des initiatives comme l'élaboration de la loi cadre contre toutes les violences faites aux femmes. Des mouvements tels que le réseau éducation sans frontières ou de nouvelles formes d'action pour le droit au logement ont fait bouger l'opinion publique et créé des solidarités nouvelles. Des luttes convergentes au niveau européen commencent à se développer, comme celle des dockers.

De grandes mobilisations se sont déroulées contre la guerre, comme celle contre la guerre en Irak.

Tout au long de ces dernières années il y a eu de véritables recherches sur une alternative à gauche dans notre pays, mais également au plan européen avec le PGE. Nous y avons contribué en nous appuyant sur la victoire du Non, même si cette recherche n'a pas abouti pour l'instant.

Dans cette situation, quelle visée, quel projet, quelle organisation ?

La première question que nous devons nous poser est bien celle de notre ambition politique globale. Le communisme est-il juste un mot, un héritage de notre histoire ? Ou est-il la visée d'émancipation humaine que nous avons pour la société ?

Répondre à cette question est important car cela conditionne toute notre bataille.

Si, et c'est mon choix, cette visée, même à reconstruire, reste notre raison d'être, alors elle doit imprégner nos choix, inspirer notre projet, le rayonnement de nos idées, la place de la formation qui le porte dans le champ politique.

Le dépassement du capitalisme reste-t-il d'actualité ? Je le pense. Cette perspective est plus que jamais pertinente pour libérer toutes les potentialités existantes dans nos sociétés et construire un monde solidaire et durable.

Les inégalités à l'oeuvre, les droits des individus massacrés sur l'autel des profits, la domination des peuples comme la domination masculine qui infériorise la moitié de l'humanité, le pillage des ressources, les déséquilibres mondiaux, la confiscation des pouvoirs sont d'autant plus intolérables qu'avec une telle accumulation de connaissances, de richesses, de savoirs sur la planète, le genre humain peut ouvrir de nouvelles voies pour la civilisation.

Devons-nous appeler communisme cette perspective ?

Nous le savons. Aujourd'hui, ce mot, cette idée même de communisme sont contestés, voire même rejetés, y compris par des hommes et des femmes partageant beaucoup de nos combats. Et cela pour plusieurs raisons.

D'abord, le poids de l'échec du « socialisme réel ».

La chute du mur de Berlin n'a pas débarrassé le communisme d'un boulet, comme certains d'entre nous ont pu le croire. Le passé continue de faire peser sur notre combat l'image d'un engagement sans avenir, porteur d'une faillite économique, sociale et démocratique. Nous n'avons pas réussi à nous dégager de cette expérience aux yeux d'une partie de notre peuple.

Que l'on me comprenne bien ! Alors que nous pensions avoir réglé cette question à travers des condamnations, des innovations idéologiques, stratégiques, une modification réelle de notre démarche, du fonctionnement de notre parti, nous sentons bien dans nos rapports avec les hommes et les femmes qui nous entourent, avec les jeunes qui sont à la recherche d'un projet de société, que le poids est là.

Est-ce irrémédiable ? La question de changer de mot, et donc du nom de notre parti est-il le moyen efficace pour lever cet handicap ? La question est ouverte. Elle devra être débattue comme les autres. Mais à mon avis, cela ne résoudra pas les deux principaux problèmes auxquels nous sommes confrontés, en lien avec cette notion de communisme : D'abord, nous devons travailler à l'identification claire de cette visée dans les conditions d'aujourd'hui, en faisant encore la clarté sur ce qui nous sépare radicalement des expériences passées et aussi ce qui nous interroge dans les expériences actuelles. Deuxièmement, et c'est aujourd'hui l'essentiel, nous devons questionner la pertinence et la lisibilité de notre projet, la perception qu'en a notre peuple, l'image de notre parti aujourd'hui. Nous avons durant tous nos derniers congrès travaillé sur des propositions alternatives, sur un programme et sur la visée communiste.

Ce travail a été riche, et il serait erroné de penser que tout serait à refaire. Je crois pouvoir dire que sur toute une série de questions nous sommes très avancés par rapport aux débats actuels.

Mais tout ce travail se traduit-il en un projet crédible et qui fasse sens ? Un projet émancipateur moderne ?

