Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Les retraites : Un vrai débat de société

le 12 janvier 2007

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|]La question brûlante des retraites revient. Comment les financer ? A quel âge garantir leur accès ? Quelle solidarité intergénérationnelle entretenir ? Le débat fut confisqué en 2003 par cette droite omnipotente qui passa en force comme à chacun de ces mauvais coups depuis. Mais pour les centaines de milliers de salariés d'alors, les millions, toutes générations confondues dans les mobilisations sociales qui se sont succédé jusqu'au CPE, les quatorze semaines qui nous séparent du 22 avril 2007 sont l'occasion de réaffirmer leur volonté d'un vrai changement de logique sociale. Que cette question revienne sur le devant de la scène dès ce début d'année, juste après celle, tout aussi brûlante, du logement, dénote un changement de climat profond du pays depuis 2002, utile à la gauche.

Du Conseil d'orientation des retraites, à sa manière, souligne tous les dangers de la loi Fillon dénoncés à l'époque. Loin de permettre « un retour à l'équilibre » à terme, elle a bien constitué une machine de guerre contre le droit à la retraite, s'inscrivant en cela dans la stratégie d'abaissement du coût du travail et de généralisation de l'insécurité sociale.

Et il faudrait maintenant aller plus loin, en étendant sa logique aux « régimes spéciaux ». Mais hormis celui des clercs de notaires qui ne doit guère peser dans la balance, peut on dire que le travail de marin n'est pas pénible ? Quel problème posent ceux de la SNCF et d'EDF-GDF dont le nombre de cotisants resterait supérieur à ceux des bénéficiaires si ce n'est en fait qu'ils participent des obstacles à leur privatisation sous la férule européenne ?

Quand l'espérance de vie d'un ouvrier à soixante ans est de neuf ans inférieure à celle d'un cadre, il faudrait « favoriser l'emploi des seniors ». Quand le ministre de l'Education annonce la suppression de 5000 postes à la prochaine rentrée, l'UMP préconise d'utiliser en échange d'un « crédit d'impôt » les retraités au soutien scolaire, à l'encadrement des enfants dans les écoles et à des « missions d'intérêt général ». Voilà qui, ajouté aux projets du MEDEF en ce domaine, aggraverait la mise en concurrence des générations entre elles. Mais pourquoi ne pas revenir aux 37,5 annuités pour partir en retraite et y intégrer les années de formation ? Jeunes et vieux, précaires, actifs et retraités, chacun va avoir à se prononcer.

Quant au financement, faudrait-il accepter encore une fois comme le dit si joliment la présidente du conseil d'administration de la CNAV et le suggère ce texte, « un effort supplémentaire si cet effort est partagé par tous » ? Tous ? Vraiment ? Mais alors qui et comment ? En épargnant les 10% des Français les plus riches qui captent à eux seuls 55% des richesses du patrimoine du pays ? En aggravant encore une fois les inégalités sociales via la TVA sociale frappant indistinctement salariés, chômeurs, retraités aux pauvres pensions et privilégiés de la fortune ? En transférant une partie des cotisations-chômage sur celles des retraites, opposant là encore les précaires et chômeurs aux retraités ? En augmentant encore une fois la CSG payée à 90% par les salariés et les retraités ? Ou bien en intégrant les revenus financiers dans le calcul des cotisations et en revoyant les cotisations des entreprises pour favoriser celles qui privilégient l'emploi stable et qualifié, donc aussi la croissance nécessaire à la création de richesses. Abrogera-t-on la loi Fillon ou bien seulement « tout ce qui n'est pas juste » en renvoyant à une négociation sociale en 2008 comme l'indique François Hollande ?

La gauche doit relever le défi et c'est ce débat qui distingue actuellement le PS des propositions portées par MG Buffet. C'est un vrai débat de société dont les urnes auront une clef.