Ainsi, une première question nous est posée : ce projet peut-il se développer dans le cadre de la mondialisation et de l'Europe libérale actuelle ? Combien de citoyens ai-je vu en effet opiner à nos propositions et repartir avec une seule idée en tête : c'est impossible dans le monde actuel !

Combien sont conscients que les grands problèmes de l'Humanité, la faim, l'environnement, l'eau, le travail nécessitent des actions mondiales mais doutent de la capacité des peuples à imposer des solutions ?

Combien pensent que les multinationales, les institutions financières détiennent un tel pouvoir qu'il est impossible d'y faire face ?

La crédibilité de notre projet dépendra de notre capacité à apporter des réponses convaincantes à ces questions et créer de nouveaux espaces d'interventions au niveau national comme international.

Autre question : beaucoup ont le sentiment que notre projet ne concernerait que les plus touchés par la crise et qu'une frange de la population. Je vous rappelle ce que je viens de dire sur l'état de la société et le sentiment que tout tire vers le bas. N'apparaissons nous pas comme accompagnant ce mouvement plutôt que de rechercher comment chacun peut trouver sa place et réussir en société ?

Sur des questions mises au cœur du débat par la droite et qui sont présentes dans la réalité, comme la sécurité, l'immigration, avons nous suffisamment mené le débat d'idées à partir certes de nos valeurs et des solutions réelles, mais aussi en cherchant à cheminer à partir du vécu et de l'opinion des hommes et des femmes qui nous entourent ?

Quelle société voulons-nous les communistes ? Face à toute cette insécurité, cette précarité, quelle société de droits, de garanties ? Face à cette fragmentation, quelle conception de la place de l'individu, de son parcours personnel dans le cadre d'avancées collectives ? Bien sûr il faudrait prendre d'autres exemples sur la conception que nous avons du monde, le partage des pouvoirs, des savoirs des avoirs, le féminisme comme vecteur d'émancipation humaine...

Ce que je veux dire, c'est que lorsque Nicolas Sarkozy dit « travail, mérite, réussite, autorité, ordre » ; qu'entendent nos concitoyens du parti communiste ? Ils entendent beaucoup de propositions mais ils n'entendent pas les moyens et le sens que l'on veut donner à la société. En fait, n'avons-nous pas à nous débarrasser de l'image qui nous colle à la peau d'une force de passé pour incarner l'ambition d'une société qui va de l'avant et colle bien aux aspirations et aux possibilités d'aujourd'hui ?

L'avenir de notre organisation

Alors comment envisager l'avenir de notre organisation ?

Tout doit être examiné, réexaminé, sans tabou ni a priori. Plusieurs idées sont émises, comme celle de décider la création d'un nouveau parti, de le dépasser pour en fonder un avec d'autres à l'exemple de Die Linke, d'affirmer l'existence du PCF comme un préalable à tout débat sur cette question, ou bien encore de réfléchir, cela me semble une voie, à partir du potentiel du parti communiste, à ce que pourrait être une force communiste aujourd'hui ?

Mais est-ce que cette question est un préalable ? Ou ne doit-elle pas plutôt venir en conclusion des réponses que nous pourrons apporter à l'ensemble des questions que je viens de poser, auxquelles s'ajoutent celle de l'organisation même de notre activité politique ?

Confirmons-nous la nécessité d'un parti politique au service de nos idées ? Toute la récente période montre que les partis sont un élément essentiel du débat, du rapport de forces politiques, de la présence dans les institutions. Ce sont eux qui permettent de mettre en oeuvre les choix politiques.

Est-ce que cette forme parti est à revisiter ?

Voyons le potentiel dont nous disposons, les obstacles de fond à lever et n'évacuons aucune question sur ce qu'il nous faudrait développer ou créer.

Nous avons par exemple besoin de travailler à un parti qui soit plus en capacité d'intervention, partout et en permanence. Cela demande certainement de réexaminer la question de l'adhésion comme une question publique, afin de rayonner partout en France. Cela demande également de redonner à notre organisation les moyens d'un grand effort théorique et intellectuel dans la confrontation avec les hommes et les femmes qui nous entourent. Cela demande également de travailler à toutes les questions de communication, d'image, de conception du militantisme. Oui, il faut certainement revisiter nos formes d'organisation, d'intervention, de communication.

Autre question, avons-nous parfaitement digéré et bénéficié de l'abandon du centralisme démocratique ? Avons-nous réussi à faire vivre la souveraineté des communistes, la diversité qui les traverse tout en la conciliant avec la visibilité de nos choix politiques issus de décisions majoritaires ? Cherchons-nous suffisamment à consolider l'unité du Parti ?

Nous parlons de diversité, de mixité, de parité, d'un militantisme au cœur de la vie. Où en sommes-nous exactement ?

Quel est le lien avec l'apport et le rôle de nos élus ?

Encore une fois, soyons attentifs à ne jamais évacuer les problèmes de fond. Quelle que soit la réponse que nous donnerons sur l'avenir du Parti, la question du projet, de la visée, celle de la vie de l'organisation, seront posées. Alors d'après moi travaillons d'abord à y répondre !

Le rassemblement et les alliances

Posons-nous également la question du rassemblement et des alliances. Nous avons placé les questions du rassemblement populaire, de rassemblements politiques majoritaires, au cœur de nos conceptions stratégiques. Pour trois raisons : d'abord, nous avons opté pour une transformation démocratique de la société qui suppose le rassemblement permanent de majorités ; ensuite, nous croyons à la primauté de l'intervention populaire pour garantir les changements espérés ; enfin, parce que nous ne sommes pas des partisans du tout ou rien, que nous savons que le dépassement du capitalisme sera un processus, nous voulons donner au peuple les moyens politiques d'engranger toutes les avancées sociales et démocratiques dès lors qu'elles paraissent possibles.

Jusqu'à présent, n'avons-nous pas construit nos choix stratégiques que dans le cadre d'une alliance en tant que privilégiée avec le Parti socialiste, ou dans celui d'une gauche antilibérale elle même minoritaire alors que nous affirmons vouloir faire bouger toute la gauche ? Faut-il poursuivre dans ces directions ? Ou devons-nous explorer d'autres voies ?

Ne faudrait-il pas aujourd'hui penser cette question du rassemblement à partir de l'exigence d'une force porteuse d'un réel changement qui compte dans le rapport des forces politiques, qui rayonne au niveau de ce projet parmi les hommes et les femmes de gauche et qui contribue avec d'autres à placer la gauche majoritairement sur une logique de transformation sociale ?

Dans la situation de division actuelle dans la gauche, toute stratégie d'alliance figée, avec des partenaires privilégiés à l'exclusion d'autres, quels qu'ils soient, ne présente-elle pas le gros handicap de renvoyer au second plan les questions de contenus et de majorité ? Poussons le débat.

Ce sont pourtant les questions de contenus et de rapports de forces politiques qui devraient nourrir dans le même temps les rassemblements et alliances. Ne faudrait-il pas alors réfléchir à promouvoir une construction systématique de rassemblements sur des objectifs de transformation sociale, aux contours non fermés, qui iraient à chaque fois le plus loin possible, sans définir quelles forces on va réunir ou plutôt exclure a priori, en fonction des intérêts de notre peuple au plan local comme au plan national.

Venons-en maintenant à nos initiatives pour les prochains mois

Les communistes dès maintenant dans l'action et le débat Pas de pause, les élections terminées, la droite poursuit son combat idéologique et commence à mettre en oeuvre sa politique d'adaptation forcée de la société française à la mondialisation capitaliste et aux logiques libérales.

L'interview de Nicolas Sarkozy hier soir, son discours devant les députés UMP, montrent sa volonté de passer en force, que ce soit sur les questions sociales, sur l'université ou sur l'Europe.

Je rappelle rapidement ces données car elles nous montrent que nous devons dans l'urgence à la fois contribuer à la montée des résistances, à la montée de la confrontation politique en nous appuyant sur nos propositions, mais aussi à un débat de projets concernant l'avenir de la France et de l'Europe.

Dans quelques mois, auront lieu les élections municipales et cantonales. Nos élus et candidats y travaillent déjà. Mais la qualité de notre riposte à la droite, notre capacité à recréer un espace politique pour nos idées et à retravailler au rassemblement comptera sur le résultat de ces élections.

Nous devons être dans l'action tout de suite.

D'abord la question du SMIC, il y a l'urgence sociale mais aussi le combat idéologique sur le « travailler plus pour gagner plus ». Prenons au mot la proposition de Madame Parisot : « il faut une commission d'experts pour déterminer le niveau du SMIC » et allons à la porte des entreprises pour débattre avec les salariés, et le débat sera nécessaire, on l'a senti durant la campagne, pour qu'ils donnent « leur avis d'experts » sur les salaires en lien avec la précarisation de l'emploi et notre proposition de sécurité emploi-formation.

Ensuite, les mesures à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale avec le paquet fiscal, le service minimum, le droit pénal des mineurs récidivistes, la maîtrise de l'immigration.

Nos parlementaires, dont je suis, vont mener le combat à l'Assemblée nationale et au Sénat. Ils le feront avec d'autant plus d'efficacité qu'ils disposeront d'un groupe à l'Assemblée nationale. C'est l'objectif de notre appel à créer les conditions d'un véritable pluralisme et surtout en affirmant notre volonté d'ouvrir ce groupe à d'autres députés qui le souhaiteraient à gauche.

Je crois que nous devrons, lors de nos initiatives d'été, donner à voir par voie de tracts, de rencontres avec, lorsque cela est possible, nos parlementaires du débat à l'Assemblée nationale. Ayons pour objectif de nourrir le débat du contenu des résistances et des propositions émises par nos députés.

Sur la franchise médicale et la TVA sociale, nous pourrions à partir des mobilisations actuelles contre les fermetures de CPAM, de la pétition contre la franchise, nous inscrire dans la préparation des Etats généraux de la santé à l'initiative de 40 organisations dont le PCF. Dès le 1er juillet, date d'ouverture totale du marché de l'électricité, des projets de tracts et une affiche nous permettront de lancer une campagne de résistance passive pour sauver le service public de l'énergie.

Le Conseil européen se tient aujourd'hui et semble-t-il on n'est pas sorti de l'impasse.

J'ai eu l'occasion de le dire au Président de la République hier. Si un nouveau traité devait être adopté, cela exigerait un nouveau débat national et un nouveau référendum.

Avec le groupe GUE et son président Francis Wurtz, nous devons donner à voir de la nocivité de ce mini traité et de la nécessité d'un nouveau traité qui prenne vraiment en compte les aspirations portées par les Français lors du débat précédent. Dans le même temps, nous devrons dire notre opposition ferme à la directive postale et l'exigence de l'ouverture d'une renégociation sur la libéralisation du marché de l'énergie pour la mise en place d'une politique européenne de l'énergie. Nous devrons également alerter sur la généralisation de la précarité par la flexsécurité envisagée par le livre blanc de la commission européenne. Nous poserons aussi la redéfinition des missions de la BCE au service de l'emploi et de la croissance. Enfin, nous devons porter l'exigence d'une position claire de la France pour la défense des exploitations familiales agricoles dans les négociations de l'OMC.

Tout au long de la période estivale, nous devons rester mobilisés contre les menaces d'expulsion de jeunes sous le coup des lois Sarkozy. Enfin, l'urgence de la situation exige d'en finir avec le silence coupable de notre pays et d'autres grandes puissances sur la situation terrible que connaît la Palestine. Nous devons agir pour que de véritables négociations soient impulsées par une conférence internationale pour la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 aux côtés d'un Etat israélien. Nous ne pouvons pas laisser enfermer et affamer le peuple palestinien. Nous le savons, il n'y a pas d'autre chemin qu'une très grande mobilisation populaire. C'est pourquoi nous appelons à un grand rassemblement devant le Quai d'Orsay, mardi prochain, à 18 H 30, tous les militants de la cause palestinienne et de la paix. Un rassemblement auquel nos parlementaires donneront tout son caractère national.

Organiser le débat

Je termine sur un grand débat dont nous avons besoin pour maintenir et déployer l'idée et les conditions du changement.

Je l'ai souligné en introduction de ce rapport, nous vivons une situation d'une grande gravité pour notre peuple, l'avenir de ses droits sociaux et démocratiques. L'idée même de changement est en cause ainsi que l'avenir de notre Parti.

Nous avons besoin pour faire face à cette situation d'un débat sur la durée tout en donnant tout de suite des signes à nos concitoyens que nous engageons un vrai chantier sans a priori ni tabou.

Ce débat rencontrera d'autres initiatives qui voient ou vont voir le jour sur le thème de la recomposition à gauche. Ne nous désintéressons d'aucune d'entre elles. Apportons notre réflexion partout où nous pouvons.

Mais veillons à ce que les hommes et les femmes de gauche ne soient jamais considérés comme des spectateurs. Dès maintenant, sous la forme de rencontres populaires adaptées à la période, favorisons leur prise de parole, confrontons-nous avec elles et eux.

Nous avons besoin d'un débat qui se nourrit de l'apport du maximum de communistes, sous des formes leur permettant vraiment de n'être à aucun moment dessaisis, mais aussi qui fait aussi appel à d'autres, dans ces rencontres populaires mais également lors de colloques, d'auditions avec une série d'hommes et de femmes qui par leurs connaissances, leur fonction dans la société peuvent nous aider dans ce travail.

Nous avons besoin d'un débat qui laisse libre cours aux critiques, idées, constructions des uns et des autres et donc d'un débat qui transcende et transgresse nos clivages habituels.

C'est pourquoi je vous propose de ne pas fixer notre 34ème congrès pour la fin de l'année. Il pourrait avoir lieu à la fin de l'année 2008. Mais d'ici là nous avons besoin d'étapes permettant d'acter les avancées du débat, les questions sources de confrontation, les différentes options. C'est pourquoi je vous propose, qu'à partir de la discussion du Conseil National, nous ayons tout au long de l'été un premier travail permettant de lister les questions, les différentes options, les nécessaires confrontations.

Début octobre nous pourrions ainsi organiser la préparation d'un congrès extraordinaire en décembre dont les formes sont à imaginer. Et pourquoi pas envisager dans ce cadre, et bien sûr en en étudiant la faisabilité financière, une université d'été particulièrement destinée aux jeunes ?

Ce congrès extraordinaire, ouvert dans sa préparation à tous ceux et celles qui souhaitent participer à notre débat pourrait à partir de groupes de travail au plan national et départemental sur les grandes questions listées préciser les termes des choix à effectuer lors du congrès de 2008. Comment animer la première phase jusqu'en octobre ?

Je vous propose qu'une Commission d'animation du débat soit mis en place composée de secrétaires départementaux, d'élus, de responsables du mouvement social qui soit à la fois à l'image des différentes sensibilités mais qui, aussi, les dépasse. J'ai proposé lundi dernier au CEN une liste de noms en demandant à chacun, s'il le souhaitait de me faire des contre propositions. Plusieurs camarades m'ont répondu. Je vous transmettrai une liste tenant compte de ces avis qui pourra bien sûr être modifiée.

La question de la direction nationale

Nous devons aborder la question de la direction nationale et de ma propre responsabilité. Pouvons nous aller jusqu'au congrès ordinaire de 2008 sans bouger. Personnellement, je ne le pense pas.

Ne faut-il pas, à la rentrée, procéder à un véritable examen de notre travail de direction nationale. Ne sommes nous pas à la fois centralisés sur une série de débats et de décision et émiettés dans la construction de l'essentiel ce qui certainement nous empêche de dégager toute la richesse de nos réflexions mais aussi une véritable unité par le travail et la confrontation sur le fond.

Cet examen devrait permettre d'apporter sans attendre les modifications nécessaires et lors du congrès extraordinaire de donner mandat au congrès ordinaire sur les directions. Au-delà, la question du fonctionnement de la direction nationale devra tenir compte, dès la rentrée de septembre, de notre situation financière. Le comité exécutif de lundi aura ce point à son ordre du jour et nous vous en tiendrons bien évidemment informés.

Conclusion.

Chères camarades, Chers camarades, je voudrais pour finir dire ma confiance.

Confiance en notre avenir et en notre capacité à aborder l'avenir d'une formation portant les idées de transformation sociale.

Confiance en notre capacité à relever les défis qui nous font face. Confiance en la qualité du débat que nous pourrons avoir et en notre capacité à le mener à son terme.

Ce débat, nous aurons à le mener avec modestie, à l'abri de nos certitudes, tout en nourrissant de grandes ambitions pour notre parti, pour la gauche, pour notre peuple. Ayons l'audace et le courage que nous impose la situation !

Dans la période qui s'ouvre, j'assumerai toutes mes responsabilités. Je le ferai avec ouverture et une volonté permanente de susciter le débat. Soyons de ceux et celles qui contribueront, ces prochains mois, à ce que l'idée de changement ne disparaisse jamais de notre paysage politique.